2008-04-04

 

La guerre aux piétons

Chaque année, la police montréalaise décide de s'en prendre aux piétons qui ne respectent pas assez les règles selon eux. La nouvelle campagne prétend, bien entendu, le faire pour le bien des piétons. Évidemment, dans un pays qui a tant à faire pour remplir les objectifs du protocole de Kyoto, on ne réfléchit pas un instant qu'il y a quelque chose de contradictoire à se montrer encore une fois aux petits oignons pour les automobilistes, tandis que les piétons n'ont qu'à se soumettre.

Soupir. Comme d'habitude (sauf en ce qui concerne les voies cyclables, et encore), le Québec retarde. La priorité à l'automobile apparaît de plus en plus stupide, si ce n'est que pour des raisons environnementales et économiques. Tandis que d'autres villes dans le monde appliquent le concept du « shared space », Montréal s'enlise. Les nouvelles voies cyclables vont-elles réellement stimuler l'usage du vélo par une population vieillissante? Décourager la circulation automobile au centre-ville devrait s'accompagner d'améliorations des transports en commun, mais on n'en prend pas le chemin. Par conséquent, la meilleure solution, ce serait de concentrer les efforts de Montréal sur l'amélioration de la circulation piétonnière, à la portée de toutes les bourses et de la plupart des conditions physiques. (Admettons qu'en général, si on ne peut plus marcher, on ne peut pas non plus faire du vélo ou faire une grande utilisation des transports en commun.)

Pour réduire l'utilisation de la voiture, peut-être faudrait-il donner la priorité au piéton partout, tout bonnement. Un piéton veut traverser? L'automobiliste serait obligé de ralentir. Si on accepte que le ralentissement de la circulation automobile n'est pas un crime, on peut se demander quel inconvénient il y aurait à cela...

Le « shared space » engendre aussi un ralentissement de la vitesse moyenne de la circulation. Dans un centre-ville conçu comme une destination et non un lieu de passage, ceci semble parfaitement normal, en particulier si on désire accorder la primauté aux piétons. Certes, le concept n'a guère été essayé dans un contexte nordique, sauf à Norrköping (.PDF) en Suède, de sorte qu'on peut se demander s'il fonctionnerait en hiver, au Canada. Mais il semble clair que le concept s'applique surtout dans les quartiers d'une certaine densité. Les banlieues pavillonnaires ne s'y prêtent pas vraiment, puisque les distances y sont souvent excessives pour les piétons.

Mais si donner la priorité partout et en tout temps aux piétons est trop radical comme mesure, ou semble trop périlleux (qu'arrive-t-il si les automobilistes n'ont pas le temps de réagir?), on peut envisager d'autres possibilités. Par exemple, la priorité en tout temps aux piétons dans les intersections. Dans un tel cas de figure, la proximité des intersections serait balisée de sorte que les automobilistes sauraient qu'ils doivent ralentir. Sans doute faudrait-il également réserver ce concept aux quartiers relativement denses, mais il pourrait rendre les déplacements piétonniers en ville beaucoup plus agréables, donc plus attrayants. Et les policiers pourraient concentrer leurs efforts de répression sur les automobilistes.

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