2008-08-13
Communiquer la science (1)
Une baladodiffusion du Gardian soulève le sujet des rapports tendus entre la science et les médias, du moins en Grande-Bretagne. C'est d'ailleurs un auteur britannique, C. P. Snow, qui avait formulé la thèse de l'existence de deux cultures dont l'une ignorait superbement l'autre... C'est peut-être parce que la science britannique est restée le fait d'amateurs jusqu'à la seconde moitié du dix-neuvième siècle — que l'on songe à Darwin ou à l'observateur des nébuleuses, William Parsons — que l'on se préoccupe plus rapidement en Grande-Bretagne qu'ailleurs des défaillances de la vulgarisation.
Le professeur Steve Miller (de l'University College à Londres) est un des auteurs d'une étude (.PDF) publiée par Science le 11 juillet sur les rapports entre scientifiques et journalistes. L'équipe responsable s'est concentrée sur un seul domaine, celui de l'épidémiologie et des cellules souches, mais elle a sondé de nombreux scientifiques (40% avaient eu des contacts antérieurs avec les médias) et dépouillé l'essentiel des publications pertinentes. Étonnamment, peut-être, plus de la moitié des scientifiques qui avaient eu des contacts avec les médias s'avouaient satisfaits.
Pour ce qui est des mauvais exemples de traitements de la science par les médias, Miller cite la controverse créée par le Daily Mail autour de certaines vaccins en Grande-Bretagne. En revanche, les médias britanniques auraient bien couvert l'observation des fluctuations du rayonnement fossile, à l'exception du Daily Express qui aurait fait remonter le Big Bang à seulement trois cent mille ans dans le passé...
Miller signale un autre cas de couverture médiatique déficiente qu'il a connu personnellement, en tant que chercheur : un grand reportage de la BBC sur la science des planètes avait surtout fait appel à des chercheurs et scientifiques des États-Unis, en ignorant presque complètement le milieu des chercheurs britanniques. Les savants britanniques avaient été obligés de se plaindre pour obtenir de la BBC la promesse d'accorder plus d'attention aux chercheurs de la Grande-Bretagne à l'avenir.
Dans le cadre de l'étude, les chercheurs dans le champ des cellules souches rapportaient des expériences médiatiques moins positives que celles des épidémiologistes. Les chiffres n'étaient pourtant pas si différents, ce qui suggère qu'un domaine aussi controversé que celui des cellules souches ne suscite pas nécessairement le sensationnalisme que l'on redoute parfois. Clairement, les paniques en santé publique laissent des traces...
Miller conclut en réfléchissant sur l'évolution des rapports entre les scientifiques et les médias. Il cite des personnages du milieu du siècle dernier, comme Oppenheimer, Hoyle et Bernal, qui se souciaient déjà de communiquer la science en Grande-Bretagne. Le respect acquis après la Seconde Guerre mondiale et les espoirs futuristes suscités par les progrès techniques étaient indéniables. De nos jours, cependant, l'ambivalence (ainsi qu'un certain désintérêt) a succédé à l'enthousiasme d'alors. Les gens se soucient moins des sciences que de leurs applications (en médecine, tout particulièrement) et l'optimisme béat a fait place au scepticisme. Les débats portent souvent sur des choix.
Si les scientifiques sont en faveur de communiquer avec les médias, c'est parce qu'ils pensent, ou espèrent, que si la science obtient plus de visibilité, elle jouira d'une meilleure image de marque. Ce qui n'est pas toujours vrai, comme le suggèrent certaines études. Mais Miller souligne que la formation des chercheurs ne les prépare pas, ou très mal, pour ce qui est de communiquer avec les médias...
Le professeur Steve Miller (de l'University College à Londres) est un des auteurs d'une étude (.PDF) publiée par Science le 11 juillet sur les rapports entre scientifiques et journalistes. L'équipe responsable s'est concentrée sur un seul domaine, celui de l'épidémiologie et des cellules souches, mais elle a sondé de nombreux scientifiques (40% avaient eu des contacts antérieurs avec les médias) et dépouillé l'essentiel des publications pertinentes. Étonnamment, peut-être, plus de la moitié des scientifiques qui avaient eu des contacts avec les médias s'avouaient satisfaits.
Pour ce qui est des mauvais exemples de traitements de la science par les médias, Miller cite la controverse créée par le Daily Mail autour de certaines vaccins en Grande-Bretagne. En revanche, les médias britanniques auraient bien couvert l'observation des fluctuations du rayonnement fossile, à l'exception du Daily Express qui aurait fait remonter le Big Bang à seulement trois cent mille ans dans le passé...
Miller signale un autre cas de couverture médiatique déficiente qu'il a connu personnellement, en tant que chercheur : un grand reportage de la BBC sur la science des planètes avait surtout fait appel à des chercheurs et scientifiques des États-Unis, en ignorant presque complètement le milieu des chercheurs britanniques. Les savants britanniques avaient été obligés de se plaindre pour obtenir de la BBC la promesse d'accorder plus d'attention aux chercheurs de la Grande-Bretagne à l'avenir.
Dans le cadre de l'étude, les chercheurs dans le champ des cellules souches rapportaient des expériences médiatiques moins positives que celles des épidémiologistes. Les chiffres n'étaient pourtant pas si différents, ce qui suggère qu'un domaine aussi controversé que celui des cellules souches ne suscite pas nécessairement le sensationnalisme que l'on redoute parfois. Clairement, les paniques en santé publique laissent des traces...
Miller conclut en réfléchissant sur l'évolution des rapports entre les scientifiques et les médias. Il cite des personnages du milieu du siècle dernier, comme Oppenheimer, Hoyle et Bernal, qui se souciaient déjà de communiquer la science en Grande-Bretagne. Le respect acquis après la Seconde Guerre mondiale et les espoirs futuristes suscités par les progrès techniques étaient indéniables. De nos jours, cependant, l'ambivalence (ainsi qu'un certain désintérêt) a succédé à l'enthousiasme d'alors. Les gens se soucient moins des sciences que de leurs applications (en médecine, tout particulièrement) et l'optimisme béat a fait place au scepticisme. Les débats portent souvent sur des choix.
Si les scientifiques sont en faveur de communiquer avec les médias, c'est parce qu'ils pensent, ou espèrent, que si la science obtient plus de visibilité, elle jouira d'une meilleure image de marque. Ce qui n'est pas toujours vrai, comme le suggèrent certaines études. Mais Miller souligne que la formation des chercheurs ne les prépare pas, ou très mal, pour ce qui est de communiquer avec les médias...
Libellés : Sciences, Vulgarisation