2010-05-31

 

Une thèse universitaire sur la science-fiction canadienne (et beaucoup d'autres)

J'avais déjà offert une brève recension des thèses universitaires canadiennes sur la science-fiction, ce qui comprenait au moins une thèse sur la SF canadienne. Désormais, il est également possible d'accéder à de nombreuses thèses universitaires britanniques traitant de la science-fiction ou du fantastique au moyen d'un nouveau moteur de recherche, EThOS. Alors qu'une recherche préliminaire avait repéré une cinquantaine de thèses dans cette catégorie conservées à la Bibliothèque nationale du Canada, ce ne sont que trente-cinq thèses qui sont signalées si on recherche les thèses britanniques associées à la science-fiction.

Les auteurs étudiés ne surprennent guère : Octavia Butler (thèse de Sarah Wood), Joanna Russ, James Tiptree, Jr., et encore Butler (thèse d'Amanda Butler), J. G. Ballard (thèse de Mark John Jones), Philip K. Dick (thèses d'Andrew M. Butler et Jeffrey W. Peacock), Gene Wolfe (thèse de Peter Wright), Michael Moorcock (thèse de Jeff Gardiner), H. G. Wells (thèse de Fernando Porta) et Burroughs, J. G. Ballard et Gibson (thèse de Mark Forshaw). Les sujets sont plus variés. Outre cinq thèses sur la SF et les femmes, il y en a aussi sur Babylon 5, le cyberpunk, l'influence de la science-fiction sur la littérature étatsunienne contemporaine, la construction des mondes de la SF par les lecteurs et la littérature jeunesse. Deux thèses (seulement?) s'intéressent aux sciences, dont Hyperspace : parallel versions of multidimensionality in literature and science de Shu-Shun Herbert Chan. La plus ancienne est celle de Brian M. Stableford, The Sociology of Science Fiction, complétée en 1978.

Quant à la science-fiction canadienne, elle est traitée par Michelle Reid dans National identity in contemporary Australian and Canadian science fiction (Université de Reading, 2005). Je ne l'ai pas encore lue, mais je m'occupe de me la procurer...

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2010-05-30

 

Transgressions littéraires

Amené à relire certains textes fondateurs de l'aventure Limite (groupe de sept écrivains français qui se mirent en tête, vers 1986-1987, de composer un collectif dont les nouvelles aboliraient les distinctions entre la science-fiction et la littgén, ainsi qu'entre les individualités des auteurs) et commentaires ultérieurs, comme ce bilan de Berthelot en 2003, je suis frappé par l'importance donnée (même rétrospectivement) à la dimension transgressive de l'expérience.

Dans le commentaire de Berthelot, la référence à la « transgression » et les vocables connexes (transgressifs, etc.) reviennent dix-huit fois. Certes, Berthelot intègre dans son bilan la définition d'un nouveau concept, celui des fictions transgressives, mais tout cela n'est guère convaincant. À l'époque, je n'avais pas été impressionné non plus : si j'avais beaucoup aimé les romans individuels de plusieurs auteurs du groupe (en particulier, ceux de Berthelot, Jouanne et Volodine) ainsi que certaines de leurs nouvelles individuelles, les textes de Malgré le monde ne m'avaient pas convaincu.

Le plus amusant dans cette volonté transgressive, c'est l'absence de reconnaissance par les auteurs de Limite du fait qu'ils enfonçaient des portes ouvertes, du moins en France. Berthelot soutient que « [f]ace à une SF tournée vers la science et l'action, les auteurs de Limite ont chercher [sic] à créer des univers, non en se basant sur le progrès technologique, mais plutôt en abordant de façon poétique les domaines liés à l'inconscient, individuel ou collectif.» Mais soyons sérieux : qui donc, en France, écrivait durant les années 70 et 80 des récits de science-fiction tournés vers la science ou célébrant le progrès technologique? Il aurait fallu que Limite écrive en anglais pour véritablement trancher sur un quelconque consensus de ce genre...

Plus sérieusement, le concept même de transgression traite la règle comme la norme et embrasse, comme le fait Berthelot, aussi bien les transgressions de l'ordre du monde (qui mettent en scène des phénomènes contraires à l'ordre naturel — et spécifiquement voulus comme invraisemblables puisque la science-fiction le fait aussi) que les transgressions des lois du récit. Quelque part, c'est très français de poser ces deux types de transgressions comme équivalents. Dans la réalité, les événements obéissent rarement aux lois du récit, sauf dans la mesure où nous arrivons à imposer un certain ordre sur nos propres vies. Mais un effort d'organisation peut-il se confondre avec des lois jugées si lourdes et contraignantes que les transgresser semble audacieux? Je ne crois pas. Au contraire, il me semble que ce sont les règles narratives qui sont transgressives.

