2008-10-31

 

Halloween avant l'heure

Déjà le 31... Le mois s'est envolé et je commence à sentir la pression de mes multiples échéances. Trois boulots en même temps, cela devient absorbant... Je ne fêterai pas Halloween, mais j'avais eu droit à un avant-goût à Con*Cept, qui avait lieu les 17, 18 et 19 de ce mois et dont j'ai à peine parlé. Un soir du congrès, sur le chemin de la Reine-Marie, j'ai croisé ce raton-laveur qui s'est réfugié dans un arbre devant le Collège Notre-Dame pour échapper à ma curiosité. Le flash de mon appareil a fait de cette pauvre bête une créature que l'on croirait sortie d'un film d'horreur à rabais. Non? À Con*Cept, Yves était l'invité d'honneur francophone et je lui ai rendu la politesse de l'an dernier en le mettant sur la sellette pour une entrevue qui tenait de l'entretien à bâtons rompus. Comme dans tout Con*Cept qui se respecte, il y avait un concours de costumes et Matante Valérie (à droite) s'était déguisée en dame du Moyen Âge (une suggestion : se déguiser en dame blanche un de ces jours, surtout qu'avec une chevelure rousse, cela ferait un peu goule fantomatique) tandis que JC avait ressorti des boules à mythes son ensemble veste-pantalons taillé dans des rideaux Star Wars, si je me souviens bien. Bref, à Con*Cept, j'avais déjà eu un avant-goût d'Halloween.

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2008-10-30

 

L'été, un si bref plaisir

La neige d'hier a fait mal. Ce qui a fait le plus mal, c'est le sentiment de familiarité que j'ai ressenti, comme s'il était parfaitement naturel de retrouver un paysage blanchi par la neige. Dans un sens, c'est évidemment naturel au Canada, pendant au moins trois ou quatre mois. Mais que ce soit l'état naturel d'un paysage ou d'un décor urbain, et que la verdure de l'été n'ait été qu'un songe d'une nuit... non, ce serait trop cruel, je refuse! Toutes les saisons sont nées libres et égales en droit, et aucune ne doit primer sur les autres. L'automne est né il y a quelques semaines à peine; il est beaucoup trop tôt pour que l'hiver tyrannique étouffe sa rivale au berceau — l'automne devrait au moins avoir le droit de durer jusqu'à Halloween! Les feuilles ne sont pas toutes tombées et les rayons du soleil conservent encore une ombre de leur ardeur passée... Mais je ne peux pas nier l'évidence. Hier soir, la neige tapissait les chaises empilées de ce café de mon quartier. Ces tables et ces chaises qui s'étalaient sur le trottoir il n'y a pas si longtemps n'avaient pas encore été rangées, la preuve que je n'étais pas le seul à refuser ces jours-ci l'imminence de la saison froide...

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2008-10-29

 

Jean-Louis Trudel

Eh oui, je suis maintenant un titre, et pas seulement de ce billet. Sophie Beaulé de l'université Saint Mary's à Halifax vient de signer un ouvrage aux éditions David qui se penche sur les cinq livres pour jeunes de ma série « Les saisons de Nigelle » aux éditions Médiaspaul. L'ouvrage est annoncé sur le site de l'éditeur et il fera partie d'un lancement collectif à Ottawa le 3 novembre prochain à la Bibliothèque nationale, qui soulignera également le quinzième anniversaire de la maison et auquel tout le monde est invité. Le livre comprend un entretien de Beaulé avec Trudel (par courriel) et il s'ajoute, en quelque sorte, à un dossier de presse dont les pièces majeures sont relativement peu nombreuses. Outre la notice qui m'est consacrée dans le Canadian Who's Who depuis quelques années (cinq ou six ans?), on peut citer un article plus étoffé sur ma vie et mon œuvre dans le tome 251 du Dictionary of Literary Biography, Canadian Fantasy and Science Fiction Writers (Gale, 2002), un ouvrage encyclopédique réuni par Doug Ivison — auquel j'avais moi-même contribué des articles sur Monique Corriveau et Daniel Sernine. Sinon, si on écarte les articles plus ou moins longs consacrés à mes livres et quelques analyses par Sophie Beaulé, il y a l'entrevue avec moi publiée dans le numéro 110 de la revue Solaris en 1994 et l'entrevue avec moi publiée dans la revue Vidéo-Presse en mai 1995. Et puis... il y a ce blogue.

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2008-10-28

 

Une nouvelle source d'inspiration!

Comme écrivain, j'ai souvent relancé l'écriture de romans en cours en gribouillant des petits dessins dans la marge (quand je travaillais uniquement sur papier), en dressant des plans des lieux ou des contrées, voire en calculant les dimensions d'un vaisseau ou les paramètres d'une orbite. Dans son livre sur la série des « Saisons de Nigelle », Sophie Beaulé relie mon emploi d'une carte à l'utilisation de cartes par mes personnages. Personnellement, je me demande si ce n'est pas tout simplement la conséquence de mon affection pour les cartes, depuis le temps où je voyageais en France avec la parenté et je suivais nos déplacements sur une carte Michelin... Sans parler de la passion des cartes dont fait preuve Jules Verne dans ses romans comme L'Île mystérieuse, lu et relu.

Le dessin m'a suffisamment intéressé dans ma jeunesse pour que je suive des cours, tout petit, ou que je gagne un prix de dessin industriel en quittant l'école secondaire. Et maintenant, je peux m'amuser en trois dimensions! Avec Google SketchUp, je peux désormais dresser le plan d'édifices inédits (et me déplacer à l'intérieur) ou créer des vaisseaux spatiaux. Et pour certains projets en cours, je ne me suis pas privé. La preuve? L'image ci-dessous du modèle de la planète de Dorada dans le roman en travail... S'il y a perte de temps, elle est rachetée, j'espère, par les effets immersifs d'un tel travail.

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2008-10-27

 

Un point aveugle

La constance des traits les plus ignobles de l'humanité a quelque chose de rassurant pour l'écrivain. En attendant la Singularité, on peut écrire sur les humains sans se soucier des dates. Aujourd'hui ou sous l'Empire romain, les choses ne changent pas énormément et c'est toujours plus facile de blâmer les victimes que les oppresseurs — ou les profiteurs.

Ainsi, en fin de semaine, David Leonhardt écrivait dans le New York Times pour se plaindre de l'optimisme béat des citoyens des États-Unis, matérialisé selon lui par la diminution constante, de 1980 à aujourd'hui, des sommes affectées par eux à l'épargne : « The personal saving rate — that is, income minus spending — arguably tells the best story about our recent optimism. »

Étrangement, Leonhardt admet en passant que cette diminution était sans doute le produit d'une stagnation des revenus de ces mêmes travailleurs : « There was a simple enough justification for the decline. Since the 1980s, incomes for most families haven’t been growing very quickly, which has made it more difficult to save. » Mais il consacre le reste de l'article à déplorer un optimisme dont il n'a tout simplement pas prouvé l'existence, condamnant une supposée croyance en un droit à la prospérité ad vitam æternam. Un autre commentateur du Times, Ben Stein, économiste apparemment vendu à l'école de Chicago, critique pareillement sa maquilleuse parce qu'elle n'a pas d'économies sans paraître remarquer qu'elle lui a dit qu'elle ne connaît personne sauf lui qui ait des épargnes : quand personne, dans une certaine catégorie de revenues, n'a les moyens d'épargner, ce n'est plus une question morale, mais une question de moyens.

