2008-04-30
Au programme de Boréal 2008
Dans un sens, la science-fiction citoyenne se rapprocherait de la « Mundane Science Fiction » définie par Geoff Ryman l'an dernier à Boréal dans la mesure où elle serait plus soucieuse de l'avenir immédiat et des voies les plus réalistes à emprunter pour sauver l'humanité future des dangers qui la menacent.
Les trois invités d'honneur — Catherine Dufour, Karl Schroeder et Élisabeth Vonarburg — sont tous reconnus pour leur pratique d'une science-fiction consciente des enjeux sociaux et politiques. Mais ils ne seront pas seuls. Ils seront rejoints par des artistes (Shawn Bailey, Florent Veilleux), des éditeurs et directeurs littéraires (Joël Champetier, David Hartwell, Stéphane Marsan et Daniel Sernine), et de nombreux autres écrivains, de Natasha Beaulieu à Jo Walton.
En sus de la thématique de la science-fiction citoyenne, le congrès Boréal restera un grand rassemblement des amateurs, lecteurs et créateurs, tant de la science-fiction que du fantastique ou de la fantasy. Trois pays seront représentés, soit le Canada, les États-Unis et la France. Et les Prix Boréal ainsi que le Prix Jacques-Brossard seront remis durant le congrès.
Et il ne reste que trois jours pour s'inscrire par la poste!
Libellés : Boréal
2008-04-29
Le monde englouti
Évidemment, les auteurs modélisent l'effet d'une fonte totale et maximale des glaces sur la planète actuelle. (Ils adoptent une valeur de 80 mètres pour la montée maximale des eaux.) Les scientifiques s'entendent pour dire que ceci n'aura pas lieu de sitôt. De ce point de vue, ces simulations sont de la pure science-fiction (sauf dans la mesure où elles permettent d'identifier les régions les plus menacées aujourd'hui par les ouragans et les tsunamis). En ce qui concerne le réchauffement du climat, s'il faut mille ans pour se rendre jusqu'à ces niveaux, les deux milliards de personnes qui seraient affectées aujourd'hui seront mortes depuis longtemps et leurs descendants auront eu le temps de déménager...
Néanmoins, si on a toujours voulu savoir à quoi ressemblerait la Terre en plus chaud, ces animations sont frappantes. L'Australie, l'Amérique du Sud et la Chine acquièrent des mers intérieures; les régions comprises entre l'Ukraine, le Caucase et l'Oural sont également noyées. La Russie est presque coupée de l'Asie... Des pays comme le Bangladesh, les Pays-Bas et le Danemark disparaissent. La Floride n'est plus là. La péninsule coréenne s'en tire mieux que la Chine côtière et le Japon montagneux que l'Angleterre méridionale. Mais l'Italie est presque coupée du continent, tandis que les îles indonésiennes sont essentiellement réduites à leurs échines volcaniques.
Et le Canada? Les auteurs ne fournissent pas de données particulières, mais je sais qu'à partir de 70 mètres de montée des eaux, Ottawa devient un port de mer. Et comme l'Arctique continue à fondre à toute vitesse...
Libellés : Effet de serre, Sciences
2008-04-28
Jean-Louis Trudel à Toronto
Cette rencontre fait partie de la série d'événements Foresight: Speculative Fiction in Canada, soutenue par le Conseil des Arts du Canada, du 21 avril au 31 mai. Ce soir, à la bibliothèque des Beaches, la rencontre commence à 19h. Je lirai des extraits de mes œuvres, je répondrai aux questions du public et je dédicacerai des exemplaires de mes livres. Une généreuse sélection de mes romans pour jeunes (et de ceux de Laurent McAllister) sera vendue sur place.
Je dois espérer que les organisateurs ont réussi à cibler quelques écoles francophones, car sinon j'ai l'impression que je me sentirai bien seul. (Il ne suffit pas toujours d'un peu de publicité dans L'Express de Toronto ou Le Métropolitain pour attirer les gens...) Mais cela permettra aux personnes présentes de m'avoir à elles seules!
Libellés : Livres
2008-04-26
L'invasion des écureuils noirs
Mais l'écureuil noir est en marche... en Angleterre, où il menacerait même de supplanter la population actuelle d'écureuils gris dans les comtés de l'est de l'île. Dans cet article du Guardian, les origines réelles de l'écureuil noir sont rapportées : il serait un mutant! Ou plus exactement, une variante de l'écureuil gris, mais une variante plus agressive qui carbure à la testostérone.
Ma foi, ce n'est peut-être pas un si mauvais totem pour les Franco-Ontariens...
Libellés : Environnement, Sciences
2008-04-25
Adieu aux neiges d'hier
Le 16 avril, il en restait encore assez pour mettre sur pied une escouade de bonhommes de neige...
Le 17 avril, on voyait quand même de plus en plus d'herbe...
Le 18 avril, le soleil a donné un coup de main...
Le 21 avril, quelques jours plus tard, c'était clairement la retraite...