Une parole ou une écriture vraiment libre sauterait, comme on le fait dans une conversation ou un soliloque intérieur, du coq à l'âne, ferait intervenir des inconnus et des faits incongrus dans la suite des événements, passerait de la vulgarité à l'abstraction en une fraction de seconde, mêlerait les superstitions et les observations les plus concrètes, ne chercherait pas à tout expliciter ou expliquer... Les règles du récit subvertissent l'ordre du monde. Par conséquent, les auteurs qui cherchent à les transgresser ne font que se plier au désordre de l'existence vécue. Ce n'est donc ni très audacieux ni très intéressant — du moins si on n'y intègre pas un effort artistique additionnel, en sous-main, qui ressuscite alors une expérience structurée (narrative ?) mais en ajoutant l'hypocrisie à l'incohérence... La cohérence et l'organisation du chaos restent les plus grands défis.

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2010-05-29

 

Quand les savants socialisent

Il y a de quoi être jaloux : je suis finalement entré dans le pavillon John Molson de l'Université Concordia, un bel édifice qui fait partie des agrandissements récents du campus de cette institution au centre-ville. Pendant ce temps, le nouveau pavillon rêvé par l'UQÀM n'a pas changé depuis 2007, quand je l'avais pris en photo et qu'il donnait déjà tous les signes de se transformer en monument à l'impéritie de l'administration de l'UQÀM. À l'autre bout du centre-ville, l'Université Concordia accueillait donc le Congrès des sciences humaines dans des pavillons aussi modernes que séduisants.

En matinée, je participais à la séance de l'Association pour l'histoire de la science et de la technologie au Canada, sur le thème du savoir branché (Connected Understanding). Après avoir parlé des fabricants et distributeurs d'instruments scientifiques au Canada au XIXe siècle, j'ai pu écouter à tête reposé les présentations de Rénald Fortier (du Musée canadien de l'aviation et de l'espace) sur la Grande semaine d'aviation de Montréal, du 25 juin au 5 juillet 1910, dont on fêtera bientôt le centième anniversaire. Bharat Punjabi (UWO/Université de Toronto) a enchaîné avec une communication sur le rôle des ingéneiurs britanniques dans la planification de l'approvisionnement en eau de Mumbai, « Science and the Role of Engineering Visions in the Planning of Mumbai's Water Supply, 1854-1956 ». Sur une période d'un siècle, la priorité donnée à l'efficacité et, disons-le brutalement, la facilité de spoliation des populations indigènes des collines ont gouverné le développement de ces infrastructures hydrauliques.

Hugh McQueen, professeur émérite de l'Université Concordia, a présenté ensuite une communication très instructive sur l'histoire technique du pont Victoria à Montréal. Enfin, Jay Young du département d'histoire de l'Université York a rappelé le débat qui a fait rage à Toronto au moment de choisir le tracé de la nouvelle ligne de métro est-ouest.

En après-midi, j'ai changé de crémerie pour assister aux séances de la Société canadienne d'histoire et de philosophie des sciences. J'ai commencé par une séance bilingue. Nicolas Leclair-Dufour a présenté sur le statut de l'astronomie et de la mathématique physique chez Aristote, substituant une analyse subtile mais pas toujours claire à la communication prévue à l'origine sur l'évolution de la théorie mathématique des proportions chez Aristote. Amy Wuest a livré une communication d'un niveau moins exigeant (et grevé d'un nombre ahurissant de coquilles) sur le statut de la vis viva dans la physique d'Émilie du Châtelet, mais dont la conclusion était nettement plus convaincante. Enfin, Michael Cuffaro a conclu en soutenant, si je me souviens bien, que Kant aurait pu intégrer les géométries non-euclidiennes à sa philosophie du monde.

Enfin, j'ai opté pour ce qui était annoncé comme une table ronde sur les politiques de la science gouvernementale. En définitive, les trois participants ont tout simplement présenté des communications sur le même thème. Tout d'abord, Jonathan Turner, doctorant de l'IHPST, s'est penché sur l'évolution de ce qui était le Defence Research Board (DRB) en 1947, organisme consacré à la recherche à des fins militaires qui est devenu une agence subsidiaire en 1974, le Defence Research and Development Board (DRDB).