Après tout, on n'a pas souvent fait remarquer que le problème des hypothèques et des maisons achetées à crédit, ce n'était pas nécessairement que les conditions étaient trop généreuses — ou onéreuses, mais que les acheteurs étaient trop pauvres. Il est possible d'en conclure qu'il faut restreindre l'accès au crédit... ou qu'il faut augmenter les revenus des acheteurs potentiels, ce qui n'a pas vraiment eu lieu aux États-Unis depuis une bonne décennie, les gains de productivité ayant été accaparés par les plus riches au détriment de la majorité des salariés.

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2008-10-25

 

Mise sur orbite d'un auteur

Aujourd'hui, Éric Gauthier lançait son premier roman au bar Sergent Recruteur à Montréal. Il s'agissait d'Une fêlure au flanc du monde, un tome de taille imposante publié par Alire. L'affluence était moins impressionnante, car il pleuvait à verse et la bise mordait, mais Gauthier a choyé ses fans et lecteurs présents en lisant la première section du roman avant de nous offrir un conte sur les folies de l'existence à Montréal, telles que vues par le personnage de Lucien, ancien douanier à l'aéroport qui s'est longtemps promené dans les rues de la ville en compagnie de son tout petit chien imaginaire. Dans la photo ci-contre, on voit le nouveau romancier entamer sa lecture du roman, dont le premier épisode se passe dans un cocktail dont le décor n'était pas si différent de celui du bar où nous nous trouvions. Bref, deux très bons moments, surtout que, depuis deux ou trois ans, je n'ai pas toujours eu l'occasion d'assister aux prestations d'Éric Gauthier à Boréal. Cette fois, nous l'avions à nous tout seuls! Si ce roman représente un point tournant pour la carrière de son auteur, c'est aussi une étape importante pour les éditions Alire, que j'avais l'habitude de brocarder pour la prédominance des auteurs de sf et de fantastique apparus avant 1985, exception faite de Natasha Beaulieu, Sylvie Bérard, Héloïse Côté et Patrick Senécal, plus ou moins... Par conséquent, Éric Gauthier devient d'emblée un des auteurs les plus jeunes et les plus neufs de la collection. Reste maintenant à voir si le livre confirme que souffle chez Alire un vent de fraîcheur...

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2008-10-24

 

Le futur de l'édition

Le livre est-il sur le point de devenir un produit principalement numérique? Les bibliothèques numériques se multiplient (comme Europeana) et il est de plus en plus facile de lire à l'écran. De nouveaux lecteurs numériques (comme le Kindle d'Amazon) sont sortis encore récemment.

Un rapport du ministère de la Culture et de la communication en France a été préparé par Bruno Patino, président de Télérama. Je ne l'ai pas lu au complet, mais je note un paragraphe sur la gestion des droits numériques qui témoigne d'une certaine sagesse:

« L’image des DRM, tenus pour responsables du piratage intense qu’a connu l’industrie musicale, a été fortement diabolisée. Une vision équilibrée devrait reconnaître qu’ils peuvent être aussi des instruments de gestion des usages, visant à faciliter l’automatisation de la gestion d’offres différenciées notamment dans [des] abonnements finement découpés en bouquets. Mais l’expérience montre que la dose « supportable » de DRM doit être déterminée pour éviter des déboires majeurs. Des mesures de protection qui aboutissent à brider fortement les usages des utilisateurs, en imposant des opérations complexes d’accès ou de partage, risquent en effet d’inciter les consommateurs à vouloir « déverrouiller » les contenus qu’ils auront achetés légalement, pour les utiliser comme ils l’entendent. Ils risquent donc de se tourner vers une forme de piratage alors que ce n’était pas leur choix de départ. »

Sinon, le rapport conclut d'abord qu'une « vigilance particulière doit notamment être portée à la concurrence nouvelle qui pourrait s’exercer entre les détenteurs de droits (auteurs et éditeurs), dont la rémunération de la création doit être préservée et valorisée, et les détenteurs d’accès et de réseaux, qui n’ont pas nécessairement intérêt à la valorisation des droits de propriété intellectuelle.» De manière très française, le rapport en tire deux recommandations principales:

— « la propriété intellectuelle doit demeurer la clé de voûte de l’édition »;
— « les éditeurs doivent conserver un rôle central dans la détermination des prix».

Les recommandations plus précises qui relèvent du premier principe me semblent assez sensées, en général : améliorer la compatibilité des formats numériques; faciliter la recherche en-ligne des ouvrages numérisés; soutenir la production de livres numériques; réviser les contrats types des auteurs et revoir l'application de certains concepts (droit moral) dans le cadre numérique, toujours dans le respect de la propriété intellectuelle. En effet, je ne crois pas à l'élimination de la propriété intellectuelle; même si les créateurs devraient avoir le droit de renoncer à leurs droits patrimoniaux s'ils le désirent, cette abdication ne peut avoir de valeur que si la propriété intellectuelle est reconnue.

Par contre, dès qu'il est question de laisser la maîtrise des prix de vente aux éditeurs (et donc au gouvernement, au moyen d'une régulation des marchés, à la fois française et européenne), je suis dubitatif. Le rapport assimile d'ailleurs les éditeurs aux « détenteurs de droits » (en mentionnant parfois les auteurs, parfois non), ce que je tiens pour un raccourci abusif. Néanmoins, ce choix en faveur des éditeurs s'appuie sur le raisonnement suivant :

« L’intermédiaire qui reste maître de son environnement et qui mesure la position de chacun de ses contenus dans chacune des chaînes de valeur a une possibilité de rétribution forte dans l’univers numérique. Mais la tâche est difficile à réaliser pour deux raisons au moins :

— d’une part, il existe une fragmentation croissante du marché qui exige des offres finement adaptées pour répondre aux différentes demandes. Chaque offre s’accompagne de modes de diffusion, de publicité et de référencement utilisant pleinement les effets de réseaux, grâce aux divers canaux de type blogs, tags, sites communautaires, etc. Profiter de la multiplication des marchés de niches suppose d’identifier, d’atteindre et de stimuler ces niches. Et d’aider l’acheteur potentiel à se repérer dans la multitude des offres et des contenus, c’est-à-dire de donner du sens et de la lisibilité aux contenus proposés et à leur référencement. C’est une activité neuve et en cours d’invention ;

— d’autre part, il est impératif de maîtriser les différents flux financiers issus d’offres hétérogènes – un même contenu fait partie d’une multitude d’offres, proposées à des conditions commerciales diverses. Il peut par exemple être proposé en fichier téléchargeable à un prix fixe, mais aussi être intégré dans un bouquet de contenus accessible par abonnement à des tarifs et pour des durées diverses, ou encore fourni gratuitement comme produit d’appel. Dans cet environnement, le calcul des revenus générés par un contenu devient délicat sans un back-office performant pour le traiter.

