2009-10-31

 

Le vrai visage de Laurent McAllister

Qui est Laurent McAllister?

Évidemment, tout le monde sait qu'il s'agit d'un auteur virtuel, né de la collaboration d'Yves Meynard et du signataire de ces lignes. Auteur virtuel mais (relativement) prolifique, puisqu'il a signé un roman, un recueil et trois romans pour jeunes... Comme les lecteurs des Leçons de la cruauté le savent, le nom trouve son origine dans une nouvelle sans titre d'Yves Meynard. Quand nous l'avons choisi, je crois qu'il nous semblait suffisamment improbable pour que nous en ayons plus ou moins l'exclusivité.

Mais il y aurait aussi un Laurent McAllister plus âgé, qui a complété sa scolarité à l'école secondaire Mary G. Montgomery à Semmes, Alabama, en 1979.

Et une fan suédoise aurait également imaginé un personnage appelé Laurent McAllister, dont elle a dessiné le portrait...

Y en a-t-il d'autres?

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2009-10-30

 

Horreur, un lancement à Ottawa !

L'anthologie Tesseracts Thirteen: Chilling Tales from the Great White North réunie par Nancy Kilpatrick et David Morrell sera lancée ce soir à Ottawa, à 19h30, à la librairie Collected Works, au 1242 Wellington Ouest.

Il fera noir, il va pleuvoir, ce sera parfait... pour se faire peur tous ensemble la veille de la veille du Jour des Morts.

J'avais déjà évoqué la parution de ma nouvelle « The Night before the Storm » dans ce treizième volume d'une série d'anthologies qui a regroupé au fil des ans les meilleures plumes dans les genres de l'imaginaire au Canada. Dans ce volume, place à l'horreur! Et je ne crois pas avoir démérité. Pour l'instant, ma nouvelle a eu droit à une mention et une brève description dans la critique que Publishers Weekly consacre à l'anthologie. Compte tenu des nombreux auteurs passés sous silence, le simple fait d'être mentionné (dans la foulée de l'éloge d'une nouvelle par Jill Snider Lum comme étant la meilleure de l'anthologie) est fort honorable. Quelque peu ragaillardi, j'en lirai donc un extrait ce soir...(Nature morte d'Halloween, photographiée en 1935 à Ottawa par Harold F. Kells, né en 1904 — Bibliothèque et Archives Canada, PA-126536)

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2009-10-28

 

Un avant-goût de Bouquinville

Le Salon du Livre jeunesse d'Orléans, à l'école Garneau dans le secteur d'Ottawa, a ouvert ses portes aujourd'hui de 9h à 19h. J'y ai retrouvé les collègues de la région d'Ottawa : membres de l'Association des Auteures et Auteurs de l'Ontario français (AAOF), représentants des éditions David et du Vermillon, auteurs et libraires de la région, etc. J'y tenais une moitié de table en offrant une sélection de mes livres aux regards des visiteurs, comme on peut le voir dans la photo ci-contre. Si je n'avais pas été aussi fatigué, la journée aurait pu être productive puisque j'avais pu brancher mon ordinateur portable... En fin de compte, j'ai surtout profité de la journée pour prendre des nouvelles des amis et flâner un peu d'une table à l'autre pour découvrir ce qui se fait de nos jours en Ontario francophone. Étais-je trop loin de l'entrée pour profiter pleinement de l'affluence? Comme je ne pouvais pas voir le reste du gymnase de mon siège, je ne peux pas me prononcer.

Plus tard, quand je me suis levé, c'était parce que le calme était revenu. Par conséquent, les photos que j'ai prises montrent de grands espaces dégagés, et plutôt déserts. Quelques passants traversent rapidement, d'autres s'attardent pour bavarder avec les auteurs et les vendeurs. On est loin des grandes files d'attente dans les salons du livre les plus courus, à Montréal ou ailleurs... Certes, il y a plus de monde que l'an dernier, quand une tempête de neige avait fermé la plupart des écoles de la région et annulé les visites scolaires. Néanmoins, je vais continuer à me poser la question de l'intérêt de ma participation à l'événement, surtout que je n'ai eu qu'une moitié de la table promise, d'où l'accumulation de piles de livres qu'on voit dans la photo du début... Mais comme l'organisateur est très sympathique et que cela fait toujours plaisir de retrouver les collègues, je n'exclus pas non plus un retour l'an prochain. Je suis toujours un peu chez moi dans cette partie d'Ottawa, après tout : j'ai découvert qu'un des enseignants à l'école Garneau est un de mes anciens condisciples du temps où je fréquentais l'école Louis-Riel — visitant à l'occasion l'école Garneau pour un concours d'art oratoire ou un match d'impro. Souvenirs, souvenirs... Quant aux jeunes, ce serait une litote que de dire que ce ne sont pas tous de grands lecteurs. Et même quand ils se montrent intéressés par un livre, ils ont rarement les sous qui leur permettraient de l'acheter. Mais les publics se gagnent un lecteur ou lectrice à la fois...

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2009-10-27

 

Les futurs de l'immobilier

Tous les futurs m'intéressent et les perspectives de l'immobilier révèlent aussi des tendances annonciatrices de l'avenir.

Par exemple, les indices Case-Schiller permettent de suivre l'évolution du prix de vente des maisons dans plusieurs villes aux États-Unis. Si j'ai bien compris, il n'est pas interdit d'exploiter les données disponibles et j'ai donc construit la figure suivante, dont on aura déjà vu de nombreuses versions depuis l'éclatement de la bulle immobilière.Il s'agit uniquement des données pour les maisons unifamiliales. Le paradoxe de l'éclatement de la bulle immobilière, c'est qu'en dépit de la baisse très visible dans ce diagramme, les personnes qui auraient acheté en 2000 ou en 2001 bénéficieraient encore aujourd'hui d'une plus-value correspondant à une augmentation annuelle de 5% environ. Par contre, celles qui auraient acheté au sommet du marché en 2006 auraient vu la valeur de leur acquisition dégringoler d'environ 30%.

Dans le cas des condos, les données sont moins abondantes. Dans la figure ci-dessous, les courbes permettent de suivre l'évolution du prix des condos à Boston et New York.Le plus intéressant, c'est le comportement distinct des condos relativement aux maisons unifamiliales dans ces deux villes. L'augmentation depuis 2000 est du même ordre (60,9% à Boston et 95,1% à New York), mais la baisse consécutive au maximum a été nettement moins prononcée dans le cas des condos (approximativement 15% à Boston comme à New York). Qu'est-ce qui explique cette différence? Il est tentant de l'interpréter a priori en fonction de deux phénomènes : le vieillissement du baby boom, qui entraînerait une demande soutenue de co-propriétés, et les fluctuations du prix de l'essence qui pénaliseraient des maisons souvent situées plus à l'écart des centres urbains que les condos (ce qui nous ramène à la problématique du pic pétrolier).

Au Canada, les données sont plus difficiles à obtenir de l'organisme qui les compile. Tout le Québec est représenté par le marché montréalais, qui est essentiellement à la hausse depuis l'an 2000 (+107,4%). La question, c'est de savoir si le marché canadien peut éviter d'être entraîné dans la descente aux enfers des États-Unis. La résistance du marché canadien peut se juger en fonction de la tendance de fond du rapport du prix moyen des maisons au revenu moyen ou à la valeur moyenne des loyers. Le rapport prix/revenu mesure l'accessibilité de l'achat d'une maison par rapport à l'introuvable salarié moyen. Le rapport prix/loyer mesure en quelque sorte l'intérêt d'acheter plutôt que de louer. (Mais ces deux rapports négligent de nombreux facteurs, dont le coût d'une hypothèque, par exemple; or, comme les taux d'intérêt sont restés historiquement bas depuis 2001 environ, le vrai prix d'une maison a pu évoluer à la hausse sans que son coût effectif pour l'acheteur augmente autant...)

Ces données sont disponibles dans le tout dernier rapport de l'OCDE. L'évolution du rapport du prix moyen d'une maison à la valeur moyenne d'un loyer est illustrée dans le diagramme suivant pour quelques pays occidentaux... Et l'évolution du rapport du prix moyen d'une maison au revenu moyen est illustrée dans cette figure fort ressemblante.Ce qu'il convient de noter, c'est qu'il s'agit d'index normalisés relativement à la tendance sur le long terme pour chaque pays, de sorte qu'ils ne sont pas directement comparables. On peut soupçonner que les valeurs immobilières ont malgré tout changé dans certains pays, soit que le pays s'est enrichi rapidement (Irlande) soit que la spéculation a joué... Sans parler des effets du contrôle des loyers dans certains cas.

Néanmoins, il est frappant de noter d'emblée que la bulle immobilière des États-Unis n'est pas la plus démesurée. Elle paraît même plutôt sage comparée aux excès des marchés en Irlande, au Royaume-Uni, en France et... au Canada. (Ne parlons pas de l'ancienne bulle japonaise, dont l'éclatement au tournant des années 1990 se poursuit encore, à en juger par la baisse continue des prix au Japon, sûrement favorisée par le vieillissement de la population là aussi...) Par conséquent, on ne peut pas se rassurer en écartant d'emblée la possibilité d'une baisse marquée au Canada. Si les États-Unis s'enfoncent dans le marasme économique, la bonne santé relative du Canada en ce moment ne saurait durer et un ajustement des valeurs s'ensuivra.

