2011-12-29

 

Les femmes et le magasinage

On tient généralement pour acquis que le magasinage est non seulement un passe-temps typiquement féminin, mais une activité privilégiée des femmes, dont on peut dresser des typologies ou brosser des descriptions sans pour autant les expliquer autrement que par l'éternel mystère féminin.

Pourtant, il ne me semble pas qu'on pose souvent la question la plus simple. Les femmes passent-elles (en moyenne, ceteris paribus) plus de temps à magasiner parce qu'elles gagnent moins ? D'une part, si on gagne moins, on sera plus soucieux d'acheter au meilleur prix ou d'obtenir le meilleur rapport qualité:prix. Si le magasinage est quasiment thérapeutique dans certains cas, serait-ce parce qu'il procure aux femmes qui gagnent le sentiment de contrôler au moins un peu leur niveau de vie? D'autre part, quand le salaire horaire est plus bas, on peut se permettre de consacrer plus de temps au magasinage parce que ce temps coûte moins cher. Cela dit, il faudrait faire le calcul de ce qu'on épargne en magasinant relativement à ce qu'on perd en ne travaillant pas, ne serait-ce qu'au salaire minimum, durant le même temps...

La réponse dépendra sans doute de chacune et chacun, car le rapport à l'argent varie beaucoup, mais ce n'est parfois qu'en explicitant les choses qu'on arrive à choisir la meilleure ligne de conduite.

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2011-12-28

 

La cigogne râleuse

Dans Eulalie la cigogne (Vents d'Ouest, 2010), Véronique-Marie Kaye livre la correspondance privée d'une cigogne d'origine française installée au Canada (à Ottawa, plus précisément). Comme dans le cas de Nous aurons vécu nous non plus de Ménard, il s'agit d'un roman épistolaire, mais qui n'inclut que les lettres d'Eulalie à ses trois correspondants : Azalaïs, une autre cigogne française établie au Canada (en Saskatchewan, plus précisément), Rémi, une cigogne mâle qui a eu une aventure amoureuse avec Azalaïs et qui courtise désormais Eulalie, et Féliz, un castor canadien-anglais avec qui Eulalie s'est casée à son arrivée au Canada.

Même si Eulalie s'en défend, elle est sensible au charme de Rémi, qui parle un meilleur français que Féliz ou Azalaïs. Néanmoins, elle sert aussi d'intermédiaire entre Rémi et Azalaïs, jusqu'à ce que l'intrépide Azalaïs quitte la Saskatchewan pour venir se poser dans le nid d'Eulalie et Féliz en semant la pagaille dans le ménage. Du coup, Eulalie cède aux objurgations de Rémi et quitte le Canada pour retourner en France afin de vivre avec le vieux mâle de son espèce, loin d'un pays dont certains aspects la rebutent encore. En quelques pages, toutefois, l'idylle des retrouvailles avec le pays d'origine prend fin abruptement lorsque le vieux Français fait allusion à l'« accent canadien » d'Eulalie. La vieille cigogne ne peut le supporter, elle qui se targue d'avoir conservé la parlure de ses origines à l'état pur. Les couples désunis se réunissent, Azalaïs partant retrouver Rémi en France tandis qu'Eulalie retourne au Canada pour retrouver son castor favori. Mais Eulalie continuera à entretenir une correspondance ambiguë avec Rémi, le bonimenteur impénitent...

Une cigogne qui a une tête de cochon, c'est déjà fort comme fable animalière. Pour Eulalie, la liberté de ton n'exclut jamais la vacherie, voire la méchanceté. Elle donne des leçons sans jamais sembler s'apercevoir de sa propre inconstance et prend la plume pour se plaindre des hommes, et même reprocher à Féliz de trop parler alors que la correspondance ne lui donne jamais l'occasion de trop parler. Kaye livre un roman sentimental qui frise l'analyse psychologique, mais qui se veut comique. Au fil des pages, on se demande s'il s'agit du roman à clé d'une Française immigrée au Canada qui règle ses comptes, d'une allégorie politique sur les rapports entre francophones et anglophones au sein du Canada, d'une caricature plus ou moins réussie des Français au Canada, ou tout simplement du fruit des expériences de l'immigration d'une Française qui prend le tout avec un certain recul.