Dans cet univers aux modèles économiques d’une complexité croissante, il faut que l’un des acteurs de la chaîne joue un rôle de centralisation et d’intermédiation. Mais qui est cet acteur au centre du hub des chaînes de valeur : le fournisseur de l’accès, le détenteur du droit, le vendeur qui « place » le produit, ou le fabricant de technologie ? »

Autrement dit, la désintermédiation permise par le réseau privilégie quand même des intermédiaires, mais potentiellement d'un nouveau genre. Ce que suggère le rapport sans jamais l'établir explicitement, c'est que l'éditeur devrait conserver son rôle de passeur et que le gouvernement devrait l'aider à le faire. Pour l'instant, les passeurs comme Amazon et Google prennent une importance grandissante dans le domaine du numérique. Est-ce une bonne ou mauvaise chose? Ce n'est pas clair, mais ce qui est sûr, c'est que les éditeurs traditionnels ont lamentablement échoué à négocier le virage numérique.

Où allons-nous désormais? Quand j'examine les évolutions récentes, il me semble possible d'envisager deux pistes réalistes, outre la mise en-ligne d'ouvrages gratuits par des écrivains dilettantes. D'une part, sur le modèle d'iTunes, on peut imaginer la diffusion numérique de fictions à succès, dont le téléchargement ne coûterait qu'une somme minime mais dont le volume de diffusion permettrait de rentabiliser le travail de l'auteur. D'autre part, on peut imaginer un retour à la formule de l'édition d'avant le XIXe siècle quand l'écriture et l'impression étaient financées au préalable par des mécènes, investisseurs et souscripteurs : un ouvrage suffisamment attendu par un public de passionnés pourrait convaincre un nombre restreint de ceux-ci d'avancer les sommes requises pour financer le travail de l'écrivain et la distribution en-ligne.

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2008-10-23

 

Voter pour la science et la technologie

Une élection est bouclée, reste l'autre...

Bref, après le Canada, il ne reste plus aux États-Unis qu'à décider si les prochains réfugiés politiques faisant la file aux douanes canadiennes seront des Démocrates déçus idéalisant le pays du mariage gai et des soins de santé pour tous... ou des Républicains enragés désireux d'avoir Stephen Harper pour premier ministre.

Mais, après les élections canadiennes, il y aura aussi des élections québécoises, tôt ou tard. Le collectif Je vote pour la science songe maintenant au contexte québécois et réclame des débats régionaux, à défaut d'un débat des chefs provinciaux. (Parce que ce serait trop demander? Je ne trouve pas, encore qu'imaginer Mario Dumont et Pauline Marois aborder des sujets scientifiques a de quoi bouleverser.)

Aux États-Unis, un nouveau site offre des pistes pour ceux qui voudraient justement faire de la politique en-ligne, au moyen de blogues, de sites, de forums, d'Internet 2.0... Peut-être que les responsables de Je vote pour la science devraient y jeter un coup d'œil.

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2008-10-22

 

L'honneur de John McCain?

Aux États-Unis, John McCain prétend encore mener une campagne honorable contre Barack Obama (qui n'est pas lui-même exempt de tout blâme, ayant refusé les fonds publics après avoir promis de s'en tenir aux contraintes du système public), mais le seul alibi qui reste à McCain pour justifier cette prétention, c'est son refus de fonder une nouvelle campagne de dénigrement d'Obama sur la base de ses liens avec le pasteur Jeremiah Wright.

Le problème, c'est que ce refus n'est pas net. En même temps, les Républicains ont toléré, voire encouragé, une campagne de chuchotements qui insinue qu'Obama serait musulman. Or, ceci passe pour rédhibitoire dans un pays qui n'a pas digéré la prise d'otages par les Iraniens en 1979, la destruction d'une base de Marines à Beyrouth en 1983 par le Jihad islamique et, bien entendu, les morts du 11 septembre 2001. Une partie de ces calomnies échappe à toute investigation, mais la campagne républicaine officielle a souvent tenu à citer au complet le nom de Barack Hussein Obama, comme pour faire écho aux menées en sous-main.

Du coup, on se demande si cela brouillerait le message de la campagne secrète que de taper sur Wright en le présentant, forcément, comme le responsable d'une église chrétienne fréquentée par Obama. Même si on ne saurait sous-estimer le nombre et la taille des couleuvres que les électeurs de droite aux États-Unis sont capables d'avaler, ce serait difficile d'accuser Obama d'être en même temps un dangereux Islamiste et un fidèle chrétien trop influencé par son prêtre de paroisse... Les Républicains auraient donc troqué une injure pour une autre, sans se soucier autrement de l'honneur perdu de leur candidat.

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2008-10-21

 

Les culs-de-sac du progrès technique

Pour les tenants d'une Singularité vingienne plus ou moins imminente, comme Ray Kurzweil, la multiplication des procédés et des solutions techniques confirme l'accélération croissante du progrès technique. On cite alors l'augmentation du nombre de brevets (sans essayer de tenir compte du nombre de brevets relatif à la population, ce qui peut nous dire des choses au sujet de l'inventivité brute de la société, et de l'infrastructure requise pour générer tel ou tel nombre de nouvelles inventions).

Mais si toutes les inventions sont neuves, elles ne sont pas toutes utiles. Aux États-Unis, en particulier, les inventions brevetées comprennent maintenant des logiciels (une nouvelle sorte de jeu vidéo ajoute-t-il quoi que ce soit aux possibilités techniques de l'humanité?) et des molécules naturelles nouvellement découvertes. De nombreux brevets représentent aussi des améliorations minimes à des inventions existantes. Et si la démultiplication des procédés techniques multiplie aussi le nombre de combinaisons potentielles, nous ne savons pas comment calculer si, en même temps, la proportion utile de ces combinaisons augmente, reste stable... ou diminue.

Et même si on ne considère que les inventions utiles, on n'a pas suffisamment fait remarquer que celles-ci ne sont pas nécessairement additives. Dans certains cas, elles pourraient être soustractives.

Par exemple, de meilleures prothèses pour les amputés ou les paralysés, commandées par la pensée ou non, perdraient tout intérêt si les travaux qui se poursuivent simultanément pour développer des solutions organiques aboutissaient à la régénération cellulaire intégrale! Dans le passé, on a vu des secteurs techniques entiers (l'amélioration, la construction et l'opération de zeppelins, par exemple) disparaître quand un concurrent supérieur (l'avion) s'imposait. Le résultat est une technologie supérieure, mais qui ne représente qu'une petite fraction des inventions réelles. Le problème, c'est encore et toujours d'évaluer la taille de cette fraction. Même une augmentation exponentielle ne résout pas le problème, en particulier si on suppose que les inventions les plus utiles ont été trouvées en premier parce que les plus simples (et donc, les plus robustes) sont aussi les plus faciles à trouver.