Mais si le marché canadien est condamné à retomber lui aussi, il faut noter l'ampleur des baisses enregistrées (pour l'instant) aux États-Unis, dans des villes du nord-est que l'on peut rapprocher plus ou moins de Montréal (en particulier dans le cas de Boston). Ces baisses donnent une petite idée de ce que l'on pourrait observer au Canada si notre propre bulle éclatait...

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2009-10-25

 

Une solution au dilemme électoral à Montréal

Comme souvent, le dilemme électoral à Montréal était sans doute insoluble s'il était considéré du seul point de vue des compétences et qualifications des candidats. Mais le citoyen peut aussi voter en recherchant non un résultat qui dépendrait de la performance des élus mais un résultat qui serait la conséquence directe du vote. Par exemple, l'élection de Louise Harel n'entraînerait pas nécessairement une meilleure gouvernance de la ville de Montréal (du moins, selon mes critères) ou même l'accomplissement des promesses électorales de l'équipe Harel, mais un vote majoritaire des Montréalais en faveur de Louise Harel constituerait un désaveu fort des politiques et pratiques de Gérald Tremblay. C'est la distinction entre un pari sur l'avenir (toujours fort risqué) et la perception plus prévisible des résultats d'un vote...

Ces jours-ci, j'avais loué une voiture et j'ai traversé le cœur du Québec en me faisant rappeler une fois de plus à quel point de nombreux chauffeurs québécois enfreignent le code de la route sans aucune gêne : feux rouges brûlés, oublis de signaler des virages ou changements de voie, hésitation à se ranger pour laisser passer une ambulance ou un camion de pompiers, excès de vitesse... La culture du tout-m'est-dû règne aussi chez les conducteurs québécois. De sorte qu'un piéton confirmé peut opter pour un choix électoral à Montréal susceptible de rappeler aux propriétaires de voiture que conduire sur les voies publiques est un privilège et non un droit...

Ce soir, j'ai donc résolu le dilemme électoral en profitant du scrutin anticipé. D'ici une dizaine de jours, je saurai si j'ai été le seul à penser ainsi.

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2009-10-24

 

Une expérience de cruciverbiste en herbe (2)

L'autre mot croisé que j'ai retrouvé dans mes vieux papiers semble dater de la même période que le premier, mais il est plus axé sur la géographie, du moins celle d'avant 1990...I. Saint fluvial — Instrument de son supplice. II. Jaune — Capitale du Zimbabwe. III. Démonstratif — Pays d'origine des Geats — Moïse en fit des tables. IV. D'une république soviétique — Cède. V. Différencie le sel de mer du NaCl — Pécheur de l'Ancien Testament. VI. Menace la Catane — Fleuve italien — Capitale des Rutules par la porte arrière. VII. Sculpteur de l'Arc de Triomphe — Armée hors-la-loi — Prénom d'un Roosevelt. VIII. Prénom d'un Kennedy — Assistez. IX. Dieu de la bise — Un Empire l'aurait été. X. Fleur — Cubique ou cylindrique — Station thermale sans ses bains. XI. Voyelles — Nommer un article — Vital. XII. Unité de mesure du travail — Auteur du Juif errant — Étourdi qui a perdu ses repères. XII. Île du Colosse — Élan du navire. XIV. Ralentissent — Refus anglais. XV. Arrose Creil — Capitale italienne jusqu'en 1864. XVI. Elle vaut un temps — Patrie d'Hippocrate — Terre-mère. XVII. En Oklahoma — Héroïne tragique bretonne. XVIII. Infinitif — Auteur suicidé — Ville du Cameroun. XIX. Deux — Spécialiste des culottes. XX. Révolutionnaire hongrois dérangé — Commune de Suisse — Selon la légende, celui de Tycho Brahé était en argent.

1. Évêque satanique — Prise dans la guerre des Boers. 2. Superficie — Parler en intime — Chef des Russes. 3. Intrus anglais en Transvaal — Dur globule blanc. 4. Route nationale — Poète — Chef-lieu en Charente. 5. République soviétique — Magicien de Menlo Park — Juge infernal. 6. Non-lieu localisé par More — Croquis de détail — Victoire sans bris d'œuf. 7. Roi des Ostrogoths — Brament — Dieu espagnol. 8. Qui est attaché à une chose — Troisième femme de Louis VII mais la bonne — Enduit — Terminaison. 9. Bon, mal ou mauvais — Fleuve breton — Basileus en grec — Possessif. 10. Soleil — Boxeur sud-africain — Fleuve de l'U.R.S.S. 11. Eire — Premier mari de Françoise d'Aubigné — Premier ministre anglais. 12. Presque florentin de naissance — Homme d'État français — Pas beaucoup. 13. Pont parisien — Commune de Belgique — Empereur romain.

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2009-10-23

 

Montréal, le dilemme électoral

Le choix du vote dans les élections municipales à Montréal n'aura jamais été aussi difficile. D'une part, les électeurs peuvent reporter au pouvoir Gérald Tremblay, dont l'administration travaille main dans la main avec les entreprises de construction. D'autre part, ils peuvent élire Louise Harel, dont l'anglais est laborieux mais les convictions séparatistes indubitables. Outre son aveuglement (volontaire?) au sujet de Benoit Labonté, tout indique qu'à la mairie, elle serait une bonne amie des syndicats municipaux...

Enfin, le tiers exclu, c'est Richard Bergeron de Projet Montréal que les médias ont rapidement rejeté dans les ténèbres extérieures quand on a remarqué un passage dans son ouvrage Les Québécois au volant, c'est mortel (Les Intouchables, 2005) sur le 11 septembre. Non seulement était-il farfelu, mais il était un adepte de la théorie du complot! Ouste! (Si on lit les passages en question, il semble plus enclin à exprimer une forme de scepticisme méthodique qui passe aujourd'hui pour une forme de la pensée critique mais qui exige en fait des certitudes à ce point blindées qu'il devient possible de douter de tout.) On peut se demander s'il pourrait être pire que les deux autres, mais c'est un candidat qui est quand même dur à avaler, même si son équipe a l'air plus crédible.

Bref, il reste quelques autres candidats à la mairie de Montréal : Michel Bédard (Équipe Bédard - Fierté Montréal), Louise O’Sullivan (Équipe Louise O’Sullivan - Parti Montréal - Ville-Marie) et Michel Prairie. Il serait peut-être temps d'en entendre parler un peu plus souvent...

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2009-10-22

 

Une expérience de cruciverbiste en herbe (1)

Depuis l'adolescence, je suis féru de mots croisés et j'affectionnais en particulier ceux offerts par les journaux et les revues en France, que j'avais l'occasion de résoudre ou tenter de résoudre durant mes vacances françaises. Il s'agit d'un jeu très révélateur. On pourrait savoir tout ce qu'il faut savoir des lecteurs du Figaro, du Monde et de Libération rien qu'en faisant les mots croisés de chacun de ces journaux...

J'ai retrouvé dans mes papiers deux mots croisés que j'aurais créés moi-même — outre le goût pour l'histoire, il y a effectivement quelque chose dans le style (petites touches d'humour, jeux sur l'orthographe) qui me semble caractéristique du mien. À en juger par les définitions, ils datent clairement des années quatre-vingt. Je penche pour 1984 environ, car ils me semblent pré-universitaires.

Le premier a pour thème l'histoire du premier millénaire de l'ère chrétienne, mais certaines des réponses débordent cette période. La plupart des définitions ne sont pas trop recherchées. J'en ai modifiées ou raccourcies quelques-unes, mais la plupart sont reproduites telles quelles. Je n'ai pas tout vérifié, mais je le crois exempt d'erreur. Voici donc ce mot croisé d'il y a vingt-cinq ans.I. Ils ont donné leur nom à l'Allemagne — Ils ont donné leur nom à la Bourgogne — Infinitif. II. Roi de Bourgogne — Battus à Poitiers. III. Atome — Saint — Fermer — En les. IV. Amérindiens du Dakota — Île découverte au IXe ou Xe siècle — Père et fils de maire. V. Dernier anglais — Maire de palais. VI. Vieille — Donnée, entre autres, à Rollon — Problèmes. VII. Terre divinisée — Nécessité pour Tarzan — Premier Auguste — Propres. VIII. Ville du Yémen connue pour sa reine et ses aromates — Fait la bombe en Angleterre — An — Tintement. IX. Six — Russe inversé — Réel. X. Oui russe — Comédien français (XVIIIe-XIXe s.) — Mettre en quarantaine — Soleil. XI. Héréditaires — Conjonction — Ancien empire africain — Rouge américain. XII. Ouvrage d'Horace — Partie de la Saxe depuis 1635 — Faire le silence. XIII. Capoue romaine — Fondateurs de l'Essex. XIV. Groupe de rock symphonique britannique — Empereur vaincu à Adrianople — Pont parisien — Boucliers. XV. Possessif — Fier Sicambre — Parfois lai. XVI. En les — Voyelles jumelles — Mollusques fossiles — Époque. XVII. Ne put commander aux marées — Pays balte — Règle. XVIII. Envahisseurs conduits par Théodoric — Chef des Hérules. XIX. Pays souvent envahi au milieu du premier millénaire — D'avoir, mais pas dans le bon sens — Brâmés. XX. Épouse du père de deux races et trois religions — Voyelles — Roi des Goths orientaux. XXI. Général de Justinien — Monnaie nipponne — Ego.

