2019-08-30

 

Un fan se penche sur son passé

Qu'est-ce qu'un fan ?  Dans le milieu nord-américain de la science-fiction, le terme désigne plus particulièrement les amateurs qui convertissent leur passion pour les histoires de science-fiction en une activité concrète.  Traditionnellement, il s'agissait d'abord, dans les années 1930, d'écrire et d'envoyer une lettre à une revue comme Astounding afin d'offrir des commentaires (ou des critiques) sur les fictions qui paraissaient dans leurs pages (une habitude qui remontait au XIXe siècle dans les publications littéraires anglophones).  En l'espace de quelques années à peine, les auteurs de ces lettres ont commencé à se contacter pour former des clubs (quand ceux-ci n'avaient pas été formés spontanément), pour s'abonner à des fanzines (petits bulletins d'actualités et d'écrits variés par des amateurs) et, enfin, pour se réunir dans le cadre d'un congrès.

La première « convention » officielle de ces fans de science-fiction a eu lieu en 1939 à New York sous le nom « World Science Fiction Convention ».  Elle se baptisa « mondiale », semble-t-il, parce qu'elle coïncidait avec la tenue à New York de l'Exposition universelle (World Fair, en anglais) de 1939-1940.  L'année suivante, le nom resta pour la Worldcon de Chicago, si ce n'est que parce que les organisateurs avaient espéré avoir Olaf Stapledon comme invité d'honneur.  La première convention inaugura une autre tradition fanique, soit la costumade, grâce à deux jeunes fans, Myrtle R. Jones et Forrest J. Ackerman, la première créant pour le second un costume inspiré par le film Things to Come d'après l'essai romancé The Shape of Things to Come de H. G. Wells.

Au fil des ans, la convention mondiale fit des petits, chaque ville d'une certaine importance cherchant à monter sa propre convention organisé par des fans locaux.  Il s'agissait en général d'événements sans but lucratif, qui faisaient appel au bénévolat de tous.  Comme les hôtels nord-américains incluent souvent des salles de réunion, ces congrès se tenaient souvent, mais pas toujours, dans des hôtels.  Quand ils acquéraient une certaine envergure, il devenait toutefois possible d'occuper un centre des congrès au complet, en n'utilisant les hôtels à proximité que pour l'hébergement.

D'abord lecteur, j'ai découvert le milieu fanique vers 1986, en rejoignant le club des amateurs anglophones d'Ottawa, OSFS (the Ottawa Science Fiction Society) et en participant à mon premier congrès Boréal à l'été 1986, tenu à l'étage de la bibliothèque municipale de Longueuil.  C'est également vers 1986-1987 que j'ai assisté à mon premier congrès de science-fiction anglophone, Maplecon, tenu dans des locaux de l'Université Carleton à Ottawa.  En débutant mes études à l'Université d'Ottawa, j'ai rapidement offert mes services pour animer la vie du campus en organisant des activités axées sur la science-fiction. 

De mémoire, j'ai organisé avec le service d'animation de l'université trois festivals universitaires de la science-fiction en 1987, 1988 et 1989, combinant le dernier avec le congrès Boréal 11.  Ce fut le premier congrès Boréal que j'organisais, mais, quoique financièrement ruineux, ce ne serait pas le dernier.  Depuis, j'ai organisé ou aidé à organiser une bonne vingtaine d'autres congrès Boréal, à Montréal, Québec, Mont-Laurier et Sherbrooke.  En même temps, j'avais donné un coup de main pour l'organisation du congrès anglophone Pinekone à Ottawa en 1989, si ce n'est que pour la gestion des prix canadiens de la science-fiction (les Casper qui devenaient alors les Aurora).

J'ai continué à fréquenter les conventions anglophones de science-fiction en Amérique du Nord.  Si je ne me souviens plus des années exactes, je sais que j'ai participé à des congrès anglophones dans les villes suivantes : au Canada, Fredericton, Montréal, Ottawa, Toronto, Waterloo, Winnipeg, Edmonton, Calgary et Vancouver ; aux États-Unis, Boston (et ses environs), Albany, Saratoga Springs, Baltimore, San José et Los Angeles (Manhattan Beach).  Dans certains cas, je n'y suis allé qu'une fois (Albany); dans d'autres cas, plus d'une douzaine de fois (à la Readercon bostonienne, par exemple).  Il est bien possible que j'en oublie, d'ailleurs.  J'ai aussi assisté à la Convention mondiale de La Haye en 1990.

Du côté francophone, outre les congrès Boréal, j'ai participé à une demi-douzaine environ de conventions nationales françaises.  Je dois d'ailleurs être un des très rares, sinon le seul, à avoir participé à des conventions nationales françaises tenues dans les quatre pays différents visités par celles-ci au fil des ans : France, Suisse, Belgique et Canada.  Je regrette, par contre, de n'avoir jamais eu l'occasion de participer à une convention hors de ces pays, des Pays-Bas et des États-Unis, mon budget ne me le permettant pas.

Je me suis de nouveau engagé dans l'organisation de congrès anglophones à partir de 1996 quand la convention Con*Cept de Montréal a accepté le congrès Boréal comme « viruscon » intégrée à la programmation de Con*Cept.  Même si j'étais principalement responsable de l'organisation de Boréal (avec d'autres personnes, comme Claude Mercier), j'ai aussi pu voir de l'intérieur comment fonctionnait l'organisation de Con*Cept.  L'aventure a duré quatre ans, prenant fin quand Con*Cept a baissé les bras et que j'ai relancé le congrès Boréal comme événement indépendant en 2000.

Durant les années 2000, le congrès Boréal a accueilli sous son égide la convention nationale canadienne (2004) ET la convention nationale française (2007) à Montréal avant d'être partenaire (corporativement parlant) de l'organisation de la convention mondiale à Montréal en 2009 (qui accueillait aussi la convention nationale canadienne).  En 2009, si nous avons délégué à une équipe dirigée par Ariane Gélinas l'organisation du congrès Boréal proprement dit, j'ai participé activement à la programmation de la convention mondiale (volet francophone) et j'ai joué un rôle dans l'intégration d'un volet canadien dans cette convention.

Une convention fanique se déroule rarement sans accroc, mais les catastrophes absolues sont rares, heureusement.  Les organisateurs sont des bénévoles qui font de leur mieux, en espérant que les participants apprécieront qu'un événement, même un peu bancal, a au moins le mérite d'exister.

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