En 1947, le DRB jouissait d'un statut égal à celui de l'armée, de la marine et de l'aviation au sein du ministère canadien de la Défense. Son président, Omond Solandt, cumulait les chapeaux, servant aussi comme conseiller scientifique du ministre, chef du personnel, président du conseil d'administration et directeur-général des installations. En 1947, le DRB était l'une des deux sources les plus généreuses de financement de la recherche.

En 1974, toutefois, le nouveau DRDB est relégué plusieurs degrés plus bas dans la hiérarchie, relevant d'un chef de la recherche, Eddy Bobyn, qui appartient à un groupe du matériel militaire relevant lui-même du chef du personnel de la Défense. En 1974, le DRDB n'est plus que dans les cinq premières sources de financement, en partie parce que le gouvernement fédéral dépense plus pour la science et la recherche, désormais.

Les raisons de ce déclassement ne sont pas claires. Des personnalités influentes, comme Bob Uffen ou Bud Drury, un membre du DRB de 1948 à 1955 devenu un député, puis ministre, puis responsable du Trésor, n'auraient pas pipé mot. Omond Solandt aurait objecté, mais seulement après coup.

Pour expliquer ce changement de statut, Turner invoque le contexte international. En 1947, le monde est bipolaire et la Guerre Froide débute, sur fond d'affaire Gouzenko, de Plan Marshall, de la fondation de l'OTAN et de la guerre de Corée. En 1974, le monde est multipolaire, la guerre du Viêt-nam tire à sa fin, la décolonisation s'achève et le Canada explore une Troisième Option en politique étrangère. Les besoins canadiens en matière militaire ne sont plus les mêmes : après la crise de Suez, l'annulation de l'Arrow d'Avro, la commission Glassco et l'unification des forces armées, la politique scientifique du Canada a changé d'orientation. De 1940 à 1957, cette politique scientifique était largement déterminé par Omond Solandt du DRB, le ministre C. D. Howe et C. J. Mackenzie. En 1974, de nouvelles voix se faisaient entendre.

Ensuite, Jeff Kinder a discuté des avantages et désavantages de la localisation d'établissements de recherche financés par le gouvernement à proximité des universités.

Finalement, Philip Enros est resté plus pratique en discutant de son expérience comme fonctionnaire au sein d'Environnement Canada, qui fait partie des agences gouvernementales qui financent le plus la recherche scientifique. Il a souligné l'importance décisionnaire des sous-ministres qui ont les moyens de donner non seulement une impulsion nouvelle mais aussi une orientation inédite aux recherches scientifiques. Malgré l'importance indéniable des recherches dans les domaines de la météorologie et de la climatologie, la science demeure subordonnée aux priorités de l'appareil d'État.

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2010-05-26

 

Dix raisons de revenir à Boréal

Numéro 10 : Parce que c'est le seul moyen de lire un nouveau numéro de Samovar (.PDF).

Numéro 9 : Parce que c'est le seul moyen d'assister à l'assemblée générale annuelle afin de me reporter au poste de secrétaire-trésorier pour une vingt-troisième année consécutive (ce qui doit bien représenter un quelconque record post-soviétique dans le genre).

Numéro 8 : Les cravates de David Hartwell (elles sont légendaires !).

Numéro 7 : Parce que vous n'aurez jamais de meilleure occasion de manger à la foire alimentaire la plus proche avec une célébrité anglophone qui a récolté plusieurs prix Hugo et Nebula... et ne parle pas un mot de français.

Numéro 6 : Les cheveux frisés de Joël Champetier (non, ce n'est pas une légende, l'homme ne vieillit pas !).

Numéro 5 : Parce que vous n'aurez jamais de meilleure occasion de manger à la foire alimentaire la plus proche avec une célébrité francophone qui parlera de tout sauf la science-fiction ou le fantastique.

Numéro 4 : Parce que vous collectionnez amoureusement le macaron officiel de chaque congrès (non?).

Numéro 3 : Parce que ce sera la première remise de la version jumelée des Prix Aurora et Boréal (vous pourrez raconter par le menu cette occasion historique à vos petits-enfants !).

