2010-01-27
Tous au Carnaval Boréal!
Le Carnaval Boréal 2010 aura lieu le samedi 30 janvier, dans quelques jours à peine. J'en profite donc pour le signaler à tous.
De quoi s'agit-il? C'est une tentative de reproduire virtuellement un congrès de SF typique, en faisant intervenir les participants uniquement dans le cyberespace. Des galeries réunies par des artistes peuvent se visiter et les discussions auront lieu sous la forme d'enfilades de commentaires ajoutés au site.
L'horaire préliminaire est en-ligne et fournira à tous les amateurs sevrés de discussions sur ces thèmes l'occasion de s'en donner à cœur joie. Même si mon nom n'apparaît pas au programme pour l'instant, je compte bien en être, si mon ordi tient jusque là et si ma connexion ne me fait pas défaut.
Les avantages sont nombreux. La participation est absolument gratuite pour les abonnés à la Toile : il n'y a pas de frais d'inscription, de voyage, de repas ou de séjour. Et ce sera le premier rassemblement SF d'ici auquel on pourra assister en pyjama — ou de partout sur la planète sans avoir à se déplacer...
De quoi s'agit-il? C'est une tentative de reproduire virtuellement un congrès de SF typique, en faisant intervenir les participants uniquement dans le cyberespace. Des galeries réunies par des artistes peuvent se visiter et les discussions auront lieu sous la forme d'enfilades de commentaires ajoutés au site.
L'horaire préliminaire est en-ligne et fournira à tous les amateurs sevrés de discussions sur ces thèmes l'occasion de s'en donner à cœur joie. Même si mon nom n'apparaît pas au programme pour l'instant, je compte bien en être, si mon ordi tient jusque là et si ma connexion ne me fait pas défaut.
Les avantages sont nombreux. La participation est absolument gratuite pour les abonnés à la Toile : il n'y a pas de frais d'inscription, de voyage, de repas ou de séjour. Et ce sera le premier rassemblement SF d'ici auquel on pourra assister en pyjama — ou de partout sur la planète sans avoir à se déplacer...
Libellés : Congrès, Fantastique, Fantasy, Science-fiction
2010-01-26
Dernier métro pour Oméga Centauri
L'art de la mnémotechnique est encore balbutiant et il se prête donc à de nombreuses expériences...
En fait, Samuel Arbesman n'a pas exactement essayé de produire à des fins pédagogiques cette carte schématique de la Galaxie sous la forme d'un plan de métro galactique. Il s'agissait plutôt d'une manière de domestiquer l'immensité de la Voie lactée. Il l'explique ainsi : « This map is an attempt to approach our galaxy with a bit more familiarity than usual and get people thinking about long-term possibilities in outer space. » Néanmoins, pour les profanes qui prennent plus souvent le métro que les portails transdimensionnels, une telle carte pourrait très bien faciliter la mémorisation des principaux traits de la Galaxie.
Sauf que le résultat présente l'inconvénient de se baser sur les cartes traditionnelles de la Galaxie, et non sur les tentatives plus récentes de cartographier la Galaxie...
Quant à Arbesman, il avoue avoir été inspiré par le roman Contact de Carl Sagan — là où un francophone aurait sans doute reconnu une dette envers Métro Châtelet, direction Cassiopée ou Brooklyn Stations terminus Cosmos... Comme quoi la science-fiction demeure une influence souvent minorée, mais souvent présente.
En fait, Samuel Arbesman n'a pas exactement essayé de produire à des fins pédagogiques cette carte schématique de la Galaxie sous la forme d'un plan de métro galactique. Il s'agissait plutôt d'une manière de domestiquer l'immensité de la Voie lactée. Il l'explique ainsi : « This map is an attempt to approach our galaxy with a bit more familiarity than usual and get people thinking about long-term possibilities in outer space. » Néanmoins, pour les profanes qui prennent plus souvent le métro que les portails transdimensionnels, une telle carte pourrait très bien faciliter la mémorisation des principaux traits de la Galaxie.
Sauf que le résultat présente l'inconvénient de se baser sur les cartes traditionnelles de la Galaxie, et non sur les tentatives plus récentes de cartographier la Galaxie...
Quant à Arbesman, il avoue avoir été inspiré par le roman Contact de Carl Sagan — là où un francophone aurait sans doute reconnu une dette envers Métro Châtelet, direction Cassiopée ou Brooklyn Stations terminus Cosmos... Comme quoi la science-fiction demeure une influence souvent minorée, mais souvent présente.
Libellés : Astronomie
2010-01-25
Suite de la chronique nécrologique
Deux décès viennent d'être annoncés. Et ce n'est pas le plus proche géographiquement qui me touche le plus.
D'une part, c'est Françoise Lepage qui est décédée samedi soir à Ottawa. Épouse d'Yvan Lepage, ancien professeur de Lettres françaises à l'Université d'Ottawa, c'était également une autrice respectée, qui avait signé des romans pour jeunes et une Histoire de la littérature pour la jeunesse (Québec et francophonies du Canada). Depuis 2000, elle dirigeait aussi la collection « Voix didactiques — Auteurs » aux Éditions David, qui avait lancé l'ouvrage de Sophie Beaulé intitulé Jean-Louis Trudel. Éditions David dont les bureaux se trouvent d'ailleurs à quelques rues de mon bureau à l'Université d'Ottawa... Et pourtant, malgré tout ce que je lui dois, malgré toute la place qu'elle occupait dans le petit monde de la littérature franco-ontarienne et de la littérature pour jeunes au Canada francophone, je ne peux pas dire que je la connaissais.
D'autre part, c'est Roger Gaillard qui est mort vendredi dernier en Suisse, à son domicile. Or, même si je ne l'ai croisé qu'une fois (peut-être deux?), en 1995, pendant la Convention nationale française qu'il avait attiré à Yverdon-les-Bains en tant que directeur de la Maison d'Ailleurs, je suis beaucoup plus attristé par sa disparition. Je garde le souvenir d'une personnalité forte, authentiquement attachée aux littératures de l'imaginaire et à leurs rapports avec le réel, et qui se moquait des frontières. Il avait aussi su faire les choses en grand pour cette Convention nationale française de la science-fiction et ce n'est pas si fréquent qu'on rende à la science-fiction, à ses amateurs et à ses créateurs les hommages qu'ils méritent. Il me semble qu'il voyait aussi grand pour la Maison d'Ailleurs dont il dirigeait les destinées, même s'il n'a pas nécessairement pu aller jusqu'au bout de ses ambitions avant de céder sa place.Mais l'existence de la Maison d'Ailleurs est en soi rassurante pour un créateur francophone : qu'il existe quelque part (forcément pas en France, voyons!) une collection vouée à la préservation de l'histoire des genres de l'imaginaire, d'envergure mondiale, c'est un signe qu'il y a peut-être là quelque chose à sauver, oui... et c'est cette brèche ouverte dans le passé de la Maison d'Ailleurs qui me rend triste aujourd'hui au même titre que la disparition prématurée d'un homme de valeur.
D'une part, c'est Françoise Lepage qui est décédée samedi soir à Ottawa. Épouse d'Yvan Lepage, ancien professeur de Lettres françaises à l'Université d'Ottawa, c'était également une autrice respectée, qui avait signé des romans pour jeunes et une Histoire de la littérature pour la jeunesse (Québec et francophonies du Canada). Depuis 2000, elle dirigeait aussi la collection « Voix didactiques — Auteurs » aux Éditions David, qui avait lancé l'ouvrage de Sophie Beaulé intitulé Jean-Louis Trudel. Éditions David dont les bureaux se trouvent d'ailleurs à quelques rues de mon bureau à l'Université d'Ottawa... Et pourtant, malgré tout ce que je lui dois, malgré toute la place qu'elle occupait dans le petit monde de la littérature franco-ontarienne et de la littérature pour jeunes au Canada francophone, je ne peux pas dire que je la connaissais.