1. Trafic — Divisions impériales sous Dioclétien — Préfixe égalitaire. 2. Commune du Nord — Divinité terrestre — Envahisseurs de l'Afrique du Nord — Enleva. 3. Ne dure qu'un an — Dernier empereur romain d'Occident - Dernier successeur des empereurs romains. 4. Initiales médicales — Celtes îliens — Pronom — Monts asiatiques abordés à contre-sens. 5. Bardes — Premier Russe slavisé — Initiales de la croix. 6. Notez bien — Géographe grec — Courant américain — Devise autrichienne dans le désordre. 7. Passage — Pas sans relation avec l'âne — Consonnes jumelles — Très grand — En Chaldée. 8. Vieille ville africaine — Lettre grecque — Chevalier travesti — Docteur vernien. 9. Neuvième art — Assemblée franc-maçonne — Pronom. 10. Chlore — Patrie du découvreur du Groenland — Monsieur anglais - Hors-sujet. 11. Blêmir à rebours — Conjonction — Somme. 12. Coup — Note — Il défendit Orléans contre Attila — Négation — Lune. 13. Psychanalyste viennois très confus — Secte — Vins et Alcazar en font la renommée — Année du Seigneur. 14. Inavouée — Personnage très important mais sans ordre — Île du Pacifique — Prend à rebours — Il ne faut pas tomber dessus. 15. Consonnes jumelles — Homme d'État anglais — Hélène en bref — Nouvelle-France — Méduse. 16. Voyelles jumelles — Énergie — Cavités — Dans le vent. 17. On y dort en bougeant — L'hégire en amorce une — Arme de jet. 18. Créateur du prototype de Gil Blas (XVIe s.) — Passer à l'eau — Démonstratif. 19. En les — Installer — Canal de petite dimension. 20. Nombre et chiffre — Instrument nazi — Chef-lieu d'une principauté chrétienne fondée par Godefroi — Victime des Chevaliers Teutoniques (XIIe-XIIIe s.).

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2009-10-21

 

L'expansion des bibliothèques numériques

J'avais déjà offert ici ma propre recension des collections numériques d'ouvrages classiques, en particulier dans le domaine de l'histoire des sciences et des techniques. Il faudrait y ajouter la collection d'histoire des sciences de l'Université de l'Oklahoma et il reste sûrement des sources à découvrir, comme cet ensemble de textes anglo-normands, car il s'en ajoute tout le temps. Si on préfère les manuscrits et documents originaux aux livres, on consultera aussi cette liste d'archives dans le domaine, même si certains liens sont périmés — rien que pour ces ressources sur la présence des femmes en science et génie. Ou on jettera un coup à l'exposition virtuelle des trésors de la Library of Congress...

Un nouvel outil précieux vient de s'ajouter à la panoplie du chercheur. Cette page renouvelée du site Bibliopedia tente d'offrir une recension exhaustive des bibliothèques numériques en France. Dans le domaine de l'histoire des sciences, je connaissais déjà les pages spécialisées (Ampère, Lamarck, Lavoisier), mais il y a de toute évidence de nombreuses autres bibliothèques à explorer. Ainsi, l'École polytechnique offre une variété de sources, dont un fonds d'archives de Gay-Lussac et un autre de Monge. Et ce n'est qu'un début...

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2009-10-20

 

La culture pour tous, hier et avant-hier

Dans un récent numéro du Chronicle of Higher Education, un professeur vieillissant se rappelle une enfance baignée dans la croyance à l'ascension sociale par la connaissance et la maîtrise d'une certaine culture. Ce qui présupposait la croyance à un socle irréductible de connaissances et d'acquis culturels... C'était il y a longtemps, aux États-Unis, en un autre siècle, dans les années soixante-dix et un peu après, mais les bases en avaient été jetées dès l'après-guerre, à l'aube des années cinquante, avant que le concept d'une culture moyenne, middlebrow, voire bourgeoise, soit discrédité, d'une part, par des élites culturelles et critiques de plus en plus pointilleuses et dédaigneuses de l'idéal de l'honnête homme et, d'autre part, par les partisans d'une culture populaire, démocratique, ouverte à tous et gouvernée avant tout par le ressenti de chacun.

Aujourd'hui, les avant-gardes se mordent les doigts d'avoir largué le bébé avec l'eau du bain. C'était facile de mépriser l'amateur de musique ou de peinture qui n'était pas toujours au fait des dernières théories et qui, au fond, préférait peut-être les peintres pré-raphaélites et la bonne soupe. Mais trop tard. Sans culture bourgeoise, il n'y a plus de pont possible entre la culture élitaire et la populaire. Et on ne peut plus « épater le bourgeois » si la classe moyenne a renoncé aux valeurs de la bourgeoisie d'hier — on ne peut plus que soupirer face à l'incompréhension et au rejet immédiat des tenants de la ligne dure du jugement individuel et instinctif. Car la culture bourgeoise incorporait aussi comme valeur le travail, ce qui incluait le travail d'appréciation et de compréhension de l'art. Le primat de l'instinct, c'est le rejet de l'effort intellectuel ou émotionnel.

Quand le seul verdict qui compte, c'est celui du consommateur qui tranche instantanément et instinctivement : « J'aime » ou... « Je ne comprends pas », on atterrit forcément dans un tout autre univers que le monde (clos?) des années cinquante qui, contre vents et marées, avait un projet éducationnel. Pour certains, ce projet est matérialisé par la série des Great Books of the Western World, lancée en 1952 et présentée comme le patrimoine de l'Occident. Lors du lancement, Robert Hutchins de l'Université de Chicago aurait affirmé qu'il s'agissait plus que de simples livres : « This is more than a set of books, and more than a liberal education. » Il faut le prendre au mot : s'il avait fallu lire l'ensemble au complet pour revendiquer une éducation libérale, bien peu pourraient s'en targuer. De fait, il suffit d'examiner la table des matières pour constater qu'il aurait fallu une application surhumaine et un bagage préalable non-négligeable pour tout lire. J'ai lu, au complet, un petit nombre des ouvrages reproduits dans la série et j'ai, au hasard de mes lectures et recherches, lu des extraits plus ou moins conséquents d'un certain nombre d'autres ouvrages. Et j'ai acquis des éditions récentes de quelques-uns des ouvrages qu'il me reste à découvrir pour les lire un jour, histoire de justifier leur présence sur mes tablettes.

De fait, je n'ai pas croisé cette série dans mon enfance. D'autres ouvrages dans la même veine, comme le projet de Will et Ariel Durant, The Story of Civilization, se trouvaient sur les tablettes de parents plus ou moins éloignés et j'ai lu ce que j'ai pu... Par contre, l'essai de W. A. Pannapacker m'a rappelé un livre de poche que j'ai retrouvé dans la bibliothèque d'une tante défunte, infirmière de son métier : 7 Arts, un recueil critique et didactique réuni par Fernando Puma. Il s'agissait d'une anthologie lancée en 1953 et présentée en ces termes : « 7 ARTS is published as a challenge. This unique new venture gives the reader the exciting opportunity to read valuable and provocative articles by the foremost leaders in the world of painting, sculpture, music, literature, dance, theatre, and architecture in one inexpensive volume. In these troubled times when so much depends on the free exchange of progressive and constructive ideals, we believe that a book devoted to the ideas and thoughts of the makers of the modern mind serves a vital and rewarding function. » Et le contenu était au rendez-vous, offrant des articles signés par Thomas Mann, J. B. Priestley, George Grosz, Gino Severini, Frank Lloyd Wright, Aaron Copland et Henri Cartier-Bresson, ainsi que des extraits des écrits sur l'art de Léonard de Vinci, Platon, Beethoven et Van Gogh, en plus de reproductions (en noir et blanc) d'œuvres de Braque, Chagall, Picasso, Matisse, Modigliani, Munch, Rouault, Soutine, Kollwitz, Haas et plusieurs autres. À certains égards, c'était le pendant actualisé des Great Books, plus propices à la formation de l'esprit historique de l'Occident qu'à la connaissance de l'esprit des temps modernes. Mais ce qui frappe, c'est qu'une anthologie d'un tel niveau était offerte en édition de poche clairement destinée au grand public. Et le projet a connu un succès certain : il y eut d'autres numéros de 7 Arts (dont le troisième qui est disponible en-ligne).

