2007-03-10
Zéroville au pouvoir (3)
Pour compléter ma trilogie de regards sur la représentation électorale au Québec, après avoir relevé l'existence de circonscriptions rurales jouissant d'un poids excessif et de circonscriptions de la couronne montréalaises largement sous-représentées, jetons un coup d'œil aux circonscriptions les plus urbaines. Si je retiens quatre ensembles de circonscriptions, soit celles de l'île de Montréal et celles de Laval, ainsi qu'une sélection des circonscriptions centrales de Québec-Lévis et de Gatineau (choisies à l'œil nu pour leur proximité du centre-ville et leur taille réduite qui permet de croire que la densité résidentielle est élevée), j'obtiens les résultats suivants :
Île de Montréal — 28 circonscriptions — 1 269 206 inscrits — +0,95%
Laval — 5 circonscriptions — 270 212 inscrits — +20,36%
Québec-Lévis — 9 circonscriptions — 443 558 inscrits — +9,76%
Gatineau — 3 circonscriptions — 149 284 inscrits — +10,83%
Ainsi, on voit que les grandes régions urbaines pâtissent nettement de la préférence aux circonscriptions ailleurs au Québec. Sans se prononcer, on peut supputer que certains facteurs entrent en jeu.
Les circonscriptions de l'île de Montréal s'en tirent relativement bien dans l'ensemble, sans doute pour deux raisons. D'abord, la population de l'île est, comme on le sait, relativement stable, voire caractérisée par une décroissance au profit des banlieues et de la grande couronne. Ceci tend à corriger la situation antérieure, tout en gonflant les circonscriptions banlieusardes, parfois à l'excès. Ensuite, la région administrative de Montréal compte un si grand nombre de circonscriptions qu'il est relativement facile d'ajuster la population de chacune en déplaçant ses frontières de quelques rues, ou en taillant une nouvelle circonscription. Avec une population dépassant le million, il suffit d'un excès de 3% par rapport à la moyenne pour qu'il devienne possible de créer une nouvelle circonscription sans modifier les limites de la région administration et dans le respect des lois. (On aurait alors une nouvelle circonscription qui compterait 37 720 inscrits, soit 16% de moins que la moyenne.) Ainsi, l'excès ne devrait pas dépasser normalement 4% environ.
À Laval, par compte, la région ne compte que cinq circonscriptions. Par conséquent, pour ajouter une nouvelle circonscription, il faut que l'excès atteigne 20% environ. De fait, il y aurait place pour une sixième circonscription de taille moyenne à Laval dès maintenant. (Non que les limites des circonscriptions se confondent toujours avec celles des régions administratives, mais il semble y avoir un effort pour les faire coïncider.)
Les Lavallois sont donc les citadins les plus clairement lésés au Québec. Le dynamisme du peuplement de Laval, à l'opposé de la stagnation montréalaise, explique sans doute le retard dans la création de la nouvelle circonscription qui s'imposerait. Ce n'est sans doute pas un calcul politique : en 2003, les Libéraux avaient remporté toutes ces circonscriptions. Quand on parle du désavantage électoral traditionnel des Libéraux relativement au PQ, ce n'est pas seulement parce que le vote libéral est concentré dans des circonscriptions où le parti recueille des majorités « gaspillées », comme on l'entend souvent, c'est très probablement aussi parce que les votes libéraux sont concentrés dans des circonscriptions urbaines et péri-urbaines dont les votes comptent moins qu'ailleurs en province. Du coup, on s'étonne que les Libéraux n'aient pas encore opté pour une forme de proportionnelle...
Mais cet avantage structurel d'habitude acquis au PQ profitera-t-il cette fois à l'ADQ?
Île de Montréal — 28 circonscriptions — 1 269 206 inscrits — +0,95%
Laval — 5 circonscriptions — 270 212 inscrits — +20,36%
Québec-Lévis — 9 circonscriptions — 443 558 inscrits — +9,76%
Gatineau — 3 circonscriptions — 149 284 inscrits — +10,83%
Ainsi, on voit que les grandes régions urbaines pâtissent nettement de la préférence aux circonscriptions ailleurs au Québec. Sans se prononcer, on peut supputer que certains facteurs entrent en jeu.
Les circonscriptions de l'île de Montréal s'en tirent relativement bien dans l'ensemble, sans doute pour deux raisons. D'abord, la population de l'île est, comme on le sait, relativement stable, voire caractérisée par une décroissance au profit des banlieues et de la grande couronne. Ceci tend à corriger la situation antérieure, tout en gonflant les circonscriptions banlieusardes, parfois à l'excès. Ensuite, la région administrative de Montréal compte un si grand nombre de circonscriptions qu'il est relativement facile d'ajuster la population de chacune en déplaçant ses frontières de quelques rues, ou en taillant une nouvelle circonscription. Avec une population dépassant le million, il suffit d'un excès de 3% par rapport à la moyenne pour qu'il devienne possible de créer une nouvelle circonscription sans modifier les limites de la région administration et dans le respect des lois. (On aurait alors une nouvelle circonscription qui compterait 37 720 inscrits, soit 16% de moins que la moyenne.) Ainsi, l'excès ne devrait pas dépasser normalement 4% environ.
À Laval, par compte, la région ne compte que cinq circonscriptions. Par conséquent, pour ajouter une nouvelle circonscription, il faut que l'excès atteigne 20% environ. De fait, il y aurait place pour une sixième circonscription de taille moyenne à Laval dès maintenant. (Non que les limites des circonscriptions se confondent toujours avec celles des régions administratives, mais il semble y avoir un effort pour les faire coïncider.)
Les Lavallois sont donc les citadins les plus clairement lésés au Québec. Le dynamisme du peuplement de Laval, à l'opposé de la stagnation montréalaise, explique sans doute le retard dans la création de la nouvelle circonscription qui s'imposerait. Ce n'est sans doute pas un calcul politique : en 2003, les Libéraux avaient remporté toutes ces circonscriptions. Quand on parle du désavantage électoral traditionnel des Libéraux relativement au PQ, ce n'est pas seulement parce que le vote libéral est concentré dans des circonscriptions où le parti recueille des majorités « gaspillées », comme on l'entend souvent, c'est très probablement aussi parce que les votes libéraux sont concentrés dans des circonscriptions urbaines et péri-urbaines dont les votes comptent moins qu'ailleurs en province. Du coup, on s'étonne que les Libéraux n'aient pas encore opté pour une forme de proportionnelle...
Mais cet avantage structurel d'habitude acquis au PQ profitera-t-il cette fois à l'ADQ?
Libellés : Élections, Politique, Québec