Numéro 2 : Le festival de la bande-annonce de Christian Sauvé.

Et la raison numéro 1, la meilleure de toutes, qui se passe de commentaires malgré toute ma prolixité, parce que c'est le seul congrès canadien de SF principalement en français — le premier, le meilleur et le seul vrai !

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2010-05-25

 

Le sol qui rend intelligent

Dans l'actualité scientifique du moment, plusieurs médias montent en épingle l'annonce de chercheurs étatsuniens selon qui une mycobactérie (M. vaccae) présente dans le sol et dans l'air extérieur favoriserait — chez les souris de laboratoire ! — la réduction de l'anxiété et la rapidité des apprentissages, peut-être parce qu'elle augmente le niveau de sérotonine chez les mammifères.

Ceci pourrait expliquer de nombreux phénomènes. Les effets calmants d'un séjour au vert ou d'une promenade en plein bois. L'attrait d'une balade à la campagne. Les efforts concertés pour adjoindre des parcs aux villes de l'ère industrielle. Le jardinage et l'introduction de plantes vertes dans les demeures... Sans parler des observations répétées de populations rurales qui, relativement aux populations urbaines, se montrent moins pressées et moins stressées, et donc moins anxieuses.

Comme l'effet des mycobactéries est temporaire, des vacances régulières s'imposent. Quand on revient d'un séjour à la plage ou à la montagne, se sent-on revigoré, plus reposé mais aussi plus alerte, pour des raisons purement psychologiques — ou parce que le vacancier de la ville est désormais infecté par les mycobactéries de la campagne ?

Du point de vue science-fictif, on peut imaginer à terme l'élimination des vacances, des parcs et des jardins par des cures régulières de mycobactéries... Mais ce serait dommage!

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2010-05-23

 

Les Prix Aurora 2010

La trentième remise des Prix Aurora (précédemment connus sous le nom des Prix Casper, de 1986 à 1989) avait lieu ce soir à l'Hôtel Radisson, à Winnipeg, après la fin du congrès Keycon 27, qui accueillait la trentième Canvention, comme de juste. Le banquet avait lieu dans la même salle Manitoba qui avait accueilli le banquet en 2008. Passons sur le décor combinant nappes et housses noires, ballons noirs ou argentés, lustres surdimensionnés et autres accessoires des grandes occasions dans les hôtels modernes. L'essentiel, c'était de retrouver dans la salle un nombre impressionnant de finalistes et aussi d'éditeurs des finalistes, confirmant l'importance prise par les Prix Aurora comme occasion de rassemblement du milieu canadien-anglais des genres de l'imaginaire. Avant le service, j'ai circulé et croqué quelques portraits. Dans la photo ci-contre, Robert J. Sawyer, que l'on ne présente plus, et Virginia O'Dine (Bundoran Press) partageaient une table. Rob était en nomination pour son roman Wake et pour son anthologie au titre trompeur, Distant Early Warnings: Canada's Best Science Fiction (Robert J. Sawyer Books), tandis qu'un roman de Bundoran Press, Steel Whispers de Hayden Trenholm, était en lice dans la catégorie du meilleur roman en anglais — et aussi de la meilleure couverture ou œuvre d'art. Dans cette autre photo, c'est Brian et Anita Hades (qui ont l'air très heureux ensemble) qui attendent de savoir si un de leurs ouvrages dans la course sera récompensé par un prix. Dans leur cas, ils pouvaient miser sur le roman Druids signé par le duo composé de la Canadienne Barbara Galler-Smith et de l'Américain Josh Langston, paru chez Edge Science Fiction et Fantasy. Mais ils misaient aussi sur l'ouvrage collectif Women of the Apocalypse qu'ils ont aussi publié, mais sous une nouvelle étiquette (Absolute Xpress), le résultat des efforts réunis d'Eileen Bell, Roxanne Felix, Billie Milholland et Ryan McFadden. Une des nouvelles au sommaire de cet ouvrage, « Pawns Dreaming of Roses » d'Eileen Bell, était également au nombre des nouvelles en nomination pour un prix. Cette année, le grand maître d'œuvre du processus de sélection et de remise des Prix Aurora n'était nul autre que Clint Budd, que l'on voit sur son trente et un dans la photo ci-dessus. Il a animé, entre autres, l'incorporation au fédéral de la société qui va gérer désormais les Prix Aurora. Parmi les autres finalistes présents, il y avait Julie Czerneda, qui avait réuni une anthologie en nomination dans la catégorie du meilleur ouvrage (autre) en anglais, Ages of Wonder (avec Rob St. Martin) chez DAW Books. D'ailleurs, une nouvelle de cette antho, « Here There Be Monsters » de Brad Carson, figurait également au nombre des finalistes. Dans la photo ci-contre, elle en jette... D'autres auteurs et finalistes étaient présents, dont Leslie Carmichael, Barbara Galler-Smith, Hayden Trenholm, Edward Willett, Karl Johanson (Neo-Opsis) et Diane Walton (On Spec). Mais si les finalistes des catégories dites professionnelles étaient nombreux, ce n'était le cas que des finalistes anglophones. J'étais le seul (demi-)finaliste francophone présent. Les finalistes des catégories faniques étaient un peu mieux représentés, mais les finalistes torontois étaient rares à avoir fait le voyage.