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2008-10-20

 

Petit retour sur Con*Cept

Le congrès de la science-fiction (et de quelques autres imaginaires) Con*Cept avait lieu en fin de semaine à Montréal. L'invité d'honneur était David Brin, ce qui veut dire que même si je n'avais pas été invité à participer au programme, j'aurais fait des pieds et des mains pour y être. Sans être un fan inconditionnel, j'aime bien ce qu'il écrit, en règle générale (tant pis pour les féministes dogmatiques!), et il est rarement ennuyeux en personne. (Et son site est tout plein de bonnes choses!) La mise au point de la programmation du congrès avait été quelque peu cahoteuse, mais je me suis retrouvé sur des tables rondes intéressantes grâce à Christian. Y compris sur une table ronde avec David Brin qui a démontré qu'il n'avait pas trop perdu son français depuis le congrès mondial de La Haye en 1990 quand je l'avais entendu pratiquer la langue de Molière pour la première fois... (Je l'ai croisé depuis à quelques reprises, en particulier aux Utopiales de Nantes.) Afin de visiter le Palais des Congrès en prévision d'Anticipation, j'ai dû rater la présentation du docteur David Stephenson sur les engins volants de Miyazaki, dont j'avais vu la fin à Albany, mais j'essaierai de me rattraper à un rassemblement de fans d'animation japonaise à Ottawa. Mais quand? Pour l'instant, je l'ignore...

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2008-10-18

 

Dans le noir, au fond d'un trou

L'autre soir, je suis allé voir City of Ember, un film de science-fiction pour jeunes tiré d'un roman de Jeanne DuPrau. Comme je l'ai indiqué précédemment, je me demandais entre autres si l'histoire devrait quelque chose au roman pour jeunes de Suzanne Martel, Surréal 3000.

En réalité, les parallèles que j'avais déjà relevés sont présents, mais l'atmosphère de la ville d'Ember est bien différente de celle de Surréal. Cela tient surtout au fait que les habitants de Surréal vivent bel et bien en l'an 3000, de sorte que leur mode de vie reflète une vision de l'avenir assez répandue il y a cinquante ans. (Comme Surréal existe depuis un millénaire, ce serait le monde de l'an 2000 que Martel transpose dans l'avenir.) Les citoyens de Surréal se nourrissent de pilules et de concentrés, emploient des moyens de transport perfectionnés (trottoirs roulants, etc.) et profitent de divertissements originaux. La seule ombre (!) au tableau, ce sont les pannes de plus en plus fréquentes qui coupent la ventilation et plongent la ville dans l'obscurité.

En revanche, les habitants d'Ember ont presque épuisé les ressources de leur refuge; ils vivent dans un monde usé où on bricole et on répare parce qu'on n'a pas le choix. En l'absence de radio ou de téléphones en état de fonctionner, la jeune Lina Mayfleet (jouée par la toujours captivante Saoirse Ronan, qui incarnait la jeune Bryony dans Atonement) devient une messagère, qui court et galope dans toute la ville pour livrer les messages qu'on lui confie de vive voix. Son ami Doon, lui, entre dans l'équipe chargée des conduits hydrauliques dans l'espoir de trouver un moyen de réparer le générateur principal.

Dans Surréal 3000, un accident permettait aux jeunes personnages de trouver le chemin de la surface. Par contre, dans City of Ember, ce sont les fondateurs qui ont prévu une issue secrète qui serait révélée au bout de deux siècles, de sorte que Lina et son ami Doon n'ont qu'à déchiffrer les instructions fragmentaires dont ils ont hérité pour trouver la sortie. La cupidité du maire et la peur de ce qui se trouve dans les ténèbres extérieures sont les seuls obstacles à leur départ.

Fondamentalement, l'idée à la base de City of Ember est idiote. Non seulement les fondateurs d'Ember ont-ils construit un refuge avec une date de péremption apparemment inflexible, mais ils ont caché la vérité aux habitants et laissé un seul exemplaire des instructions pour quitter la ville. (En plus, on constate qu'il faut trois éléments uniques et distincts pour sortir : les instructions et les deux pièces d'une clé apparemment irremplaçable. Si l'un d'eux se perd, les deux autres deviennent inutiles...) Le roman de Suzanne Martel est quand même plus intelligent : les habitants de Surréal ont renoncé pour de bon à la surface du globe dévasté et refait leur vie sous terre. S'ils choisissent de sortir, ce n'est pas en raison d'une contrainte arbitraire imposée par l'auteur, mais à cause de circonstances extérieures. En somme, si DuPrau plagiait inconsciemment le roman de Martel, elle n'a pas nécessairement retenu ce qu'il avait de meilleur...

Quant au film, il est bien réalisé. Les acteurs (dont Bill Murray et Tim Robbins) sont excellents. Les décors sont convaincants, quoique les monstres hypertrophiés qui hantent les abords de la ville le soient un peu moins. Et c'est sans doute parce que le film nous transporte de manière aussi efficace dans le monde déglingué d'Ember que les lacunes de l'intrigue (manque de suspense, construction déficiente) affaiblissent autant le résultat.

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2008-10-17

 

Détails photographiques d'Albany

Il me restait quelques photos de mon voyage à Albany la fin de semaine dernière. Elles révèlent la richesse de l'architecture plus classique de la capitale. Ainsi, dans la photo ci-dessus, l'ombre du South Mall Arterial encadre les tours de l'ancienne gare de la compagnie Delaware & Hudson, édifice finalement récupéré par l'université d'État... Samedi dernier, après un grand tour qui m'a fait découvir et remonter la rue Lark, qui jouit d'une agréable concentration de bars, de restaurants et de commerces pittoresques, j'ai abouti sur l'avenue Washington, où on retrouve le département de l'Éducation de l'État de New York. Celui-ci est logé dans un édifice si classique de facture qu'il rappelle un temple gréco-romain. Au pied des colonnes, les marches de cet édifice offrent un beau point de vue sur le Capitole, que l'on voit ici en arrière-plan et dont le style néo-classique est exécuté dans la manière des manoirs français de la Renaissance. J'allais ajouter : et des ailes et pavillons du Louvre, mais le Louvre était lui aussi une résidence aristocratique à l'origine, semblable aux manoirs de la Loire mais réalisé avec plus de moyens! Dominant la volée de marches, une lanterne est portée par un beau travail de statuaire, apparemment dédié aux artistes et savants de ce monde. Un violoniste y est assis tout à droite, tandis qu'au centre, deux personnages se penchent sur un globe terrestre. À gauche, un peintre ou un dessinateur s'apprête à remplir une toile... En levant les yeux, j'ai découvert le travail d'ornementation du fronton, au sommet de la colonnade. Ce qui m'a plus le plus intrigué, toutefois, c'est un autre détail architectural à quelques pas de là, une inscription gravée dans la pierre d'une façade appartenant à un vieil édifice commercial sur l'avenue Washington. Une inscription composée de deux noms familiers que j'ai aussitôt pris en photo... Les deux noms juxtaposés avaient de quoi étonner un gars d'Ottawa, mais ils n'ont sans doute rien à voir avec la région d'Ottawa, car il existe bel et bien une ville et un comté d'Orleans ainsi qu'une ville et un comté de Rockland dans l'État de New York. C'est donc une simple coïncidence s'ils paraissent renvoyer à deux banlieues à l'est d'Ottawa...