Quelques jours plus tard, le 22 avril, il demeurait à peine de quoi confectionner deux bonhommes...
Grâce au soleil, on en voyait la fin hier au milieu de la pelouse...
Et aujourd'hui, c'est probablement la fin, et il faut bien regarder pour voir les ultimes plaques de neige sale...
Libellés : Photographie
2008-04-24
Iconographie de la SFCF (22)
Après la Grande Guerre, la science-fiction qui se publie au Canada francophone prend une coloration nouvelle. Elle se rattache de plus en plus aux textes publiés à l'étranger, en particulier

Dans L'Impératrice de l'Ungava, l'arrivée à Orsauvage et sa description tiennent en huit pages à peine. Certes, ce n'est pas une fraction négligeable d'un roman d'une cinquantaine de pages, mais c'est fort peu si on compare cet épisode aux longs développements d'Eutopia ou d'Erres boréales. Le choix du Grand Nord est intéressant puisqu'il précède le choix de l'Arctique dans la version filmée de She en 1935, quelques années plus tard, mais non le choix d'une île polaire par l'auteur soviétique Vladimir Obrouchev comme site d'un monde perdu dans son roman Zemlia Sannikova en 1926.
L'Impératrice de l'Ungava précède de peu un ouvrage québécois qui relève beaucoup plus franchement de la science-fiction, le recueil L'Homme qui va (1929) de Jean-Charles Harvey
Dans « Isabeau », une femme de ce nom reçoit un aviateur appelé Gaspard qui s'éprend vite de cette beauté troublante. Comme ailleurs dans le recueil, cet aviateur symbolise l'audace,
Dans la nouvelle « Au pays du rat sacré », Harvey sacrifie encore au culte de l'aviation entretenu à cette époque par des aviateurs et des auteurs comme Saint-Exupéry. (Durant la Seconde
Retenons deux autres textes de Harvey. Dans « Radiodiffusion sanglante », Harvey signe un texte d'authentique science-fiction qui se passe en 1940. Georges Loranger et Germaine le
La nouvelle « L'Étoile » épilogue aussi sur l'immédiateté offerte par les nouveaux médias. Kathleen Murphy est une fille de La Malbaie dont le docteur René Jasmin s'est épris, mais elle
L'amour et l'avenir sont aussi au rendez-vous dans les deux ultimes nouvelles du recueil, « Hélène du XXVe siècle » et « La dernière nuit », qui imaginent un futur éloigné et une triste fin du monde qui perd la chaleur du Soleil mourant... Par la place faite aux futurs les plus lointaines et aux techniques affectant jusqu'à la vie la plus intime, ce recueil s'inscrit à part entière dans la science-fiction du vingtième siècle.
2008-04-23
La SF à l'écran... en 1935
L'ajout de la couleur rend aux effets spéciaux de l'époque tout leur lustre et, malgré le temps écoulé, certaines scènes restent spectaculaires. La première série télévisée de Star Trek, trente ans plus tard, n'aura pas toujours fait mieux, malgré les progrès techniques intervenus entre temps. Aux belles maquettes (comme celle de la grand-salle ci-dessus) s'ajoutent des numéros de danse et des cérémonies barbares qui représentaient une valeur ajoutée à l'époque, avant la saturation des ondes par les émissions de variétés de la télévision.
Et la science-fiction? Leo Vincey et ses compagnons finissent par découvrir le sanctuaire de She Who Must Be Obeyed, et par s'en échapper. Mais l'expérience humaine de l'immortalité et des amours contrariées par le temps fascinent plus qu'un quelconque secret scientifique. Avant tout, She est une aventure classique... mais peut-être pas immortelle, car cela fait déjà un certain temps qu'on n'a pas refait une nouvelle version filmée du roman de H. Rider Haggard.
Libellés : Fantastique, Films, Science-fiction
2008-04-22
Les rites du printemps
Mais je trouve également notable qu'on ait assez peu mentionné la tenue le 15 mars dernier à Montréal de la manifestation annuelle contre la brutalité policière, qui avait entraîné des dégâts fort semblables et de nombreuses arrestations. Il semble probable que ce soient les mêmes anars, militants et autres casseurs, plus que de simples pillards ou émeutiers, qui aient profité de l'occasion de prendre leur revanche, mais à l'abri de la foule des partisans du Canadien.
Bref, c'est une dynamique mauvaise qui est enclenchée entre la police et des éléments de la jeunesse montréalaise. Comme toutes les dynamiques alimentées par des chocs en retour successifs, il est à chaque fois difficile d'assigner tous les torts d'un seul côté. Le délit de faciès est sans doute devenu une réalité dans certaines parties de l'île, mais le harcèlement policier passé ne justifie pas le vandalisme des biens collectifs — et celui-ci garantit une réaction musclée des policiers à la prochaine occasion. Réaction potentiellement mobilisatrice, évidemment...