Le hic, c'est qu'Eulalie est une râleuse de première, et que ce n'est pas excessivement drôle. Le mépris lui « vient naturellement » et elle se décrit elle-même, non sans justification, comme une « cigogne trop émotive, rancunière, croulant sous l'âge et l'envie » (p. 128). L'insatisfaction et la mesquinerie, même poussées à outrance, ne sauvent pas le récit de l'impression d'étouffement propre à une correspondance portée par une seule voix qui s'exprime dans un français d'une extrême correction, dans un style un peu suranné. Le quadrille qui voit les quatre partenaires envisager presque toutes les permutations possibles manque de chaleur humaine : tout se réduit à des sautes d'humeurs et à la force du désir. C'est une façon de voir le monde qui écarte d'ailleurs presque tout le reste. Si on est sensible au comique de cet aveuglement partagé par Eulalie et ses correspondants, ce court roman fera rire à force d'humour noir. Sinon...

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2011-12-26

 

Quand l'amour ne sauve pas du vide

L'Université d'Ottawa mène à tout, même au roman. Je suis bien placé pour le savoir, puisque j'ai complété en 1987 mon premier roman, Le Ressuscité de l'Atlantide, durant mon séjour à l'Université d'Ottawa, sous la forme d'un feuilleton dans la revue imagine... C'est en 2008 que David Ménard a déposé une thèse de maîtrise en lettres françaises à l'Université d'Ottawa dont il a tiré un roman, Nous aurons vécu nous non plus (L'Interligne, 2010).

Il s'agit à première vue d'un roman épistolaire composé de missives échangées entre trois personnes : Ovide-Lyre, un amoureux transi, d'humeur plutôt sombre, qui a recherché l'amour pour transcender le vide de son existence, Honey-Comble, l'homme dont s'est épris Ovide-Lyre mais qui s'est vite rassasié de son amour, et Vava-Cuitée, la fille de party qui est l'amie des deux. Le reste du monde n'existe pratiquement pas, hors de ce triangle qui se réduit en fait à un duo douloureux. Aucun autre personnage n'apparaîtra, hormis Bébé-Molle qui n'a pas droit à la parole. Certes, une litanie de mises en situation fait intervenir des identités masquées par des pseudonymes, mais celles-ci ne font que passer.

L'histoire, en deux mots : Ovide-Lyre a quitté la ville pour s'enterrer à la campagne, fuyant Vava-Cuitée et ses autres amis de rencontre afin de mieux pleurer la fin de son malentendu amoureux avec Honey-Comble. C'est l'occasion de ressasser le passé et de préparer la révélation finale, dont la cruauté insane fait mesurer toute l'ampleur de la désespérance d'Ovide-Lyre.

Néanmoins, ce qui retient l'attention ici, c'est le style qui brille et c'est la langue, longuement travaillée par un écrivain qui est plus poète que romancier et qui cite à l'occasion des extraits de chansons françaises. Le texte abonde en trouvailles d'une justesse poétique incontestable et en phrases bien frappées, même si elles se réduisent parfois à des circonlocutions lyriques plaquées sur une réalité qu'il faut deviner, de manière à éloigner (bien involontairement, je suppose) le lecteur de la vérité des personnages. Dans la poésie, l'ellipse est une orbite qui ramène toujours à l'apogée, mais les paraboles en prose sont des trajectoires qui emportent le voyageur de plus en plus loin du foyer ardent. Les recherches linguistiques de Ménard ne sont pas toujours heureuses : parfois, le détournement de clichés ne ressuscite qu'encore plus puissamment le cliché d'origine. Ce n'est qu'à mi-chemin ou presque du récit que l'on passe de l'abstrait au concret, mais le soulagement du lecteur se dissipe vite. De nouvelles digressions, quoique d'une verve indéniable, s'écartent du fil de l'intrigue pour mieux se pencher sur les bars, leur vie nocturne et les vicissitudes sentimentales de leur faune. Bref, il faut grappiller de loin en loin ce qu'il importe de connaître des personnages.

Il va de soi pour Ménard que ses personnages sont tourmentés par la solitude qui se nourrit de la conviction qu'un être seul devrait être double. Quels autres tourments pourraient-ils éprouver ? Nous ne sommes plus au XIXe siècle : les contingences matérielles et les contraintes sociales n'interviennent plus pour empêcher l'amour ou gêner les liaisons. L'amant qui s'oriente au moyen de la nouvelle Carte du Tendre doit surtout redouter les méprises et les silences qui alimentent les malentendus et les échecs. Tant que les personnages de Ménard dissertent sur l'amour ou sur l'autre, ils restent dans la justification, Ovide-Lyre se posant en dépendant affectif et Honey-Comble en égocentrique fini.

