2020-10-17

 

Les mises en nomination pour les Prix Aurora/Boréal 2020

 Il est possible de participer à la première ronde du vote pour les Prix Aurora/Boréal 2020 jusqu'au lundi 26 octobre.  La liste des ouvrages admissibles est disponible ici, mais on peut aussi sauter directement au formulaire de mise en nomination.  Outre mes quatre nouvelles publiées dans Brins d'éternité, Galaxies et Solaris, je suis le plus fier de mon article « Les quatre époques de la science-fiction francophone au Canada » dans Galaxies 61.

Néanmoins, mon blogue figure également parmi les créations admissibles, dans la catégorie du Prix Boréal de la fanédition.  Comme un blogue doit compter au moins dix billets en rapport avec l'imaginaire, je vais en dresser la liste ci-dessous (en ne faisant abstraction que de l'annonce de mes services de mentorat et d'une série de billets destinés à faire connaître ma classe de maître donnée à la Maison de la littérature de Québec en fin d'année) : 

30 janvier 2019 : Mes fictions climatiques (un bilan de mon intérêt pour les changements climatiques depuis 1988)

15 mai 2019 : De la SFCF en 1937 (où je reproduis une courte nouvelle de science-fiction fantaisiste parue en 1937 que j'attribuerais volontiers à Jean-Charles Harvey)

22 mai 2019 : Une fable de science-fiction en 1928 (où je reproduis un conte de science-fiction française imprimé dans un journal saguenéen)

15 juin 2019 : De la SFCF juridique (et sexiste) en 1917 (où je reproduis une nouvelle montréalaise et misogyne)

25 juin 2019 : L'Atlantide et la SFCF (où je reproduis un poème atlante épique de Jean Charbonneau après avoir esquissé l'histoire du thème atlante dans la SFCF)

3 juillet 2019 : Le Sentier couvert, voyage temporel et SFCF (où j'analyse un roman canadien français des années 1940 qui est sans doute le premier titre de SFCF à décrire un retour dans le temps)

5 juillet 2019 : La médecine du futur dans un texte de SFCF (où j'attribue un peu trop rapidement un texte d'anticipation du Français Pierre Véron à Hector Berthelot, qui l'a reproduit dans son journal en 1882)

14 juillet 2019 : L'inquiétante absence (où je chronique un documentaire sur l'absence relative au Québec de films de genre, en particulier dans le champ de l'imaginaire)

30 août 2019 : Un fan se penche sur son passé (un billet plus personnel où je me rappelle ma vie de fan de science-fiction)

18 septembre 2019 : Un avatar québécois d'Arsène Lupin (où je présente un feuilleton de SFCF qui met en scène un émule de Lupin baptisé Maxime Leblond et imaginé par un clerc québécois)

11 octobre 2019 : Le meilleur des mondes théâtraux (où je chronique l'adaptation québécoise pour les planches de Brave New World)

Ceci conclut mon survol du contenu science-fictif de mon blogue en 2019.  Avec deux contes français, deux nouvelles canadiennes et un poème québécois, il offre à lui tout seul une mini-anthologie historique de la science-fiction francophone dont les textes s'échelonnent de 1882 à 1937.  Deux billets signalent aussi en primeur des textes oubliés de tous que je n'hésite pas à rattacher à l'ancienne science-fiction.  Ce n'est pas une production abondante, mais je considère qu'elle n'est pas sans intérêt.

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2020-10-10

 

La pauvreté canadienne-française explique-t-elle la surmortalité québécoise due à la Covid-19 ?

Pourquoi Trump n'est-il pas (encore) mort ?

Pour l'instant, le président Trump semble avoir surmonté sans grand mal son infection par le nouveau coronavirus.  Néanmoins, aux États-Unis, plus de deux cent mille personnes ont péri à cause de la Covid-19.  Comme le signale Janet Currie dans le numéro d'octobre de Scientific American, la minorité Noire aux États-Unis est surreprésentée parmi ces victimes.  Ceci s'explique par des causes immédiates (fréquence élevée de cas de diabète, d'obésité, d'asthme, etc.), mais cela pourrait s'expliquer aussi par des causes moins immédiates, dont les effets de la discrimination et de la pauvreté.  La recherche suggère aussi que les effets de la pauvreté d'une population affectent la santé des individus dès la grossesse et la petite enfance.  