Les Prix Aurora 2010 ont été décernés aux lauréats suivants (si possible, j'inclus une photo du lauréat ou de la lauréate après l'annonce) :

Prix Aurora du meilleur roman en français
Suprématie, Laurent McAllister (Bragelonne)

(Jean-Louis Trudel, une moitié de Laurent McAllister, avec son trophée et celui de l'autre moitié, Yves Meynard — Photo prise par Val Grimm)








Prix Aurora du meilleur roman en anglais
Wake, Robert J. Sawyer (Penguin Canada)

(Robert J. Sawyer au lutrin, affublé par Hayden Trenholm de la guirlande fleurie des vainqueurs)







Prix Aurora de la meilleure nouvelle en français
« Ors blancs », Alain Bergeron, in Solaris 171

Prix Aurora de la meilleure nouvelle en anglais
« Pawns Dreaming of Roses », Eileen Bell, in Women of the Apocalypse (Absolute Xpress)











Prix Aurora du meilleur ouvrage en français (autre)
Solaris
, Joël Champetier, réd. (P.b.l.i.Q.)

Prix Aurora du meilleur ouvrage en anglais (autre)
Women of the Apocalypse, Roxanne Felix, Eileen Bell, Billie Milholland et Ryan McFadden (Absolute Xpress)

Prix Aurora de l'accomplissement artistique
Dan O'Driscoll, couverture de Steel Whispers (Bundoran Press)










Prix Aurora de l'accomplissement fanique (fanzine)
Richard Graeme Cameron, WCFSAZine

Prix Aurora de l'accomplissement fanique (organisation)
David Hayman, pour le Filk Hall of Fame

Prix Aurora de l'accomplissement fanique (autre)
Ray Badgerow, conférence sur l'astronomie pour le club USS Hudson Bay

En acceptant le Prix Aurora de Laurent McAllister, j'ai remercié les votants, Jean-Claude Dunyach, notre directeur littéraire, les éditions Bragelonne et aussi le congrès mondial de Montréal, Anticipation, qui avait fourni l'occasion de la publication de ce roman en travail depuis dix-huit ans environ. J'ai aussi rendu hommage à tous les amis et tous les proches qui nous avaient soutenus.

Le trophée, comme d'habitude, était l'œuvre de Frank Johnson qui en avait signé le socle. Cette année, les finalistes avaient aussi droit à une épinglette tandis que les gagnants recevaient aussi un calepin (présenté dans un sachet de tissu) relié en cuir de bison.

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2010-05-21

 

Winnipeg, le retour du Voyageur

Cela devient une habitude, ou plutôt une série d'habitudes. Deux ans après la tenue de la Canvention à Winnipeg en 2008, j'ai pris un vol WestJet pour la capitale du Manitoba, j'ai parcouru à pied la distance qui sépare l'aérogare du centre-ville (environ 75 minutes pedibus) et je suis descendu hier à l'auberge de jeunesse. Le ciel était immense, d'un bleu cuit et recuit au soleil, et la ligne droite s'imposait partout...En chemin, tous les signes me le confirmaient. J'étais bel et bien venu pour un congrès de science-fiction. Ce panneau publicitaire n'annonçait-il pas une introduction musclée à la sf dans un camp d'entraînement mené d'une main de fer par des costauds en treillis? Non?Et ce temple des gens bizarres (« Odd Fellows »), à deux pas de l'auberge de jeunesse, serait le lieu rêvé pour accueillir des fans de sf et de fantastique, qu'ils soient des furries ou non...

