2019-07-14

 

L'inquiétante absence

Aujourd'hui, le documentaire L'inquiétante absence était projeté au festival Fantasia.  Réalisé par Amir Belkaim et Félix Brassard, produit par Mathieu R. Grenier, avec Mario Boivin comme conseiller, le film s'intéresse à la place des films de genre dans la cinématographie québécoise.

Malgré le titre, il s'agit moins d'une absence en tant que telle que d'un effacement par la culture officielle et, dans une certaine mesure, par les relais corporatifs et institutionnels.  Car, si on définit les films de genre de manière à inclure le policier en plus du fantastique, de l'horreur et de la science-fiction (il ne sera jamais question de la fantasy en tant que telle), la production québécoise en compte évidemment un certain nombre.  Au besoin, on peut remonter à un moyen métrage de 1918, une docu-fiction intitulée Le Feu qui brûle et tournée par Léo-Ernest Ouimet, qui met en scène le combat de pompiers de Montréal contre un incendie.  Le hic, c'est que l'histoire officielle du cinéma québécois ou canadien-français tend à occulter cette dimension de la cinématographie d'ici.

Les réalisateurs offrent un retour en arrière pour expliquer les origines d'une certaine répugnance québécoise à produire des films de genre.  Parmi les hypothèses envisagées, il y a l'importance de l'expérience du documentaire (parmi les anciens de l'ONF, etc.) au moment du passage au cinéma de fiction dans les années 1960 puisque plusieurs figures de la nouvelle industrie étaient issues de ce vivier.  Marcel Jean incrimine aussi l'importance du cinéma d'auteur (reflet de l'influence française au moment de la Nouvelle Vague) aux yeux des critiques et des producteurs des années 1970.  Or, par définition, ce cinéma d'auteur ne recourait pas à des scénaristes, mais à des réalisateurs-scénaristes, voire à des réalisateurs-scénaristes-opérateurs.  Un troisième facteur transparaît dans les commentaires de Jean-Claude Lord et Yves Simoneau, sans être épinglé nommément.  Le nationalisme québécois (largement mâtiné d'anti-américanisme) des années 1970 réagit négativement à des films montés selon les recettes hollywoodiennes.  Comme en littérature au début du vingtième siècle, la « déterritorialisation » passe rapidement pour une trahison...  (Plus récemment, la réaction fanique tombe parfois dans le travers contraire : critiquer les réalisations québécoises parce qu'elles conservent une touche québécoise sans singer à 100% les modèles hollywoodiens, comme Walking Dead dans le cas d'un film de zombies comme Les Affamés d'Aubert.)

Le documentaire m'a permis d'ajouter quelques titres à ma liste de films relevant potentiellement de la science-fiction canadienne-française.  J'ai ainsi noté les longs métrages Bingo (1974) et Panique (1977) de Lord, ainsi que L'Assassin jouait du trombone (1991) de Roger Cantin, celui-ci ayant auparavant réalisé le court-métrage L'Objet (1984) servant aux Terriens une fin de monde satirique (et bien crémeuse).  Sans oublier Saints-Martyrs-des-Damnés (2005) si on retient moins l'horreur que l'utilisation du clonage.

Les réalisateurs ont sollicité les avis de nombreux cinéastes (et non des moindres, puisque Cronenberg évoque les films qu'il a réalisés au Québec au début de sa carrière) et cinéphiles.  Quelques professeurs ou chercheurs ont aussi droit à la parole, comme Mario Boivin et Bernard Perron, mais Patrick Senécal est le seul écrivain de genre (outre Mario Boivin) à avoir été rencontré.  Il fournit au film certains de ses meilleurs moments, d'ailleurs, sous la forme d'anecdotes éclairantes.