7 Arts correspondait parfaitement à une époque caractérisée par une ouverture peut-être plus grande qu'aujourd'hui, en raison même, qui sait, des affrontements entre la droite et la gauche. On associe aujourd'hui les années cinquante au McCarthyisme, mais celui-ci était justement de plus en plus vivement critiqué et combattu en 1953 et 1954. Un ouvrage comme 7 Arts, incarnant la curiosité intellectuelle et le respect des idées tout autant que de la créativité artistique, en est sûrement l'antithèse. Et il rappelle l'autre versant de cette époque. Pannapacker cite à ce sujet Susan Jacoby dans The Age of American Unreason (2008) : « In one chapter, Jacoby remembers the 1950s as a brief moment of intellectual aspiration among many Americans: "I look back on the middlebrow with affection, gratitude, and regret rather than condescension," she writes, "not because the Book-of-the-Month Club brought works of genius into my life, but because the monthly pronouncements of its reviewers encouraged me to seek a wider world." » Et Pannapacker conclut : « For all their shortcomings, the Great Books—along with many other varieties of middlebrow culture—reflected a time when the liberal arts commanded more respect. They were thought to have practical value as a remedy for parochialism, bigotry, social isolation, fanaticism, and political and economic exploitation. »

Cela dit, l'objectif de réunir tous les grands auteurs sous une même maquette n'est pas nouveau. C'est celui de la Bibliothèque de la Pléiade (1931), qui exclut toujours Jules Verne. C'était aussi celui des Masterpieces of the World's Literature, Ancient and Modern : The Great Authors of the World with their Master Productions, une série de vingt volumes réunis par Harry Thurston Peck et publiés par l'American Literary Society de New York en 1898-1899. Un exemplaire de cette série se trouve chez ma mère. Mon arrière-grand-père, Horace Chevrier (1875-1935), avait acquis ces livres de Thomas Mayne Daly (1852-1911) avant le départ de celui-ci pour Brandon, selon une note de mon père. On peut supposer que la série aurait été achetée par Daly soit durant son séjour en Colombie-Britannique jusqu'en 1902, soit durant son séjour à Winnipeg comme magistrat (où il avait fondé le premier tribunal pour la jeunesse au Canada) jusqu'en 1908 environ, quand il s'était installé à Brandon pour briguer les suffrages dans l'élection générale de cette année sous la bannière conservatrice. Les livres seraient donc entrés dans ma famille vers 1908. Même si certains volumes sont relativement bien conservés, la plupart trahissent leur âge et les reliures en particulier ont tendance à tomber en poussière. Ce qu'il est intéressant de noter, c'est que c'est ma grand-mère (qui écrivait un peu) qui a dû les réclamer à la mort de son père, de préférence aux autres enfants, et c'est mon père qui les a réclamés à son tour. Horace Chevrier a-t-il beaucoup consulté ces ouvrages dont l'ancien ministre Daly lui avait si généreusement fait don? En tout cas, il n'a pas ajouté son propre nom à l'ex-libris de Daly (que je reproduis ci-contre)... Bref, je suis l'héritier d'une certaine tradition littéraire, mais qui a dû passer par une seule personne à chaque génération. Cela dit, je n'ai presque jamais ouvert ces ouvrages, qui ne sont pas très maniables et qui comptent de nombreux auteurs aujourd'hui oubliés. D'ailleurs, peut-on parler dans ce cas d'une culture pour tous? Le format de ces volumes semble exclure qu'on ait pu se les procurer si on ne disposait pas d'un minimum de moyens. Ils soulignent donc d'autant plus le virage qui a été pris dans les années cinquante grâce au livre de poche, qui annonçait l'accessibilité élargie de l'internet actuellement...

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2009-10-19

 

L'effet placebo et les médecines douces

L'efficacité croissante de l'effet placebo, que l'on apprête à de plus en plus de sauces, expliquerait-elle la popularité croissante des médecines douces?

Selon Clare Stevinson, dans Médecines alternatives : le guide critique, la médecine alternative était déjà utilisée il y a dix ans environ par une proportion importante de la population des pays occidentaux : 42% des personnes sondées aux États-Unis en 1997, 49% des Australiens en 1993 et 20% des Britanniques en 1998. Dans les autres pays européens, la proportion variait de 20% à 50%. Et les données étatsuniennes indiquaient une augmentation au cours de la dernière décennie. (Quant aux utilisateurs, il s'agirait davantage de femmes éduquées, disposant de revenus supérieurs à la moyenne et souffrant d'affections chroniques, principalement musculo-squelettiques.) Bref, la médecine alternative a la cote. (Au point où, si la majorité d'une population y a recours, on peut hésiter à l'appeler « alternative »...)

Mais si, pendant la même période, l'effet placebo est devenu plus efficace quand on le compare aux effets de la pharmacopée classique, que ce soit parce que la population est dans une meilleure condition physique ou parce que la propagande (conventionnelle ou non) en faveur de la pilule-panacée a porté ses fruits, les fidèles de la médecine douce auraient également pu observer des effets réels de leur utilisation de produits alternatifs...

Ce qui les aurait confortés dans leur attachement aux médecines douces.

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2009-10-18

 

La prochaine génération de la SFCF

En fin de compte, la rencontre à Montréal-Nord d'auteurs écrivant, respectivement, du fantastique, de la fantasy et de la science-fiction pour jeunes, soit François Lévesque, Julie Martel et moi-même, aura surtout été l'occasion de rencontrer non pas des lecteurs mais de futurs auteurs — et le frère d'une fan de Bryan Perro. (François Lévesque et Julie Martel apparaissent dans la photo ci-contre, croqués en pleine action, ou un peu avant.) Nous avons donc répondu aux questions des trois personnes qui s'étaient déplacées. Ce qui a été relevé de plus intéressant, c'est le manque toujours criant d'auteurs de fantasy pour adultes au Québec, en particulier dans les réseaux ouverts aux auteurs débutants. Pour parrainer (ou marrainer) une nouvelle écrivaine de fantasy à Montréal, on s'était tourné vers Natasha Beaulieu — et le fait est qu'à Montréal, il n'y a pas nécessairement beaucoup d'autres auteurs écrivant dans ce créneau pour adultes. Malgré la vogue de la fantasy pour jeunes, on n'en a pas encore vu beaucoup passer à un autre niveau. Mais il y avait aussi dans la salle un fan de science-fiction, ce qui m'a rassuré qu'il reste encore de jeunes lecteurs... d'Asimov.Prochaine sortie publique en novembre, au Salon du Livre de Montréal et ailleurs.

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2009-10-17

 

Bavures blanches et dures

Le soir, des plaques gelées balaient le trottoir
minces langues écrasées ou ruisselets morts,
d'abord figées par l'implacable vent du nord,
puis abandonnées là, dans le froid et le noir

Les passants refusent de les apercevoir,
pressés de se jeter dans les bras du confort
d'un logis bien clos qui réchauffe après l'effort,
pressés de tout oublier à la fin du soir

Ne cherchant qu'à nier la triste vérité,
glacés par le seing d'un autre hiver enneigé,
ils ont pourtant sorti gants, foulards et manteaux

S'obstinant à rêver de soirées infinies
sous des cieux de velours faits pour le repos,
ils se perdent sans voir qu'ils sont déjà punis

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2009-10-16

 

Rendez-vous à la Bibliothèque Henri-Bourassa!

Ce dimanche, le 18 octobre, la Bibliothèque Henri-Bourassa à Montréal (5400 Henri-Bourassa Est) profite de la Semaine des Bibliothèques publiques du Québec pour accueillir trois auteurs des Éditions Médiaspaul qui s'adresseront aux « Mordus des univers parallèles ». La description de l'événement en dira sûrement aussi long aux amateurs qu'à moi-même...

« Que vous soyez amateur de science-fiction ou de littérature fantastique, cette rencontre vous plaira. Quelques auteurs de la maison d'édition Médiaspaul débarquent à la bibliothèque et nous font entrer dans leur univers parallèle et mystérieux. »

Les auteurs en question sont François Lévesque, Julie Martel et moi-même. Je suppose qu'ils ont été choisis afin de représenter respectivement le fantastique, la fantasy et la science-fiction. J'apporterai des livres et mon assortiment habituel de signets, acétates et présentations PowerPoint, mais il est bien possible que cela devienne surtout une conversation à trois sur le sujet de l'écriture dans les genres...

Je résume : le dimanche 18 octobre, à 13 h 30. L'entrée est libre, mais la réservation obligatoire pour les groupes (maximum 60 participants). Pour tout renseignement, appeler au 514-328-4144.

2009-10-15

 

Les fenêtres de l'ESO

L'Observatoire européen austral (European Southern Observatory) a choisi de marquer l'Année mondiale de l'astronomie en mettant en ligne des images de la Voie lactée auxquelles on peut accéder au moyen du site du GigaGalaxyZoom. Malgré un nom plus ou moins bien choisi, le site vaut le détour et il convient de partir de la vue d'ensemble du disque pour apprécier les grossissements offerts pour des secteurs où les télescopes de l'ESO ont ouvert des fenêtres.

Celles-ci ne sont pas exactement semblables aux fenêtres de Baade, nom que l'on donne parfois à six trouées dépourvues de poussière galactique qui permettent d'observer le centre de la Galaxie avec plus de facilité à l'instar de la première trouée repérée par Baade lui-même. Mais on peut avoir la sensation en ouvrant ces fichiers de plonger dans l'espace et de franchir des distances immenses, ce qui n'est pas si éloigné de l'emploi de ces « fenêtres » et ce qui est assez vrai.

En visitant un peu, je suis d'ailleurs tombé sur une belle photo de l'amas ouvert NGC 6231, sur lequel j'avais travaillé durant mon unique voyage d'observation au Chili en tant qu'astronome. Souvenirs, souvenirs...

