2010-01-18
Les marges du monde
La tragédie haïtienne est effroyable, mais elle a aussi valeur d'avertissement pour le reste du monde, et sur plusieurs plans. Ainsi, plusieurs personnes ont comparé la destruction causée par les séismes aux effets d'un bombardement, nucléaire ou non. Or, certains des pays les plus riches du monde peinent à fournir suffisamment d'aide d'urgence pour venir au secours des survivants dans le sud d'Haïti. On peut se demander ce qui se passerait si une guerre nucléaire « limitée » faisait subir un sort semblable à certaines des grandes villes du Moyen-Orient, ou de l'Inde et du Pakistan... Sans même envisager la possibilité d'un climat mondial perturbé, le nombre de victimes serait certainement supérieur et le nombre de personnes démunies qui auraient besoin d'une aide immédiate le serait aussi. Mais le reste du monde aurait-il les moyens de leur venir en aide, alors que les infrastructures seraient dévastées, tandis que la croissance de la population et les irrégularités du climat ont réduit les réserves récentes de calories d'origine céréalière à des niveaux que l'on n'avait pas vus depuis le milieu des années soixante-dix? Serait-ce possible si la tragédie haïtienne était multipliée par cinq ou dix?
D'ailleurs, tant que la population continuera d'augmenter et de s'entasser dans des mégalopoles, le risque d'une répétition en plus gros de la catastrophe de Port-au-Prince ira en augmentant, dans toutes les parties du monde où des grandes villes sont menacées par des failles ou des tsunamis... Bref, le futur du monde ressemblera-t-il à l'état actuel d'Haïti, le fruit d'une épouvantable histoire aggravée par les tendances récentes?
Haïti est devenue un des exemples les plus dramatiques des conséquences de la consommation effrénée de ressources et de la surpopulation. (Compte tenu de la démographie actuelle d'Haïti, les naissances d'une année normale suffiraient à remplacer toutes les pertes humaines dues aux tremblements de terre de la dernière semaine, en supposant que ces pertes ne dépassent pas les 230 000 personnes.) Ces deux tendances ont pour résultat un pays fragilisé, qui vit en temps normal sur ses marges de crédit, financières et matérielles.
Et si le futur, c'est aussi le rationnement énergétique, la croissance (ou non) de la population deviendra encore plus cruciale pour déterminer la prospérité des citoyens de l'avenir. Dans un billet antérieur, j'avais voulu donner une petite idée de l'état du monde si on réduisait la consommation énergétique des pays les plus riches aux niveaux préconisés par les scientifiques — ou les consensus politiques. En apparence, le résultat n'était pas aussi déprimant que certains voulaient le faire croire.
Toutefois, j'avais remis à plus tard un calcul supplémentaire, celui du niveau de consommation énergétique si on réduisait non pas la consommation par habitant de 50% d'ici 2050 mais la consommation globale (telle que mesurée sous la forme des rejets de gaz carbonique par habitant attribuables aux combustibles fossiles) en tenant compte de l'augmentation de la population (pour simplifier, parlons d'une augmentation de 50% de la population d'ici 2050). Du coup, une réduction globale de 50% entraînerait une réduction de 66% de la consommation moyenne par habitant par rapport aux chiffres actuels. Les pays qui se situent à 1/3 de la moyenne mondiale actuelle, ce sont Haïti, l'Afghanistan, la Bolivie, le Yémen, l'Albanie, presque tous les pays africains (à quelques exceptions près, comme l'Algérie et l'Égypte), l'Inde, le Bangladesh, le Myanmar et plusieurs autres destinations des moins attrayantes. La Colombie (ainsi que le Congo-Brazzaville, mais sans doute en raison de son industrie pétrolière) est le pays qui se rapproche le plus actuellement de cette consommation moyenne de 2050.... Ceci n'est pas une prédiction, mais un rappel du besoin de développer des sources d'énergie plus vertes.
Quant aux pays riches qui sont appelés à réduire leur consommation de 80%, leur situation est plus compliquée. Dans la plupart des cas, on ne leur prédit pas pour 2050 une augmentation de la population aussi marquée qu'ailleurs — une réduction même, souvent. Mais si leur accroissement démographique était du même ordre, il faudrait que leur consommation baisse non pas à 20% du niveau actuel, mais à 13,3%. Pour le Canada et les États-Unis, il s'agirait de tomber au niveau actuel des émissions de Cuba... Mais les projections de la population française en 2050 annoncent plutôt une augmentation de moins de 5%, ce qui exigerait grosso modo une baisse au niveau actuel des émissions de l'Indonésie.
