2008-10-04
Le bilan de l'été arctique
Cela fait déjà plusieurs semaines que l'été a pris fin dans l'Arctique, et la fonte des glaces flottantes par la même occasion. Il y a deux mois, je suivais presque au jour le jour la déperdition progressive de la banquise. Et je me suis interrogé çà et là sur l'avenir de l'Arctique...
Le présent de l'Arctique, révélé par le site Cryosphere Today, c'est celui d'un gel rapide, plus rapide que l'an dernier. Cela permet-il de relativiser une fonte presque record des glaces? Comme je l'avais prédit en août (« le minimum pourrait être le second en importance de l'histoire récente »), l'étendue minimale de la banquise le 14 septembre dernier a été la seconde plus petite de l'histoire connue, selon ce communiqué (.PDF) de la National Snow and Ice Data Center. Pourtant, les températures ont été plus fraîches cet été qu'en 2007, même si elles étaient au-dessus de la moyenne. Pourtant, la couverture nuageuse a mieux protégé la glace d'une insolation directe. Pourtant, les vents ont eu tendance à disperser les glaces au lieu de les concentrer... Et, malgré tout cela, la banquise est loin d'avoir retrouvé son étendue habituelle. Le diagramme ci-contre (National Snow and Ice Data Center, 2008) montre bien comment le minimum de cette année s'intercale entre le record de tous les temps en 2007 et l'ancien record suivant en 2005.
Trois records à la baisse en quatre ans, c'est inquiétant. Ce qui l'est plus, pour un esprit scientifique, c'est la tendance que l'on peut voir dans le diagramme ci-dessous, qui montre bien que la baisse n'est pas récente. Si elle nous frappe, c'est parce qu'elle s'accentue. On pourrait se rassurer, certes, en tenant le record de 2007 pour une simple fluctuation semblable à la fluctuation dans l'autre sens en 1996. Mais la tendance demeure. De 1978 à 2008, on a perdu environ 2,5 millions de kilomètres carrés en trente ans. Si la tendance linéaire se maintenait, on friserait le zéro dans soixante ans, soit vers 2068. L'été, à la fin du siècle, l'océan Arctique serait libre de glaces, au moins en septembre. La vraie question, c'est de savoir si la tendance va demeurer linéaire, car il y a des boucles de rétroaction qui interviennent quand la mer se dégage et se réchauffe au soleil, gruge les glaces et libère de nouvelles étendues maritimes qui s'échauffent à leur tour...(National Snow and Ice Data Center, 2008)
Disparition prochaine ou plus lointaine? La question reste posée. La comparaison des cartes ci-dessous montre une réduction marquée des glaces de plus de deux ans d'âge tandis que l'essentiel de la banquise est constituée de glaces de l'hiver 2007-2008. Les banquises plus récentes sont plus minces, de sorte que septembre 2008 pourrait représenter un record absolu non pas au niveau de l'étendue mais du volume des glaces de l'Arctique... Si la tendance est à la réduction des glaces capables de durer plus qu'un hiver ou deux, je me demande si on va basculer dans une nouvelle ère, caractérisée de plus en plus par des fontes si étendues que la banquise restera mince et n'opposera presque aucune résistance à un été plus chaud que la moyenne. La banquise ne disparaîtrait pas de sitôt, mais elle serait de plus en plus fragmentaire et de moins en moins un obstacle à la navigation... ou un habitat viable pour les ours blancs.
(National Snow and Ice Data Center, 2008; C. Fowler, J. Maslanik et S. Drobot, University of Colorado at Boulder)
Le présent de l'Arctique, révélé par le site Cryosphere Today, c'est celui d'un gel rapide, plus rapide que l'an dernier. Cela permet-il de relativiser une fonte presque record des glaces? Comme je l'avais prédit en août (« le minimum pourrait être le second en importance de l'histoire récente »), l'étendue minimale de la banquise le 14 septembre dernier a été la seconde plus petite de l'histoire connue, selon ce communiqué (.PDF) de la National Snow and Ice Data Center. Pourtant, les températures ont été plus fraîches cet été qu'en 2007, même si elles étaient au-dessus de la moyenne. Pourtant, la couverture nuageuse a mieux protégé la glace d'une insolation directe. Pourtant, les vents ont eu tendance à disperser les glaces au lieu de les concentrer... Et, malgré tout cela, la banquise est loin d'avoir retrouvé son étendue habituelle. Le diagramme ci-contre (National Snow and Ice Data Center, 2008) montre bien comment le minimum de cette année s'intercale entre le record de tous les temps en 2007 et l'ancien record suivant en 2005.
Trois records à la baisse en quatre ans, c'est inquiétant. Ce qui l'est plus, pour un esprit scientifique, c'est la tendance que l'on peut voir dans le diagramme ci-dessous, qui montre bien que la baisse n'est pas récente. Si elle nous frappe, c'est parce qu'elle s'accentue. On pourrait se rassurer, certes, en tenant le record de 2007 pour une simple fluctuation semblable à la fluctuation dans l'autre sens en 1996. Mais la tendance demeure. De 1978 à 2008, on a perdu environ 2,5 millions de kilomètres carrés en trente ans. Si la tendance linéaire se maintenait, on friserait le zéro dans soixante ans, soit vers 2068. L'été, à la fin du siècle, l'océan Arctique serait libre de glaces, au moins en septembre. La vraie question, c'est de savoir si la tendance va demeurer linéaire, car il y a des boucles de rétroaction qui interviennent quand la mer se dégage et se réchauffe au soleil, gruge les glaces et libère de nouvelles étendues maritimes qui s'échauffent à leur tour...(National Snow and Ice Data Center, 2008)
Disparition prochaine ou plus lointaine? La question reste posée. La comparaison des cartes ci-dessous montre une réduction marquée des glaces de plus de deux ans d'âge tandis que l'essentiel de la banquise est constituée de glaces de l'hiver 2007-2008. Les banquises plus récentes sont plus minces, de sorte que septembre 2008 pourrait représenter un record absolu non pas au niveau de l'étendue mais du volume des glaces de l'Arctique... Si la tendance est à la réduction des glaces capables de durer plus qu'un hiver ou deux, je me demande si on va basculer dans une nouvelle ère, caractérisée de plus en plus par des fontes si étendues que la banquise restera mince et n'opposera presque aucune résistance à un été plus chaud que la moyenne. La banquise ne disparaîtrait pas de sitôt, mais elle serait de plus en plus fragmentaire et de moins en moins un obstacle à la navigation... ou un habitat viable pour les ours blancs.
(National Snow and Ice Data Center, 2008; C. Fowler, J. Maslanik et S. Drobot, University of Colorado at Boulder)
Libellés : Effet de serre, Sciences