À cette dynamique que l'on a déjà vue à l'œuvre dans les grandes villes des États-Unis et de la France s'ajoute toutefois, il me semble, un ingrédient spécifiquement québécois. Depuis plusieurs années, les médias manifestent une indulgence coupable pour les manifestations agitées, en particulier quand il s'agit de causes (l'altermondialisme, par exemple, ou le gel des frais étudiants) qu'ils trouvent sympathiques. Cette tolérance tacite a encouragé les débordements que l'on a vu lors du Sommet des Amériques à Québec et qui ont provoqué des réactions policières excessives mais compréhensibles. Plus récemment, on songera au grabuge à l'UQÀM, dans le cadre d'une grève d'une rare futilité qui se trompait complètement de cible. Quand l'argent est à Québec (ou dans les poches des riches) et les déficits à l'UQÀM, ce n'est pas à l'UQÀM qu'il faut réclamer des sous... Maintenant que l'étalage du même plaisir de saccager fait honte à tous, il est un peu tard pour regretter.
2008-04-21
Christine Dumitriu van Saanen (1932-2008)
Je noterai ici que je crois me souvenir de la projection de l'enregistrement vidéo d'une représentation de cette pièce. (Je ne crois pas que la pièce ait été montée à l'Université d'Ottawa.) Je me demande si le film existe encore...
Plus tard, je l'ai retrouvée à Toronto, où elle avait lancé le Salon du Livre en 1992. Au fil des ans, je n'ai pas assisté à tous les salons, mais à un bon nombre, et elle m'avait fait l'honneur de m'inviter officiellement deux ou trois fois ès qualités. (Je n'ai pas souvent pris le train et voyagé en première classe de Montréal à Toronto, mais je l'ai fait au moins deux fois grâce à elle.)
Je conserve plus d'un souvenir piquant de ces premiers salons. Lors du premier salon, en 1992, le jeune Bernard Werber était au nombre des invités, tout fier d'avoir réussi à passer entre les mailles d'une grève en France afin de prendre l'avion pour Toronto. Les Fourmis venait de paraître l'année précédente, mais son succès était tout neuf. La Grande Dame de Chicoutimi et moi avions mis le grappin sur lui, en tant que collègues dans le domaine de la science-fiction, et appris qu'on lui défendait assez explicitement de s'identifier au genre...
Lors d'un autre salon, Gaston Miron était au nombre des invités. En ce qui concerne les Franco-Ontariens, il était de la race des Félix Leclerc, René Lévesque, Yves Beauchemin et autres Castonguay. Durant une réception pour les auteurs, il avait eu quelques mots avec Vittorio Frigerio, deux tempéraments fougueux s'affrontant avec ardeur...
Le Salon du Livre de Toronto vit toujours, ainsi que le prix littéraire qui porte son nom. Si je peux, j'essaierai d'y assister cette année afin de prendre part à la commémoration de Christine Dumitriu van Saanen que l'on commence déjà à préparer.
Libellés : Livres, Ontario, Salon du livre
2008-04-19
L'été, au galop
Libellés : Images
2008-04-18
Pas de repos pour la flanelle
Et c'est sans parler des pompiers qui ont décoré leurs casernes. Il y a quelques jours, j'ai pu prendre la photo ci-dessous pas loin de la rue Saint-Laurent...
Libellés : Montréal
2008-04-17
L'épreuve des fleurs

Sous l'église du Mont-Saint-Michel, il y a la chapelle de Notre-Dame-Sous-Terre, où on peut voir les restes d'un mur cyclopéen et d'un renfoncement (il me semble) qui sont les derniers restes d'un sanctuaire érigé par l'évêque Aubert d'Avranches au VIIIe siècle, à la ressemblance de la grotte du mont Gargan en Italie, où l'archange Saint-Michel était apparu pour consacrer le changement de vocation d'une ancienne grotte dédiée à Mithra... L'impression d'ancienneté que j'avais ressentie en visitant Notre-Dame-Sous-Terre, Lake a parfois réussi à me la faire ressentir au cours de ma lecture. Moins protéiforme que la New Crobuzon de Miéville, la cité impérissable de Lake a quelque chose de plus réel, malgré la profusion d'anciens dieux et de créatures surnaturelles. Quand Imago et ses compagnons s'enfoncent sous terre pour retrouver les tombes des anciens dieux, on songe aussi à la grotte de Romulus et Rémus récemment retrouvée à Rome. (Et la Cité Impérissable doit plus qu'un peu dans sa conception à la Ville Éternelle.)
Mais ce goût pour le passé est poussé un peu loin quand Lake accepte aussi un dénouement digne de la logique de ces lointaines époques. Pour sauver la Cité Impérissable du retour des dieux chtoniens, les principaux personnages sacrifient leur vie, leur chair et leur amour. Ce choix du sacrifice délibéré et de l'immolation volontaire matérialise un certain fantasme christique, mais le lecteur moderne ne peut pas ignorer que, dans la plupart des cas, nous réprouvons ceux qui se sacrifient ainsi, qu'ils s'agissent de kamikazes et de terroristes qui se font sauter, voire de moines qui s'immolent par le feu. Un marché faustien est-il plus moral et justifiable quand il est conclu pour une fin jugée louable? quand il est consensuel et informé de part et d'autre?