L'absence (inquiétante ?) d'autres écrivains de genre du Québec correspond à une omission assez flagrante.  Parmi les raisons possibles pour la minoration des films de genre québécois, on aurait pu envisager que la qualité (des scénarios, sinon de la réalisation) n'était pas toujours au rendez-vous.  Après tout, si certains films québécois ont connu des carrières internationales parfois respectables, il est plus difficile de citer des films de genre à avoir récolté ne serait-ce qu'un succès d'estime au-delà du Québec, outre La Peau blanche et quelques autres productions.  Or, le documentaire s'acharne à réduire les films de genre à leurs effets spéciaux, leurs thématiques ou leurs codes, bref, au choix d'un genre et à la réalisation.  C'est peut-être plus applicable aux films d'horreur, mais les polars et les films de science-fiction n'ont pas toujours besoin de gros budgets s'ils ont des idées et un scénario.

Le débat sur le cinéma de genre en français existe aussi en France, où il suscite de plus en plus la discussion.  Durant la période de questions qui a suivi la projection, Mario Boivin a invoqué un blocage culturel qui affecterait tant la France que le Québec, en sus des problèmes financiers, des soutiens officiels, du défi représenté par Netflix, etc.  Les parallèles sont certes frappants, mais si c'est la culture officielle qui est en cause, il est frappant de constater que L'inquiétante absence ne convoque aucun de ses représentants possibles.

On ne croise aucun critique ou chroniqueur médiatique susceptible d'expliquer pourquoi les films de genre ne trouveraient pas grâce à leurs yeux.  Le documentaire ne donne à entendre que les partisans des genres au cinéma, jamais celles ou ceux qui pourraient les dénigrer.  Les réalisateurs n'ont pas rencontré non plus de fonctionnaires de la SODEC ou des autres instances subventionnaires, sous prétexte que la responsabilité première des refus frappant des films de genre reposerait sur les jurys ou comités de pairs.  Auquel cas il aurait été envisageable d'interviewer certains des cinéastes se retrouvant sur ces jurys (dont la composition est parfois publique).  Encore qu'il semble assez clair que tous les réalisateurs, et pas seulement ceux qui s'intéressent aux genres, souffrent des coupures budgétaires et de l'application de quotas tacites décourageant la construction suivie d'un corpus ou l'exploration de nouvelles directions.

A contrario, Mario Boivin suggère, si je l'ai bien compris, qu'il manque peut-être au Québec un champion en chair et en os au sein des institutions incriminées, un défenseur capable de donner de la voix pour donner le branle à l'essor des genres.  Il s'agirait donc de s'inquiéter moins de la présence d'ennemis des genres que de l'absence (justement) d'amis des genres dans ces milieux.

La période de questions a pris fin sur la question de la touche québécoise, outre la langue, dans le cinéma de genre.  Amir Belkaim a répondu en mentionnant La Peau blanche de Roby (d'après le roman de Joël Champetier) afin d'expliquer que l'utilisation de décors montréalais façonnait une expérience différente dans un tel cas.

La projection du documentaire a été précédée du visionnement d'un court métrage, Mindscreen, de Pierre-Luc Gosselin.  Si l'idée de base ne révolutionne rien, le traitement à la Black Mirror est très réussi, le tout dans un Québec absolument contemporain (quoique dessiné à gros traits).

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2019-07-05

 

La médecine du futur dans un texte de SFCF

(Dans le numéro du 21 octobre 1882 du Grognard, petit journal drolatique fondé et animé par Hector Berthelot, on retrouve une saynète d'anticipation qui sert à illustrer la modernité chirurgicale telle que vue par l'auteur de cette section du journal qui, fort probablement, n'est autre que Berthelot lui-même.  Celui-ci signera d'ailleurs, sous le pseudonyme de Salvio, un texte de politique-fiction comique dans les pages du Canard deux ans plus tard.  Voici le préambule et l'intégralité de cette vision inusitée de la médecine de l'avenir.)


Badinages

Dans une vieille chanson militaire, un troupier disait :

Avec mon briquet
Je vous découpe un homme
En quat’ comme un navet.

Les chirurgiens font mieux, écrit Pierre Véron.  Comme Bertheliey, ils vous coupent en six, ils vous coupent en huit, ils vous coupent en dix.  Le corps humain n'a plus d'organe sur lequel on puisse placer l’inscription : Le bistouri n'entre pas ici.