Si le sort des pays les plus pauvres doit nous préoccuper, ce n'est pas seulement par solidarité humaine, c'est parce qu'il faudra trouver à l'avenir le moyen de vivre aussi économiquement qu'eux sans perdre tous les acquis de notre confort...
D'ailleurs, tant que la population continuera d'augmenter et de s'entasser dans des mégalopoles, le risque d'une répétition en plus gros de la catastrophe de Port-au-Prince ira en augmentant, dans toutes les parties du monde où des grandes villes sont menacées par des failles ou des tsunamis... Bref, le futur du monde ressemblera-t-il à l'état actuel d'Haïti, le fruit d'une épouvantable histoire aggravée par les tendances récentes?
Haïti est devenue un des exemples les plus dramatiques des conséquences de la consommation effrénée de ressources et de la surpopulation. (Compte tenu de la démographie actuelle d'Haïti, les naissances d'une année normale suffiraient à remplacer toutes les pertes humaines dues aux tremblements de terre de la dernière semaine, en supposant que ces pertes ne dépassent pas les 230 000 personnes.) Ces deux tendances ont pour résultat un pays fragilisé, qui vit en temps normal sur ses marges de crédit, financières et matérielles.
Et si le futur, c'est aussi le rationnement énergétique, la croissance (ou non) de la population deviendra encore plus cruciale pour déterminer la prospérité des citoyens de l'avenir. Dans un billet antérieur, j'avais voulu donner une petite idée de l'état du monde si on réduisait la consommation énergétique des pays les plus riches aux niveaux préconisés par les scientifiques — ou les consensus politiques. En apparence, le résultat n'était pas aussi déprimant que certains voulaient le faire croire.
Toutefois, j'avais remis à plus tard un calcul supplémentaire, celui du niveau de consommation énergétique si on réduisait non pas la consommation par habitant de 50% d'ici 2050 mais la consommation globale (telle que mesurée sous la forme des rejets de gaz carbonique par habitant attribuables aux combustibles fossiles) en tenant compte de l'augmentation de la population (pour simplifier, parlons d'une augmentation de 50% de la population d'ici 2050). Du coup, une réduction globale de 50% entraînerait une réduction de 66% de la consommation moyenne par habitant par rapport aux chiffres actuels. Les pays qui se situent à 1/3 de la moyenne mondiale actuelle, ce sont Haïti, l'Afghanistan, la Bolivie, le Yémen, l'Albanie, presque tous les pays africains (à quelques exceptions près, comme l'Algérie et l'Égypte), l'Inde, le Bangladesh, le Myanmar et plusieurs autres destinations des moins attrayantes. La Colombie (ainsi que le Congo-Brazzaville, mais sans doute en raison de son industrie pétrolière) est le pays qui se rapproche le plus actuellement de cette consommation moyenne de 2050.... Ceci n'est pas une prédiction, mais un rappel du besoin de développer des sources d'énergie plus vertes.
Quant aux pays riches qui sont appelés à réduire leur consommation de 80%, leur situation est plus compliquée. Dans la plupart des cas, on ne leur prédit pas pour 2050 une augmentation de la population aussi marquée qu'ailleurs — une réduction même, souvent. Mais si leur accroissement démographique était du même ordre, il faudrait que leur consommation baisse non pas à 20% du niveau actuel, mais à 13,3%. Pour le Canada et les États-Unis, il s'agirait de tomber au niveau actuel des émissions de Cuba... Mais les projections de la population française en 2050 annoncent plutôt une augmentation de moins de 5%, ce qui exigerait grosso modo une baisse au niveau actuel des émissions de l'Indonésie.
Si le sort des pays les plus pauvres doit nous préoccuper, ce n'est pas seulement par solidarité humaine, c'est parce qu'il faudra trouver à l'avenir le moyen de vivre aussi économiquement qu'eux sans perdre tous les acquis de notre confort...
Libellés : Effet de serre, Énergie
Comments:
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Je ne sais pas si comparer les besoins énergétiques des pays a grand sens. Le niveau de vie ne tient pas seulement à l'énergie dépensée mais aussi au niveau d'éducation, l'infrastructure existante... Y a du boulot évidemment mais sous-entendre que l'on va revenir au niveau de l'Afghanistan...
Pas un sens direct, non, mais comme moyen de nous obliger à mesurer l'étendue du défi si on veut sérieusement réduire les émissions, cela me semble utile.
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