Ovide-Lyre est souvent grandiloquent et parfois grandiose de désespoir. D'ailleurs, les trois personnages semblent éprouver la même affection pour les métaphores filées et les figures de style poétiques, ce qui rend la lecture usante. Mais le texte devient authentiquement émouvant quand Honey-Comble avoue sa lassitude ou quand Ovide-Lyre crie sa peine. Cette peine explique le coup de théâtre final, qu'on ne voit franchement pas venir. Du coup, on passe de l'anomie (ce mal du siècle récurrent des ados qui ressentent trop) à une forme de nihilisme qui relève d'un romantisme exacerbé quelque peu improbable.

En fin de compte, Nous aurons vécu nous non plus fait surtout figure de démonstration de la thèse de Ménard sur le « vide postmoderne ». Les personnages sont trop lourdement codés pour permettre au lecteur de les rencontre. Bref, malgré toutes les qualités d'écrivain de Ménard, on attendra de lui un autre roman pour se faire une idée de ses talents de romancier.

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2011-12-24

 

La seconde lune de la Terre

Selon cet article, une nouvelle étude prédirait la présence à tout moment d'au moins un second satellite de la Terre : un astéroïde de passage capturé par le système Terre-Lune pour un séjour orbital de quelques mois. La plupart de ces objets n'auraient qu'un mètre de diamètre, mais un satellite repéré en 2006 aurait eu entre trois et six mètres. La possibilité de l'existence d'un astéroïde à une distance de deux ou trois fois la distance Terre-Lune encourage les astronomes à rêver d'une mission spatiale qui pourrait entreprendre de ramener sur Terre un « caillou » d'un mètre de diamètre et obtenir ainsi un échantillon rocheux de la ceinture des astéroïdes à un coût nettement moins grand que celui d'une mission de rendez-vous avec un astéroïde plus connu...

En même temps, cette idée (qui pourrait remonter à un article de William H. Pickering en 1922, « A Meteoritic Satellite ») pourrait expliquer quelques observations éparses par des astronomes des XIXe et XXe siècles qui ont cru déceler une seconde lune de la Terre, mais qui n'ont pas pu reproduire leurs observations. Comme le rappelle cette notice de Wikipedia, Jules Verne s'était fondé sur l'annonce par l'astronome français Frédéric Petit de l'observation d'une seconde Lune pour l'inclure dans son roman De la Terre à la Lune. Même si l'étude en question prédit une seconde lune « moyenne » à la fois petite et éloignée, ce pourquoi on ne les observerait pas souvent, il pourrait exister de temps en temps des satellites plus gros et plus rapprochés.

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2011-12-09

 

Faire œuvre de paix

Si je cite ainsi ma première nouvelle de science-fiction, « Œuvre de paix » (1984), ce n'est pas par hasard. Le romans Uns (Leméac, 2008), de Philippe Borne et Marie-Andrée Lamontagne, fait de l'unité politique de la planète la preuve d'une maturité nouvelle de l'humanité et le début de temps nouveaux.

Le titre du roman de Marie-Andrée Lamontagne et Philippe Borne est en fin de compte sa plus grande faiblesse, car en tant que titre, « Uns » coifferait sans grande difficulté un palmarès des titres les moins accrocheurs. Non qu'il s'agisse sinon d'un ouvrage toujours sans défaut, mais Uns se détache agréablement d'un lot particulièrement abondant d'histoires semblables. C'est même un roman qui est venu me chercher comme aucun roman québécois depuis Bizango de Péan ou Les Rois conteurs de Parrot ne l'avait fait.