Aux États-Unis, les Noirs de plus de soixante ans sont nés dans un pays où la majorité des Noirs vivait dans la pauvreté.  En 1959, 55% des Noirs subsistaient sous le seuil de pauvreté (comparativement à 10% des Blancs).  Pour l'instant, les statuts et origines socio-économiques des victimes de la Covid-19 ne semblent pas encore avoir été étudiés systématiquement, mais l'hypothèse d'un lien semble défendable.

Pourquoi Trump n'est-il pas (encore) mort ? Peut-être parce qu'il est né dans la plus grande richesse (matérielle) et qu'une enfance dorée lui a procuré tout ce qu'il fallait pour se constituer une physiologie capable de résister à tous les excès (sauf ceux de l'alcool et la cigarette, qu'il évite) et qui le sauve encore aujourd'hui.

Ce qui nous amène à la surmortalité québécoise.  En date des 8-9 octobre, si on compare le nombre de décès par groupe d'âge au Québec et dans tout le Canada, on constate que, chez les plus de 60 ans, la majorité des décès ont eu lieu au Québec.  Plus précisément, ce sont 48% des décès canadiens des 50-59 ans qui ont eu lieu au Québec.  Chez les 60-69 ans, le pourcentage passe à 52%.  Chez les 70-79 ans, le pourcentage atteint 62%.  Chez les 80 ans et plus, il augmente encore, atteignant 65%.  Relativement à la population, cela représente plus du double de la proportion attendue.

Même si on s'entend que le Québec est une province vieillissante, la proportion des 65 ans et plus dans la population québécoise (19,7%) est à peine supérieure à la moyenne canadienne (18%) ou au chiffre pour le Canada hors Québec (17,5%).  Il ne s'agit certainement pas d'un rapport du simple au double.

La propagation dans les milieux vulnérables des CHSLD explique-t-elle tout ?  La mauvaise gestion du personnel des établissements de santé explique-t-elle tout ?  D'autres provinces ont constaté des éclosions dans des établissements similaires et des modes de gestion parfois défaillants, mais sans enregistrer des chiffres aussi élevés.

En revanche, on peut s'attarder un moment sur le statut socio-économique à la naissance et dans l'enfance des Québécois francophones qui sont décédés, c'est-à-dire ceux qui sont nés avant 1960 (plus de 97,5% du total des personnes décédées au Québec).  Pierre Vallières n'exagérait pas beaucoup en parlant de Nègres blancs d'Amérique à propos des Québécois francophones d'avant la Révolution tranquille.  Avant les années 1960, la condition de nombreux  francophones du Québec se comparait — strictement du point de vue socio-économique, entendons-nous bien — avec celle des Noirs aux États-Unis.  Selon une conférence (.PDF) de 2010 de Pierre Fortin, les Canadiens français du Québec étaient moins éduqués en 1961 que les Noirs américains du temps de la ségrégation.  En 1961, les hommes francophones unilingues du Québec disposaient d'un salaire correspondant à 52% du salaire des hommes anglophones.  À la même époque, le salaire moyen des Noirs américains représentait 54% de celui du groupe dominant.  

Il s'agit évidemment d'un sous-ensemble de la population francophone totale, qui écarte sa frange bilingue la plus éduquée, la plus urbanisée et la plus prospère (ce qui changerait au moins certaines statistiques), mais un sous-ensemble massif qui constituait la majorité (plus de 70%) de la population francophone du Québec d'alors.

Pour une distribution salariale comparable, en tout cas, cela sous-entend un taux de pauvreté des francophones unilingues au moins comparable à celui des Noirs américains.  Du coup, il n'y aurait rien de surprenant à constater un plus grand taux de mortalité des Québécois francophones nés avant 1960, les mêmes causes produisant les mêmes effets.  À tout le moins, ce serait une piste à creuser, parmi d'autres.

Mais si la pauvreté d'antan peut expliquer, en tout ou en partie, la surmortalité québécoise, elle ne peut pas expliquer le nombre excessif de cas au Québec actuellement, surtout parmi les groupes d'âge plus jeunes, qui n'ont pas connu les mêmes conditions difficiles au moment de leur naissance et de leur enfance.  Ce qui peut inciter à la prudence...

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