Un jour, il faudra sacrifier l'idée même du sacrifice. Le sacrifice n'est pas une solution aux dieux chtoniens, c'est la réponse qui engage le dialogue et accepte leurs exigences... La civilisation occidentale s'est construite sur la transformation par le christianisme du sacrifice christique en un rite purement symbolique, coupant les fidèles de l'antique tradition des sacrifices animaux ou humains. J. R. R. Tolkien avait vu de ses propres yeux ses amis se sacrifier pour leur civilisation; ce n'est sans doute pas un hasard si Frodon donne beaucoup pour sauver la Terre du Milieu, mais sans se soumettre à l'antique loi du sang pour le sang. Frodon s'est dévoué pour ses semblables, mais « the last full measure of devotion » n'équivaut pas à une acceptation de cette exigence vampirisante. Tolkien ne rejetait pas la réalité du dévouement des volontaires anglais partis à la guerre, mais il était sans doute plus proche du « Dulce et Decorum Est » de Wilfred Owen qu'on l'a parfois dit...
2008-04-16
La fin du monde est une vache sphérique
Néanmoins, les physiciens n'évitent pas toujours l'écueil qui consiste à confondre la situation idéale qu'il est possible d'analyser pleinement avec le modèle de base, et la situation réelle que des facteurs additionnels viennent compliquer au point de rendre dangereuse l'application d'un modèle trop simple. Souvent, l'approche typique du physicien théorique correspond donc à la blague classique sur la vache sphérique, qui a droit à sa propre page Wikipedia.
Ceci est illustré de belle façon par les reportages récents voulant qu'un élève allemand de 13 ans ait corrigé les calculs de la NASA en ce qui concerne le risque de collision de l'astéroïde Apophis avec la Terre. Le risque serait passé de 1/45,000 à 1/450.
Je parle au conditionnel parce que la différence me semble élevée et que l'erreur censément découverte par l'écolier allemand tiendrait compte de la possibilité d'une collision entre Apophis et un satellite artificiel de la Terre. Or, cette page de la NASA résumant un article récompensé pas plus tard qu'en février soutient qu'Apophis évitera l'immense majorité de ces satellites. Et comme l'espace est grand, la vitesse d'Apophis élevée et les satellites relativement petits, je me pose des questions sur la probabilité réelle d'une collision.
Quoi qu'il en soit, supposons que les reportages ne se trompent pas. Quelle est la source de l'erreur initiale? Eh bien, il semblerait que ce soit la supposition qu'il suffisait de tenir compte d'un nombre réduit de corps (Apophis, la Terre, la Lune, le Soleil, etc.) pour prédire la future trajectoire de l'astéroïde. Autrement dit, les physiciens en cause auraient visualisé un espace abstrait, dominé par quelques corps massifs, et non l'espace réel parsemé de satellites ajoutés par l'humanité...
Libellés : Astronomie, Sciences
2008-04-15
Mille affiches en une
2008-04-14
Fiston, j'ai tué la planète!

La première nouvelle retenue par April, « Les orphelins de Hoï Tri », convient parfaitement au thème de l'ouvrage. L'assassinat de l'enfance dans un pays lointain répond aux déconvenues plus immédiates du jeune Jimi, qui voit ses parents divorcer et l'écarteler, lui, leur seul enfant. Les autres nouvelles, « Angel », « King Kong 4 » et « Voyage au centre de la planète Mer », s'adaptent plus ou moins au propos de l'auteur. Il y a aussi une certaine rupture de ton, car le style plus cynique et détaché de l'écrivain déconstruisant divers mythes cadre plus ou moins bien avec le personnage de Jimi. L'auteur tend à s'imposer au détriment du jeune personnage et le dialogue qu'il entame est adroit, mais il n'échappe pas entièrement au dérapage dans le soliloque.
(Curieusement, j'ai cru qu'avec un tel titre, l'ouvrage inclurait la nouvelle « Dans la forêt de mes enfances », qui faisait déjà en 1990 le lien entre le souci de la planète et la prochaine génération qui en hériterait. Mais non.)
En même temps, un lecteur plus impatient s'exclamerait : « L'enfance ! La maudite enfance ! Pourquoi faut-il toujours que la littérature québécoise revienne encore et toujours à ces personnages faussement enfantins que nous devons à Réjean Ducharme ? La prétendue ingénuité qu'on leur prête dédouane l'auteur qui ne se hasarderait pas à mettre dans la bouche d'un adulte des commentaires aussi naïfs ou des remarques qui risqueraient de se transformer en essais... mais est-ce bien la seule façon de parler du monde qui nous entoure ? » Le lecteur a un droit imprescriptible à toutes ses réactions... Cela ne fait pas partie des droits de Pennac, mais cela mériterait peut-être d'y figurer.