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2008-10-16

 

Une pétition archéologique

J'ai déjà parlé sur ce blogue de la désertification appréhendée de la Méditerranée, qui s'ensuivrait du réchauffement global et de l'arrivée d'un climat africain en Europe... Je viens de signer une pétition ici pour signifier mon opposition à un développement touristique dans une région isolée de la Crète. Il y a du pour et du contre, même pour les partisans du développement durable. Dans mon cas, je suis surtout frappé par l'idée de construire un golf (de 45 trous!) dans une région aride qui risque de le devenir encore plus. Faudra-t-il dessaler la Méditerranée pour alimenter ce golf en eau? À quel prix en énergie et en émissions de gaz à effet de serre? Cela semble suffisamment aberrant pour réagir. Et c'est sans parler de la valeur archéologique et écologique de cette région.

Est-ce trop tard? Les opposants ont fait un certain tapage en mars et en avril de cette année, mais l'indignation serait un peu retombée. Toutefois, si le projet a été approuvé en 2007, la construction de l'infrastructure devait débuter en mai 2008 et l'érection des édifices cet automne... Le projet dans son ensemble ne sera pas complété avant 2017, ce qui laisse quand même un peu de temps pour rectifier le tir. Cela ne coûte pas grand-chose de signer.

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2008-10-15

 

L'élection dans les métropoles

Le parti Conservateur, en plus d'être globalement minoritaire, est particulièrement absent des grandes villes. C'était le cas après les dernières élections, mais la situation est différente cette fois, la ville de Vancouver ayant accordé une majorité de sièges aux Conservateurs et ceux-ci ayant raflé une poignée de sièges à Toronto. En gros, la situation des délégués métropolitains se résume ainsi à une heure du matin environ :

Montréal — 19 Bloquistes, 14 Libéraux, 1 Néo-Démocrate

Toronto — 32 Libéraux, 8 Conservateurs, 2 Néo-Démocrates

Vancouver — 10 Conservateurs, 5 Néo-Démocrates, 4 Libéraux

(Totaux - 50 Libéraux, 19 Bloquistes, 18 Conservateurs, 8 Néo-Démocrates)

La conclusion évidente? Les Néo-Démocrates et les Libéraux sont les seuls partis véritablement nationaux puisque ce sont les seuls qui ont des représentants dans les trois plus grandes villes canadiennes...

Trêve de plaisanterie : ces trois métropoles regroupent près du tiers (95) des 308 circonscriptions canadiennes. Cela vaut la peine d'examiner le vote populaire dans cette partie du pays, toujours en prenant les chiffres de l'heure.Dans le diagramme ci-dessus, on voit bien que le vote des Libéraux et des Bloquistes est amplifié par le mode de scrutin canadien. En revanche, le vote des Conservateurs et des Néo-Démocrates est minoré, et le vote des Verts est carrément oblitéré.

Bref, les métropoles canadiennes ne sont pas aussi à gauche qu'on pourrait le croire, mais les Conservateurs restent néanmoins nettement moins présents dans ces grandes villes (29% des suffrages exprimés) qu'au niveau national (38% des suffrages). Comme le vote des villes pèse moins lourd que le vote des campagnes, cette sous-représentation des Conservateurs dans les villes est amplement compensée par leur représentation multipliée hors des villes. Tant que ce sera le cas, on peut craindre que les Conservateurs ne se soucieront guère du sort des citadins.

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2008-10-14

 

Dion et l'environnement

Ce soir, nous saurons qui a remporté combien de sièges dans les élections canadiennes. Les résultats pourraient décider du sort politique de Stephen Harper et de Stéphane Dion.

En attendant, je reste assez réservé face à l'environnementalisme de Stéphane Dion. Je ne doute pas de ses bonnes intentions, mais je me demande à quel point il a vraiment réfléchi au sujet. Et dans quelle mesure il comprend la nécessité de penser autrement et, surtout, de vivre autrement.

Par exemple, il s'est engagé hier dans une grande traversée du pays en avion pour mobiliser le vote libéral avant les élections. Même si des sommes seront versées pour rendre ces déplacements carbo-neutres, je trouve que cela donne le mauvais exemple. S'il tenait vraiment à démontrer son ubiquité, n'aurait-il pas été plus exemplaire (et plus à la page) de faire la tournée du pays au moyen de vidéo-conférences, en faisant appel aux meilleurs éléments locaux de sa fameuse équipe pour occuper l'avant de la scène entre temps? (Évidemment, il se peut que le coût en émissions de bioxyde de carbone soit plus élevé pour une telle tournée, compte tenu de l'équipement électronique requis à chaque endroit, que pour une tournée en avion, mais j'en doute.) Pour démontrer sa sincérité et se différencier des autres, un tel choix aurait été dramatique et comparable au choix d'Elizabeth May de traverser le pays en train. Occasion manquée, peut-être...

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2008-10-13

 

Ce n'est (presque) plus de la science-fiction

En fin de semaine, on me rapportait qu'à Albany, les cabines d'essayage dans certains centres d'achat ont désormais des portes vitrées dont on peut ajuster l'opacité... Dans ma nouvelle « Un papillon à Mashak » (1993), je décrivais l'utilisation d'une porte électrochromatique dont on réduisait l'opacité afin de voir qui se trouvait de l'autre côté. En fait, il semble probable que les portes de ces cabines d'essayage à Albany utilisent une technologie à base de cristaux liquides, et non un véritable vitrage électrochromatique fondé sur la migration d'électrons à l'intérieur de couches minces. Mais le futur est en marche.

Et comme je l'avais déjà noté en 2006, le papier électronique est en train de réaliser ma conception de l'écran-éponge dans le roman Le Ressuscité de l'Atlantide (1985-1987, 1994). Plus récemment encore, cet article nous apprenait qu'on se rapproche désormais d'un écran flexible parfaitement adapté au transfert de journaux et de revues sur papier électronique. Je n'avais pas nécessairement imaginé la couleur en 1985-1987... sans doute parce que les journaux de l'époque incluaient peu ou pas de couleurs — et que les écrans d'ordinateur contemporains étaient pour la plupart monochromes!

Il me semble que cela révèle quelque chose de fondamental en ce qui concerne le travail de l'imagination de l'auteur de science-fiction...

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2008-10-11

 

Visiter Albany

Comme j'ai un roman à finir, j'ai profité du calme de la chambre d'hôtel — et de l'inanité de la télévision étatsunienne — pour faire le congrès buissonnier. J'ai écrit jusqu'en milieu d'après-midi avant de quitter, mais pas pour le congrès. Pour visiter, plutôt, la capitale de l'État de New York. Le centre-ville d'Albany est caractérisé par l'hétérogénéité. Un peu comme à Montréal, la construction d'autoroutes et d'immeubles modernes de grande taille a entraîné la destruction de nombreux quartiers. Les édifices récents tranchent sur l'architecture du dix-neuvième siècle. Les tours futuristes de l'Empire State Plaza, de style international, sont aux antipodes du Capitole et de l'ancienne gare de style néo-classique... Entre ces deux extrêmes, quelques gratte-ciel représentent plusieurs écoles du vingtième siècle tandis que des édifices de pierre plus humbles rappellent le pragmatisme des constructeurs du dix-neuvième.