Il entre partout, le bistouri.  On vous met les boyaux des gens sur une assiette, on vous les gratte, on vous les astique comme un fourniment.  Quand [sic] à l'estomac, une petite promenade dans sa cavité devient l’abc du métier. Voyez plutôt l'homme à la fourchette.

Et dire qu’il y eut là-dessus des légendes qui se perpétuèrent pendant des siècles !  On vous affirmait qu'une piqûre d’épingle dans tel ou tel tissu suffisait à vous tuer.

Il y avait surtout un nommé péritoine pour qui l’on professait un respect terrorisé.  On n’osait pas même l'approcher avec les plus grands égards.

Maintenant, et je te le tutoie, et je [te] le bouscule, et je te l’incise !

Il manque complètement de prestige, le péritoine.

*** 

Encore ne sommes-nous qu’au début des expériences et des audaces de ce genre.  Ils en verront bien d'autres, nos arrière-neveux !

Je me figure assister à une consultation aux abords de l'an 2000.

— Docteur, je viens vous consulter pour un malaise.

— Quel genre de malaise ?

— Docteur, j'ai une douleur aiguë qui me prend là du côté droit.

— Ah !  Est-ce ici ?

— Ici et plus haut.  Plus bas aussi.

— Cela manque de précision.  Toussez-vous?

— Quelquefois.

— Digérez-vous bien ?

— Pas toujours.

— C'est peut-être le foie.  À moins que ce ne soit le poumon...  À moins que ce  ne soit...  Du reste, il [est] bien inutile de perdre notre temps à chercher; nous allons bien voir.  Couchez-vous là-dessus, que je vous ouvre.

— Que vous m'ouvriez!

— Naturellement.  Comment voulez-vous que je me renseigne sans cela ?  En auscultant ou en percutant, comme ces pauvres ânes du dernier siècle ?  Ah ! ils en ont entassé, des bévues, les unes sur les autres, alors qu’il est si simple de voir par ses yeux !  Allons, étendez-vous !  Nous allons commencer par le foie.

— Mais, docteur...

— Vous ne sentirez rien, et vous suivrez toutes les phases de l'opération, grâce à notre nouveau procédé d'insensibilisation locale.  Tenez, regardez.  Une, deux... le voilà, votre foie.  Vous voyez bien, il n'a rien du tout.  Nous allons le recaser.

— Mais comment tiendra-t-il ?

— Il nous suffit de rejoindre les deux côtés de l'incision avec cette nouvelle composition qu’on appelle le ciment humain.  C'est magnifique !  Ces Américains font tout de même des trouvailles étonnantes !  Je passe au poumon.  Vous n'avez pas envie de prendre quelque chose auparavant ?  Ne vous gênez pas, cela n’entrave en rien l'opération.  J'ai là des biscuits et du rhum.  Vous pouvez manger et boire, du moment où je ne touche pas à l'estomac pour l'instant.  Le voilà, votre poumon.  Il n’est pas vilain !  Attendez une minute, que j'aille chercher une loupe.  Allons, voyons, prenez-le dans votre main.  Seulement, ne le laissez pas tomber.  Je suis à vous.

— Mais, docteur...

— Pas d'enfantillage, n'est-ce pas ?  Ma loupe est dans cette armoire ; tenez, je l'ai.  Rendez-moi votre poumon.  C'est qu'il n'est pas vilain du tout !  Il n’a même rien absolument.  Ce n'est pas encore là la cause de votre douleur.  Nous allons le replacer.  Tiens ! une idée...  Si ça venait des reins ?  Ce n’est pas probable, mais enfin, pour ce que ça nous coûte pendant que nous y sommes.  Insensibilisons ces petits reins tout de suite.  Là...  Et quand on pense qu'autrefois chirurgie et médecine faisaient deux.  Ah ! quels crétins que nos prédécesseurs!...

Et la consultation continuera sur ce ton folâtre.  Et le malade, dépecé, désarticulé, finira par rentrer recollé de fond en comble en son domicile, où il dira à son épouse :

— Ah! ma chère, si tu avais vu quels jolis poumons j'ai !  C’est rose, c'est charmant, c'est...