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2009-10-14

 

L'humain prédateur de lui-même

Un fascinant billet d'Olivia Judson dans le New York Times souligne qu'on a bien tort d'avoir peur des grands fauves, du tigre, du loup ou de l'ours... Quand les humains ont à redouter quelque chose des autres membres du règne animal, ce sont d'abord les micro-organismes qui devraient nous effrayer au moins autant qu'un grizzly croisé au fond des bois. Chaque année, les virus et bactéries fauchent des millions de vies, alors que tous les grands fauves réunis ont du mal à inscrire à leur tableau de chasse plus que quelques milliers de victimes humaines.

Au fil des siècles et de la domestication de la nature, les humains ont eu tendance à se substituer aux prédateurs animaux. Assassinats, guerres, petits meurtres entre amis, sports violents : tous les moyens ont été bons pour permettre aux humains de ressentir à nouveau le frisson de peur de la proie sur laquelle la bête féroce se jette en pleine nuit pour lui broyer le cou, l'étouffer (si la victime est chanceuse), puis l'entraîner dans la forêt afin de la dévorer à loisir. Petit piment de la vie primitive qui donnait beaucoup de valeur au feu de camp, à la hutte bien close et à la compagnie des autres... Et puis, il y avait l'autre frisson, celui du prédateur, du tueur qui s'approprie une vie et qui jouit ensuite de se savoir en vie tandis que sa victime est morte.

Mais à la domestication de la nature a succédé celle de l'humain. Les guerres sont moins nombreuses, et souvent moins meurtrières. Les assassinats sont plus rares. Les jeux virtuels remplacent les jeux où il est possible de se blesser. Du coup, le prédateur, ce n'est plus l'autre humain, c'est nous-même. Selon les statistiques mondiales disponibles, les morts par suicide sont désormais plus nombreuses que les morts par homicide — par altercide ?

Autrement dit, le suicide serait aussi une prédation de la seule proie encore disponible pour l'être humain moderne : lui-même. Et ce meurtre commis à ses propres dépens présenterait l'avantage de fournir un double frisson : celui de ressentir à la fois les affres de la proie et la jouissance du prédateur qui maîtrise une situation extrême...

S'agit-il d'une simple analogie poussée trop loin ou contient-elle un élément de vérité? Le suicide est-il l'ultime prédation? Heureusement, il existe d'autres dérivatifs à une hypothétique pulsion prédatrice. Le scientifique traque la vérité dans son laboratoire ou son observatoire, voire en pleine nature. L'artiste traque un certain triomphe sur la matière. L'amoureux traque l'amoureuse, et vice-versa...

Mais si nos sociétés occidentales de plus en plus policées se détournent de l'investigation disciplinée du chercheur, de la création libérée de l'artiste et du jeu de la séduction des amants, que reste-t-il donc comme sensation forte? Est-ce un hasard si la fréquence des suicides monte en flèche dans les États parfois les mieux régulés et les moins violents — du moins en apparence?

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2009-10-13

 

Les professeurs et la pratique de la politique

Et si le point faible de Michael Ignatieff était d'être un ancien professeur d'université?

Les déboires actuels d'Ignatieff font presque regretter à certains Stéphane Dion, qui fait désormais figure d'homme de principe en comparaison. (Notons que les membres du Parti libéral du Canada, souvent taxés de cynisme, auront fait le choix du candidat le plus convaincu en décembre 2006, préférant Dion à deux rivaux plus ou moins opportunistes : Ignatieff, le parachuté de Harvard, et Rae, le transfuge du NPD.)

Alors que Dion avait été obligé de plier devant Harper en raison d'un rapport de forces défavorable (tant financier qu'électoral ou parlementaire), Ignatieff donne l'impression de toujours tourner selon le sens du vent. Après le 11 septembre, quand il était facile aux États-Unis d'être en faveur de la torture et de l'invasion de l'Irak, Ignatieff l'avait été, non sans chanter la palinodie en 2007 quand c'était devenu la chose la plus facile au monde. Dès qu'il avait pris le pouvoir comme chef de parti, il avait jeté aux orties la coalition de Dion qu'il avait pourtant endossée, parce qu'une partie de l'opinion canadienne avait été remontée contre cette perspective par ses adversaires (la démagogie conservatrice avait également eu raison de Michaëlle Jean), laissant échapper la possibilité d'exercer le pouvoir. Pour séduire les nationalistes québécois, il s'était déclaré prêt, dès avant le congrès de 2006, à marchander les principes fédératlistes traditionnels des Libéraux. Et s'il fallait illustrer encore son absence de fidélité, voire de colonne vertébrale, l'affaire d'Outremont qui a vu Ignatieff balancer entre son lieutenant politique au Québec et la commodité de favoriser un ami de ses amis aura complété le portrait.

Ignatieff est-il un homme entièrement dénué de convictions? Sans doute que non. Mais comme beaucoup d'universitaires, il est suffisamment intelligent pour justifier n'importe quel changement de cap, mais pas assez pour comprendre l'intelligence qu'il y a en politique à avoir des convictions et à le montrer. Malgré une incompétence notoire, Dion a longtemps conservé un minimum de sympathie parce qu'il avait des principes.

Si Ignatieff a pour défaut d'être tout juste assez intelligent pour flairer le sens du vent et feindre la sincérité au point de se convaincre lui-même, c'est qu'il a peut-être les qualités de certains professeurs d'université qui font carrière actuellement en Amérique du Nord. On sous-estime souvent à quel point ceux-ci sont souvent de parfaites bêtes politiques, rompues à biaiser et composer avec des intérêts divergents, à lécher les bottes de leurs supérieurs et à botter le cul de leurs inférieurs. Mais c'est la politique d'appareil qu'ils maîtrisent le mieux, à l'instar des apparatchiks de partis uniques, et il importe surtout dans ces conditions de ne pas faire plus de vagues que nécessaire et de changer de couleur comme un caméléon traqué... L'apparatchik reste toujours une créature de l'appareil, pourvu d'un poste qu'il soit ou non bien en cour, et les rigueurs de la politique populaire, qui donne ou enlève complètement le pouvoir, lui sont étrangères. Plus un professeur a réussi dans sa carrière universitaire, plus il a de chances d'être acquis aux vertus du système qui l'a promu et moins il le remettra en cause, même si, par exemple, ce système repose sur l'exploitation du travail des étudiants diplômés et des chargés de cours.

C'est pourquoi on s'illusionne en faisant de professeurs universitaires des sauveurs politiques. À quelques exceptions près (comme Michael Geist ou Paul Krugman, voire Pierre Elliott Trudeau), ils sont rarement portés à s'opposer. Absolvons-les : ils n'ont pas été formés à être des agents libres et autonomes. À l'instar de ces artisans que les philosophes aristocrates de la Grèce antique décriaient pour avoir trop bien pris le pli de plaire aux clients potentiels pour avoir voix dans la Cité, ce sont plutôt des serviteurs que des chefs qu'on élit dans de tels cas.

Et si j'ai amorcé cette réflexion en pensant à Michael Ignatieff, je la conclus en me demandant si elle ne s'appliquerait pas à un autre ancien de Harvard qui a fait le saut en politique — Barack Obama...

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2009-10-12

 

Vingt-cinq ans d'écriture en chiffres

Pour faire pendant à mon billet précédent sur ma carrière d'écrivain et l'argent qu'elle m'a rapporté, j'ai compilé mes statistiques de publications en date d'aujourd'hui. Elles comportent sans doute une imprécision, car le décompte est devenu si long qu'il devient possible de sauter un texte ou de le compter deux fois, ou de le classer dans la mauvaise catégorie. Donc, particulièrement en ce qui concerne les nouvelles, il existe sans doute une marge d'incertitude de +/- 1. La figure ci-dessous illustre l'évolution année par année de mes parutions dans quatre catégories : les textes courts (nouvelles, épisodes de feuilleton, poème) publiés dans des supports rémunérés (revues, anthologies, recueils, webzines, etc.), les textes courts publiés dans des supports non-rémunérés (fanzines, revues littéraires, webzines, etc.), les livres et les traductions de textes (livres ou nouvelles) signés par d'autres auteurs que moi. Les chiffres incluent toutes les fictions que je peux revendiquer en tout ou partie; autrement dit, j'ai inclus les textes rédigés en collaboration. Comme il s'agit de compter uniquement les parutions sans égard à la nouveauté du texte, les chiffres incluent aussi les réimpressions, rééditions et traductions vers d'autres langues de mes textes.L'année en cours ressort nettement en raison de la parution de deux recueils qui reprennent plusieurs nouvelles déjà parues. On peut répartir autrement ces parutions, en fonction de la langue du texte publié (que je l'aie écrit en anglais ou en français à l'origine, ou qu'il ait été traduit par autrui). Cette démarche donne le tableau suivant.Dans ce décompte, je n'inclus que les textes parus en date d'aujourd'hui, et non les textes pour lesquels j'aurais été payé mais qui ne sont pas encore sortis — ou qui ne le sont pas encore au meilleur de ma connaissance. (J'ai été payé pour les droits en euskara d'une nouvelle pour jeunes il y a longtemps, mais je n'ai jamais su si elle avait effectivement été traduite et publiée.) Au final, on obtient une moyenne de 10 parutions environ par année sur une période de vingt-cinq ans.