Conclusion... Malgré les révisions apportées aux nouvelles d'origine, on ne peut pas dire que ce livre ajoute quelque chose au corpus de la science-fiction du Québec. En même temps, cependant, on approfondit la vision du monde d'April et les ressorts de sa fiction. C'est loin d'être inintéressant d'un point de vue artistique et historique. Et ce n'est pas si souvent qu'un auteur d'ici a le courage de se mettre plus ou moins en scène dans une auto-fiction, en particulier un auteur de science-fiction. C'est ce qui donne au livre un intérêt certain pour les historiens et amateurs du genre.
Libellés : Livres, Québec, Science-fiction
2008-04-12
Jules Verne au Saguenay et Stevenson à Montréal
En tout cas, j'ai raté l'occasion d'assister à Montréal même à une autre création du Centre International Jules Verne d'Amiens : « Les histoires extraordinaires de Jules Verne » présentées au Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 5 avril seulement. Sous la direction de Jean-Paul Dekiss, des conteurs s'inspiraient des contes de Verne, souvent moins connus que ses romans.
En revanche, j'ai encore le temps de me rendre au même Théâtre Denise-Pelletier pour une production de leur cru, une adaptation du récit de Robert Louis Stevenson, « Dr Jekyll et M. Hyde ». La pièce adaptée et mise en scène par Jean-Guy Legault sera jouée jusqu'au 22 avril, avec les acteurs Jacques Baril, Luc Bourgeois, Jean-François Casabonne, Sophie Clément, Sylvie Drapeau, Albert Millaire, Gilles Pelletier et Marcel Pomerlo.
Libellés : Fantastique, Science-fiction, Théâtre
2008-04-11
Facettes historiques
En début d'après-midi, avant d'aller se faire interviewer pour l'émission « Macadam Tribus » de Radio-Canada, Miss Tournevis a livré une conférence intitulée « La commémoration et l'identité, ça compte. Et ça ne compte pas ». Qu'est-ce que l'identité? La conférencière a offert sa définition selon laquelle l'identité culturelle se compose des éléments culturels qui permettent aux membres d'un groupe de se reconnaître mutuellement (comme faisant partie du même groupe). Et elle invite les historiens à se questionner, avec humilité.
Cette conférence a servi d'introduction au reste du programme. Tandis que Mélanie Morin a évoqué les infirmières canadiennes de la Grande Guerre et leur sort après le conflit, Tereasa Maillie a expliqué comment la poésie des femmes chinoises exprime souvent la tristesse et la dépression, selon des formes qui lui ont semblé mériter une comparaison avec les classifications actuelles en Occident de la détresse et de la dépression. Elle a donné en exemple la poésie de Li Qingzhao et de Wang Jiaoluan. Les figures imposées de la tristesse, de la mélancolie et de la dépression sont souvent les mêmes : sanglots douloureux, souffrance prolongée, insomnie, désespoir, attrait du suicide...
En fin d'après-midi, j'ai surtout apprécié la communication de Daniel Laxer de l'Université de Toronto, qui s'est penché sur les chansons de Voyageurs, mais aussi une chanson autrefois célèbre, « Canadian Boat Song » du poète irlandais Thomas Moore qui avait voyagé sur le Saint-Laurent de Kingston à Montréal en canot avec des avironneurs canadiens.
Enfin, j'ai tenté de regrouper les thèmes de la poésie féminine chinoise identifiés par Maillie au sein d'un seul sonnet...
Écouter la réponse du silence
Beauté abandonnée, j'ai tellement pleuré
l'homme que j'ai aimé depuis qu'il est parti
que je ne peux verser que l'ultime partie
de mon corps décharné pour ma peine leurrer
Des larmes de mon sang, j'ai si longtemps pleurées
pour noyer le tourment au printemps ressenti
qu'enflent déjà les vents de l'hiver pressenti
sans que cesse pourtant ma peine d'affleurer
Quel homme chérira demain ma peau d'ivoire,
m'enserrant dans ses bras pour me rendre l'espoir,
et, oui, me sauvera des nuits quand point ne dors?
Mon amant m'a laissée, la tristesse est venue
et m'a dit d'embrasser sa douce amie la mort
si je veux m'enfoncer, au sommeil revenue...
Libellés : Canada, Histoire, Poème
2008-04-10
Comtés pourris
La représentation des régions! Tel est le principe sacrosaint que le ministre Benoît Pelletier oppose à la représentation de la population, en lui accordant implicitement une même légitimité. Mais qu'est-ce qu'une région? La mer, la montagne, les champs, la toundra... Depuis quand les paysages ont-ils le droit d'être représentés dans une enceinte législative? À moins que ce ne soient les épinettes, les homards et les caribous qui détiennent un droit particulier à une représentation additionnelle?