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2019-07-03

 

Le Sentier couvert, voyage temporel et SFCF

La SFCF a-t-elle aussi eu son Pierre Benoit ?

Pierre Benoit (ou Benoît, les sources ne s'entendent pas) est né à Montréal en 1906 et mort à Ottawa en 1989.  Son roman Le Sentier couvert (Montréal, Éditions de l'Arbre, copyright en 1944, achevé d'imprimer en 1945), terminé à Ottawa le 19 février 1943, où l'auteur avait déménagé en 1940, peut figurer dans les titres de la littérature franco-ontarienne.

Jusqu'à preuve du contraire, c'est aussi le premier récit canadien-français d'un voyage temporel à rebours.  Il y avait déjà eu plusieurs nouvelles dont le protagoniste se projetait dans le futur de son présent.  Ainsi, en 1885, Léon Ledieu avait imaginé dans « Le songe du Roy Loys Neufvième » qu'un émissaire divin accordait au roi Louis IX une vision du Québec présent.  En 1899, Gaston Labat avait dépeint la réaction d'un soldat, d'un artisan et d'un cultivateur morts depuis cent ans et ramenés à la vie, plus ou moins, qui découvraient avec horreur le monde à la fin du XIXe siècle, dans « L’auberge de la mort. Légende fin de siècle ».  L'interprétation du cadre temporel de Similia Similibus (1916) d'Ulric Barthe reste délicate, mais il est possible de comprendre que le protagoniste vit les événements d'un futur uchronique prévisible si la Première Guerre mondiale n'avait pas éclaté en 1914...  Enfin, en 1929, Jean-Charles Harvey signe « Le revenant », un conte fantastique où le fantôme de Louis Hémon visite le pays de Maria Chapdelaine presque vingt ans après son séjour sur la ferme de Péribonka.  Quelques autres contes futuristes de la même époque jouent sur le registre de la vision d'un futur encore non avenu, mais le voyage à rebours est rare sinon entièrement absent avant Le Sentier couvert.

Dans tous ces cas, le saut dans l'avenir est en général inexpliqué, réductible à une hallucination ou attribuable à une intervention surnaturelle.  Même si Wells, en 1895, et Barjavel, en 1944, avaient déjà postulé des moyens rationnels de se déplacer dans le temps, le plongeon dans le passé du Sentier couvert fait appel à un mécanisme plutôt obscur.  Sans doute sciemment, Benoit évite de parler de machine alors même qu'il aurait pu lire « L'homme qui explora le temps » d'Octave Béliard dans La Presse en 1932 (réutilisation des Aventures d'un voyageur qui explora le temps publiées par l'auteur français en 1908).  D'autres auteurs français, avant Barjavel, comme Maurice Renard, Jacques Rigaut ou Régis Messac, avaient écrit sur des voyages temporels à rebours ou des machines à remonter le temps, mais nous sommes moins sûrs que leurs écrits se soient rendus au Canada avant 1940.

Dans Le Sentier couvert, le jeune protagoniste, Vincent Hertel, s'absente, en raison d'un coup à la tête, de la réalité de 1940 pour se retrouver en 1870.  En 1940, il a perdu connaissance et reste alité, dans un coma que les médecins ne s'expliquent pas, durant deux semaines tandis qu'il a l'impression de vivre un bon mois à Montréal en 1870, dans la maisonnée de ses jeunes grands-parents.  Transporté dans un monde plus serein et moins affairé que la métropole trépidante de 1940, Vincent s'éprend d'Émerance, la sœur adoptive de son grand-père, une jeune femme recueillie par charité.

Pour un homme de 1940, la ville de Montréal en 1870 n'est qu'une aimable bourgade, encore un peu champêtre.  Il n'y a pas de tramways électriques, d'automobiles, de lumière électrique, de téléphones ou d'avions.  Pas plus que de radio ou de cinémas.  À quelques occasions, Vincent se laisse emporter à parler du futur, mais il ne livre pas le secret de sa clairvoyance.  Il évoque le téléphone et le sérum anti-diphtérique, et il manque se trahir en prédisant à ses hôtes leur prospérité future.