En sortant de mon hôtel, le grand projet des urbanistes du siècle dernier s'offre à mon objectif. Dans la photo ci-dessous, Albany prend des airs de grande métropole moderniste, encore que ce soit surtout le fruit d'un cadrage opportuniste! Dans la réalité, les rampes et tabliers étagés du South Mall Arterial surplombent des rues désertes, des terrains de stationnement et une station d'autobus coupée de tout. Néanmoins, ce n'est qu'une illusion, car le centre-ville (ou ce qui en tient lieu) est à cinq minutes de marche à peine. À l'origine, un peu comme dans le cas de l'autoroute Montmorency-Dufferin à Dufferin, les concepteurs du projet avaient prévus de faire passer une autoroute à deux voies sous l'esplanade monumentale pour aller rejoindre une seconde autoroute coupant le centre-ville du nord au sud à l'ouest. J'ignore pourquoi ce plan n'a pas été réalisé, mais je soupçonne que les coûts exorbitants et l'opposition des habitants des quartiers additionnels qu'il aurait fallu raser ont mis fin à l'entreprise, comme à Québec... de sorte que le South Mall Arterial conduit dorénavant sous l'esplanade avant d'aboutir au milieu des quartiers à l'ouest, où l'autoroute donne sur des rues résidentielles construites à une échelle bien différente.

Dans cette photo de l'Egg, qui abrite une salle de spectacles qui espérait peut-être concurrencer le fameux opéra de Sydney en Australie, puisque la construction de l'Egg a débuté en 1966 au moment où s'achevait celle de l'opéra de Sydney, on peut voir l'entrée du South Mall Arterial sous l'esplanade, au pied de la muraille. Cette photo souligne bien le contraste entre les formes austères, voire brutales, de l'Empire State Plaza et les façades plus texturées, plus riches en détail, des édifices voisins. Quant à l'Egg, il me rappelle plutôt un siège de toilette qu'un amphithéàtre digne de servir de cadre aux plus grandes performances artistiques. On peut aussi songer aux chaises en plastique que l'on voit encore trôner devant les motels d'un certain âge, comme dans la photo ci-dessous que j'ai prise sur la Rive Sud de Montréal en juin 2007...Sinon, il faut admettre, malgré les controverses, que le projet du « Governor Nelson A. Rockefeller Empire State Plaza » livre au piéton de passage des perspectives impressionnantes, qui rappelleront à l'historien de l'architecture tant les conceptions géométriques d'un Sant'Elia, chantre de l'architecture futuriste, que les masses dépouillées des architectures totalitaires sous Mussolini, Hitler ou Staline. Au choix... Et la réaction du voyageur pourra dépendre des circonstances. J'ai visité l'esplanade pour la première fois par une journée fraîche et venteuse, et j'ai trouvé sa nudité glaciale. Par une journée chaude et ensoleillée, on apprécie mieux la pureté des lignes. Par exemple, de l'avenue Madison, j'ai pris cette photo des tours que le gouvernement de l'État loue pour y abriter des bureaux de la fonction publique. En fait, les détracteurs des grands projets modernistes feignent d'ignorer que chaque époque a construit des monuments à sa gloire. La ville de Washington est jonchée d'immeubles gigantesques abritant des légions de bureaucrates. Le style retenu par les constructeurs a sans doute quelque chose de plus familier, mais le choix du gigantisme est tout aussi écrasant quand on s'inscrit dans le prolongement du néo-classicisme que lorsqu'on fait le choix du style international puisant aux racines du Bauhaus ou du futurisme.

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2008-10-10

 

Voyage dans les Adirondacks

Départ en début de journée pour Albany, l'ancien Fort Orange des Hollandais du temps où ils dominaient la vallée de la rivière Hudson et maintenant capitale de l'État de New York. Ce sera un congé, un voyage, une fin de semaine de travail, un congrès de science-fiction, l'occasion de faire un peu de recherche sur le terrain...

L'autoroute descend tout droit de Montréal à Albany, en traversant l'extrémité est du parc des Adirondacks. En chemin, nous nous arrêtons à Westport, ancien lieu de villégiature au bord du lac Champlain. Nous y avons des amis, mais nous ne connaissons pas leur adresse — et nous ne sommes pas là pour jouer aux détectives... Nous nous contentons d'explorer un peu le village, d'admirer l'architecture ancienne et de compter les piquets arborant une affichette au nom de McCain (ou parfois de McCain et Palin). Dans cette partie de l'État, le ticket Obama-Biden n'a pas la cote... Le train qui va de New York à Montréal s'arrête toujours à Wesport, mais la vieille gare accueille maintenant un théâtre et les vastes maisons d'antan ont presque toutes disparu. La journée est splendide, comme on peut le voir dans la photo ci-contre de la marina.

Pourtant, malgré le soleil qui tape dur et les insectes qui bourdonnent au bord de l'eau, d'autres bateaux ont été tirés hors de l'eau. Au village, les quelques auberges et restaurants sont déjà fermés, au chômage pour l'hiver. Heureusement, le magasin général (ingénieusement baptisé « Everybody's Market ») fait aussi fonction de cafétéria de la dernière chance. Il y a de quoi s'offrir un petit déjeuner et la propriétaire prépare aussi des sandwiches sur mesure pour les visiteurs de passage, ce qu'elle fait pour nous entre deux discussions sur la sémantique d'une caricature du New York Post ou la population permanente du village (moins de cinq cents habitants). Bref, l'été est fini et, même si le fond de l'air est doux, l'automne étale déjà ses couleurs. À Westport comme ailleurs dans la région, les arbres déploient la flamboyance éphémère propre à la saison.

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2008-10-09

 

Le visiteur de la planète rouge

En se posant sur Mars, la sonde Phoenix a également importé de la Terre ce qui est devenu la première bibliothèque de l'histoire martienne. Bien entendu, il ne s'agit pas de livres en papier, mais d'une bibliothèque numérique gravée sur un DVD que l'on peut voir dans la photo visible sur cette page du site de la Planetary Society. Ce DVD contient non seulement un échantillon des fictions et des essais consacrés à Mars, mais aussi un ensemble d'illustrations numérisées et d'enregistrements sonores, sans compter les salutations de quelques sommités. Dans cette dernière catégorie, on retrouve un entretien de 1940 entre H. G. Wells et Orson Welles qui portent sur War of the Worlds et le fameux coup médiatique de Welles en 1938. On évalue à cinq cents ans la durée potentielle du DVD sur Mars, ce qui vaut bien la longévité des meilleurs livres en papier.

Je ne fais pas partie des auteurs retenus pour l'anthologie martienne du DVD, mais, en tant que sociétaire, j'ai ajouté mon nom à ceux des 250 000 personnes qui se sont inscrites pour manifester leur soutien à l'exploration spatiale et à l'exploration de Mars. Et pour un petit goût d'immortalité... Dans un demi-millénaire, s'il ne reste rien de moi sur Terre, il restera peut-être quelque chose de moi sur Mars.

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2008-10-08

 

Qu'est-ce qu'un politicien?

Le débat entre Barack Obama et John McCain m'inspire une réflexion fondamentale : qu'est-ce donc qu'un politicien?

