2007-06-10

 

Vingt-deux heures à Québec

J'ai fait le saut à Québec pour fêter le cinquantième anniversaire de René B. L'autobus en provenance de Montréal s'est perdu dans les petites rues parce que le boulevard Charest était en réfection et j'en ai profité pour quitter le navire en perdition puisque l'appartement n'était qu'à deux pas. J'y ai admiré la chambre des livres (voir la photo ci-contre), où on a ménagé un petit espace qui accueillera le nouvel ordinateur donné en cadeau pour que l'écrivain ajoute de nouveaux volumes à la collection du bibliophile. Si j'avais un exemplaire des Légendes de Virnie sous la main, j'y chercherais la postface pour voir si je me souviens bien de l'épopée de la composition des nouvelles de ce recueil, qui avait fait des rapports de l'auteur et de l'informatique une légende de plus... Au cas où l'écran plat ne serait pas assez attirant, j'ai contribué un carnet à la cause. Après tout, il m'arrive encore d'écrire à la main des pages entières que je retranscris plus tard à l'ordinateur. Bref, ce fut l'occasion de revoir les Nidicoles, de rencontrer (trop brièvement) Guillaume M. et de saluer Francine de Vilveq ainsi que l'autre Clodjee. Une moitié de Laurent McAllister a aussi retrouvé une moitié de Michel Martin : que l'histoire retienne que leur plaisir fut entier. Le lendemain, je passe d'abord par le chantier de l'autoroute Dufferin-Montmorency pour photographier les progrès de la démolition depuis ma dernière visite. Mais si je suis resté à Québec, c'est surtout pour en profiter et faire une tournée des expositions dans les musées.

Premier arrêt : le Musée national des Beaux-Arts du Québec. Si je consacre quand même quelques minutes aux œuvres des peintres du vingtième siècle, dont Borduas, Pellan et le Riopelle de l'Hommage à Rosa Luxemburg, l'objectif demeure la collection Pérez Simón.

Les puristes déplorent sans cesse la marchandisation actuelle de l'art, mais la visite de l'exposition d'œuvres de la collection Pérez Simón rappelle que l'art pictural est devenu un objet presque entièrement commercial dès le XIXe s. Avant, il était souvent utilitaire. Devant une peinture de Brueghel le Jeune reproduisant la prédication de saint Jean-Baptiste déjà peinte par son père, on retient que le sujet religieux est assaisonné d'un jeu qui n'est qu'une version du très populaire Où est Charlie? qui nous amuse encore aujourd'hui. Les vedute composites d'antiquités romaines par Pannini ne sont pas autre chose que des montages de cartes postales pour une époque qui n'en avait pas. Les triptyques religieux et autres tableaux sacrés servent le culte : les vertus de la pédagogie par l'image étaient déjà bien comprises. Et les portraits de mécènes ou de leurs familles remplissent le rôle joué aujourd'hui par les caméras (numériques) et Flickr.

Mais quand la photographie et la lithogravure ont supplanté la peinture dans certains de ses rôles, l'art n'avait plus qu'à devenir un objet de consommation (de prestige) ou une pratique exploratoire de la plastique pure. Les académiciens français et les préraphaélites anglais créent un art qui se vend. Les impressionnistes ouvrent de nouvelles voies, en payant parfois le prix de l’impopularité, mais faute d’assigner un nouveau rôle à l’art, ils sont également récupérés par le marché de l’art. D'où l'impression qu'on peut avoir que l'art était bien moins une marchandisation quand il était plus commercial...

Avant de reprendre l'autobus, j'ai visité partiellement deux expositions au Musée de la civilisation de Québec : celle sur les dragons et celle sur le Pérou de Tintin (et d'Hergé). Des deux, j'ai préféré celle sur le Pérou, peut-être parce que j'ai un peu visité la région. Ou peut-être parce que, lorsqu'il s'agit de dragons, on tombe vite dans le mythe, la légende et le romanesque. Tandis que l'exposition sur le Pérou et ses civilisations précolombiennes nous apprend comment on vivait dans cette partie du monde...

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