D'autre part, c'est Roger Gaillard qui est mort vendredi dernier en Suisse, à son domicile. Or, même si je ne l'ai croisé qu'une fois (peut-être deux?), en 1995, pendant la Convention nationale française qu'il avait attiré à Yverdon-les-Bains en tant que directeur de la Maison d'Ailleurs, je suis beaucoup plus attristé par sa disparition. Je garde le souvenir d'une personnalité forte, authentiquement attachée aux littératures de l'imaginaire et à leurs rapports avec le réel, et qui se moquait des frontières. Il avait aussi su faire les choses en grand pour cette Convention nationale française de la science-fiction et ce n'est pas si fréquent qu'on rende à la science-fiction, à ses amateurs et à ses créateurs les hommages qu'ils méritent. Il me semble qu'il voyait aussi grand pour la Maison d'Ailleurs dont il dirigeait les destinées, même s'il n'a pas nécessairement pu aller jusqu'au bout de ses ambitions avant de céder sa place.Mais l'existence de la Maison d'Ailleurs est en soi rassurante pour un créateur francophone : qu'il existe quelque part (forcément pas en France, voyons!) une collection vouée à la préservation de l'histoire des genres de l'imaginaire, d'envergure mondiale, c'est un signe qu'il y a peut-être là quelque chose à sauver, oui... et c'est cette brèche ouverte dans le passé de la Maison d'Ailleurs qui me rend triste aujourd'hui au même titre que la disparition prématurée d'un homme de valeur.
Libellés : Livres, Ontario, Science-fiction
2010-01-23
Un glacier sans bouchon
Dans le numéro du 22 janvier de la revue Science, un article rapporte la découverte par un sous-marin télécommandé d'une crête rocheuse sous-marine qui aurait constitué le dernier obstacle possible pour entraver la débandade du glacier de Pine Island, une clé de voûte de l'inlandsis de l'Antarctique occidental.
La crête aurait servi autrefois de point d'ancrage à ce glacier, et surtout de bouchon, mais ce n'est plus le cas. Le petit sous-marin a observé que l'extrémité du glacier flottait au-dessus de la crête, ce qui permettait à l'océan de remonter sous le glacier pour en accélérer la fonte — et donc sa course vers la mer... Et le fond marin serait dépourvu sur 250 kilomètres dans la direction des terres émergées de tout autre accident de terrain susceptible d'arrêter le mouvement du glacier qui court à sa perte.
Selon le spécialiste Richard Alley (Pennsylvania State University), les glaciers de Pine Island et de Thwaites pourraient déterminer le sort de l'inlandsis de l'Antarctique occidentale, dont la fonte éventuelle augmenterait le niveau des océans de 3 à 7 mètres.
Les dimensions de ce glacier obscur le distinguent des glaciers de montagne qui sont familiers aux habitants des pays tempérés. Il s'étendrait sur 250 km; son extrémité forme une languette flottante de près de 50 km. Le petit sous-marin britannique a pu naviguer sous cette « languette » sur une distance de près de 510 km au fil des six expéditions qu'il a accomplies. Au-delà de la crête rocheuse en question, l'eau s'infiltre maintenant sous le glacier alors que des photos prises en 1973 suggèrent qu'à cette époque, le glacier pesait de tout son poids sur cette crête, de sorte que le reste de son étendue reposait sur une couche liquide qui n'était pas réchauffée par les courants océaniques. Un équilibre s'était sans doute constitué dans ce milieu fermé entre la fonte et le gel... Maintenant, comme partout ailleurs, la température monte et l'avenir nous dévoilera les conséquences de ce réchauffement...
La crête aurait servi autrefois de point d'ancrage à ce glacier, et surtout de bouchon, mais ce n'est plus le cas. Le petit sous-marin a observé que l'extrémité du glacier flottait au-dessus de la crête, ce qui permettait à l'océan de remonter sous le glacier pour en accélérer la fonte — et donc sa course vers la mer... Et le fond marin serait dépourvu sur 250 kilomètres dans la direction des terres émergées de tout autre accident de terrain susceptible d'arrêter le mouvement du glacier qui court à sa perte.
Selon le spécialiste Richard Alley (Pennsylvania State University), les glaciers de Pine Island et de Thwaites pourraient déterminer le sort de l'inlandsis de l'Antarctique occidentale, dont la fonte éventuelle augmenterait le niveau des océans de 3 à 7 mètres.
Les dimensions de ce glacier obscur le distinguent des glaciers de montagne qui sont familiers aux habitants des pays tempérés. Il s'étendrait sur 250 km; son extrémité forme une languette flottante de près de 50 km. Le petit sous-marin britannique a pu naviguer sous cette « languette » sur une distance de près de 510 km au fil des six expéditions qu'il a accomplies. Au-delà de la crête rocheuse en question, l'eau s'infiltre maintenant sous le glacier alors que des photos prises en 1973 suggèrent qu'à cette époque, le glacier pesait de tout son poids sur cette crête, de sorte que le reste de son étendue reposait sur une couche liquide qui n'était pas réchauffée par les courants océaniques. Un équilibre s'était sans doute constitué dans ce milieu fermé entre la fonte et le gel... Maintenant, comme partout ailleurs, la température monte et l'avenir nous dévoilera les conséquences de ce réchauffement...
Libellés : Effet de serre
2010-01-22
La libération des données
Il existe désormais de plus en plus de sites mettant à la disposition du public de nombreuses données recueillies par les gouvernements de pays industrialisés. Ceux-ci sont en partie recensés par cette page du journal The Guardian.
Parmi les plus importantes, on note :
data.gov : le site du gouvernement des États-Unis
www.data.gov.uk : le site du gouvernement de Sa Majesté, Élisabeth II, en Grande-Bretagne
data.australia.gov.au : le site du gouvernement de l'Australie
data.govt.nz : le site du gouvernement de la Nouvelle-Zélande
www.ca.gov/data/default.html : le site de l'État de la Californie
nyc.gov/html/datamine/html/home/home.shtml : le site de la ville de New York, New York
data.london.gov.uk : le site de la ville de Londres
www.toronto.ca/open : le site de la ville de Toronto
data.vancouver.ca : le site de la ville de Vancouver
Pour l'instant, ni le Canada ni la France ne semblent se joindre au mouvement. De la part de gouvernements dirigés par Harper et Sarkozy, ce n'est sans doute pas surprenant...
Parmi les plus importantes, on note :
data.gov : le site du gouvernement des États-Unis
www.data.gov.uk : le site du gouvernement de Sa Majesté, Élisabeth II, en Grande-Bretagne
data.australia.gov.au : le site du gouvernement de l'Australie
data.govt.nz : le site du gouvernement de la Nouvelle-Zélande
www.ca.gov/data/default.html : le site de l'État de la Californie
nyc.gov/html/datamine/html/home/home.shtml : le site de la ville de New York, New York
data.london.gov.uk : le site de la ville de Londres
www.toronto.ca/open : le site de la ville de Toronto
data.vancouver.ca : le site de la ville de Vancouver
Pour l'instant, ni le Canada ni la France ne semblent se joindre au mouvement. De la part de gouvernements dirigés par Harper et Sarkozy, ce n'est sans doute pas surprenant...
Libellés : Informatique
2010-01-21
Au tour des maîtres de la BD de s'en aller...