En effet, un des thèmes les plus fréquents de la science-fiction québécoise présente les extraterrestres comme des grands frères intervenant auprès des Terriens afin de les aider à progresser en transcendant leurs divisions politiques et en accédant à un niveau de civilisation supérieur. Ceci correspond à un thème relativement ancien dans la science-fiction, illustré entre autres par E. E. Smith, Edmund Hamilton et Poul Anderson. Dans chacune de ces oeuvres, des gardiens — Lensmen, patrouille de l'espace, patrouille du temps — sont chargés de protéger une société primitive des déprédations d'ennemis divers, de préserver le potentiel des sociétés du passé et de recruter des êtres d'exception capables d'assumer le même fardeau. Dans certains cas, une civilisation interstellaire attend le moment propice pour contacter une civilisation planétaire qui a fait ses preuves, comme dans Star Trek, ce qui implique aussi la possibilité de juger du niveau d'une espèce intelligente, comme dans Have Spacesuit—Will Travel de R. A. Heinlein. Au Québec, le thème est exploité par Louis Sutal, dans une série qui débute avec le roman pour jeunes La mystérieuse boule de feu, et par Daniel Sernine, dans les ouvrages qu'il a consacré aux Éryméens. Un certain nombre de romans à teneur plus ésotérique ont également campé des extraterrestres bienveillants, comme dans L'Odyssée sur Terre de Carol Boily, tandis qu'un roman comme Terre sans mal de Martin Lessard fait intervenir des extraterrestres plus ambigus, mais dont la visite met aussi à l'épreuve les mœurs humaines.

La situation initiale est en effet assez semblable dans Uns. Un observateur extraterrestre, Nohog de Ventorx, a été chargé par la communauté galactique des espèces intelligentes de surveiller le développement de la vie sur Terre et, plus tard, des humains susceptibles d'aspirer à faire partie de cette même communauté. Or, cet observateur assiste aux débuts de la Révolution industrielle et se rend compte que toutes les simulations de l'évolution future de l'humanité prédisent sa disparition dans moins de trois siècles en raison d'un réchauffement catastrophique de la planète. Ayant obtenu la permission d'intervenir pour aider l'humanité à se perfectionner au point de pouvoir réclamer l'aide des Galactiques, l'observateur vient en aide à un jeune Nez-Percé qui vient de venger sa bien-aimée. Celui-ci est au bord de la mort, mais Nohog lui sauve la vie et lui permet petit à petit d'acquérir une intelligence et des connaissances supérieures. Nohog a été contraint de limiter son intervention à une seule personne, de sorte que le jeune Mountain, comme il se fait appeler, aura pour tâche de sauver la Terre à lui seul.

Si le défi peut sembler surhumain, c'est pourtant lui qui donne au roman l'essentiel de son intérêt. La science de Nohog lui a permis d'arrêter le vieillissement de Mountain, de sorte qu'on le voit s'efforcer de faire fortune au tournant du vingtième siècle afin de pouvoir financer les militants de la paix et des progrès sociaux. Les guerres mondiales et des atrocités de plus en plus effroyables minent les espoirs initiaux, puis stimulent de nouveaux efforts. Les pages historiques font preuve d'une culture certaine et le style coule de source. Les auteurs signent un panorama impressionnant d'une histoire parallèle, souvent un peu oubliée, celle des artisans de paix, des philanthropes, des organismes caritatifs et des militants qui ont fait avancer les choses. Ceci confère au récit un souffle réel, à peine miné par des péripéties plus science-fictives qui s'avèrent parfois oiseuses. Lorsque Nohog et Mountain obtiennent la permission de recruter d'autres humains, les intrigues s'enrichissent de personnages nouveaux et de rebondissements parfois brillants.

Les deux auteurs se montrent relativement bien informés en ce qui concerne les sciences et les techniques. Leur récit reste fidèle à une certaine science-fiction proche du space-opéra sans jamais déraper. On a donc droit à une multitude d'espèces intelligentes et à une galaxie occupée par des êtres pensants grâce aux voyages instantanés permis par une version du télétransporteur de Star Trek. Mais le tout reste cohérent et il y a peu de scories. Je dois d'ailleurs leur reconnaître quelques idées brillantes, dont une explication de la masse manquante de la Galaxie (qui ne s'étendrait pas à tout l'Univers, malheureusement, à moins que...). Là où le bât blesse, c'est à un niveau plus subtil.

Ainsi, l'échéance fixée à l'humanité repose sur des simulations et des extrapolations réalisées par l'Observateur extraterrestre. Or, toute l'activité déployée par Mountain, le premier Contacté, ne fait pas varier d'un iota cette date fatidique. Du coup, tout le reste du récit, pourtant fascinant, des efforts humanitaires, écologistes et progressistes au XXe siècle semble un peu vain. Même l'invention d'un procédé pour fabriquer de la viande de synthèse n'a aucun effet sur les tendances. (Une allusion ultérieure laisse entendre que le procédé ne s'est pas généralisé dans les parties les plus pauvres du monde.) Ainsi, la grâce accordée à l'humanité relève plus du prix de vertu que de la récompense d'efforts réels, au terme d'une scène qui rappelle, de fait, le point culminant du roman Have Spacesuit—Will Travel.