Soyons sérieux. En démocratie, les régions, ce sont leurs habitants, et pas autre chose. (Imagine-t-on que les habitants des villes réclament un poids supplémentaire pour leurs musées, leurs théâtres et leurs grands restaurants?)
Du coup, si on ose poser la question, l'alternative factice montée par Pelletier s'écroule. Il n'y a pas deux principes qui s'opposent, il n'y en a qu'un seul, dont l'application pourrait exiger certains aménagements dans le cas des régions éloignées dont la population est dispersée sur de grandes étendues. Les écarts tolérés pour les circonscriptions rurales sont justifiées au nom de la difficulté ajoutée des déplacements dans ces circonstances. (Néanmoins, comme je l'ai déjà fait remarquer, un député moderne peut communiquer ou rencontrer ses commettants mille fois plus facilement qu'un député du XIXe siècle à la tête d'une circonscription moins peuplée et moins étendue. On a quand même inventé quelques gadgets utiles depuis 1867, dont le téléphone et la voiture, sans parler d'internet...)
En 1867, justement, la Grande-Bretagne abolissait le cadre législatif qui avait permis la survie des rotten boroughs. Il serait quand même ironique qu'on les ressuscite au Québec, cent quarante ans plus tard.
2008-04-09
Les viaducs de l'inquiétude
Pourquoi? Les médias nous annoncent que la situation est sous contrôle et le ministère des Transports diffusait un communiqué samedi annonçant « la fin des travaux d'inspection des 135 structures de béton à dalle épaisse sans armature de cisaillement. » On peut consulter sur le site du ministère la liste (.PDF) des structures soumises à l'origine à une surveillance et à des restrictions de la circulation, ainsi que la liste (.PDF) des ponts évalués et traités par le ministère. Mais ce que je ne trouve pas dans ces listes, ce sont les viaducs du chemin de la Côte-des-Neiges à Montréal, à l'entrée du parc du Mont-Royal. Ces structures s'effritent, exposant des armatures rouillées dont j'avais pris quelques photos l'an dernier. Et la dernière fois que j'y suis passé à pied (enfin, à côté, et non pas sur les viaducs), j'ai bien noté qu'un panneau dirigeait les camions en surcharge sur le chemin Remembrance du Mont-Royal pour qu'ils n'empruntent pas les viaducs.
Évidemment, comme je le notais l'an dernier, ces ponts relèvent de la ville de Montréal, et non de la province. Mais il n'est pas si facile de trouver sur le site officiel de la ville de l'information sur l'état de ces viaducs. Même en sachant que cet échangeur fait partie de l'arrondissement Ville-Marie, il faut se tourner vers Google pour trouver un communiqué rassurant du 12 octobre dernier annonçant la levée des restrictions de poids sur ces viaducs... Ai-je rêvé la présence de ce panneau? Je retournerai voir sous peu...
Quoi qu'il en soit, la présence de neuf ponts et viaducs sous surveillance à Montréal rappelle que les statistiques claironnées par les médias sont trompeuses. Elles ne concernent que les ponts qui relèvent du ministère, et des ponts à dalle épaisse. Mais cela ne devrait pas nous faire oublier l'existence de plusieurs autres ponts au Québec dont la sécurité mérite toute l'attention des autorités responsables.
Libellés : Québec, Société, Technologie
2008-04-08
J'ai couché chez Baillairgé!
La maison d'origine était dotée d'une cour arrière fort longue, puisque le terrain mesurait 45,1 mètres de profondeur pour une largeur de 6,3 mètres. (Les amateurs de numérologie apprécieront que la profondeur du terrain était de 148 pieds, soit 1776 pouces. Cette dimension annonçait-elle l'année fatale pour Montgomery? Ben voyons, cela illustre surtout la possibilité de trouver des coïncidences partout quand on cherche bien...) Lors de son acquisition par Charles Baillairgé, l'arrière de la cour était occupé par un four de boulanger en ruines. À sa place, Baillairgé fit construire un second édifice qui est aujourd'hui le Petit Hôtel sis sur la ruelle des Ursulines. La résidence principale n'était déjà pas très large, mais Baillairgé devait ménager une voie de passage derrière pour que sa cour ne soit pas coupée de la rue, réduisant d'autant plus la largeur de cet édifice secondaire.
Du coup, il a construit un bâtiment particulièrement étroit, avec oriel et toit mansardé, et la cage d'escalier occupe toute la largeur de l'édifice, parce que, sinon, un escalier construit en longueur aurait réduit encore plus les dimensions des pièces...
J'ai couché deux ou trois fois au Petit Hôtel, puisque les tarifs sont raisonnables et l'emplacement est idéal pour assister au Salon du Livre de Québec ou visiter la vieille ville. Mais il ne faut pas se laisser rebuter par l'escalier étroit ou les pièces exiguës. En revanche, des chambres les plus élevées, on obtient des aperçus fascinants sur le cœur du vieux Québec.