Eh oui, cette fois, c'est Jacques Martin (Alix, Lefranc, Jhen) qui décède à l'âge de 88 ans quelques jours à peine après la disparition de Gilbert Gascard alias Tibet (Ric Hochet, Chick Bill)... Autant de créateurs qui ont fait voyager mon enfance, de la Rome antique à la France contemporaine (ou pas si contemporaine, si on remonte aux premières aventures de Lefranc ou Ric Hochet). Même si j'ai beaucoup lu Alix (pour l'exotisme et la dimension historique) et Lefranc (pour une action musclée souvent proche du techno-thriller, voire de la science-fiction), ce sont certaines enquêtes de Ric Hochet qui m'ont le plus marqué.J'ai découvert Ric Hochet (tout comme Alix) dans la revue Tintin, cela je m'en souviens très clairement, et j'ai frémi en suivant les aventures palpitantes du reporter-détective d'une planche à l'autre, d'une semaine à l'autre... J'avais six ans environ, au tout début, et je me faisais aider, je m'en souviens aussi, pour comprendre ce qui se disait dans les bulles des aventures de Dani Futuro — une série de SF d'origine espagnole qui m'a initié au genre — et des autres habitués des pages de Tintin. (La couverture ci-dessous d'un numéro paru vers 1974 illustre plusieurs de ces vedettes de l'époque.)Malgré les difficultés, j'ai certainement accroché puisque deux aventures de Ric Hochet (Épitaphe pour Ric Hochet, La Piste rouge) ont clairement influencé (sans que j'en sois très conscient à l'époque) l'écriture de mon premier vrai roman, Le Ressuscité de l'Atlantide (paru en feuilleton dans imagine... en 1985-1987). En fait, j'étais plutôt conscient d'avoir été inspiré par Larry Niveau et ses « corpsicles », mais il a suffi que je relise mes vieux numéros de Tintin ou que je tombe sur les albums de Ric Hochet en bibliothèque pour comprendre où j'avais pris certaines de mes idées...
Libellés : Arts
2010-01-19
Une autre qui s'en va...
Après Lhasa de Sela et plusieurs autres pertes dans le milieu culturel québécois ces derniers mois (de Marylène Hains à Gilles Carle, sans oublier Bruno Roy), c'est une autre grande artiste qui nous quitte : Kate McGarrigle. J'ai redécouvert les sœurs McGarrigle sur le tard, en me rendant compte que je connaissais déjà certaines de leurs chansons pour les avoir entendues (à la radio ou ailleurs) quand j'étais jeune. Mais des albums comme Matapedia, pénétrés d'une poésie mêlant la détresse et la sagesse, ont achevé de me convaincre.
Capables de passer de l'anglais au français avec un talent presque égal, les sœurs McGarrigle ont eu une carrière en dents de scie parce qu'elles n'ont jamais fait de concession aux exigences de l'industrie musicale : très peu de tournées internationales et encore moins d'efforts de flatter le Landerneau médiatique. Composition, chanson et publication. Il ne leur en fallait pas plus. Et si on mesurait mal au Québec leur célébrité, le reste du monde musical ne les avait pas oubliées. À l'instar de Lhasa de Sela, c'était une voix singulière qui s'était fait entendre et qui s'était gagné des cœurs et des fidèles. D'ailleurs, je me demande même si je n'ai pas redécouvert les sœurs McGarrigle grâce à un coloc torontois qui appréciait leur musique...
Capables de passer de l'anglais au français avec un talent presque égal, les sœurs McGarrigle ont eu une carrière en dents de scie parce qu'elles n'ont jamais fait de concession aux exigences de l'industrie musicale : très peu de tournées internationales et encore moins d'efforts de flatter le Landerneau médiatique. Composition, chanson et publication. Il ne leur en fallait pas plus. Et si on mesurait mal au Québec leur célébrité, le reste du monde musical ne les avait pas oubliées. À l'instar de Lhasa de Sela, c'était une voix singulière qui s'était fait entendre et qui s'était gagné des cœurs et des fidèles. D'ailleurs, je me demande même si je n'ai pas redécouvert les sœurs McGarrigle grâce à un coloc torontois qui appréciait leur musique...
Libellés : Arts
2010-01-18
Les marges du monde
La tragédie haïtienne est effroyable, mais elle a aussi valeur d'avertissement pour le reste du monde, et sur plusieurs plans. Ainsi, plusieurs personnes ont comparé la destruction causée par les séismes aux effets d'un bombardement, nucléaire ou non. Or, certains des pays les plus riches du monde peinent à fournir suffisamment d'aide d'urgence pour venir au secours des survivants dans le sud d'Haïti. On peut se demander ce qui se passerait si une guerre nucléaire « limitée » faisait subir un sort semblable à certaines des grandes villes du Moyen-Orient, ou de l'Inde et du Pakistan... Sans même envisager la possibilité d'un climat mondial perturbé, le nombre de victimes serait certainement supérieur et le nombre de personnes démunies qui auraient besoin d'une aide immédiate le serait aussi. Mais le reste du monde aurait-il les moyens de leur venir en aide, alors que les infrastructures seraient dévastées, tandis que la croissance de la population et les irrégularités du climat ont réduit les réserves récentes de calories d'origine céréalière à des niveaux que l'on n'avait pas vus depuis le milieu des années soixante-dix? Serait-ce possible si la tragédie haïtienne était multipliée par cinq ou dix?
D'ailleurs, tant que la population continuera d'augmenter et de s'entasser dans des mégalopoles, le risque d'une répétition en plus gros de la catastrophe de Port-au-Prince ira en augmentant, dans toutes les parties du monde où des grandes villes sont menacées par des failles ou des tsunamis... Bref, le futur du monde ressemblera-t-il à l'état actuel d'Haïti, le fruit d'une épouvantable histoire aggravée par les tendances récentes?
Haïti est devenue un des exemples les plus dramatiques des conséquences de la consommation effrénée de ressources et de la surpopulation. (Compte tenu de la démographie actuelle d'Haïti, les naissances d'une année normale suffiraient à remplacer toutes les pertes humaines dues aux tremblements de terre de la dernière semaine, en supposant que ces pertes ne dépassent pas les 230 000 personnes.) Ces deux tendances ont pour résultat un pays fragilisé, qui vit en temps normal sur ses marges de crédit, financières et matérielles.
Et si le futur, c'est aussi le rationnement énergétique, la croissance (ou non) de la population deviendra encore plus cruciale pour déterminer la prospérité des citoyens de l'avenir. Dans un billet antérieur, j'avais voulu donner une petite idée de l'état du monde si on réduisait la consommation énergétique des pays les plus riches aux niveaux préconisés par les scientifiques — ou les consensus politiques. En apparence, le résultat n'était pas aussi déprimant que certains voulaient le faire croire.
Toutefois, j'avais remis à plus tard un calcul supplémentaire, celui du niveau de consommation énergétique si on réduisait non pas la consommation par habitant de 50% d'ici 2050 mais la consommation globale (telle que mesurée sous la forme des rejets de gaz carbonique par habitant attribuables aux combustibles fossiles) en tenant compte de l'augmentation de la population (pour simplifier, parlons d'une augmentation de 50% de la population d'ici 2050). Du coup, une réduction globale de 50% entraînerait une réduction de 66% de la consommation moyenne par habitant par rapport aux chiffres actuels. Les pays qui se situent à 1/3 de la moyenne mondiale actuelle, ce sont Haïti, l'Afghanistan, la Bolivie, le Yémen, l'Albanie, presque tous les pays africains (à quelques exceptions près, comme l'Algérie et l'Égypte), l'Inde, le Bangladesh, le Myanmar et plusieurs autres destinations des moins attrayantes. La Colombie (ainsi que le Congo-Brazzaville, mais sans doute en raison de son industrie pétrolière) est le pays qui se rapproche le plus actuellement de cette consommation moyenne de 2050.... Ceci n'est pas une prédiction, mais un rappel du besoin de développer des sources d'énergie plus vertes.