Bref, malgré quelques naïvetés, il s'agit d'un véritable roman de science-fiction québécoise qui, sans être un chef-d'œuvre, vaut certainement le détour.

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2011-12-08

 

Augmenter le taux de participation aux élections à coup sûr

Je vois que l'ineffable PQ a trouvé un moyen (entre autres) d'améliorer la vie démocratique québécoise : abaisser l'âge de l'obtention du droit de vote à 16 ans.

Bien entendu, il s'agit du même parti qui croit que l'indépendance, après une période d'effervescence ou de turbulences, permettrait au Québec de faire mieux économiquement qu'il ne fait au sein du Canada. (Ce qui s'imposerait pour assumer un fardeau financier qui est actuellement partagé avec des provinces plus riches.) Pourquoi ? Parce qu'il emploierait les pouvoirs rapatriés d'Ottawa à meilleur escient que ne le fait Ottawa. Pourquoi ? Parce que c'est ainsi.

Bref, le PQ est adepte de la pensée positive. On le savait déjà, alors on ne va pas en faire tout un plat. Mais si on écarte la pensée magique comme facteur, abaisser l'âge de voter dans les conditions actuelles réduirait mécaniquement le taux de participation aux élections. Pourquoi ? Les jeunes votent moins, proportionnellement, que leurs aînés. Par conséquent, ajouter plus de jeunes au bassin des votants réduira, ceteris paribus, le taux de participation par rapport à ce qu'il est.

Ce qui devrait nous faire entrevoir un moyen presque assuré d'augmenter le taux de participation aux élections : il suffirait de rehausser l'âge de l'obtention du droit de vote. En réduisant le nombre de jeunes qui votent moins, on augmenterait mécaniquement le taux de participation, ceteris paribus. C'est tout simple.

Après tout, pourquoi l'âge de voter devrait-il se confondre avec l'âge d'acheter des cigarettes ou de l'alcool ? Ne s'agit-il pas d'une responsabilité gravissime que de choisir le gouvernement du pays ? On pourrait donc fixer à 21 ans, quand les jeunes québécois ont au moins eu l'occasion de finir leur cégep, l'âge de participer aux élections de la province ou du pays. Au besoin, on pourrait permettre aux jeunes de voter entre 18 et 21 ans, à condition de détenir un diplôme du secondaire ou du cégep, voire de l'université, ce qui pourrait contrer (un tout petit peu) le décrochage. Et si on aime la pensée magique, on pourra soutenir qu'en faisant de l'âge de voter un privilège, on augmentera l'intérêt de la chose pour les jeunes. L'attrait du fruit défendu...

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2011-12-06

 

Chef du NPD et premier ministre en 2015 ?

La course à la chefferie du NPD est lancée. Dimanche, le premier débat a vu les neuf candidats s'affronter (ou discuter, disons) à Ottawa. Désormais, on ne s'attend pas à voir d'autres candidats se joindre au peloton et les membres du NPD devront choisir un des neuf candidats en lice. J'ai raté le débat de dimanche, mais j'ai déjà eu l'occasion d'entendre six des candidats, de sorte que j'ai bel et bien l'impression qu'on peut écarter de toute considération sérieuse Paul Dewar et Robert Chisholm, dont le français est trop rudimentaire à ce stade. La réalité, après tout, c'est que le NPD est désormais un parti à moitié québécois. S'il veut maintenir sa popularité au Québec, ou du moins ne pas trop perdre de terrain, il se doit d'avoir quelqu'un qui se débrouille relativement bien en français, qui passe bien dans les médias quand il ou elle parle français et qui ne donne pas l'impression d'avoir découvert aux alentours de la cinquantaine qu'il existe au Canada plusieurs millions de francophones.

