2007-04-15
Sous les ponts de Québec
Déjà la fin du Salon du livre de Québec... Même si j'ai eu l'occasion de rencontrer hier les copains, dont Sabine V., Esther, Pat et quelques autres, le séjour aura été bref. Un passage rapide au Salon du livre en matinée ne me permet pas de rencontrer de lecteurs. Mais comme le personnel de Prologue a eu l'obligeance de m'asseoir face au poste d'Anne Robillard, que l'on voit ici entourée de ses fans et presque écrasée par l'affiche à son effigie, j'ai l'occasion de méditer sur les fruits d'une campagne publicitaire bien menée. Tout comme mon voisinage avec Martin Bois et Sébastien Lévesque, les auteurs d'Eloik, combattant des cauchemars. Ceux-ci ne lésinent décidément pas sur les moyens pour retenir l'attention des passants : présentoir aux couleurs de la série, jouets et signets, écran relié à un ordinateur portable... Cette nouvelle série de fantasy compte maintenant deux tomes chez Vents d'Ouest.
Mais Bouquinville ne me retient jamais très longtemps quand il y a une ville auss intéressante que Québec à explorer. Les contrastes de cette capitale apparaissent à tous les coins de rue. Tiens, une Smart garée devant les remparts... On se croirait effectivement en Europe. À Montréal, le modèle à quatre places est au moins aussi courant que le modèle à deux places. En tout cas, si cette version de la Smart se rend utile à Québec, capitale hivernale et pentue, elle devrait pouvoir s'utiliser n'importe où en Amérique du Nord... Pour un historien des techniques, toutefois, l'arrière-plan compte autant que la voiture à l'avant-plan. L'intérêt de Québec, c'est d'être une ville en partie façonnée par des ingénieurs. Les défis politiques et géographiques de la ville en font même un site exceptionnel de ce point de vue. Très tôt, il a fallu fortifier la ville et les remparts de Québec sont un des plus anciens témoignages d'une activité d'ingénieur professionnel au Canada.
Il y a aussi les ponts, encore que leur histoire soit plutôt mouvementée à Québec. L'an dernier, j'étais allé examiner de plus près le vieux pont de Québec. Comme performance technique, il se mériterait déjà une place dans les annales : lors de son inauguration, il était le plus long pont cantilever au monde. Mais il faut s'intéresser aussi aux accidents successifs qui ont interrompu sa réalisation. Non seulement ont-ils fait près d'une centaine de morts au total, mais ils ont changé les façons de faire des Mohawks de Kahnawake suite à la mort de dizaines d'ouvriers de cette localité dans le premier effondrement — plus jamais ne verrait-on autant de Mohawaks sur un seul chantier. Et le premier effondrement est resté symbolique pour les ingénieurs civils. La légende a longtemps couru que les joncs de fer des ingénieurs canadiens étaient fabriqués avec les restes de l'acier du pont, en tant que rappel de la responsabilité professionnelle (et humaine) des ingénieurs. (En fer à ses débuts et en acier inoxydable aujourd'hui, les joncs n'ont jamais été fabriqués en acier de structure. Et les premiers joncs ont été remis en 1930, des années après les deux accidents.) Car si le second effondrement du pont est imputable à une erreur humaine, le premier effondrement est bel et bien le résultat d'un vice de conception, voire d'un excès d'ambition.
Ironiquement, c'est aussi le cas d'un autre monument du génie civil à Québec. Deux bretelles de l'autoroute Dufferin-Montmorency, qui avait dévasté l'ancien quartier chinois de Québec, mènent droit dans un mur bariolé de graffiti. Derrière ces murs, il y a l'amorce d'un tunnel, longue de cent mètres au moins, comme l'explique ce reportage de Radio-Canada, vidéo à l'appui. À Québec, on voit grand : il s'agissait de passer sous tout le cap Diamant. Mais on n'a pas toujours les moyens de ses ambitions; l'entreprise dut être interrompue faute de sous et l'espace souterrain a été condamné. (C'est après l'élection du PQ en 1976 que le projet a été abandonné, tout comme d'autres projets autoroutiers ailleurs dans la province. Les habitants de l'Outaouais connaissent bien les cas des autoroutes 5 et 50, longtemps demeurées en plan...) Comme la démolition est commencée, j'ai profité de mon séjour à Québec pour prendre quelques photos historiques de ces bretelles vouées à disparaître.