Quant aux pays riches qui sont appelés à réduire leur consommation de 80%, leur situation est plus compliquée. Dans la plupart des cas, on ne leur prédit pas pour 2050 une augmentation de la population aussi marquée qu'ailleurs — une réduction même, souvent. Mais si leur accroissement démographique était du même ordre, il faudrait que leur consommation baisse non pas à 20% du niveau actuel, mais à 13,3%. Pour le Canada et les États-Unis, il s'agirait de tomber au niveau actuel des émissions de Cuba... Mais les projections de la population française en 2050 annoncent plutôt une augmentation de moins de 5%, ce qui exigerait grosso modo une baisse au niveau actuel des émissions de l'Indonésie.
Si le sort des pays les plus pauvres doit nous préoccuper, ce n'est pas seulement par solidarité humaine, c'est parce qu'il faudra trouver à l'avenir le moyen de vivre aussi économiquement qu'eux sans perdre tous les acquis de notre confort...
D'ailleurs, tant que la population continuera d'augmenter et de s'entasser dans des mégalopoles, le risque d'une répétition en plus gros de la catastrophe de Port-au-Prince ira en augmentant, dans toutes les parties du monde où des grandes villes sont menacées par des failles ou des tsunamis... Bref, le futur du monde ressemblera-t-il à l'état actuel d'Haïti, le fruit d'une épouvantable histoire aggravée par les tendances récentes?
Haïti est devenue un des exemples les plus dramatiques des conséquences de la consommation effrénée de ressources et de la surpopulation. (Compte tenu de la démographie actuelle d'Haïti, les naissances d'une année normale suffiraient à remplacer toutes les pertes humaines dues aux tremblements de terre de la dernière semaine, en supposant que ces pertes ne dépassent pas les 230 000 personnes.) Ces deux tendances ont pour résultat un pays fragilisé, qui vit en temps normal sur ses marges de crédit, financières et matérielles.
Et si le futur, c'est aussi le rationnement énergétique, la croissance (ou non) de la population deviendra encore plus cruciale pour déterminer la prospérité des citoyens de l'avenir. Dans un billet antérieur, j'avais voulu donner une petite idée de l'état du monde si on réduisait la consommation énergétique des pays les plus riches aux niveaux préconisés par les scientifiques — ou les consensus politiques. En apparence, le résultat n'était pas aussi déprimant que certains voulaient le faire croire.
Toutefois, j'avais remis à plus tard un calcul supplémentaire, celui du niveau de consommation énergétique si on réduisait non pas la consommation par habitant de 50% d'ici 2050 mais la consommation globale (telle que mesurée sous la forme des rejets de gaz carbonique par habitant attribuables aux combustibles fossiles) en tenant compte de l'augmentation de la population (pour simplifier, parlons d'une augmentation de 50% de la population d'ici 2050). Du coup, une réduction globale de 50% entraînerait une réduction de 66% de la consommation moyenne par habitant par rapport aux chiffres actuels. Les pays qui se situent à 1/3 de la moyenne mondiale actuelle, ce sont Haïti, l'Afghanistan, la Bolivie, le Yémen, l'Albanie, presque tous les pays africains (à quelques exceptions près, comme l'Algérie et l'Égypte), l'Inde, le Bangladesh, le Myanmar et plusieurs autres destinations des moins attrayantes. La Colombie (ainsi que le Congo-Brazzaville, mais sans doute en raison de son industrie pétrolière) est le pays qui se rapproche le plus actuellement de cette consommation moyenne de 2050.... Ceci n'est pas une prédiction, mais un rappel du besoin de développer des sources d'énergie plus vertes.
Quant aux pays riches qui sont appelés à réduire leur consommation de 80%, leur situation est plus compliquée. Dans la plupart des cas, on ne leur prédit pas pour 2050 une augmentation de la population aussi marquée qu'ailleurs — une réduction même, souvent. Mais si leur accroissement démographique était du même ordre, il faudrait que leur consommation baisse non pas à 20% du niveau actuel, mais à 13,3%. Pour le Canada et les États-Unis, il s'agirait de tomber au niveau actuel des émissions de Cuba... Mais les projections de la population française en 2050 annoncent plutôt une augmentation de moins de 5%, ce qui exigerait grosso modo une baisse au niveau actuel des émissions de l'Indonésie.
Si le sort des pays les plus pauvres doit nous préoccuper, ce n'est pas seulement par solidarité humaine, c'est parce qu'il faudra trouver à l'avenir le moyen de vivre aussi économiquement qu'eux sans perdre tous les acquis de notre confort...
Libellés : Effet de serre, Énergie
2010-01-17
La fin d'une époque
Qui veut une navette spatiale (usagée)?
Le New York Times annonce que la NASA a mis en vente ses navettes spatiales. Et qu'elle baisse ses prix!
Pour acquérir Atlantis ou Endeavour (et peut-être Enterprise, aussi, le prototype exposé actuellement au Smithsonian à Washington), il n'en coûtera désormais aux acheteurs éventuels que 28,8 millions de dollars étatsuniens. Frais de livraison inclus à l'aéroport le plus proche... et livraison plus rapide que prévu, fin 2011 plutôt qu'en 2012. Une petite réserve : en principe, on ne pourrait s'en servir que pour l'exposer dans un musée, pas pour aller visiter la station spatiale...
Mais si on ne peut pas se payer une navette au complet, les moteurs de navette sont gratuits, eux. Il n'en coûtera à un acquéreur qu'un maigre 800 000 $ tout au plus, soit les frais de transport. D'ailleurs, d'autres composantes des navettes spatiales sont en vente aux mêmes conditions.
C'est la fin d'une époque. C'est en avril 1981, il y a presque trente ans, qu'une navette spatiale avait atteint l'espace pour la première fois. Je me souviens d'avoir assisté au retour sur Terre de Columbia à la télévision, dans la bibliothèque de l'école, en compagnie de plusieurs autres élèves attentifs... Une nouvelle ère spatiale commençait. La question, c'est de savoir quelle nouvelle époque s'amorce avec cette vente de liquidation...
Le New York Times annonce que la NASA a mis en vente ses navettes spatiales. Et qu'elle baisse ses prix!
Pour acquérir Atlantis ou Endeavour (et peut-être Enterprise, aussi, le prototype exposé actuellement au Smithsonian à Washington), il n'en coûtera désormais aux acheteurs éventuels que 28,8 millions de dollars étatsuniens. Frais de livraison inclus à l'aéroport le plus proche... et livraison plus rapide que prévu, fin 2011 plutôt qu'en 2012. Une petite réserve : en principe, on ne pourrait s'en servir que pour l'exposer dans un musée, pas pour aller visiter la station spatiale...
Mais si on ne peut pas se payer une navette au complet, les moteurs de navette sont gratuits, eux. Il n'en coûtera à un acquéreur qu'un maigre 800 000 $ tout au plus, soit les frais de transport. D'ailleurs, d'autres composantes des navettes spatiales sont en vente aux mêmes conditions.
C'est la fin d'une époque. C'est en avril 1981, il y a presque trente ans, qu'une navette spatiale avait atteint l'espace pour la première fois. Je me souviens d'avoir assisté au retour sur Terre de Columbia à la télévision, dans la bibliothèque de l'école, en compagnie de plusieurs autres élèves attentifs... Une nouvelle ère spatiale commençait. La question, c'est de savoir quelle nouvelle époque s'amorce avec cette vente de liquidation...