Un autre critère préalable tient à l'âge. Au moment du congrès, l'âge des candidats restants ira de la jeune trentaine à la jeune soixantaine. Or, il ne faudrait pas ignorer que le NPD, contrairement à toutes les courses précédentes, n'élit pas seulement un dirigeant parlementaire, mais aussi un premier ministre potentiel. Il convient donc de se demander quel âge aurait le candidat élu ou la candidate élue dans l'éventualité d'une accession au poste de premier ministre lors des prochaines élections en octobre 2015. Selon les informations que j'ai pu recueillir, cela ressemblerait à ceci (à quelques mois près, dans l'un ou l'autre sens) :

Nikki Ashton — 33 ans
Martin Singh — 42 ans
Nathan Cullen — 43 ans
Roméo Saganash — 53 ans
Brian Topp — 55 ans
Thomas Mulcair — 61 ans
Peggy Nash — 64 ans

En politique, contrairement aux sports, un âge relativement avancé n'est pas un handicap, mais on peut tout de même tenter de situer ces âges prospectifs (et approximatifs) relativement à l'âge des premiers ministres canadiens précédents lorsqu'ils sont devenus chef de gouvernement. Selon les informations que j'ai pu trouver, on découvre alors que...

Nikki Ashton serait la plus jeune première ministre de l'histoire canadienne
Martin Singh serait le plus jeune premier ministre de l'histoire canadienne (exception faite de Joe Clark, dont le gouvernement n'avait pas duré)
Nathan Cullen serait dans la même situation que Singh
Roméo Saganash serait plus jeune que 12 des 22 premiers ministres canadiens avant lui
Brian Topp serait plus jeune que 10 des 22 premiers ministres canadiens
Thomas Mulcair serait plus jeune que 7 des 22 premiers ministres canadiens
Peggy Nash serait plus jeune que 6 des 22 premiers ministres canadiens (ce qui inclut Abbott, Bowell, Tupper, Saint-Laurent, Pearson et Martin, qui ont été premiers ministres pour une durée totale de vingt ans, grosso modo)

Bref, le NPD a le choix entre trois candidats de la génération X (Ashton, Singh et Cullen) et quatre candidats boomers (Saganash, Topp, Mulcair et Nash). Jusqu'à maintenant, le Canada n'a eu que deux premiers ministres boomers, soit Kim Campbell et Stephen Harper (ce qui n'est pas pour rehausser la crédibilité de cette génération). Lorsque Harper aura épuisé la patience des Canadiens, ceux-ci seront-ils ouverts à l'élection d'un autre boomer en 2015 ? Comme les boomers votent plus que les jeunes, ce n'est pas exclus.

Néanmoins, il est clair qu'un des principaux défis de Thomas Mulcair, c'est désormais son âge. Les deux candidats à la chefferie qui sont dans la moyenne de l'âge initial des premiers ministres (56 ans environ), ce sont Roméo Saganash et Brian Topp. Évidemment, les candidats ne seront pas jugés uniquement sur cette base, mais cela risque de peser quand même...

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2011-12-05

 

Aristote et Galilée sur la Lune

Un ami qui enseigne la physique au cégep m'a récemment fourni le lien de cette vidéo tournée sur la Lune en 1971, dont j'avais beaucoup entendu parler mais que je ne me souvenais pas d'avoir vue. Il s'agit d'une version de l'expérience qui, selon la légende, aurait été complétée par Galilée à Pise en libérant du haut de la célèbre tour penchée deux objets de masses distinctes. Avant Galilée, les savants acceptaient le plus souvent qu'un objet plus lourd devait tomber plus vite. L'expérience de Galilée avait pour but de démontrer que les objets tombent à la même vitesse, quelle que soit leur masse — si on fait abstraction de la résistance de l'air. Dans les faits, l'expérience semble avoir été réalisée par Simon Stevin dès 1586 (trois ans avant que Galilée ait été en mesure de la tenter) et il existe des allusions antérieures à des expériences antérieures de mettre Aristote à l'épreuve. De fait, sous la forme d'une expérience de pensée, l'expérience était discutée par des philosophes depuis la fin de l'Antiquité. Sur la Lune, toutefois, on n'a pas besoin de se jucher au sommet d'une tour ou d'un clocher, ou de jouer avec la densité d'objets de même taille. Il suffit de laisser tomber, côte à côte, un marteau et une plume.

Pour ceux qui préfèrent se laisser convaincre par des simulations informatiques, il y a aussi ce petit site de l'Université du Colorado où l'on peut s'amuser à dresser un canon à 90 degrés et propulser vers le haut un objet — une boule de bowling, par exemple — avec ou sans la résistance de l'air afin de constater que, sans la résistance de l'air, la boule monte plus haut...

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