Du point de vue de la maîtrise de leurs dossiers, les deux adversaires se valaient, plus ou moins. McCain parlait avec plus de force, Obama avec plus de réflexion apparente. Tous les deux ont fait de leur mieux pour éviter de répondre aux questions qu'on leur posait afin de revenir aux textes qu'ils avaient préparés. Mais les deux hommes ont parfois révélé qu'ils étaient loin de tout savoir, ou même d'avoir examiné la cohérence de leurs programmes politiques. Obama a confondu l'invention de l'ordinateur et l'invention d'internet. McCain a rappelé que Hoover avait augmenté les impôts pendant la Grande Dépression, oubliant que Roosevelt l'a fait également les années suivantes, en temps de crise, et à bon escient. Und so weiter.

La véritable différence entre les deux tenait à leurs programmes. Après avoir déploré l'endettement du gouvernement, McCain a proposé que le gouvernement investisse dans l'immobilier, bref, dans les hypothèques à risque — alors que l'économiste Dean Baker évaluait l'ampleur de la bulle immobilière à huit billions de dollars, dont il devrait encore rester aujourd'hui trois ou quatre billions. Une idée audacieuse, donc, mais qui cadre mal avec l'inquiétude exprimée par McCain au sujet de la dette du pays...

Obama n'avait rien à proposer, mais, sur les autres sujets socio-économiques, son programme était en général supérieur, et plus convaincant. Même s'il n'a pas toujours été plus éloquent, parsemant ses réponses d'hésitations, il avait l'avantage de parler des sujets réellement vendeurs, comme les soins de santé. En savait-il nécessairement plus long que McCain sur la plupart de ces sujets? Pas nécessairement.

Mais devait-il nécessairement en savoir plus? Tout dépend de ce qu'on réclame d'un politicien. A priori, on ne peut pas exiger qu'un politicien maîtrise tous les dossiers à l'égal de ses conseillers et experts. Il lui faut surtout un tempérament de meneur et des réactions de chef, ce que l'expérience ou le savoir acquis peuvent informer mais pas remplacer. Toutefois, l'expérience Bush a également démontré que le seul tempérament ne suffit pas (en admettant que Bush ait eu le tempérament requis). Le jugement ne peut pas s'exercer à vide, il doit être renseigné soit par l'expérience passée soit par les connaissances acquises. Dans les médias, les commentateurs — souvent des journalistes qui sont de vieux chevaux de retour — ont eu tendance à croire que l'expérience suffit et à négliger le rôle des connaissances.

Mais si Obama est élu en dépit de son manque d'expérience, on découvrira effectivement si les connaissances, et le respect des connaissances, peuvent suppléer à l'expérience.

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2008-10-07

 

La part des riches, la suite...

L'éditorial du New York Times d'aujourd'hui prouverait, s'il le fallait encore, que certains dogmes néo-libéraux résistent à tout. Einstein disait de l'énergie nucléaire qu'elle avait tout changé sauf notre façon de penser. La crise financière actuelle, pareillement, a beaucoup changé, mais pas le sacro-saint dogme des réductions d'impôts.

L'éditorialiste du Times semonce Barack Obama qui a eu l'impudence de laisser entendre qu'en temps de crise, il ne renoncerait pas à taxer les revenus des plus riches : « Mr. Obama has said that he would raise taxes on the wealthy, starting next year, to help restore fairness to the tax code and to pay for his spending plans. With the economy tanking, however, it’s hard to imagine how he could prudently do that. He should acknowledge the likelihood of having to postpone a tax increase and explain how that change will affect his plans. Then, he can promise to raise those taxes as soon as the economy allows. » J'avais déjà fait remarquer que le culte des réductions d'impôts résiste à toute analyse rationnelle (on exige des réductions quand les temps sont durs pour stimuler l'économie et on en exige quand tout va bien pour stimuler l'économie encore plus...), mais je n'aurais pas cru que le délire avait gagné les hautes sphères du Times.

Aux États-Unis, l'imposition des riches est pourtant tombée très loin en-deçà des niveaux acceptés au temps du New Deal de Roosevelt. Le diagramme ci-dessous, extrait de cet article de Levy et Temin en 2007, illustre l'évolution de la part des riches jusqu'au temps présent, c'est-à-dire du taux d'imposition des revenus les plus élevés. Comme on le voit, ce taux d'imposition a dépassé les 90% pendant plusieurs décennies qui, curieusement, sont loin d'avoir été si mauvaises pour le pays réel... Il s'agissait évidemment d'un taux théorique, modulé en pratique par les exemptions, mais, sur la base des déclarations de revenus, les économistes Piketty et Saenz évaluent (.PDF) à 44,4% l'imposition du 99e percentile des familles en 1980 et à 30,4% en 2004, ce qui correspond bien aux niveaux officiels.Bref, sous Nixon puis Reagan, on a réduit l'imposition des plus riches. Une légère remontée sous Clinton a été partiellement annulée par Bush. Or, depuis la fin des années soixante, les gains de productivité ont été monopolisés par les plus riches ainsi que par les plus riches et plus éduqués. La croissance de l'économie a surtout profité (.PDF) aux riches, y compris aux maîtres du monde de Wall Street. Par conséquent, on voit mal pourquoi, en temps de crise, on se priverait d'augmenter l'imposition de ceux qui ont le plus profité des belles années.

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2008-10-06

 

Le classement des dépressions

La panique financière actuelle incite les historiens à retourner de plus en plus loin dans le passé pour trouver des événements comparables à ce qui se passe — ou à ce qui pourrait s'ensuivre. Les références aux chocs récents, telles que les crises asiatiques et latino-américaines des années quatre-vingt-dix, sont déjà dépassées, même si l'interdépendance financière des nations retient encore l'attention de certains (.PDF).

Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale des États-Unis, a lui-même beaucoup étudié les crises du passé. Dans cet article d'il y a huit ans, il cite l'effondrement des valeurs immobilières au Japon, le krach boursier de 1987 à Wall Street et la Grande Dépression. De fait, les rappels du krach de 1929 à Wall Street et de la Grande Dépression pleuvent de tous bords, et pas seulement depuis le mois dernier.

D'autres ont remonté plus loin encore, citant la panique de 1907. Maintenant, on commence à parler du krach de 1873. En attendant d'exhumer l'éclatement de la bulle des canaux nord-américains en 1837 ou la banqueroute de Law en 1720...

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2008-10-04

 

Le bilan de l'été arctique

Cela fait déjà plusieurs semaines que l'été a pris fin dans l'Arctique, et la fonte des glaces flottantes par la même occasion. Il y a deux mois, je suivais presque au jour le jour la déperdition progressive de la banquise. Et je me suis interrogé çà et sur l'avenir de l'Arctique...

Le présent de l'Arctique, révélé par le site Cryosphere Today, c'est celui d'un gel rapide, plus rapide que l'an dernier. Cela permet-il de relativiser une fonte presque record des glaces? Comme je l'avais prédit en août (« le minimum pourrait être le second en importance de l'histoire récente »), l'étendue minimale de la banquise le 14 septembre dernier a été la seconde plus petite de l'histoire connue, selon ce communiqué (.PDF) de la National Snow and Ice Data Center. Pourtant, les températures ont été plus fraîches cet été qu'en 2007, même si elles étaient au-dessus de la moyenne. Pourtant, la couverture nuageuse a mieux protégé la glace d'une insolation directe. Pourtant, les vents ont eu tendance à disperser les glaces au lieu de les concentrer... Et, malgré tout cela, la banquise est loin d'avoir retrouvé son étendue habituelle. Le diagramme ci-contre (National Snow and Ice Data Center, 2008) montre bien comment le minimum de cette année s'intercale entre le record de tous les temps en 2007 et l'ancien record suivant en 2005.

