2006-07-23

 

La pensée, souveraine dans l'abdication

La pensée est un sujet qui va m'intéresser ces prochains jours, petit contrat de recherche oblige. Comme sujet de vulgarisation, la pensée n'est pas un choix évident. Il est facile d'énoncer certaines questions. Que savons-nous de la pensée? Que pouvons-nous dire de la pensée? Que pouvons-nous montrer de la pensée?

La pensée est certes le sujet d'études de plusieurs spécialités, mais ce sont sans doute les occasions qui voient la pensée transcender les catégories qui sont les plus intéressantes. Quand la pensée, soudain, est à l'œuvre dans un phénomène physiologique, et vice-versa. Quand la pensée affirme son pouvoir en s'effaçant partiellement au profit d'une autre volonté. Quand la pensée informe la matière en se faisant créatrice.

L'effet placebo illumine l'existence de rapports concrets entre la pensée — entre ce que l'esprit croit savoir d'une situation — et le corps. Personnellement, je suis tenté de voir dans l'effet placebo un des résultats de notre évolution comme être social : quand l'être humain a l'impression d'être soigné et d'être bien entouré par les siens, bref, d'avoir une valeur dans son contexte social, le corps réagit mieux à la maladie. Celui qui souffre seul risque de mourir seul. On peut comprendre dès lors que l'évolution aurait privilégié la capacité de guérison des personnes qui ont une valeur pour le groupe...

L'hypnose est une démonstration paradoxale du pouvoir de la pensée. Enfin, peut-être. L'hypnose fonctionne-t-elle en raison d'une défaillance qui rend certains cerveaux plus faciles à suggestionner que d'autres? Ne reste-t-il pas un rôle pour la pensée, qui n'est jamais plus souveraine que dans sa capacité d'abdication? Dans la mesure où l'hypnose exige une réceptivité supérieure, l'esprit du sujet hypnotisé serait supérieurement attentif aux directions qu'il reçoit. Les spécialistes parlent dans certains cas de la focalisation qui se met en place. Il faudrait donc déployer toutes les ressources de la pensée humaine pour permettre l'hypnose.

On peut aussi boucler la boucle en allant de la pensée à l'outil façonné par la main, mais nécessairement vu d'abord (pré-vu) par l'esprit. En particulier quand l'outil en question doit permettre de reproduire le fonctionnement du cerveau humain. Le développement des réseaux de neurones s'appuie maintenant sur des décennies de tentatives et de tâtonnements, marquées à l'occasion par des « mythes monitoires » (cautionary tales), dont l'histoire des blindés de l'armée étatsunienne... On peut même se procurer un petit graticiel permettant de jouer avec un cerveau en boîte...

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