Enfin, on peut se faire une meilleure idée de ma production littéraire en considérant le total des textes originaux que j'ai écrits seul ou en collaboration. Le tableau suivant répartit mes créations en fonction du format de la publication d'origine : sous forme d'une nouvelle, d'un feuilleton, d'un roman (en volume, donc) ou d'un recueil. Comme mes deux romans pour adultes (Le Ressuscité de l'Atlantide et Pour des soleils froids chez Fleuve Noir) sont d'abord sortis sous la forme d'un feuilleton, ils sont classés dans cette catégorie. Je distingue du lot les textes rédigés en collaboration, pour la plupart avec Yves Meynard sous le nom de Laurent McAllister, mais pas tous.
Si on restreint les créations originales aux fictions en excluant les recueils ainsi que l'unique anthologie de ma carrière, on obtient un total de 135 textes originaux, et de 120 textes signés par moi seul, ce dernier cas correspondant à une production moyenne (approximative) d'un livre et quatre nouvelles par année sur vingt-cinq ans...

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2009-10-11

 

L'effet placebo et le progrès

En août dernier, un article dans Wired révélait une découverte dérangeante : les études cliniques des compagnies pharmaceutiques semblaient démontrer que l'effet placebo était devenu plus puissant au cours des quarante dernières années... De sorte que les nouveaux médicaments testés par ces compagnies n'arrivaient pas à faire mieux que des pilules dépourvues de tout ingrédient actif!

Ironiquement, une des explications potentielles de cet accroissement de l'effet placebo, c'est que ce serait le résultat des pratiques mêmes des compagnies pharmaceutiques. À force de nous abreuver de publicités promettant le bonheur et la santé sous forme de capsules, ces compagnies auraient incité les consommateurs (et les sujets potentiels d'études cliniques) à doter n'importe quel médicament de pouvoirs toujours plus grands.

La délocalisation des études cliniques joueraient aussi un rôle : en organisant des tests à grande échelle dans des pays pauvres, on recruterait effectivement des sujets pour qui les protocoles des études représentent un traitement nettement plus poussé que celui dont ils bénéficient d'habitude. Par conséquent, l'anticipation d'une amélioration à venir serait bien plus puissante que dans les pays riches où le malade moyen a l'habitude de se gaver de pilules.

Enfin, les maladies que les compagnies pharmaceutiques cherchent à traiter aujourd'hui sont plus étroitement associées au psychisme des patients (douleur chronique, problèmes sexuels, dépression) qu'autrefois. Par conséquent, l'effet placebo sera plus efficace dans de tels cas que lorsqu'il s'agit de ralentir un cancer ou de guérir une fracture.

Néanmoins, ceci me semble négliger un autre facteur envisageable : comme le démontre l'augmentation de la longévité dans la plupart des pays, nous sommes tous en meilleure santé, généralement parlant, grâce aux effets lénifiants de nos modes de vie mécanisés et grâce aux progrès de la science médicale. Ce qu'on peut résumer en disant que plus on est riche, plus on vit longtemps et en bonne santé. Or, il paraît plausible que des malades jouissant initialement d'une meilleure santé auraient une plus grande résilience et une plus grande capacité d'utilisation de l'effet placebo. Statistiquement, donc, les patients actuels dans les pays riches seraient plus capables qu'auparavant de mobiliser l'effet placebo à leur profit.

Ailleurs, Peter Watts en tire la conclusion que si l'effet placebo devient plus efficace que les médicaments brevetés, les compagnies pharmaceutiques ne tarderont pas à faire interdire tous les exercices (méditation, etc.) susceptibles d'exploiter l'effet placebo. Mais si l'amélioration du niveau de santé générale associée à l'augmentation de la richesse moyenne est réellement responsable de cette augmentation de l'effet placebo, une telle opposition sera futile. Car le seul moyen efficace de combattre cette augmentation serait d'appauvrir la population — mais une population appauvrie ne pourrait pas acheter les coûteux médicaments brevetés des compagnies pharmaceutiques, qui se tireraient donc dans le pied...

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2009-10-10

 

Communiquer la non-science

J'ai envie de signaler le retour de l'émission radio « Je vote pour la science » (.MP3) montée par des collaborateurs de l'Agence Science-Presse (dont les archives offrent les enregistrements de la première saison en baladodiffusion).

L'émission incluait des recensions par Pascal Lapointe de deux ouvrages à la fois anxiogènes et rassurants. Anxiogènes parce qu'ils décrivent le pays le plus riche et le plus puissant de la planète — rappel : les États-Unis — comme un bastion de l'ignorance, de la stupidité et du rejet de la science. Et rassurants parce qu'ils témoignent d'une résistance montante à cet état de fait.

Tout d'abord, Chris Mooney signe avec Sheril Kirshenbaum une nouvelle jérémiade, Unscientific America: How Scientific Illiteracy Threatens Our Future. Il y encouragerait les étudiants en sciences à envisager des carrières ailleurs que dans les sciences, afin de propager un peu plus les idées et les méthodes de la connaissance scientifique. Dans un registre un peu plus historique, le journaliste Charles P. Pierce livre Idiot America: How Stupidity Became a Virtue in the Land of the Free, dont on peut lire l'introduction (.PDF) sans rire peut-être, mais difficilement sans pleurer... La combinaison de ces livres suggère que les forces déterminées à communiquer le contraire de la science (la croyance? l'imbécilité?) sont plus grandes que celles qui cherchent à communiquer la science.

En ce qui concerne la situation au Québec, il faut lire l'entretien de la revue L'Actualité (en fait, du journaliste Mathieu-Robert Sauvé) avec Marcel Thouin, qui déplore les failles de l'enseignement des sciences à l'école...

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2009-10-09

 

Quinze ans d'écriture en chiffres

L'autre jour, j'évoquais mes vingt-cinq ans de carrière comme écrivain. Que de statistiques potentielles pour un amateur de tableaux et de diagrammes! Et comme j'avais besoin de faire une pause aujourd'hui, je me suis effectivement amusé un peu... En ce qui concerne le plus important (l'argent, voyons!), toutefois, je n'ai commencé à tenir un registre complet de mes revenus comme homme de lettres (auteur, traducteur, etc.) qu'en 1994. Comme je n'ai presque jamais été un auteur à temps plein et encore moins un bestseller, le total depuis 1994 est dans les six chiffres, ce qui donne une moyenne annuelle au-dessus du seuil de pauvreté pour une personne seule. Ce n'est pas mal pour ce qui a presque toujours été un revenu d'appoint, même s'il a représenté quelquefois la majorité de mes revenus. L'évolution annuelle de ces revenus apparaît dans la figure suivante.En rouge, le total annuel de mes revenus d'homme de lettres est rapporté à l'année 2008 (100%), qui représente un minimum (l'année 2009 sera meilleure), en prenant les chiffres nominaux. En vert, les totaux annuels ont été ajustés en fonction de l'inflation par rapport à 2009. Cela permet d'observer qu'en 2004, quand j'ai terminé mon doctorat et commencé à enseigner comme chargé de cours à l'Université d'Ottawa, mes revenus ont décroché par rapport même aux creux antérieurs. En fait, si je distingue mes revenus de traduction et mes droits d'écrivain, la figure suivante révèle que ce sont surtout mes revenus de traduction qui ont baissé depuis 2004 puisque je ne recherche plus de contrats dans ce domaine.La figure ci-dessus montre bien que les revenus d'écriture ont été beaucoup plus constants au fil des ans que les revenus de traduction. Néanmoins, ce diagramme est un peu trompeur parce que les revenus en question sont normalisés sur des bases différentes. Comme mes revenus de traduction en 2008 ont été minimes, les revenus de traduction en 2002 paraissent particulièrement élevés. Pour avoir une meilleure idée des contributions respectives de l'écriture et de la traduction à ce revenu d'appoint, il vaut mieux comparer la part annuelle de ces revenus par rapport au total. C'est ce qu'on voit dans la figure ci-dessous. On voit clairement que, sauf en 2002, les traductions ont toujours constitué un apport secondaire. Un petit tableau résume bien ma carrière jusqu'ici.La partie supérieure du tableau recense les six sources de revenu qui, additionnées, représentent 51,7% de mes revenus de carrière (en chiffres ajustés pour l'inflation). Numériquement, je ne peux nier que j'ai d'abord été un auteur jeunesse — encore que deux romans et trois nouvelles au Fleuve Noir pèsent plus qu'un cinquième des 22 romans sous mon nom et trois romans de Laurent McAllister aux Éditions Médiaspaul... Il est également intéressant de noter que même si j'ai récolté quelques dollars de la revue Solaris chaque année (sauf une) depuis 1994, le total reste inférieur à ma poignée de publications dans la revue Les Débrouillards.

La partie inférieure du tableau distingue mes droits d'auteurs de mes revenus de traduction, ce qui permet de constater qu'une partie de mes revenus ont une autre source, pour l'essentiel des cachets de présence comme auteur dans les écoles ou ailleurs.

