2010-02-28

 

Séismes

Le sol glisse et trahit nos plus sûres assises,
tous les murs qui abritaient nos vies s'évaporent,
ne laissant aux toits qu'un ciel soudain pour support
et la terre boit les âmes qu'elle a occises

La ville face à la mer n'est que plaine grise,
demeures sans leur rue et bateaux sans leur port,
enfants sans parents, tombes attendant leurs morts
et face à ces fins cruelles nos cœurs se brisent

Car si le sol tremble et la chance nous renie,
c'est une force aveugle qui sauve ou punit
ni la vie ni la mort n'étaient déjà écrites

Ébranlés, nous cachons notre peur sous la joie,
ou le chagrin : le sort ignore nos mérites
et ce serait folie de demander pourquoi

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2010-02-27

 

Un Salon du livre sans moi...

En fin de compte, des circonstances imprévues (dramatiques, mais pas tragiques) me contraignent à faire faux bond au Salon du livre de l'Outaouais pour des raisons personnelles.

Je regrette d'avance toutes les rencontres qui n'auront pas lieu, tous les rendez-vous manqués, toutes les dédicaces que j'aurais pu signer à des lecteurs (les nouveaux comme les plus fidèles), tous les bons repas entre copains, tous les livres que j'aurais achetés, tous les amis que j'aurais revus, tous les marque-pages que j'aurais distribués, toutes les courses d'une séance de dédicaces à l'autre, toutes les conversations avec des visiteurs qui ne lisent pas, tous les verres d'eau remplis par les gentilles bénévoles, tous les fans habillés en vert émeraude, bref, tous les habitués du Salon ainsi que toutes mes habitudes au Salon.

J'espère bien que ce ne sera que partie remise, en attendant le Salon du livre de Québec et Boréal 2010.

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2010-02-26

 

Moi, au Salon du livre de l'Outaouais 2010

Je fréquente le Salon du livre de l'Outaouais depuis les temps immémoriaux quand il était hébergé par le Manège militaire de Hull, en 1980 et 1981. Je n'ai pas nécessairement été fidèle, mais il est quand même rare que je le rate. Cette année, j'y serai une fois de plus, avec trois livres à signer, mon recueil Les Marées à venir (Vermillon, 2009) et deux livres de Laurent McAllister, Suprématie (Bragelonne, 2009) et Les Leçons de la cruauté (Alire, 2009).

Voici un petit horaire de mes heures de dédicaces :

Samedi

10h-11h30 : (espace DLM, numéro 19) pour Suprématie, chez Bragelonne

11h30-13h : (espace Prologue, numéro 59) pour mes romans jeunesse, chez Médiaspaul

13h-14h : (numéro 10) pour Les Leçons de la cruauté, chez Alire

14h-15h : (Salle Outaouais, espace du RCÉF, numéro 98) pour Les Marées à venir et Jonctions impossibles, chez Vermillon

Dimanche

10h-12h : (espace DLM, numéro 19) pour Suprématie, chez Bragelonne

12h-13h : (Salle Outaouais, espace du RÉCF, numéro 98) pour Les Marées à venir et Jonctions impossibles, chez Vermillon

13h-15h : (espace Prologue, numéro 59) pour mes romans jeunesse, chez Médiaspaul

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2010-02-25

 

Le mur du futur

On ne s'est pas toujours préoccupé du futur : c'est ce qui me fait le plus rigoler quand la secte de la Singularité se plaint d'un mur du futur situé en 2030 (Vinge), 2045 (Kurzweil) ou 2060... L'histoire des futurs de Cazes tout autant que l'histoire de la science-fiction révèlent qu'il a longtemps été possible de penser le progrès sans se soucier sérieusement de dater les percées à venir. Au mieux, on lançait des dates aléatoires, comme Mary Shelley dans The Last Man ou Verne dans son histoire d'un journaliste américain en l'an 2890, qui projettent leurs personnages à un millénaire tout rond dans le futur. Sinon, on se contentait souvent d'évoquer les merveilles à venir sans s'avancer sur la date de livraison...

