2007-03-22
Sous-représentation des villes et des minorités
J'ai déjà traité plusieurs fois de la sous-représentation du vote urbain, ce qui entraîne automatiquement une sous-représentation des créateurs culturels, concentrés dans les villes, mais aussi des minorités visibles, en particulier de celles issues de l'immigration récente. Sans parler des opinions plus libérales que celles de Zéroville.
Un article récent (.PDF) de Michael Pal et Sujit Choudhry de l'Université de Toronto aborde la question au niveau fédéral, qui ne diffère guère du niveau provincial. Les minorités visibles issues de l'immigration représentent près de quatre millions de personnes au pays, concentrées dans les grandes villes de l'Ontario, de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et du Québec.
Pourtant, depuis dix ans, le poids relatif des votes urbains ne cesse de diminuer. En 1996, selon l'article, un vote urbain valait 97% du vote moyen, mais un vote rural valait 115% du vote moyen. Le poids du vote des minorités visibles urbaines s'évaluait à 95% du vote moyen.
En 2001, un vote urbain valait 96% du vote moyen, mais la valeur du vote rural avait grimpé à 122% du vote. Quant aux minorités visibles urbaines concentrées dans les circonscriptions les plus populeuses, le poids de leur vote était tombé à 91% du vote moyen. Il n'est pas encore possible de calculer les chiffres pour 2006, mais ce serait surprenant que les tendances aient changé puisque rien n'a été fait pour les corriger, tandis que les résultats préliminaires indiquent que l'urbanisation se poursuit.
Il existe aussi des différences d'une province à l'autre. La sous-représentation du vote des minorités visibles urbaines est pire en Colombie-Britannique (89% en 1996) et en Alberta (91% en 1996) qu'en Ontario ou au Québec (95% en 1996), et la situation n'a fait qu'empirer, sauf au Québec. En 2001, le poids du vote urbain des minorités visibles était de 84% en Colombie-Britannique, 87% en Alberta, 90% en Ontario et 97% au Québec.
Pal et Choudhry font ressortir un autre facteur qui réduit le poids du vote des membres des minorités visibles à l'extérieur du Québec : la sous-représentation électorale des provinces où ils se retrouvent en plus grand nombre. C'est-à-dire que l'Alberta, l'Ontario et la Colombie-Britannique ne jouissent pas d'un poids proportionnel à leur population; elles sont sous-représentées relativement au Québec.
Même si j'ai souvent insisté sur les effets pervers d'écarts de la population moyenne d'une circonscription atteignant 25% dans un sens ou l'autre, en toute légalité, Pal et Choudhry notent que les inégalités interprovinciales jouent un rôle encore plus grand dans la sous-représentation de certains votants au niveau fédéral.
La lecture de l'article est un peu déprimante. Les inégalités en cause résultent de choix constitutionnels difficiles à remettre en cause et d'une jurisprudence qui a lâchement accepté les écarts de 25% préconisés par les législateurs. S'il serait vain de songer à s'en prendre à la constitution, il ne reste qu'un petit nombre de pistes : réduire les écarts permis par des mesures législatives (qui réduiraient l'influence de ceux-là mêmes qui seraient censées les voter), augmenter le nombre de sièges au Parlement ou passer à une forme de proportionnelle. La première solution me semble toujours la plus réaliste, si un parti obtenait une majorité à l'intérieur de laquelle les villes détiendraient aussi la majorité. Mais une forme de proportionnelle, malgré le défi d'obtenir un consensus, aurait l'avantage de résoudre l'essentiel du problème d'un coup...
Un article récent (.PDF) de Michael Pal et Sujit Choudhry de l'Université de Toronto aborde la question au niveau fédéral, qui ne diffère guère du niveau provincial. Les minorités visibles issues de l'immigration représentent près de quatre millions de personnes au pays, concentrées dans les grandes villes de l'Ontario, de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et du Québec.
Pourtant, depuis dix ans, le poids relatif des votes urbains ne cesse de diminuer. En 1996, selon l'article, un vote urbain valait 97% du vote moyen, mais un vote rural valait 115% du vote moyen. Le poids du vote des minorités visibles urbaines s'évaluait à 95% du vote moyen.
En 2001, un vote urbain valait 96% du vote moyen, mais la valeur du vote rural avait grimpé à 122% du vote. Quant aux minorités visibles urbaines concentrées dans les circonscriptions les plus populeuses, le poids de leur vote était tombé à 91% du vote moyen. Il n'est pas encore possible de calculer les chiffres pour 2006, mais ce serait surprenant que les tendances aient changé puisque rien n'a été fait pour les corriger, tandis que les résultats préliminaires indiquent que l'urbanisation se poursuit.
Il existe aussi des différences d'une province à l'autre. La sous-représentation du vote des minorités visibles urbaines est pire en Colombie-Britannique (89% en 1996) et en Alberta (91% en 1996) qu'en Ontario ou au Québec (95% en 1996), et la situation n'a fait qu'empirer, sauf au Québec. En 2001, le poids du vote urbain des minorités visibles était de 84% en Colombie-Britannique, 87% en Alberta, 90% en Ontario et 97% au Québec.
Pal et Choudhry font ressortir un autre facteur qui réduit le poids du vote des membres des minorités visibles à l'extérieur du Québec : la sous-représentation électorale des provinces où ils se retrouvent en plus grand nombre. C'est-à-dire que l'Alberta, l'Ontario et la Colombie-Britannique ne jouissent pas d'un poids proportionnel à leur population; elles sont sous-représentées relativement au Québec.
Même si j'ai souvent insisté sur les effets pervers d'écarts de la population moyenne d'une circonscription atteignant 25% dans un sens ou l'autre, en toute légalité, Pal et Choudhry notent que les inégalités interprovinciales jouent un rôle encore plus grand dans la sous-représentation de certains votants au niveau fédéral.
La lecture de l'article est un peu déprimante. Les inégalités en cause résultent de choix constitutionnels difficiles à remettre en cause et d'une jurisprudence qui a lâchement accepté les écarts de 25% préconisés par les législateurs. S'il serait vain de songer à s'en prendre à la constitution, il ne reste qu'un petit nombre de pistes : réduire les écarts permis par des mesures législatives (qui réduiraient l'influence de ceux-là mêmes qui seraient censées les voter), augmenter le nombre de sièges au Parlement ou passer à une forme de proportionnelle. La première solution me semble toujours la plus réaliste, si un parti obtenait une majorité à l'intérieur de laquelle les villes détiendraient aussi la majorité. Mais une forme de proportionnelle, malgré le défi d'obtenir un consensus, aurait l'avantage de résoudre l'essentiel du problème d'un coup...
Libellés : Canada, Élections, Politique