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2009-10-08

 

À la découverte de l'espace, hier et demain

Centauri Dreams, le blogue de réflexion sur le futur de l'humanité au-delà de l'orbite terrestre (puisque la station spatiale fait de l'humanité un ensemble qui n'est plus contenu par l'atmosphère de la planète), inclut un billet sur l'ouvrage Mysteries and Discoveries of Archaeoastronomy (2005) par Giulio Magli. Dans celui-ci, Magli cite le roman Stalker (Pique-nique au bord du chemin) des frères Strougatski afin d'aborder le problème de comprendre les vestiges des civilisations antérieures sur Terre, aussi énigmatiques parfois qu'un message d'origine extraterrestre.

De fait, l'exploration de l'espace et la découverte de ce qui s'y trouve sont des sujets qui interpellent autant les professionnels que les amateurs, les scientifiques que les auteurs de science-fiction... Au Canada, l'histoire de la Société royale d'astronomie du Canada a fait l'objet d'un volume désormais disponible en-ligne, Looking Up: A History of the Royal Astronomical Society of Canada. Les rapports entre toutes les personnes intéressées sont facilités de nos jours par l'existence de la Toile, de sorte qu'on peut visionner aujourd'hui les photos obtenues sur la Lune il y a trente-six ans par Lunokhod 2... Inversement, on peut aussi rendre hommage à la série de vulgarisation Cosmos conçue et présentée par Carl Sagan, comme dans cette vidéo. Il faut quelques instants pour se laisser gagner par ce remix qui sera surtout apprécié par ceux qui ont regardé Cosmos, mais comment ne pas être ému par Sagan qui, par-delà la tombe, nous rappelle que nous avons la chance de vivre durant la première ère de l'histoire à voir des humains et leurs machines visiter d'autres mondes? De mon vivant, j'ai assisté au premier atterrissage sur Mars ainsi qu'aux premières visites de Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Sans compter quelques astéroïdes ou l'impact de sondes spatiales à la surface lunaire qui aura lieu demain matin, en direct sur nos écrans.

Demain aussi, Guy Laliberté tentera un autre mariage des cieux et de la terre, en présidant à l'événement One Drop sur le thème de l'eau dont nous avons besoin pour vivre et de son avenir...

Pendant ce temps, l'avenir du programme spatial civil aux États-Unis fait l'objet d'un nouvel ouvrage, America's Future in Space: Aligning the Civil Space Program with National Needs, que l'on peut télécharger gratuitement, tout comme cet ouvrage de l'an dernier sur le plus grand défi à relever pour relancer l'exploration humaine du système solaire, Managing Space Radiation Risk in the New Era of Space Exploration. L'exploration de l'espace ne fait que commencer...

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2009-10-07

 

La sociologie du blocage

Aujourd'hui, Le Monde consacrait plusieurs pages au nouvel ouvrage du sociologue Éric Maurin, La Peur du déclassement, une sociologie des récessions (Le Seuil-La République des idées). Depuis quarante ans, selon Maurin, la France d'en-haut a fait le choix de défendre toujours plus ceux qui étaient déjà protégés : fonctionnaires, salariés et syndiqués, au détriment des électrons libres du système — jeunes, travailleurs autonomes, minorités — qui héritaient surtout de la précarité. Plus le fossé s'approfondit, plus il devient redoutable de sortir du cercle magique des emplois protégés et plus la peur d'un tel déclassement s'aiguise. Le diagnostic est dur :

« La société française a peur et cette anxiété induit des stratégies individuelles et des politiques publiques qui, en fin de compte, alimentent et entretiennent la peur. »

Autrement dit, la peur du déclassement rend le déclassement lui-même (consécutif à la perte d'un emploi, etc.) plus terrible. Au terme de l'entretien que publie Le Monde, Maurin se prononce en faveur d'un modèle économique plus flexible : « il me semble qu'une société où ce qui s'acquiert et ce qui se perd seraient moins irréversibles, moins définitifs, pourrait constituer un progrès. » Dans un entretien avec Louis Chauvel, l'auteur de l'ouvrage Les Classes moyennes à la dérive, celui-ci se montre plus incisif. Il distingue d'abord le déclassement intergénérationnel, quand les enfants font moins bien que les parents; le déclassement intragénérationnel, quand les travailleurs doivent accepter un nouvel emploi moins bien rémunéré ou considéré; et le déclassement scolaire, quand le diplôme ne donne plus accès à un emploi aussi intéressant qu'auparavant. Si Maurin considère que le diplôme reste plus que jamais la clé de l'accès à l'emploi, au vu du taux de chômage des sans-diplômes, Chauvel souligne que la valeur nominale d'un diplôme a décliné : il faut étudier plus longtemps pour en retirer les mêmes bénéfices qu'avant. Il suggère même qu'il y a eu une sur-production de diplômes par rapport aux emplois correspondants, contrairement à des pays nordiques où l'adéquation du nombre de diplômés au nombre d'emplois correspondants est plus serrée.

Mais la regard que Chauvel pose sur le modèle français ne diffère guère du verdict de Maurin :

« En France, on a fait tout le contraire. Les entreprises en difficulté ne recrutent plus et laissent vieillir leurs travailleurs jusqu'à l'âge de la préretraite. Les entreprises dynamiques essaient d'embaucher le moins possible en augmentant de plus en plus la productivité de leurs travailleurs en place.

« Et en France, changer d'emploi, c'est le risque permanent de perdre tout un ensemble de droits fondés sur l'ancienneté dans l'entreprise. Le résultat est qu'on travaille avec de moins en moins de gens, de plus en plus épuisés et stressés, jusqu'à la veille du départ à la retraite. Ce n'est pas un modèle stable de développement. »

À lire ces différents constats, je trouve que ce que j'écrivais en 2005 (!) sur le modèle social français reste assez d'actualité. Chauvel conclut son entretien sur une réflexion au sujet du futur :

« Nous devrions nous poser la question de quel modèle social nous voulons pour 2025, mais la vraie question des politiques aujourd'hui, c'est : "Comment préparer 2012 ?" Cette inconséquence, nous la paierons très cher en 2025 et avant. »

Pour Chauvel, cette réflexion sur le futur des modèles sociaux a lieu aujourd'hui en Chine, aux États-Unis et dans les pays scandinaves. Mais si la France refuse d'y songer, elle n'est pas seule. On ne peut pas dire que le Canada de Harper s'intéresse beaucoup aux évolutions futures de la société canadienne... sauf dans la mesure où on peut postuler qu'un modèle de société ouverte et libre arrivera toujours à évoluer et à s'adapter.

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2009-10-06

 

La lumière quadrillée

Aujourd'hui, le Nobel de la physique a surpris,
autant les rêveurs de paradoxes mythiques
extraits de la rude mécanique quantique
que le Canadien qui remporte le prix.

Pour ce choix, saluons l'audace du jury
qui reconnaît le génie de l'idée pratique
à la source des nouveaux instruments optiques
que nous aimons plus qu'une belle théorie,

car la vie d'aujourd'hui, sans tous nos DCC,
tel un jardin vu par une vitre encrassée,
s'estomperait, sale et brouillée dès qu'aperçue,

et nous priverait des astres du firmament,
pâlis ou effacés, noircissant le tissu
de la nuit et rétablissant l'ampleur du temps

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2009-10-05

 

Les maux fiscaux du Québec... et d'ailleurs

Au Québec, un certain discours de droite ne se lasse jamais de souligner que près de 40% des Québécois ne paient pas d'impôts. Dans cet article, Stéphane Paquet de La Presse donne l'heure juste en date de 2006, selon le rapport du ministère des Finances sur les Statistiques fiscales des particuliers (.PDF) : 36,9% des contribuables québécois n'avaient pas versé d'impôts pour la dernière année disponible.

Cela n'empêche pas de continuer à lire des déclarations de cette eau : « Le Québec était en 2001, et est probablement toujours, la province comptant la plus importante proportion de contribuables ne payant pas d'impôt. Sur le plan politique, comme on l'a déjà mentionné à maintes reprises, il est évident que pour près de la moitié des électeurs québécois, une baisse d'impôt n'a donc pas grand intérêt – ils n'en profiteront pas. Au contraire, ils pourraient conclure qu'ils bénéficieront de moins de transferts fiscaux et de services « gratuits » si les revenus du gouvernement se mettent à diminuer (semble-t-il que les lois de la physique le permettent, mais on n'a jamais observé le phénomène). »

Cet alarmisme m'est revenu à l'esprit en lisant qu'aux États-Unis, capitale de la libre-entreprise et de l'équité fiscale selon ces mêmes personnages, ce sont 47% des ménages qui n'ont pas d'impôts à payer... Toutefois, ce chiffre semble inexact et décrire uniquement les foyers qui n'ont rien à payer ou reçoivent un remboursement pour des impôts versés sous la forme de retenues à la source. Le véritable chiffre semble être de 32%, selon ce tableau. Ce qui semble suffisamment proche des 36,9% au Québec pour se demander s'il y a vraiment de quoi paniquer...

Le plus intéressant, peut-être, dans ce relevé du Tax Policy Center, c'est qu'on observe que seulement 55 292 sur 16 098 013 déclarations par des contribuables étatsuniens avouant un revenu annuel supérieur à 100 000$ n'incluaient pas un versement d'impôts, pour quelque raison que ce soit. Cela correspond à 0,34% des déclarations (au plus, 0,44% en définissant le revenu autrement). Au Québec, ce sont 0,8% des contribuables déclarant des revenus annuels supérieurs à 100 000$ qui ne paient pas d'impôts, soit deux fois plus qu'aux États-Unis... De quoi donc se plaignent les Guy Laliberté du Québec?