Bref, avec une tonalité différente, on aurait presque l'intrigue de base de Back to the Future.  Sauf que le voyageur du temps ne tombe pas amoureux de sa mère, mais plutôt d'une jeune femme qui va mourir de chagrin après le départ d'un amoureux de passage, c,'est-à-dire lui-même.  Sauf que Vincent ne se risque pas à modifier la trame temporelle puisqu'il n'est pas un voyageur imprudent.

Au gré de ses conversations avec son aïeul, il laisse néanmoins filtrer quelques indications utiles sur les meilleures pratiques en épicerie, ce qui va sans doute fonder le succès à venir de l'entreprise familiale dont Vincent récoltera les fruits ultérieurs.  Benoit ne s'attarde pas sur le paradoxe d'une telle boucle temporelle fermée.

Si Hertel ne change pas l'histoire, il n'y a pas d'uchronie.  Benoit avait peut-être lu une nouvelle contemporaine, « Lepic et l'histoire hypothétique », signée par un autre Hertel, François.  Néanmoins, féru d'histoire, l'auteur se garde de modifier les événements connus, même à une échelle aussi humble.  La femme que Vincent aime, Émerance, va mourir de la tuberculose quand même.  Mais le retour en arrière de Vincent aura changé le sens de cette mort : il peut croire que son amour a consolé la condamnée jusqu'à la fin.

Ne s'agit-il que d'une hallucination, comme dans Similia Similibus, où le récit est réellement hypothétique ?  À la fin du roman, Vincent obtient un témoignage de son père sur la mort de sa tante que le fils entend pour la première fois — et qui correspond à ses propres souvenirs.

Dans le cadre du récit, la réalité du voyage à rebours est donc imposée par l'auteur.  En revanche, celui-ci ne fournit aucune explication, rationnelle ou non, de l'excursion dans le passé de Vincent.  Il conclut plutôt en invitant ses lecteurs à tenter une interprétation métaphorique des gens et des événements (« Toute mon étrange aventure au pays d'antan, d'ailleurs, est devenue pour moi une sorte de roman à clé. »), mais la proposition manque singulièrement de conviction.

Depuis la sortie de ce court roman, le voyage dans le temps a connu une certaine fortune dans les lettres québécoises, mais pas immédiatement.  En 1970, Henriette Major signait un livre pour enfants, À la conquête du temps, tandis que Reynard Lefebvre contribuait Les Voyageurs du temps au sous-genre en 1978.  Si ces deux ouvrages faisaient appel à des machines temporelles, la tendance récente invoque plutôt des artifices magiques ou des réalités virtuelles pour les retours dans le passé, sans parler des procédés entièrement mystérieux, comme les souterrains de la série de Pierrette Beauchamp ou le vieillissement ralenti du protagoniste de Daniel Grenier dans L'Année la plus longue (2015).

En s'abstenant de trancher, Benoit nous laisse assis entre deux chaises, mais cette incertitude n'empêche pas de goûter les péripéties sentimentales de ce voyage temporel dont le héros revient avec une maturité nouvelle.  Il ne semble pas que l'auteur se soit frotté de nouveau aux genres de l'imaginaire dans la suite de sa carrière littéraire.  On peut le regretter, car son coup d'essai démontrait une maîtrise réelle d'une thématique dont il était l'un des pionniers, à tout le moins au Canada francophone.  Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas tant d'exemples antérieurs même ailleurs de voyages à rebours où le héros intervient dans sa propre histoire familiale.  Hormis Le Voyageur imprudent, qui est pratiquement contemporain, je ne vois guère que le conte « Un brillant sujet » (1922) de Jacques Rigaut et la nouvelle « By His Bootstraps » de Heinlein en 1941.  En tant que fiction, Le Sentier couvert se situe quelque part entre les deux, ce qui n'a rien de déshonorant et souligne la créativité des auteurs de cette période un peu négligée par les historiens de la littérature québécoise.

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