2010-01-16
Dans l'abîme
Dans la trilogie de « La Suite du temps », Daniel Sernine rend hommage au passage au roman Maelstrom de Peter Watts en donnant les noms jumelés de l'auteur et du livre à un astéroïde qu'un des astronefs éryméens croise et neutralise aux confins du système solaire. Comme la trilogie de Daniel Sernine culmine avec une grande épuration de l'humanité, il faut sans doute y voir un hommage à un texte qui ne fait pas non plus dans la dentelle quand il s'agit d'envisager l'apocalypse. Mais si Watts n'a pas de mots trop durs pour stigmatiser l'avidité humaine qui a saccagé et vampirisé les ressources de la biosphère, il ne fait pas d'une hécatombe humaine un geste salvateur. C'est à la rigueur un châtiment, mais c'est surtout présenté comme une conséquence inexorable d'une dévoration effrénée de toutes les ressources humaines et naturelles de la planète. L'humanité est allée si loin dans la réquisition de tout ce qui peut s'inféoder, s'user et se consommer qu'elle allait tôt ou tard mettre au jour un fléau qu'elle serait incapable d'arrêter. Le fléau, c'est un microbe issu des profondeurs océaniques, si étranger à la vie eukaryotique qu'il n'existe aucune défense naturelle... Les tentatives de juguler le fléau, de le circonscrire et de le détruire n'aboutissent pas, d'une part, parce qu'il a été identifié trop tard et, d'autre part, parce que Lenie Clarke a survécu à une première tentative d'éradiquer le microbe. Qui est Lenie Clarke? Une employée de la compagnie énergétique qui s'était mise en tête d'exploiter l'énergie du magma plus accessible à proximité des failles au large du littoral ouest de l'Amérique du Nord...
En fait, Watts présente deux apocalypses. Le désastre biologique est le moindre des deux et le roman ne s'attarde pas à le décrire en détail. L'autre crime de l'humanité moderne, c'est d'instrumentaliser non seulement la nature mais les autres humains. Dans le futur imaginé par Watts, une maîtrise plus grande de la biologie et de la neurologie n'a fourni aux grandes compagnies que le moyen d'asservir plus complètement leurs employés et leurs clients. Lenie Clarke fait partie de ces victimes des nouveaux moyens de manipulation utilisés par les corporations, mais elle va se révolter. Et gagner dans la mesure où elle retrouve une certaine liberté.
J'avais longtemps attendu avant de lire cette suite de Starfish, mais le malencontreux affrontement de l'auteur et d'agents de l'ordre étatsunien m'a rappelé l'existence de ce livre qui vaut le détour.
En fait, Watts présente deux apocalypses. Le désastre biologique est le moindre des deux et le roman ne s'attarde pas à le décrire en détail. L'autre crime de l'humanité moderne, c'est d'instrumentaliser non seulement la nature mais les autres humains. Dans le futur imaginé par Watts, une maîtrise plus grande de la biologie et de la neurologie n'a fourni aux grandes compagnies que le moyen d'asservir plus complètement leurs employés et leurs clients. Lenie Clarke fait partie de ces victimes des nouveaux moyens de manipulation utilisés par les corporations, mais elle va se révolter. Et gagner dans la mesure où elle retrouve une certaine liberté.
J'avais longtemps attendu avant de lire cette suite de Starfish, mais le malencontreux affrontement de l'auteur et d'agents de l'ordre étatsunien m'a rappelé l'existence de ce livre qui vaut le détour.
Libellés : Livres, Science-fiction
2010-01-15
Les quartiers qui se marchent
Un petit logiciel qui parasite essentiellement les cartes Google permet de calculer l'index d'accessibilité à pied des quartiers urbains dans les villes de l'Amérique du Nord, et peut-être ailleurs. Il y a une longue liste de critères censés déterminer si un quartier est accueillant pour ceux qui désirent marcher plutôt que conduire : la densité, les transports en commun, l'existence d'un centre d'attraction susceptible de regrouper les piétons, les parcs et les espaces publics, la mixité sociale qui fait que riches et pauvres habitent et travaillent dans le même quartier, l'accessibilité des édifices (proches des trottoirs au lieu d'en être séparés par des terrains de stationnement), la proximité des écoles et lieux de travail, l'utilisation des rues par tous (cyclistes, piétons, utilisateurs des transports en commun), la densité du quadrillage des rues, la disponibilité de rampes, voies cyclables et bancs publics...
En pratique, je suis un peu dubitatif. À Québec, par exemple, un citadin demeurant au coin des boulevards Charest et Langelier obtiendrait un score de plus de 80 tandis que mon appartement à Montréal dépasse à peine le 60. Pourtant, en me fondant sur mon expérience personnelle, je suis loin d'être d'accord avec ces résultats. Pourquoi? Eh bien, j'ai l'impression que le logiciel néglige la différence de niveau entre la basse-ville et la haute-ville à Québec; l'hiver, si on a du mal à monter et descendre les pentes, ça fait une belle jambe (ou une jambe cassée!) au marcheur de la basse-ville qu'il y ait une abondance de commerces en haut, sur la rue Cartier, et vice-versa... De plus, les deux scores sont sans doute plus bas que nécessaire, car le logiciel ne dispose pas des données requises sur les transports en commun dans les villes canadiennes. Or, chez moi, j'ai un arrêt d'autobus à la porte, et deux stations de métro à distance de marche. Et même Québec a sa part de lignes d'autobus.
Néanmoins, si on tient compte des facteurs omis par le logiciel, on peut sans doute se faire une assez bonne idée de l'intérêt piétonnier comparatif des quartiers de nos villes...
En pratique, je suis un peu dubitatif. À Québec, par exemple, un citadin demeurant au coin des boulevards Charest et Langelier obtiendrait un score de plus de 80 tandis que mon appartement à Montréal dépasse à peine le 60. Pourtant, en me fondant sur mon expérience personnelle, je suis loin d'être d'accord avec ces résultats. Pourquoi? Eh bien, j'ai l'impression que le logiciel néglige la différence de niveau entre la basse-ville et la haute-ville à Québec; l'hiver, si on a du mal à monter et descendre les pentes, ça fait une belle jambe (ou une jambe cassée!) au marcheur de la basse-ville qu'il y ait une abondance de commerces en haut, sur la rue Cartier, et vice-versa... De plus, les deux scores sont sans doute plus bas que nécessaire, car le logiciel ne dispose pas des données requises sur les transports en commun dans les villes canadiennes. Or, chez moi, j'ai un arrêt d'autobus à la porte, et deux stations de métro à distance de marche. Et même Québec a sa part de lignes d'autobus.
Néanmoins, si on tient compte des facteurs omis par le logiciel, on peut sans doute se faire une assez bonne idée de l'intérêt piétonnier comparatif des quartiers de nos villes...
Libellés : Environnement
2010-01-14
Rencontres en plein vide
Hier, la Terre a croisé un petit astéroïde dûment recensé dans les annales sous le doux nom de 2010 AL 30, qui est passé à un tiers environ de la distance Terre-Lune. Mais les calculs d'un spécialiste des orbites suggèrent fortement que c'est un astéroïde artificiel... Non, pas une visite d'extraterrestres, mais un retour au bercail. Il s'agirait en fait de l'étage final dénommé Fregat de la fusée Soyouz qui avait propulsé la sonde Venus Express. En 2005, ce dernier étage aurait lancé la sonde sur la trajectoire qui ciblait un point d'arrivée au-dessus du pôle nord de la planète afin de la placer en orbite autour de Vénus... Il n'y aura pas de certitude tant que des observations directes n'auront pas élucidé un tant soit peu la nature de cet objet, mais les coïncidences sont troublantes. Comme je le faisais remarquer l'an dernier, les grands espaces qui nous entourent semblent de moins en moins vides...
Et une étude bouclée récemment pour la NASA n'a rien de rassurant, car elle conclut qu'avec les moyens actuels, la NASA n'arrivera pas à repérer (comme elle en avait été chargée en 2005) d'ici 2020 au moins 90% de tous les astéroïdes géocroiseurs mesurant plus de 140 mètres de diamètre. Bref, la Terre risque de rester exposée encore longtemps à une mauvaise surprise — l'impact d'un astéroïde de la taille du mont Royal — qui ferait passer le tremblement de terre en Haïti pour une catastrophe secondaire.