Trois records à la baisse en quatre ans, c'est inquiétant. Ce qui l'est plus, pour un esprit scientifique, c'est la tendance que l'on peut voir dans le diagramme ci-dessous, qui montre bien que la baisse n'est pas récente. Si elle nous frappe, c'est parce qu'elle s'accentue. On pourrait se rassurer, certes, en tenant le record de 2007 pour une simple fluctuation semblable à la fluctuation dans l'autre sens en 1996. Mais la tendance demeure. De 1978 à 2008, on a perdu environ 2,5 millions de kilomètres carrés en trente ans. Si la tendance linéaire se maintenait, on friserait le zéro dans soixante ans, soit vers 2068. L'été, à la fin du siècle, l'océan Arctique serait libre de glaces, au moins en septembre. La vraie question, c'est de savoir si la tendance va demeurer linéaire, car il y a des boucles de rétroaction qui interviennent quand la mer se dégage et se réchauffe au soleil, gruge les glaces et libère de nouvelles étendues maritimes qui s'échauffent à leur tour...(National Snow and Ice Data Center, 2008)

Disparition prochaine ou plus lointaine? La question reste posée. La comparaison des cartes ci-dessous montre une réduction marquée des glaces de plus de deux ans d'âge tandis que l'essentiel de la banquise est constituée de glaces de l'hiver 2007-2008. Les banquises plus récentes sont plus minces, de sorte que septembre 2008 pourrait représenter un record absolu non pas au niveau de l'étendue mais du volume des glaces de l'Arctique... Si la tendance est à la réduction des glaces capables de durer plus qu'un hiver ou deux, je me demande si on va basculer dans une nouvelle ère, caractérisée de plus en plus par des fontes si étendues que la banquise restera mince et n'opposera presque aucune résistance à un été plus chaud que la moyenne. La banquise ne disparaîtrait pas de sitôt, mais elle serait de plus en plus fragmentaire et de moins en moins un obstacle à la navigation... ou un habitat viable pour les ours blancs.

(National Snow and Ice Data Center, 2008; C. Fowler, J. Maslanik et S. Drobot, University of Colorado at Boulder)

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2008-10-03

 

Transhumain

La création collective Transhumain (on peut voir sur YouTube une performance, en anglais, reflétant une ébauche antérieure, voire un teaser) était montée par DOC.THEATRE ces jours-ci au Théâtre Sainte-Catherine, sur la rue du même nom. Comme la description semblait alléchante et que le sujet touchait à la fois à la science-fiction et à l'éthique des sciences, je suis descendu au centre-ville pour assister à cette pièce. Au fond de l'étroite salle, la scène était modeste et le décor minimaliste, mais bien pensé. (On peut en voir quelques éléments dans la photo ci-contre.) Les acteurs étaient au nombre de quatre pour incarner tous les rôles : Samuel Chan, Marina Eva, Geneviève Fontaine et Vance De Waele. Les deux metteures en scène Stéphanie Lambert et Audrey-Anne Bouchard (qui a travaillé précédemment sur Hippocampe, entre autres) ont participé à la conception, notamment Lambert qui décrit ainsi le début de son exploration du sujet:

« J'ai lu un ouvrage de recherche : Le nouvel homme nouveau, voyage dans les utopies de la posthumanité.
J'ai eu peur.
J'ai rencontré le journaliste qui l'avait écrit.
Il avait aussi le vertige.
J'ai interviewé un membre du mouvement transhumaniste.
Il a quitté le groupe le lendemain. »

Elle a ensuite réuni une équipe pour développer une pièce, en s'inspirant du cas d'un couple de malentendantes, Sharon Duchesneau et Candace McCullough, qui, en 2002, avaient recouru à un donneur de sperme malentendant pour avoir des enfants sourds. Encore cette année, la communauté malentendante en Grande-Bretagne s'est mobilisée pour conserver le droit de recourir à la fertilisation in vitro pour avoir un bébé malentendant.

La pièce résultante tient donc de la fiction, de la docu-fiction et carrément de la science-fiction. Pour corser la difficulté, la pièce est jouée dans les deux langues, pas toujours avec une aisance équivalente en anglais et en français. Les scènes étaient courtes, édifiant par petites touches une intrigue centrée sur un groupe de jeunes qui ont entrepris des recherches sur le sujet de la transhumanité et du posthumanisme. Une scène nous présente deux mères malentendantes qui désirent un enfant sourd. Une autre scène nous introduit dans le monde des compagnies pharmaceutiques (« Achète aujourd'hui; on t'explique demain »). Une scène plus longue se projette dans l'avenir pour imaginer l'achat d'enfants faits sur mesure, sous forme d'œufs peints de plusieurs couleurs. Dans cet univers consumériste, chacun poursuit ses propres intérêts et ses passions, mais chacun se retrouve seul en fin de compte...

Le tout se termine sur un refus, un « Non! » crié à pleine voix, mais nous assistons ensuite à l'apparition des deux mères malentendantes qui bercent un petit enfant, mais sans que nous sachions si cet enfant est sourd, en définitive...

Après la pièce, Ollivier Dyens (auteur de La Condition inhumaine) était présent pour offrir quelques commentaires sur la nouvelle réalité technologique qui s'est détachée de la réalité biologique. Dans la photo ci-dessous, on le voit en compagnie de Stéphanie Lambert et Vance De Walele, sauf erreur.

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2008-10-02

 

Pédagogie politique

J'ai écouté (d'une oreille) le débat canadien des chefs en français et j'ai été frappé par la nature incestueuse des discussions. Non seulement les chefs se connaissent-ils assez bien pour se complimenter mutuellement (au moins un peu), mais ils connaissent également leurs dossiers et ils n'hésitent pas à se renvoyer à la tête des accusations au sujet des carences de ces dossiers.

Sauf que...

Je connais suffisamment bien la plupart de ces dossiers pour accorder le point à tel ou tel joueur, mais je me demande bien quelle portion de l'auditoire était en mesure d'en faire autant. Nos politiciens semblaient oublier de s'adresser au public, et non à leurs collègues. Ainsi, sur le protocole de Kyoto, les adversaires de Harper l'ont accusé de tromper le public et d'utiliser des chiffres trompeurs, ce qui est parfaitement exact, mais ils n'ont pas vraiment enfoncé le clou. Résultat? Une cacophonie qui permettait à Harper de se faufiler plus ou moins indemne.

Pourtant, il n'aurait pas été si difficile de décrire la politique des Conservateurs en disant quelque chose comme ceci : « Le protocole de Kyoto, c'est comme un cent mètres aux Jeux olympiques. Mais Stephen Harper prétend que le Canada a le droit de commencer la course à mi-chemin. »

C'est un exemple. On se dit que les professionnels en communication des partis en présence pourraient faire mieux, mais c'est quand même ironique que d'anciens profs, comme Stéphane Dion et Jack Layton, n'aient pas un plus grand sens de la pédagogie politique.

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