2008-10-08

 

Qu'est-ce qu'un politicien?

Le débat entre Barack Obama et John McCain m'inspire une réflexion fondamentale : qu'est-ce donc qu'un politicien?

Du point de vue de la maîtrise de leurs dossiers, les deux adversaires se valaient, plus ou moins. McCain parlait avec plus de force, Obama avec plus de réflexion apparente. Tous les deux ont fait de leur mieux pour éviter de répondre aux questions qu'on leur posait afin de revenir aux textes qu'ils avaient préparés. Mais les deux hommes ont parfois révélé qu'ils étaient loin de tout savoir, ou même d'avoir examiné la cohérence de leurs programmes politiques. Obama a confondu l'invention de l'ordinateur et l'invention d'internet. McCain a rappelé que Hoover avait augmenté les impôts pendant la Grande Dépression, oubliant que Roosevelt l'a fait également les années suivantes, en temps de crise, et à bon escient. Und so weiter.

La véritable différence entre les deux tenait à leurs programmes. Après avoir déploré l'endettement du gouvernement, McCain a proposé que le gouvernement investisse dans l'immobilier, bref, dans les hypothèques à risque — alors que l'économiste Dean Baker évaluait l'ampleur de la bulle immobilière à huit billions de dollars, dont il devrait encore rester aujourd'hui trois ou quatre billions. Une idée audacieuse, donc, mais qui cadre mal avec l'inquiétude exprimée par McCain au sujet de la dette du pays...

Obama n'avait rien à proposer, mais, sur les autres sujets socio-économiques, son programme était en général supérieur, et plus convaincant. Même s'il n'a pas toujours été plus éloquent, parsemant ses réponses d'hésitations, il avait l'avantage de parler des sujets réellement vendeurs, comme les soins de santé. En savait-il nécessairement plus long que McCain sur la plupart de ces sujets? Pas nécessairement.

Mais devait-il nécessairement en savoir plus? Tout dépend de ce qu'on réclame d'un politicien. A priori, on ne peut pas exiger qu'un politicien maîtrise tous les dossiers à l'égal de ses conseillers et experts. Il lui faut surtout un tempérament de meneur et des réactions de chef, ce que l'expérience ou le savoir acquis peuvent informer mais pas remplacer. Toutefois, l'expérience Bush a également démontré que le seul tempérament ne suffit pas (en admettant que Bush ait eu le tempérament requis). Le jugement ne peut pas s'exercer à vide, il doit être renseigné soit par l'expérience passée soit par les connaissances acquises. Dans les médias, les commentateurs — souvent des journalistes qui sont de vieux chevaux de retour — ont eu tendance à croire que l'expérience suffit et à négliger le rôle des connaissances.

Mais si Obama est élu en dépit de son manque d'expérience, on découvrira effectivement si les connaissances, et le respect des connaissances, peuvent suppléer à l'expérience.

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