2008-04-07
Quand Charles Baillairgé nous hante
Terminée en 1887, la construction avait débuté en 1884. En 1885, l'architecte et ingénieur en chef de la ville de Québec, Charles Baillairgé, avait écrit dans Québec, passé, présent, futur :
« Faisant face aussi sur la grande allée, mais à l'intérieur du champ de l'anse, se construit une vaste bâtisse pour les exercices militaires. Cet édifice dû au crayon de MM. Fuller et Taché, fera à l'intérieur (salle de 100 sur 200 pieds) un magnifique effet quand l'on se sera décidé à substituer à la série d'en-traits en bois de la toiture et qui vont donner à cette immense salle l'air d'être plafonnée à ras de terre, des tirants avec le reste de la charpenterie du comble en fer et acier au lieu de bois; et Québec qui contribue $ 15,000 au fonds de construction a droit d'exiger dans les intérêts de tous, une toiture indestructible sur une pareille bâtisse. »
Certes, les charpentes métalliques à Québec ont connu leur part de catastrophes. Mais peut-être que si on avait écouté Baillairgé quand il en était encore temps...
2008-04-05
La fin du monde est une occasion
Les romans aussi ouvertement eschatologiques sont rares. Weiner invoque les mânes de Teilhard de Chardin, ce qui nous change quelque peu des Tiplers habituels. Ce qu'on peut reprocher à la narration, toutefois, c'est de laisser entendre dès les premières pages ce qui va se passer et de ne pas révéler grand-chose de neuf dans tout le reste du livre. La conclusion est un pétard mouillé, de ce point de vue, et ce qui aurait pu fonctionner dans le cadre d'une nouvelle (et il me semble bien avoir déjà lu des fragments de cette histoire ailleurs), n'a pas le même impact dans le cadre d'un roman.
Libellés : Livres, Science-fiction
2008-04-04
La guerre aux piétons
Soupir. Comme d'habitude (sauf en ce qui concerne les voies cyclables, et encore), le Québec retarde. La priorité à l'automobile apparaît de plus en plus stupide, si ce n'est que pour des raisons environnementales et économiques. Tandis que d'autres villes dans le monde appliquent le concept du « shared space », Montréal s'enlise. Les nouvelles voies cyclables vont-elles réellement stimuler l'usage du vélo par une population vieillissante? Décourager la circulation automobile au centre-ville devrait s'accompagner d'améliorations des transports en commun, mais on n'en prend pas le chemin. Par conséquent, la meilleure solution, ce serait de concentrer les efforts de Montréal sur l'amélioration de la circulation piétonnière, à la portée de toutes les bourses et de la plupart des conditions physiques. (Admettons qu'en général, si on ne peut plus marcher, on ne peut pas non plus faire du vélo ou faire une grande utilisation des transports en commun.)
Pour réduire l'utilisation de la voiture, peut-être faudrait-il donner la priorité au piéton partout, tout bonnement. Un piéton veut traverser? L'automobiliste serait obligé de ralentir. Si on accepte que le ralentissement de la circulation automobile n'est pas un crime, on peut se demander quel inconvénient il y aurait à cela...
Le « shared space » engendre aussi un ralentissement de la vitesse moyenne de la circulation. Dans un centre-ville conçu comme une destination et non un lieu de passage, ceci semble parfaitement normal, en particulier si on désire accorder la primauté aux piétons. Certes, le concept n'a guère été essayé dans un contexte nordique, sauf à Norrköping (.PDF) en Suède, de sorte qu'on peut se demander s'il fonctionnerait en hiver, au Canada. Mais il semble clair que le concept s'applique surtout dans les quartiers d'une certaine densité. Les banlieues pavillonnaires ne s'y prêtent pas vraiment, puisque les distances y sont souvent excessives pour les piétons.
Mais si donner la priorité partout et en tout temps aux piétons est trop radical comme mesure, ou semble trop périlleux (qu'arrive-t-il si les automobilistes n'ont pas le temps de réagir?), on peut envisager d'autres possibilités. Par exemple, la priorité en tout temps aux piétons dans les intersections. Dans un tel cas de figure, la proximité des intersections serait balisée de sorte que les automobilistes sauraient qu'ils doivent ralentir. Sans doute faudrait-il également réserver ce concept aux quartiers relativement denses, mais il pourrait rendre les déplacements piétonniers en ville beaucoup plus agréables, donc plus attrayants. Et les policiers pourraient concentrer leurs efforts de répression sur les automobilistes.