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2010-05-20

 

Les Prix Aurora 2010

Cette année, c'est peut-être la dernière occasion de voter pour les catégories francophones professionnelles des Prix Aurora, car une réforme d'envergure s'annonce qui pourrait entraîner une fusion, jumelage ou association de ces catégories et des Prix Boréal.

Ceux qui ne sont pas sur place au congrès Keycon à Winnipeg peuvent néanmoins encore voter en-ligne jusqu'à midi (heure manitobaine) le samedi 22 mai.

Dans la catégorie du meilleur roman en français, les finalistes sont :

Le protocole Reston, Mathieu Fortin (Coups de tête)
La Quête de Chaaas (3. L'axe de Koudriss), Michèle Laframboise (Médiaspaul)
Suprématie, Laurent McAllister (Bragelonne)
Un tour en Arkadie, Francine Pelletier (Alire)
Filles de lune (3. Le talisman de Maxandre), Élisabeth Tremblay (De Mortagne)

Dans la catégorie de la meilleure nouvelle en français, les finalistes sont :

« Ors blancs », Alain Bergeron (Solaris 171)
« De l'amour dans l'air », Claude Bolduc (Solaris 172)
« La vie des douze Jésus », Luc Dagenais (Solaris 172)
« Billet de faveur », Michèle Laframboise (Galaxies 41)
« Grains de silice », Mario Tessier (Solaris 170)
« La mort aux dés », Élisabeth Vonarburg (Solaris 171)

Dans la catégorie du meilleur autre travail en français, les finalistes sont :

Critiques : Jérôme-Olivier Allard (Solaris 169-172)
Revue : Solaris, Joël Champetier, éditeur (P.b.i.q.)
Manga : Le jardin du général, Michèle Laframboise (Montréal, Fichtre)
Article : "Rien à voir avec la fantasy", Thibaud Sallé (Solaris 169)
Chronique : « Les Carnets du Futurible », Mario Tessier (Solaris 169-171)

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2010-05-19

 

Pourquoi revenir à la science-fiction

L'amour, les sciences, l'histoire, les techniques et un certain congrès de science-fiction m'ont accaparé ces derniers mois, mais il est temps de refaire une place dans ma vie à la science-fiction.

Le prix attribué par les votants du congrès Boréal 2010 au roman Suprématie de Laurent McAllister récompense un ouvrage de science-fiction pour la première fois depuis 2005. Comme il faut battre le fer pendant qu'il est chaud, il faudra saisir l'occasion de relancer la carrière du roman en profitant du fait que le calendrier de l'auteur se dégage un peu. (Un peu, j'ai dit.)

De même, je vais pouvoir mettre la dernière main à un bref essai sur la science-fiction franco-ontarienne. Inévitablement, j'évoque des œuvres parfois obscures. Mais ne sommes-nous pas tous condamnés à l'oubli? Sans doute. Seulement, les tables rondes historiques du congrès Boréal en fin de semaine dernière ont soulevé la question de la continuité et des influences, et on ne peut l'éluder.

Les ouvrages précurseurs dans les genres de l'imaginaire au Canada francophone ont-ils été lus par les auteurs modernes? Parfois. Ont-ils eu une influence? Sans doute pas si on cherche une influence des textes antérieurs à 1960 sur les auteurs postérieurs. En revanche, on peut identifier des influences des textes postérieurs à 1960 sur les auteurs contemporains. Mais exige-t-on de Dickens ou Hugo qu'ils influencent les auteurs d'aujourd'hui avant d'admettre leurs mérites ou de les panthéoniser? Le fait est qu'il semble possible d'identifier des périodes de la littérature canadienne-française des auteurs antérieurs ont influencé leurs héritiers. Ainsi, tout un pan des lettres québécoises témoigne de l'influence du Jean Rivard de Gérin-Lajoie, roman de la terre et de la colonisation qui est devenu une pierre de touche des textes prospectifs, tout au moins jusqu'à Défricheur de hammada (1953). Comme je l'ai montré dans Solaris 167, plusieurs textes prospectifs allant de « La tête de saint Jean-Baptiste » (1880) jusqu'à « Visions!... 1929 » (1920) s'inscrivent dans un sous-ensemble particulièrement concerné par l'avenir de la ville de Québec, en attente de relance après son déclassement par Montréal comme métropole économique du Canada. Ce sous-ensemble inclut des satires des idées exprimées par les auteurs les plus sérieux de cette tendance, comme « Le réveil de Québec » de Damase Potvin. Il se démarque toutefois des écrits inspirés par Jean Rivard, qui ont eux aussi acquis la consistance d'un corpus circonscrit que La Chesnaie de Desmarchais n'hésitera pas à critiquer.