Mais Bouquinville ne me retient jamais très longtemps quand il y a une ville auss intéressante que Québec à explorer. Les contrastes de cette capitale apparaissent à tous les coins de rue. Tiens, une Smart garée devant les remparts... On se croirait effectivement en Europe. À Montréal, le modèle à quatre places est au moins aussi courant que le modèle à deux places. En tout cas, si cette version de la Smart se rend utile à Québec, capitale hivernale et pentue, elle devrait pouvoir s'utiliser n'importe où en Amérique du Nord... Pour un historien des techniques, toutefois, l'arrière-plan compte autant que la voiture à l'avant-plan. L'intérêt de Québec, c'est d'être une ville en partie façonnée par des ingénieurs. Les défis politiques et géographiques de la ville en font même un site exceptionnel de ce point de vue. Très tôt, il a fallu fortifier la ville et les remparts de Québec sont un des plus anciens témoignages d'une activité d'ingénieur professionnel au Canada.
Il y a aussi les ponts, encore que leur histoire soit plutôt mouvementée à Québec. L'an dernier, j'étais allé examiner de plus près le vieux pont de Québec. Comme performance technique, il se mériterait déjà une place dans les annales : lors de son inauguration, il était le plus long pont cantilever au monde. Mais il faut s'intéresser aussi aux accidents successifs qui ont interrompu sa réalisation. Non seulement ont-ils fait près d'une centaine de morts au total, mais ils ont changé les façons de faire des Mohawks de Kahnawake suite à la mort de dizaines d'ouvriers de cette localité dans le premier effondrement — plus jamais ne verrait-on autant de Mohawaks sur un seul chantier. Et le premier effondrement est resté symbolique pour les ingénieurs civils. La légende a longtemps couru que les joncs de fer des ingénieurs canadiens étaient fabriqués avec les restes de l'acier du pont, en tant que rappel de la responsabilité professionnelle (et humaine) des ingénieurs. (En fer à ses débuts et en acier inoxydable aujourd'hui, les joncs n'ont jamais été fabriqués en acier de structure. Et les premiers joncs ont été remis en 1930, des années après les deux accidents.) Car si le second effondrement du pont est imputable à une erreur humaine, le premier effondrement est bel et bien le résultat d'un vice de conception, voire d'un excès d'ambition.
Ironiquement, c'est aussi le cas d'un autre monument du génie civil à Québec. Deux bretelles de l'autoroute Dufferin-Montmorency, qui avait dévasté l'ancien quartier chinois de Québec, mènent droit dans un mur bariolé de graffiti. Derrière ces murs, il y a l'amorce d'un tunnel, longue de cent mètres au moins, comme l'explique ce reportage de Radio-Canada, vidéo à l'appui. À Québec, on voit grand : il s'agissait de passer sous tout le cap Diamant. Mais on n'a pas toujours les moyens de ses ambitions; l'entreprise dut être interrompue faute de sous et l'espace souterrain a été condamné. (C'est après l'élection du PQ en 1976 que le projet a été abandonné, tout comme d'autres projets autoroutiers ailleurs dans la province. Les habitants de l'Outaouais connaissent bien les cas des autoroutes 5 et 50, longtemps demeurées en plan...) Comme la démolition est commencée, j'ai profité de mon séjour à Québec pour prendre quelques photos historiques de ces bretelles vouées à disparaître.
Libellés : Québec, Salon du livre, Structures, Voyages