D'ailleurs, le système solaire non plus ne flotte pas dans le vide qu'on croit. À l'échelle des années-lumière, le Soleil se trouve dans une grande bulle de matière interstellaire particulièrement chaude et ténue, le résidu probable de plusieurs supernovae il y a dix millions d'années. Pourtant, son environnement immédiat (sur 30 années-lumière environ) est un petit nuage beaucoup plus froid (on lui attribue une température de 6 000 degrés environ) qui aurait dû être dispersé par l'onde de choc produite par ces supernovae. Or, ce nuage a résisté. Il y a quelques semaines, la NASA a annoncé que les sondes Voyager auraient permis de conclure que la résistance inattendue du nuage qui, notons-le, protège quelque peu la Terre du rayonnement cosmique est due à un champ magnétique particulièrement intense qui en assure la cohésion.
La vie sur Terre doit-elle une fière chandelle à ce petit nuage qui l'a protégé des supernovae du voisinage? Peut-être. Si oui, ce serait un autre facteur à ajouter à l'équation de Drake...
Et une étude bouclée récemment pour la NASA n'a rien de rassurant, car elle conclut qu'avec les moyens actuels, la NASA n'arrivera pas à repérer (comme elle en avait été chargée en 2005) d'ici 2020 au moins 90% de tous les astéroïdes géocroiseurs mesurant plus de 140 mètres de diamètre. Bref, la Terre risque de rester exposée encore longtemps à une mauvaise surprise — l'impact d'un astéroïde de la taille du mont Royal — qui ferait passer le tremblement de terre en Haïti pour une catastrophe secondaire.
D'ailleurs, le système solaire non plus ne flotte pas dans le vide qu'on croit. À l'échelle des années-lumière, le Soleil se trouve dans une grande bulle de matière interstellaire particulièrement chaude et ténue, le résidu probable de plusieurs supernovae il y a dix millions d'années. Pourtant, son environnement immédiat (sur 30 années-lumière environ) est un petit nuage beaucoup plus froid (on lui attribue une température de 6 000 degrés environ) qui aurait dû être dispersé par l'onde de choc produite par ces supernovae. Or, ce nuage a résisté. Il y a quelques semaines, la NASA a annoncé que les sondes Voyager auraient permis de conclure que la résistance inattendue du nuage qui, notons-le, protège quelque peu la Terre du rayonnement cosmique est due à un champ magnétique particulièrement intense qui en assure la cohésion.
La vie sur Terre doit-elle une fière chandelle à ce petit nuage qui l'a protégé des supernovae du voisinage? Peut-être. Si oui, ce serait un autre facteur à ajouter à l'équation de Drake...
Libellés : Espace
2010-01-12
Un musée virtuel pour avatars et autres noonautes
J'avais déjà signalé le travail de l'artiste français Yann Minh, mais je profite de la bourse qu'il a reçue récemment pour signaler maintenant son musée virtuel, le Noomuseum. Outre de spectaculaires illustrations, qui s'inscrivent en partie dans l'univers de son roman Thanatos: Les Récifs (Florent Massot, 1997) et dont les paysages anticipaient quelque peu l'Avatar de James Cameron, on y trouve une passionnante analyse sur Les Ménines de Vélasquez, prolongée de quelques commentaires des plus pertinents dans le forum associé.
Et, dans un genre un peu différent, ceux qui se soucient de la culture des futurs qui phagocyte déjà le présent voudront passer un peu de temps à visiter le site de l'artiste Miguel Chevalier. Mais l'art virtuel du cyberespace n'est pas toujours ce que l'on croit. Une galerie d'art virtuel peut être en fait une galerie virtuelle offrant de l'art plutôt classique en apparence tout comme il peut s'agir de créations numériques ou encore, ce qui est plus difficilement classable, des œuvres d'art existant à l'intérieur d'un monde virtuel (comme Second Life), en tant que numérisations d'œuvres réelles ou en tant que créations originales. Ce qui nous ramène à l'art immersif des Ménines, où le spectateur se tient à la place de la réalité dont il n'aperçoit qu'un reflet de sa représentation picturale par l'artiste...
Et, dans un genre un peu différent, ceux qui se soucient de la culture des futurs qui phagocyte déjà le présent voudront passer un peu de temps à visiter le site de l'artiste Miguel Chevalier. Mais l'art virtuel du cyberespace n'est pas toujours ce que l'on croit. Une galerie d'art virtuel peut être en fait une galerie virtuelle offrant de l'art plutôt classique en apparence tout comme il peut s'agir de créations numériques ou encore, ce qui est plus difficilement classable, des œuvres d'art existant à l'intérieur d'un monde virtuel (comme Second Life), en tant que numérisations d'œuvres réelles ou en tant que créations originales. Ce qui nous ramène à l'art immersif des Ménines, où le spectateur se tient à la place de la réalité dont il n'aperçoit qu'un reflet de sa représentation picturale par l'artiste...
Libellés : Arts
2010-01-11
Le réchauffement climatique comme on l'aime
Jusqu'à maintenant, l'hiver a été neigeux mais plus doux que la moyenne dans la partie du Canada où je passe le plus de temps. Ces dernières semaines, par contre, l'Europe et les États-Unis se les gèlent — même si notre hiver si « doux » dans la partie sud de la vallée du Saint-Laurent est plus rigoureux (-4 degrés dehors en ce moment, -14 cette nuit) que ce qui passe pour un froid catastrophique dans le reste du monde occidental... Et la technologie du TGV continue à donner des signes de faiblesse quand on la sort de sa zone de confort, si je puis dire, ce qui risque de décourager ses partisans canadiens, comme je disais l'autre jour.
Qui sait? Ceci pourrait amener quelques Européens et autres à faire preuve de plus de compréhension pour la population canadienne qui, dans son ensemble, reste sceptique au sujet du réchauffement climatique ou peu encline à consentir des efforts extraordinaires pour le contrer. Non seulement le Canada fait-il partie des rares pays occidentaux à produire des quantités importantes de pétrole et de gaz naturel (exporté, pour l'essentiel), avec tout ce que cela implique comme rejets supplémentaires, mais il est aussi un des pays où le gros de la population ne pâtirait pas vraiment (avant 2100, en tout cas) du réchauffement climatique. Même si je crois que le Canada devrait faire sa part, et même plus, en matière de réduction de GES, je suis aussi d'avis que les critiques européens du Canada font preuve de beaucoup d'hypocrisie quand ils ne tiennent pas compte des différences démographiques, géographiques et économiques...
Au fait, ces quelques jours de « grand froid », ça va coûter combien en consommation supplémentaire de combustibles fossiles?
Qui sait? Ceci pourrait amener quelques Européens et autres à faire preuve de plus de compréhension pour la population canadienne qui, dans son ensemble, reste sceptique au sujet du réchauffement climatique ou peu encline à consentir des efforts extraordinaires pour le contrer. Non seulement le Canada fait-il partie des rares pays occidentaux à produire des quantités importantes de pétrole et de gaz naturel (exporté, pour l'essentiel), avec tout ce que cela implique comme rejets supplémentaires, mais il est aussi un des pays où le gros de la population ne pâtirait pas vraiment (avant 2100, en tout cas) du réchauffement climatique. Même si je crois que le Canada devrait faire sa part, et même plus, en matière de réduction de GES, je suis aussi d'avis que les critiques européens du Canada font preuve de beaucoup d'hypocrisie quand ils ne tiennent pas compte des différences démographiques, géographiques et économiques...
Au fait, ces quelques jours de « grand froid », ça va coûter combien en consommation supplémentaire de combustibles fossiles?
Libellés : Effet de serre
2010-01-09
La soupe à la tortue
En 1848, il restait de moins en moins de ces gigantesques tortues dont les explorateurs européens avaient fait de la soupe dans les mers du Sud pour naviguer au long cours, comme je l'évoquais dans un billet précédent.