Certes, la cohérence de ces deux corpus est assurée en partie par des discours qui ne sont pas uniquement littéraires, l'un sur les avantages de la colonisation et l'autre sur le développement de Québec, mais pour qui se donne la peine de les lire à la suite, il sera clair que ces ouvrages s'inscrivent consciemment dans ces mouvements de pensée. Les allusions et les récurrences, voire les références explicites, sont assez nombreuses pour écarter toute ambiguïté.

Dans la mesure il existe une césure dans l'histoire canadienne-française entre 1920 et 1960 qui correspond à l'urbanisation majoritaire, à l'effritement de l'autorité religieuse, à l'ouverture au monde et à l'Étatisation des institutions collectives, le passage d'un mode littéraire axé sur un projet de société local à un autre privilégiant des valeurs universelles ne saurait nous surprendre.

Or, les textes conjecturaux et prospectifs incarnent depuis au moins la Seconde Guerre mondiale ces valeurs universalistes qui tendent à reléguer au second rang les préoccupations purement locales. Est-ce à dire que la science-fiction de la seconde moitié du vingtième siècle est devenue plus philosophique? Sans exagérer outre-mesure, il est facile de concevoir que l'instrumentalisation des sciences et des techniques à des fins patriotiques n'avaient plus autant la cote après la Seconde Guerre mondiale tandis que les questions de la survie de l'humanité (guerre atomique), de l'asservissement de l'humanité à ses machines (robots, ordinateurs), des conséquences de l'industrialisation (surpopulation, pollution) et de la co-existence avec l'Autre (robots, clones, extraterrestres, etc.) se posaient avec une acuité sans précédent. En dépit de la continuité des sujets et des thèmes (dont le futur et les voyages extraordinaires), une incompatibilité fondamentale distingue les deux époques de la science-fiction, de sorte qu'il n'est guère surprenant que les auteurs modernes ne se réfèrent pas aux auteurs de l'époque antérieure.

Certes, Joël Champetier faisait remarquer à Boréal qu'on lit encore Verne aujourd'hui. En fait, ce n'est pas contradictoire. Malgré son ancienneté, Verne annonçait la science-fiction moderne en accordant à la science et aux techniques une autorité incontestable tout en mettant en scène dans ses récits toutes les nationalités et origines, sans donner plus d'importance que nécessaire à des personnages français ou au devenir de la France comme nation. Cet universalisme nous permet de lire encore Verne aujourd'hui et d'apprécier les thématiques qui relient les deux grandes époques de la science-fiction, alors que ses contemporains québécois (tout comme les auteurs européens de récits de Zukunftskrieg) n'ont plus grand-chose à nous dire, et nous sont étrangers par leur esprit de clocher.

Le potentiel universel de la science-fiction en fait une littérature à part entière, dotée de la même capacité de durer que les valeurs universalistes et que le souci de l'avenir dont elle se nourrit, même si les aléas de l'Histoire peuvent engendrer des contextes moins propices que d'autres à l'épanouissement de la science-fiction.

S'il est donc temps de revenir à la science-fiction, c'est aussi parce que d'autres sujets m'en ont détournés au fil des mois, à commencer par l'arrestation de Peter Watts aux États-Unis. Heureusement, ses démêlés avec la justice étatsunienne se terminent aussi bien que possible eu égard aux circonstances.

Les temps sont incertains. Les bourses vacillent une fois de plus et le vieillissement démographique rattrape l'Europe avant de rattraper le Québec.

Il serait possible de soutenir que la science-fiction a encaissé deux grands coups au tournant des années quatre-vingt-dix. D'abord, Francis Fukuyama a proclamé la fin de l'Histoire (1989), verrouillant à jamais les évolutions socio-politiques à venir. Ensuite, Vernor Vinge a proclamé l'avènement inéluctable d'une Singularité (1993), qui non seulement verrouillait l'avenir mais assignait une borne à l'existence même de l'humanité. Ni l'un ni l'autre avenir ne promettait à l'humanité une liberté plus grande que celle dont l'Occident jouissait déjà. Le monde s'occidentaliserait peut-être, jusqu'à ce que l'humanité soit dépassée. Mais nous n'aurions sans doute pas le temps d'envoyer des humains sur Mars, de plonger dans les nuées de Jupiter, de nager dans des univers virtuels en immersion complète, d'avoir des robots comme compagnons de jeu ou de s'envoler pour une autre étoile.