Selon le rapport pour 2006, les proportions des contribuables ne payant pas d'impôts sont les suivantes pour les tranches de revenus indiquées :

Moins de 10 000 $ — 96,7%
10 000 - 19 999 $ — 63,0%
20 000 - 29 999 $ — 12,3%
30 000 - 49 999 $ — 2,1%
50 000 - 99 999 $ — 0,6%
Plus de 100 000 $ — 0,8%

En termes plus populistes, on pourrait en conclure que 5600 contribuables québécois ayant gagné entre 50 000 et 99 999$ n'ont rien versé au fisc, ainsi que 1500 Québécois ayant gagné plus de 100 000$ en 2006... Comme il est possible de calculer que l'impôt à payer net par contribuable était en moyenne de 8 240,00$ par contribuable dans le premier cas et de 66 100,00 $ dans le second cas, il est relativement facile de calculer que ces contribuables ont privé le Trésor public d'environ 145 millions de dollars.

Inversement, une simple règle de trois suggère que si tous les contribuables des deux tranches inférieures avaient payé des impôts à la hauteur de leurs semblables, le Trésor aurait récolté 460 millions de dollars en plus — mais le calcul est compliqué par les crédits d'impôt remboursables. On remarquera néanmoins que cette somme serait provenue de plus d'un million de contribuables, contre le tiers de cette somme qui aurait pu provenir d'à peine 7000 personnes dans les tranches supérieures. Ce qui suffit sans doute à savoir tout ce qu'il faut savoir sur les inégalités de revenus au Québec...

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2009-10-04

 

Une nouvelle en galicien

Ma nouvelle « Des anges sont tombés » est maintenant disponible en galicien, grâce au travail de traduction de Fran Morell, l'éditeur du webzine galicien Nova Fantasia (que j'ai déjà eu l'occasion de mentionner). La Galice, comme la Catalogne, est une région de l'Espagne dotée d'une culture propre et d'une langue latine propre. La langue en question, le galicien (galego en galicien, gallego en castillan), est proche du portugais, mais la culture galicienne se cherche des racines celtiques, particulièrement visibles dans la musique locale (ce dont témoigne le groupe galicien Milladoiro dont j'ai acquis une cassette dans mes voyages). En 1990, j'avais traversé rapidement la Galice, couchant dans la gare de Vigo, débarquant à Ourense (pour manger?) et visitant Saint-Jacques-de-Compostelle, dont l'entrée de la cathédrale s'orne du pilier roman ci-dessous.Il s'agit sans aucun doute de ma nouvelle qui a le plus voyagé. Elle avait déjà été traduite en anglais, roumain (sans ma permission à l'origine), italien, portugais et russe. Elle a aussi été publiée six fois en français, en incluant sa première parution dans la revue franco-ontarienne Liaison en 1996. Dans plusieurs cas (si j'excepte les procédés roumains), ce fut le résultat de rencontres personnelles ou de mon propre travail. Dans le cas de cette publication galicienne, toutefois, je m'en voudrais de ne pas mentionner l'aide apportée par la Foreign Market List de Douglas Smith, dont les habitués contribuent à tisser des liens entre les amateurs de science-fiction partout sur la planète.

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2009-10-03

 

Vingt-cinq ans de carrière

En octobre 1984 (si je me fie à la date officielle du numéro), je publiais ma première nouvelle (« Œuvre de paix ») dans une revue littéraire plus ou moins professionnelle, imagine... 24. Raymond Dupuis, un artiste d'origine autochtone, avait signé l'illustration que je reproduis ci-dessous. Cela fait donc vingt-cinq ans...Le titre renvoyait peut-être un peu à la célèbre observation que Tacite met dans la bouche d'un ennemi des Romains : « Ni l'Orient ni l'Occident ne les ont rassasiés ; seuls, de tous les mortels, ils poursuivent d'une égale ardeur et les richesses et la misère : enlever, égorger, piller, c'est, dans leur faux langage, gouverner ; et, où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont donné la paix. » Toutefois, l'intrigue de mon texte suggérait surtout (comme Tacite lui-même) que la paix (romaine...) s'achète parfois au prix de la violence, d'où l'ironie du titre. Une nouvelle cynique? La réaction de Claude Janelle dans L'Année de la Science-Fiction et du Fantastique québécois a été révélatrice :

« Plus jeune, Jean-Louis Trudel représente déjà la deuxième génération d'écrivains de la SFQ qui pointe. C'est un enfant de Reagan. »

« L'idéologie véhiculée par le texte de Trudel fait peur. Elle laisse sous-entendre que la fin justifie les moyens. Oui, Trudel reflète bien le climat réactionnaire de l'époque actuelle. Ça me rappelle les intentions du politicien qui disait : « On veut votre bien... et on va l'avoir.» ».

En fait, la critique de la science-fiction dans tout le monde francophone a longtemps été boiteuse et insuffisante, et souvent dominée depuis les années soixante-dix par des jugements hâtifs et des verdicts idéologiques à l'emporte-pièce. Claude Janelle ne détonnait donc pas en ignorant la distinction entre un texte qui pose la question de savoir si la fin justifie les moyens (« The Ones Who Walk Away from Omelas ») et un texte qui donne la réponse. Si je reflétais le contexte des années quatre-vingt, c'était en trouvant insupportable la division du monde en deux ou trois camps hostiles et surarmés. Le texte posait la question de savoir si, à la lumière des conséquences d'une guerre nucléaire, on pouvait justifier un droit à la dissidence et à la sécession. Cela dit, l'écriture du texte n'était certainement pas à la hauteur de sa problématique...

Je regrette un peu de n'avoir rien écrit depuis qui ait pareillement indigné les critiques. Mais c'est aussi toute la SFCF qui a renoncé à une certaine audace (je ne compte pas comme de l'audace les textes qui versent dans la provocation par la vulgarité, la violence, le sexe, l'invective ou l'horreur — à quelques exceptions près comme « Vieilles peaux » de Claude Bolduc, qui s'en prenait à un tabou majeur de nos sociétés jeunistes). À la même époque, Joël Champetier signait des nouvelles qui, souvent, n'ont pas pris une ride, comme « Salut Gilles ! » et « Karyotype 47, XX, +21 ». Dix ans plus tard, Jean Dion signait « Base de négociation ». Mais depuis?

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2009-10-02

 

La science-fiction, littérature néoténique

C'est hier, je crois, qu'une émission à la radio rappelait comment les êtres humains sont des chimpanzés néoténiques à certains égards, car ils conservent toute leur vie (ou, du moins, beaucoup plus longtemps) des traits propres aux chimpanzés juvéniles. Certains de ces traits sont physiologiques, mais d'autres traits sont psychologiques, dont la curiosité et le sens du jeu. De ce point, la science-fiction, à laquelle on reproche parfois de manquer d'humanité, serait la littérature la plus authentiquement humaine. La curiosité et le sens du jeu sont les moteurs de la science-fiction, que ce soit dans sa version populaire axée sur l'action à outrance et le sense of wonder ou dans sa version plus savante, qui descend du conte philosophique des Lumières.

Je résiste mal à la tentation de qualifier de reptilienne la littérature générale, souvent fondée sur des étalages d'affres sexuelles, d'aspirations hiérarchiques et d'avantages socio-économiques qui rappellent beaucoup plus ce qui fait le quotidien des bandes de primates que ce qui fait de nous des Homo sapiens sapiens. Ce serait un nouveau slogan potentiel : lisez de la science-fiction, au nom de l'humanité!

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2009-10-01

 

Expliquer les étudiants par ce qu'ils prennent...

Les étudiants consomment-ils plus de drogues qu'autrefois? En ce qui concerne les drogues censées améliorer l'apprentissage ou la performance sur les examens, ce n'est pas sûr. Comme le rappelle un article récent dans Scientific American, l'usage d'amphétamines était parfaitement licite aux États-Unis jusqu'à la fin des années soixante. De nos jours, l'emploi de calmants ou de drogues thérapeutiques par les étudiants est parfois couvert par les médecins qui fournissent des prescriptions plus ou moins complaisantes. Mais l'emploi illicite de drogues est sûrement non moins important.

Du point de vue des étudiants, c'est le résultat qui compte. Mais de quel résultat parle-t-on? L'article souligne que, dès les années quarante, des études britanniques et étatsuniennes avaient révélé que les consommateurs d'amphétamines étaient convaincus d'avoir très bien fait sur des tests qui mesuraient la rapidité de lecture, la multiplication de nombres et d'autres performances. Dans les faits, pourtant, les résultats des tests n'étaient pas meilleurs que s'ils avaient tout simplement consommé du café. Parce que les amphétamines sont des stimulants avec des effets euphorisants, les consommateurs étaient forcément plus heureux et plus aptes donc à se persuader qu'ils avaient réussi.

Du coup, quand des étudiants viennent me voir après un examen et qu'ils s'étonnent de leurs piètres résultats parce qu'ils avaient l'impression d'avoir si bien fait, il faudrait peut-être que je leur demande ce qu'ils avaient pris...

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