C'est sans doute pourquoi la soupe à la tortue était plus populaire que jamais à Montréal en cette année de révolutions européennes, si on en juge par la petite annonce en date du 16 juin parue dans le numéro du 7 juillet de La Revue canadienne. Il y était proclamé qu'on venait de recevoir au Restaurant Compain (aussi connu sous le nom de Café Dillon, semble-t-il), sur la Place d'Armes, deux tortues, dont l'une pesant plus de 200 livres. «On en fera de la soupe qui pourra être servie tous les jours à midi.»
(Sébastien Compain, né en France vers 1810, aurait épousé en 1824 une Anglaise du nom de Catherine et aurait émigré au Canada vers 1848. Ainsi, il bénéficiait peut-être de l'attrait de la nouveauté en 1848 tout en cherchant par toutes les occasions à se faire de la réclame... En principe, Compain s'occupait de l'Hôtel Monklands sis au 10 Place d'Armes tandis qu'un collaborateur, Gianelli, s'occupait du restaurant associé, mais il semble bien que la rédaction de La Revue canadienne voyait les choses autrement. En tout cas, l'annonce de l'arrivage de tortues du 16 juin a été reprise plusieurs fois, au moins jusqu'au 4 août...)
Je ne sais pas quel goût aurait eu la soupe trois semaines (ou plus) après l'arrivage en question, ou s'il en serait resté, mais cela laisse songeur. Une fois de plus, que les tortues en question aient été d'origine canadienne (encore que les tortues luth qui fréquentent les côtes de l'Atlantique Nord l'été et auraient le poids requis passent pour avoir une chair impropre à la consommation humaine) ou importées d'outremer, on prend la mesure de cette première mondialisation qui préfigurait déjà, au XIXe s., la délocalisation de presque tout au cours du XXe. Et l'entêtement à exploiter une ressource jusqu'au bout...
C'est sans doute pourquoi la soupe à la tortue était plus populaire que jamais à Montréal en cette année de révolutions européennes, si on en juge par la petite annonce en date du 16 juin parue dans le numéro du 7 juillet de La Revue canadienne. Il y était proclamé qu'on venait de recevoir au Restaurant Compain (aussi connu sous le nom de Café Dillon, semble-t-il), sur la Place d'Armes, deux tortues, dont l'une pesant plus de 200 livres. «On en fera de la soupe qui pourra être servie tous les jours à midi.»
(Sébastien Compain, né en France vers 1810, aurait épousé en 1824 une Anglaise du nom de Catherine et aurait émigré au Canada vers 1848. Ainsi, il bénéficiait peut-être de l'attrait de la nouveauté en 1848 tout en cherchant par toutes les occasions à se faire de la réclame... En principe, Compain s'occupait de l'Hôtel Monklands sis au 10 Place d'Armes tandis qu'un collaborateur, Gianelli, s'occupait du restaurant associé, mais il semble bien que la rédaction de La Revue canadienne voyait les choses autrement. En tout cas, l'annonce de l'arrivage de tortues du 16 juin a été reprise plusieurs fois, au moins jusqu'au 4 août...)
Je ne sais pas quel goût aurait eu la soupe trois semaines (ou plus) après l'arrivage en question, ou s'il en serait resté, mais cela laisse songeur. Une fois de plus, que les tortues en question aient été d'origine canadienne (encore que les tortues luth qui fréquentent les côtes de l'Atlantique Nord l'été et auraient le poids requis passent pour avoir une chair impropre à la consommation humaine) ou importées d'outremer, on prend la mesure de cette première mondialisation qui préfigurait déjà, au XIXe s., la délocalisation de presque tout au cours du XXe. Et l'entêtement à exploiter une ressource jusqu'au bout...
Libellés : Histoire
2010-01-08
Le retour des dieux
Dans Le Livre des théophanies (Griffe d'encre, 2008), Jonas Lenn creuse la veine du classicisme le plus pur, soulignant à quel point la fantasy peut se distinguer de la science-fiction, non pas seulement sur le plan de la conjugaison implicite des verbes (le conditionnel vs. le futur) mais sur celui des lignées littéraires. En prenant pour thèmes les grands récits et figures de la mythologie et de l'histoire classique (Ariane, le Minotaure, Alexandre le Grand, Zeus, les Titans), Lenn renoue avec les auteurs européens qui ont, pendant des siècles, ressassé les grands récits de l'Antiquité. Souvent, il s'agissait de raconter une nouvelle fois la guerre de Troie, la fondation de Rome et l'épopée d'Alexandre, ou de piller les dramaturges grecs et romains, mais les dieux de l'Olympe avaient aussi leur place dans l'art pictural et la sculpture, même s'ils étaient moins présents dans la littérature. Le théâtre de Shakespeare et Racine, les fresques et les tapisseries ressuscitaient la culture de l'Antiquité. Quand on a pris le présent comme sujet de drames sérieux, ce fut une petite révolution. Quand on a pris le futur comme cadre de romans, ce fut une nouveauté, jugée excitante par certains et incongrue par d'autres. La science-fiction a conservé une certaine légitimité tant qu'elle a versé dans l'exotisme, s'inscrivant dans le prolongement de la littérature de voyage et des avatars de Bernardin de Saint-Pierre, etc. Mais quand elle a frisé le didactisme en faisant trop souvent à la science, elle a suscité les réserves des esthètes dont les catégories venaient de voler en éclats...
Jonas Lenn écrit — avec une plume très sûre et un amusement discret — des histoires qui incluent souvent la découverte et la transgression des frontières. Et de l'autre côté de la frontière, il y a des dieux. D'une part, les dieux nous rappellent qu'il y a des puissances transcendantes dans l'univers. D'autre part, ils offrent une transcendance familière et confortable, à l'aspérité depuis longtemps émoussée par le refus de croire aux antécédents absurdes des Olympiens (dès l'époque des Grecs, en fait). Mais c'est le désenchantement de départ qui fait le charme de ces nouvelles puisqu'on ne risque pas trop d'y croire, ou d'envisager d'y croire. Dans l'Antiquité, la théophanie gagnait à rester exceptionnelle plutôt qu'habituelle et répétée...
Jonas Lenn écrit — avec une plume très sûre et un amusement discret — des histoires qui incluent souvent la découverte et la transgression des frontières. Et de l'autre côté de la frontière, il y a des dieux. D'une part, les dieux nous rappellent qu'il y a des puissances transcendantes dans l'univers. D'autre part, ils offrent une transcendance familière et confortable, à l'aspérité depuis longtemps émoussée par le refus de croire aux antécédents absurdes des Olympiens (dès l'époque des Grecs, en fait). Mais c'est le désenchantement de départ qui fait le charme de ces nouvelles puisqu'on ne risque pas trop d'y croire, ou d'envisager d'y croire. Dans l'Antiquité, la théophanie gagnait à rester exceptionnelle plutôt qu'habituelle et répétée...
2010-01-05
Nouveau boulot, nouveaux numéros
Un nouvel emploi, de nos jours, c'est d'abord une kyrielle de nouveaux numéros. Une nouvelle adresse à retenir, de nouveaux numéros de téléphone à composer, un autre numéro d'employé à utiliser dans les formulaires idoines... Mais cela ne s'arrête pas là. Il y aura également des codes à mémoriser (pour la boîte vocale, voire pour d'autres accès sécurisés) et des mots de passe qui peuvent inclure des chiffres.
Même avant d'arriver au boulot, il y a de nouveaux numéros dans le décor. Pour se rendre dans une partie de la ville que l'on n'a jamais fréquentée, il faudra faire l'apprentissage de nouveaux circuits d'autobus, identifiés par des numéros que l'on n'avait jamais remarqués même si, en pratique, ces autobus passent par des stations parfaitement familières. Seulement, on cherchait autrefois d'autres numéros dans la ronde sans fin des autobus, en négligeant ceux qui n'étaient pas pertinents.