Épitaphe pour une génération qui avait voulu que l'imagination soit au pouvoir? De nombreuses personnes ont cru à ces verrous de l'avenir et de nombreuses autres ont douté de la pertinence d'imaginer qu'un monde différent était possible. Mais les temps incertains nous libèrent des certitudes d'antan et nous obligent à placer désormais nos espérances en des lendemains encore inconnus et toujours indéterminés.

Oui, il est temps de revenir à la science-fiction.

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2010-05-18

 

Suprématie, la revanche !

Le dimanche 16 mai, au Cégep de Sainte-Foy, Laurent McAllister a obtenu le Prix Boréal 2010 du meilleur roman pour Suprématie. Le roman avait été ignoré par le jury du Prix Jacques-Brossard, mais les votants du congrès Boréal lui ont fait une place au sommet du palmarès.

C'est un beau point d'orgue dans la carrière du roman, dont l'auteur espère qu'elle n'est point terminée et connaîtra d'autres exploitations, voire des suites... Était-ce donc de cela que l'auteur parlait l'autre jour au congrès Boréal avec ses fans... euh, son fan?

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2010-05-11

 

L'obésité et la syndicalisation

Dans cet article qui commence à circuler, l'économiste William Watson s'intéresse à l'ouvrage The Spirit Level de Richard Wilkinson et Kate Pickett, qui soutient que les sociétés plus égalitaires sont également des sociétés en meilleure santé.

Watson remet en doute cette affirmation, en s'attachant au lien établi entre l'inégalité socio-économique dans plusieurs pays et leurs taux d'obésité. Faisant allusion (entre autres) aux travaux de Goldin et Katz sur les causes de l'inégalité grandissante dans les sociétés occidentales depuis trente ou quarante ans, Watson conclut donc : « In fact, most economic studies suggest the rise in inequality in the last three decades has more to do with changing technology and the consequent higher payoff to education than with declining rates of unionization. »

Dans le cas du Canada, ceci suggère toutefois un test intéressant, qui consiste à comparer les taux d'obésité et de syndicalisation selon les provinces. J'ai donc retenu les taux de syndicalisation en 2004 cités en page 2 de cette étude (.PDF) et les taux d'obésité en 2004 donnés en page 30 de l'étude Measured Obesity (.PDF) de Statistique Canada. Pour les dix provinces canadiennes, la corrélation des deux séries de taux donne la figure suivante.Effectivement, une corrélation entre les taux d'obésité au Canada et les taux de syndicalisation (pris comme des indicateurs d'une plus ou moins grande égalité socio-économique) n'est pas facile à voir. Cela dit, les taux de syndicalisation ne diffèrent pas énormément au Canada, pas plus que les taux d'obésité, de sorte qu'il n'y a pas de tendance claire. Et pas de verdict tranché non plus.

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2010-05-07

 

La science dans la rue, et partout ailleurs aussi

Les 7 et 8 mai, la science est à l'honneur au Québec. Pour la cinquième fois de suite, de nombreuses institutions et organisations participent aux 24 heures de science. Inspirées par le thème « Au cœur de la biodiversité », elles ouvrent leurs portes aux visiteurs ou offrent des activités spéciales.

Un peu partout au Québec, on peut s'initier à l'astronomie (si le ciel collabore). À l'écologie aussi, ce qui sous-entend des sorties dans les parcs ou la nature. D'ailleurs, on distingue l'écologie de l'environnement, qui a droit à sa propre brochette d'activités et qui se présente comme un sujet plus didactique, plus exotique (on projette La Planète blanche au Musée de la Civilisation de Québec) et plus actif (plusieurs sorties et ateliers sur la biodiversité sont au programme).

Cela n'épuise d'ailleurs pas l'offre dans le domaine des sciences naturelles : la biologie et l'ornithologie font également partie des catégories disponibles. Bref, c'est une belle occasion pour tous de refaire connaissance avec une facette des sciences présentes dans notre monde, pour les jeunes et les moins jeunes.

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