2006-02-03

 

La SF à l'écran... en 1955

Il y a quelques jours, j'évoquais un film de science-fiction projeté à Paris en 1954 sous le titre de Destination Lune. L'année suivante, le même George Pal s'est attaqué à un voyage vers Mars. Le titre n'était pas très modeste : La Conquête de l'espace (Conquest of Space, en anglais). Lors de cette Convention de Tilff en août dernier, j'ai récupéré le petit dépliant qui annonçait la sortie du film sur les écrans parisiens en juillet 1955. Je reproduis à gauche la couverture de ce pamphlet du cinéma Paramount sis sur le boulevard des Capucines.

La seconde page était consacrée à un résumé du scénario extrêmement circonstancié, et assez fascinant, tant par le recours à certains poncifs du genre (le sentiment du sacrilège commis par l'explorateur loin de chez lui, le risque de la folie, la hantise de manquer de matières premières — que satirisait en passant Dans une galaxie près de chez vous) que par l'absence (apparemment) de péripéties plus violentes. Pas d'explosions, pas d'extraterrestres hostiles, etc. J'avoue que je suis aussi frappé par l'abondance de détails sur les rebondissements et les surprises du film en général. Le rédacteur ne craignait-il pas de vendre la mèche et perdre des spectateurs potentiels? Il semble que non...

Pour la petite histoire, j'inclus donc ici le résumé en question:

Voici la relation anticipée du plus grand événement de l'histoire du monde, la première liaison entre la Terre et la planète Mars. Certains considéreront ce film comme un simple jeu de l'esprit. Mais tous ceux qui croient en la possibilité des voyages interplanétaires y trouveront une nouvelle raison de croire en ce miracle scientifique.

Au cours du « Congrès International d'Anticipation », qui vient de se tenir à Paris, les débats ont porté sur les projets de fusées interplanétaires. Le Colonel Barré, expert français no 1 en la matière, est affirmatif. « Donnez-nous dix ans et les crédits nécessaires et nous réaliserons la fusée Terre-Lune. Le véhicule qui partirait en direction de cette planète, en ferait le tour et reviendrait ensuite sur la terre, est, dès maintenant, dans nos possibilités techniques ». De son côté l'expert américain Milton Rosen, annonce que d'ici deux ans les États-Unis auront lancé dans l'espace le premier satellite artificiel de la terre. Cette prédiction confère à «La Conquête de l'Espace », un passionnant et troublant caractère d'actualité.

Cette histoire se passe en l'an 19... Nous sommes enfermés dans le premier satellite artificiel. Ce satellite de forme circulaire, appelé «La Roue », constitue une base avancée voguant dans l'espace à 1.600 kilomètres du globe terrestre. Il est équilibré par gravitation et tourne régulièrement autour de la terre. Il est à la fois un poste d'observation et l'usine de montage d'un astronef baptisé « L'Épervier », destiné à explorer les autres planètes et tout le vaste univers astral. Son premier but est d'atteindre la Lune. Peut-être réalisera-t-il le rêve le plus ancien et le plus ambitieux de l'humanité : La Conquête de l'Espace.

Depuis plus d'un an, une douzaine de volontaires triés sur le volet mènent une existence fantastique dans l'espace extérieur. Le chef de l'expédition est le colonel Merritt, créateur de ce premier satellite. Son second est son propre fils, le capitaine Barney Merritt, qui ne partage pas son enthousiasme pour la mission à accomplir.

Six des douze hommes enfermés dans « La Roue» : Siegle, Sanell, Fodor, Cooper, Donkersgoed et Imoto, suivent un entraînement spécial, sous les ordres du Sergent Mahoney, un vieux brisquard dévoué comme un chien au Colonel Merritt. L'un d'eux, Cooper, doit bientôt renoncer à faire partie de l'expédition, car il souffre du « mal de l'espace », troubles provoqués par l'absence de pesanteur, et son renvoi sur Terre s'impose.

À bord de la fusée de liaison, a pris place un savant, le Dr. Fenton, ami et collaborateur direct de Merritt, qui annonce à ce dernier sa promotion au grade de général et lui transmet l'ordre de lancer immédiatement « L'Épervier » en direction, non pas de la Lune, mais la Planète Mars, quels que soient les risques de l'aventure. Mission dont dépend la survivance de la race humaine sur la Terre qui, bientôt, aura besoin de nouvelles sources de matières premières.

Barney reçoit en même temps son ordre de retour, mais il le déchire, car il entend ne pas quitter son père à l'heure de l'action : Merritt convoque les hommes du commando d'élite et leur fait un bref exposé de leur mission. Outre Barney, les trois meilleurs d'entre eux, Siegle, Imoto et Fodor l'accompagneront dans « l'expédition Mars ». Le Sergent Mahoney, trop âgé pour y participer, est écarté malgré ses protestations. Il prendra cependant place dans « L'Épervier » à l'insu de son chef et sera tout de même des leurs.

Dans l'astronef fonçant à 40.000 km à l'heure vers son but, Barney s'inquiète du comportement étrange de son père qui, à haute voix, ressasse jour et nuit des versets de la Bible et blâme la folie sacrilège des hommes qui bravent la colère divine. Quelques jours plus tard, Fodor, envoyé à l'extérieur de l'astronef pour effec­tuer une réparation, est tué par un astéroïde et l'engin lui-même n'échappe à la destruction que par miracle. Merritt y voit un avertissement du ciel. Enfin Mars est en vue. Un monde désertique, hallucinant, apparaît à nos yeux. Aucune trace de vie. Le sol, hérissé de rocs noirs, est fait, à perte de vue, d'une sorte de sable rouge. Munis de leur scaphandre, Barney et ses compagnons sortent un à un de la fusée où Merritt seul, s'attarde. À peine ont-ils quitté l'engin qu'ils voient avec stupeur une cascade d'eau s'en échapper. Que se passe-t-il ? Barney y bondit aussitôt et aperçoit son père en train d'ouvrir les vannes du réservoir d'eau potable. À sa vue, le dément sort son revolver, tire sur lui, le blesse et Barney, en essayant de le désarmer, le tue involontairement.

Barney ordonne de rationner le peu d'eau qui reste, car on ne peut songer à quitter Mars avant que cette planète ne soit, par rapport à la Terre, dans une position déterminée, ce qui ne se produira pas avant plusieurs mois, durant lesquels prélever et étiqueter des échantillons de sable et de rocs et prendre des photos seront leur seule occupation. Les jours passent. La date du retour approche. Un peu avant le jour « J », des grondements souterrains retentissent. le sol se craquèle, s'effondre, tandis que des cratères et des crevasses s'ouvrent de toute part. Il n'y a plus une seconde à perdre. Les voyageurs du ciel se précipitent dans l'astronef. Barney actionne les manettes, commandent les réacteurs, mais la fusée s'est inclinée de telle façon sur le sol mouvant qu'elle ne peut plus repartir. Barney réussit à la redresser, et « L'Épervier », enfin libéré de sa pesanteur, reprend sa course fulgurante vers la station interplanétaire à laquelle les astro­nautes pourront bientôt entrer en communication et annoncer leur retour. Leur mission est accomplie.

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