Et c'est sans compter les nombres intégrés de manière encore plus intime à certains aspects du boulot. Salaire et déductions qui accouchent de nouveaux chiffres dans le compte en banque. Heures travaillées par semaine. Caractéristiques de la puce RFID du laissez-passer électronique. Dans Le Prisonnier, Patrick McGoohan n'avait pas tort de crier : « Je ne suis pas un numéro ! ». Car nous ne sommes pas qu'un seul numéro dans la vie moderne, nous sommes tout un tas de numéros...
Même avant d'arriver au boulot, il y a de nouveaux numéros dans le décor. Pour se rendre dans une partie de la ville que l'on n'a jamais fréquentée, il faudra faire l'apprentissage de nouveaux circuits d'autobus, identifiés par des numéros que l'on n'avait jamais remarqués même si, en pratique, ces autobus passent par des stations parfaitement familières. Seulement, on cherchait autrefois d'autres numéros dans la ronde sans fin des autobus, en négligeant ceux qui n'étaient pas pertinents.
Et c'est sans compter les nombres intégrés de manière encore plus intime à certains aspects du boulot. Salaire et déductions qui accouchent de nouveaux chiffres dans le compte en banque. Heures travaillées par semaine. Caractéristiques de la puce RFID du laissez-passer électronique. Dans Le Prisonnier, Patrick McGoohan n'avait pas tort de crier : « Je ne suis pas un numéro ! ». Car nous ne sommes pas qu'un seul numéro dans la vie moderne, nous sommes tout un tas de numéros...
Libellés : Vie
2010-01-03
Jusqu'à la fin de la nuit et de la glace
Par une nuit d'hiver, être le seul marcheur
à laisser dans la neige fraîchement tombée
(étincelante blancheur par le vent soufflée)
la trace de mes pas repoussant la noirceur
Face au vent de nordet, être le seul marcheur
à rugir, le dos moulu, la barbe encroûtée,
les doigts transis, la tuque lourde et congelée,
et la peau mordue, mais toujours la rage au cœur
Car il en faut de la volonté pour gravir
les rues de mon pays, et pas que le désir
d'en finir avec l'hiver et avec le froid
Il faut vouloir le chocolat chaud et fumant
qui prouve la soif de vivre debout et droit
malgré le frimas et toujours contre le vent
à laisser dans la neige fraîchement tombée
(étincelante blancheur par le vent soufflée)
la trace de mes pas repoussant la noirceur
Face au vent de nordet, être le seul marcheur
à rugir, le dos moulu, la barbe encroûtée,
les doigts transis, la tuque lourde et congelée,
et la peau mordue, mais toujours la rage au cœur
Car il en faut de la volonté pour gravir
les rues de mon pays, et pas que le désir
d'en finir avec l'hiver et avec le froid
Il faut vouloir le chocolat chaud et fumant
qui prouve la soif de vivre debout et droit
malgré le frimas et toujours contre le vent
Libellés : Poème
2010-01-02
Le désir et la vie
La vie est désir, mais est-ce que le désir renferme et embrasse tout de nos vies? Dans Lust for Life: Tales of Sex & Love (Vehicle Press, 2006), Claude Lalumière et Elise Moser ont réuni 21 nouvelles sur le thème de l'amour et du désir amoureux. Le résultat est souvent savoureux, parfois comique, plus rarement émoustillant et occasionnellement touchant. Le fantastique et la science-fiction sont exploités par certains des auteurs, comme Ashok Banker et Nalo Hopkinson, qui signent respectivement un texte très achevé mais un peu prévisible, « Serpent's Tale », et une nouvelle aussi onirique qu'ébouriffante, « A Raggy Dog, a Shaggy Dog ». La nouvelle de science-fiction qui conclut le recueil, « The Penis of My Beloved », est le fruit d'une collaboration percutante entre Ian Watson et Roberto Quaglia, qui s'éclatent dans tous les sens pour le plus grand plaisir des pervers polymorphes... De fait, les auteurs les plus professionnels ne déçoivent jamais entièrement : même si la nouvelle « Virgin of the Sands » de Holly Phillips a quelque chose d'inachevé, elle reste mémorable de par ses hardiesses et la singularité de la situation imaginée par l'autrice.
Quelques textes jouissifs vont jusqu'au bout de leur fantasmatique, et au-delà, mais sans la transcender : « Sucksluts Anonymous » de Scott D. Pomfret tout particulièrement, mais aussi « Jingle Balls » de Barry Webster. Et dans une veine très littéraire, mais tout aussi délirante à sa façon, il y a « Words to Flesh » de Tess Fragoulis.
D'autres nouvelles illustrent de manière plus réaliste les complexités douces-amères du désir et du plaisir en s'attachant à des moments particuliers, sous la forme de vignettes un tantinet cruelles comme dans le cas des nouvelles « Had a Lover » de Neil Kroetsch, « The IGA Kissing Bandit » de Mark Paterson, « Lost Cause » de Joel Hynes ou « First Time » de Maya Stein.
Malgré le titre, l'amour et la tendresse ne sont guère présents dans l'anthologie. En fin de compte, en cette aube du troisième millénaire, ce n'est pas si difficile d'écrire sur le désir sexuel et le coït. Le vrai défi, c'est toujours de voir clair dans nos sentiments et dans ceux des autres, et c'est peut-être pourquoi les critiques en ont fait une pierre de touche de la littérature la plus sérieuse depuis au moins La Princesse de Clèves. Le vrai don de soi n'apparaît que trop rarement dans cette anthologie, à la faveur d'un texte comme « Running » de Harold Hoefle, par exemple.
Bref, il s'agit d'un ouvrage collectif audacieux de par sa conception, mais qui donne la priorité au sexe plutôt qu'à l'amour. La majorité des textes valent le détour, ce qui permet de ne pas regretter l'achat de l'anthologie même si je ne peux pas la recommander plus chaudement. Peut-être parce qu'elle ne m'a pas assez échauffé, quoi...
Quelques textes jouissifs vont jusqu'au bout de leur fantasmatique, et au-delà, mais sans la transcender : « Sucksluts Anonymous » de Scott D. Pomfret tout particulièrement, mais aussi « Jingle Balls » de Barry Webster. Et dans une veine très littéraire, mais tout aussi délirante à sa façon, il y a « Words to Flesh » de Tess Fragoulis.
D'autres nouvelles illustrent de manière plus réaliste les complexités douces-amères du désir et du plaisir en s'attachant à des moments particuliers, sous la forme de vignettes un tantinet cruelles comme dans le cas des nouvelles « Had a Lover » de Neil Kroetsch, « The IGA Kissing Bandit » de Mark Paterson, « Lost Cause » de Joel Hynes ou « First Time » de Maya Stein.
Malgré le titre, l'amour et la tendresse ne sont guère présents dans l'anthologie. En fin de compte, en cette aube du troisième millénaire, ce n'est pas si difficile d'écrire sur le désir sexuel et le coït. Le vrai défi, c'est toujours de voir clair dans nos sentiments et dans ceux des autres, et c'est peut-être pourquoi les critiques en ont fait une pierre de touche de la littérature la plus sérieuse depuis au moins La Princesse de Clèves. Le vrai don de soi n'apparaît que trop rarement dans cette anthologie, à la faveur d'un texte comme « Running » de Harold Hoefle, par exemple.
Bref, il s'agit d'un ouvrage collectif audacieux de par sa conception, mais qui donne la priorité au sexe plutôt qu'à l'amour. La majorité des textes valent le détour, ce qui permet de ne pas regretter l'achat de l'anthologie même si je ne peux pas la recommander plus chaudement. Peut-être parce qu'elle ne m'a pas assez échauffé, quoi...
Libellés : Fantastique, Livres, Science-fiction