2008-04-23

 

La SF à l'écran... en 1935

Difficile de trancher et de dire si la version produite en 1935 de She, le célèbre roman de H. Rider Haggard, relève de la science-fiction ou du fantastique. Il y a quelques références à la source de l'immortalité qui invoquent pêle-mêle les courants électriques à haute tension, la radio, la radioactivité et les rayonx X... L'oncle de Leo Vincey, le personnage principal, se meurt d'un empoisonnement au radium, à l'instar d'Eben Byers trois ans plus tôt, après avoir longtemps tenté de reproduire les pouvoirs de la flamme qui confère l'immortalité en étudiant les radiations dans son laboratoire. Comme je l'avais déjà signalé dans le cas de Maurice Leblanc, la conception de la radioactivité comme fontaine de Jouvence était dans l'air du temps — et le demeurait en 1935 malgré les accidents mortels tout récents. Mais il reste assez difficile de réconcilier ce qu'on voit de cette flamme avec quoi que ce soit de scientifique... Ce qui est sûr, c'est que la comparaison de ce film avec les films de science-fiction de 1954, 1955, 1960, 1972 ou 1976 souligne l'évolution des effets spéciaux. L'effet spécial le plus simple, pourrait-on dire, c'est encore la couleur. Malgré les couleurs ajoutées à la version commercialisée sur DVD, le film d'origine n'en avait pas. Ray Harryhausen a dirigé la colorisation avec l'accord des héritiers. Comme sa propre carrière l'avait amené à travailler d'abord sur des films en noir et blanc avant de passer à la couleur avec The 7th Voyage of Simbad (1958), il était bien placé pour comprendre le sens du design des réalisateurs de films à effets spéciaux en noir et blanc. Le résultat de la colorisation coupe le souffle.

L'ajout de la couleur rend aux effets spéciaux de l'époque tout leur lustre et, malgré le temps écoulé, certaines scènes restent spectaculaires. La première série télévisée de Star Trek, trente ans plus tard, n'aura pas toujours fait mieux, malgré les progrès techniques intervenus entre temps. Aux belles maquettes (comme celle de la grand-salle ci-dessus) s'ajoutent des numéros de danse et des cérémonies barbares qui représentaient une valeur ajoutée à l'époque, avant la saturation des ondes par les émissions de variétés de la télévision.

Et la science-fiction? Leo Vincey et ses compagnons finissent par découvrir le sanctuaire de She Who Must Be Obeyed, et par s'en échapper. Mais l'expérience humaine de l'immortalité et des amours contrariées par le temps fascinent plus qu'un quelconque secret scientifique. Avant tout, She est une aventure classique... mais peut-être pas immortelle, car cela fait déjà un certain temps qu'on n'a pas refait une nouvelle version filmée du roman de H. Rider Haggard.

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