Libellés : Société
2008-04-03
L'âge d'or du roman pour jeunes
Mais c'est un des seuls reproches qu'on peut lui faire. Miéville s'amuse à déjouer les attentes de ses lecteurs. Au début, on croit se retrouver dans une histoire de personne élue et de quête à mener. À Londres, il y a deux amies, Deeba et Zanna, qui mènent une vie parfaitement ordinaire. Des animaux et d'étranges personnages commencent à témoigner un intérêt déplacé pour Zanna, qu'ils interpellent en l'appelant « Shwazzy », c'est-à-dire la « Choisie ». Zanna et Deeba finissent par basculer dans un Londres parallèle, où la magie permet tout ce que l'imagination peut concevoir. (J'ai songé au pays de Rêverose dans les aventures d'Olivier Rameau, ou un peu aux romans de Laurent McAllister.) Toutefois, la prophétie qui prédit le triomphe de Zanna contre le grand ennemi de la ville d'Un Lun Dun, Smog, éprouve vite des ratés. Zanna se fait malmener et les deux amies reviennent de justesse dans le Londres familier qu'elles ont quitté.
Puisque Zanna souffre d'une amnésie partielle, Deeba, l'amie négligée, va prendre le relais, de sorte que ce ne sera pas la « Shwazzy » qui sauvera Un Lun Dun, et ce ne sera pas en suivant la prophétie à la lettre, une étape à la fois. C'est la principale audace de Miéville, qui flatte quand même les prédilections du public en donnant à Deeba un pistolet fort peu orthodoxe qui sera l'arme décisive contre Smog.
Toutefois, les jeunes lecteurs aiment souvent que les choses soient claires et Miéville n'explique jamais pourquoi le livre parlant (ah, Zelazny...) qui renferme de nombreuses prophéties a parfois raison, et parfois non. C'est plus réaliste, sans doute, mais Miéville ne mise pas là-dessus et n'explique pas que tous les livres contiennent des erreurs, des approximations, des omissions, des informations périmées, parce qu'il arrive aux auteurs d'être mal lunés, distraits, mal informés, etc. J'ignore si les jeunes lecteurs seront sensibles à de telles failles, mais le reste du roman est narré avec beaucoup d'énergie, d'inventivité et aussi de tendresse.
2008-04-02
Le futur de Québec... en 1900
Hélas, le projet du pont de Québec, mal financé, mal conçu et mal supervisé, aboutira à la catastrophe d'août 1907, quand l'effondrement d'une moitié du pont en construction tuera près de soixante personnes, dont un tiers de travailleurs de Kahnawake. Ulric Barthe lui-même échappe de peu à la mort, ayant visité le chantier et arpenté le tablier moins d'une heure avant l'effondrement. Dans le numéro du 31 août 1907 de La Presse de Montréal, il en témoigne en ces termes :
« J'allai visiter les travaux du pont en compagnie du professeur G. Couture, de MM. Lavigne, Vézina et Burke. Après une inspection des chantiers, je profitai de l'offre qui m'était faite pour monter sur la locomotive qui s'en allait chercher des matériaux sur les chantiers de la Chaudière, pour faire voir à mes amis les travaux d'approche.
Nous revînmes sur le convoi, et arrivés à l'entrée du pont lui-même, nous descendîmes.
Le mécanicien, M. McNaughton, le même qui, quelques minutes après, a si miraculeusement échappé à la mort, insista auprès de nous pour aller jusqu'à l'extrémité du pont où il se rendait avec son convoi de matériaux.
Étant pressé de rentrer, je déclinai l'offre, et après avoir serré la main du jeune M. Birks, l'un des officiers de la compagnie ``Phoenix", nous descendîmes par la grève, pour retourner.
Hélas! je ne me doutais guère que je venais de serrer la main, pour la dernière fois, à ce pauvre jeune homme qui est au nombre des disparus. Il y avait cinq minutes environ que nous étions partis et nous longions la grève, nous dirigeant vers le pont Garneau, lorsque nous entendîmes un grand bruit, comme une détonation de mine.
L'un de mes compagnons s'écria:
"C'est le pont!" mais l'idée me parut impossible.
"C'est une mine qui vient de partir," lui dis-je.
"Mais non, me répondit-il, je vous dis que c'est le pont". Et retournant de quelques pas en arrière:
"C'est le pont, cria-t-il; il s'écroule." »
Heureusement, Barthe a eu des idées aux suites plus heureuses. Lors de la même causerie en 1900, il se vante : « Comme remède à l'alcoolisme, je conseillais alors la consommation du vin, de la bière et du cidre; voyez aujourd'hui le nombre de brasseries et de cuveries qui ont surgi depuis quelques années en ville et dans les campagnes environnantes. » Si la logique du raisonnement nous échappe au premier abord, c'est que nous avons parfois oublié qu'en Amérique du Nord, l'alcoolisme si condamné et combattu, c'était d'abord la consommation d'alcools de grain, d'eau-de-vie, bref, de whiskey. Pour réduire les méfaits de l'ivresse, Barthe prônait donc une consommation plus modérée. Qu'il ait été écouté ou non, il plaidait clairement dans le sens de l'histoire des politiques québécoises en la matière, tandis que les autres provinces du pays allaient plutôt opter pour des formes de prohibition afin de réagir aux mêmes problèmes.
Libellés : Futurisme, Histoire, Québec