De nos jours, il existe toute une sous-culture vouée à l'exacerbation de nos attentes pour le futur. Un bon exemple de cette tendance est fourni par la vidéo "Did you know? 3.0". Pourtant, il est difficile de prendre au sérieux des affirmations aussi primaires. Prenons un exemple : la vidéo soutient que « The top 10 in-demand jobs in 2010... did not exist in 2004 ». Mais est-ce bien vrai? Nous sommes en 2010 et ça ne doit pas être si difficile de savoir quels emplois sont les plus recherchés, ou ont le plus besoin d'être comblés. Le problème, c'est que les sources se contredisent. Par exemple, cette liste cite les boulots dans l'ordre suivant :

1) programmeur informatique — un emploi qui existe depuis bien avant 2004...

2) travailleur en garderie — pas exactement nouveau non plus...

3) préposé aux personnes âgées — idem...

4) agent d'emploi (chargé de trouver du travail temporaire à des intérimaires pour des salaires de misère) — ce qui existait déjà du temps de Bécassine...

5) ingénieur environnemental — le nom est nouveau, mais il s'agit de refaire les infrastructures d'il y a un siècle (aqueducs, égouts) en respectant au mieux l'environnement naturel

6) aide soignant à la maison — comme c'est réglementé en France depuis 1994, cela veut dire que cela existe depuis au moins aussi longtemps...

7) conseiller en gestion — c'est sans doute plus neuf, mais les gourous auxquels on fait appel dans les urgences, cela ne date pas d'hier, même si c'était sous d'autres noms...

8) gérant de réseau (responsable de l'interconnexion de toutes les composantes d'un réseau informatique sur les lieux de travail)

9) médecin assistant

10) coordinateur de services sociaux — n'est-ce pas le métier qu'on reprochait à Obama d'avoir pratiqué?

Bref, si on connaît aussi imparfaitement notre présent (voire notre passé !), peut-on vraiment tirer des plans sur l'avenir?

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2010-02-24

 

Un faux Jean-Louis Trudel sur Facebook

Face à la grande anarchie d'internet, on peut opter pour deux attitudes : une participation maximale et une participation minimale. J'ai depuis longtemps choisi la plus grande participation possible.

Un des inconvénients, c'est qu'il est relativement facile pour un mauvais plaisant de trouver sur internet des photos de moi et de mes livres, ainsi que des informations diverses, qui peuvent suffire à monter un profil Facebook qui prétend être le mien(http://www.facebook.com/profile.php?id=100000771464394). C'est ce qu'un de mes étudiants à l'Université d'Ottawa semble avoir fait en invitant ensuite, au moyen des outils propres à Facebook, de nombreuses connaissances à devenir des amis de ce faux profil.

Mon alter ego profère des insanités, me dit-on, mais ce n'est pas la seule différence entre les deux profils. Les deux photos sont identiques (je changerai peut-être la photo de mon profil, si je décide que cela n'augmentera pas la confusion), mais l'imposteur se dit basé à Ottawa dans ce faux profil Facebook, alors que le vrai profil (http://www.facebook.com/#!/profile.php?ref=profile&id=652150665) me dit basé à Montréal.

Tous les membres de Facebook peuvent tout à la fois rapporter ce mauvais plaisant aux gestionnaires de Facebook et le bloquer pour qu'il ne communique plus avec eux en utilisant le bouton en bas, à gauche, du FAUX profil (http://www.facebook.com/profile.php?id=100000771464394). Ne pas se tromper de profil, donc...

Ce que je teste, depuis hier, ce sont les avantages d'une participation maximale au réseau pour faire circuler les bonnes informations et discréditer le faux Jean-Louis Trudel. J'invite donc les lecteurs de ce blogue à la diffuser au besoin...

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2010-02-21

 

Petit palmarès des liens astronomiques

En fait, il n'y a pas de classement, il s'agit seulement de sites intéressants que l'on m'a signalés ces derniers jours :

— le zoo galactique : Galaxy Zoo 2 permet à tous les amateurs branchés de se lancer dans la classification visuelle des galaxies de l'Univers, ou du moins d'un échantillon de 250 000 galaxies; la participation des amateurs à cette tâche a déjà permis de découvrir un objet (le Voorwerp) des plus mystérieux — le site d'un quasar ou d'une rafale groupée de supernovae, peut-être...

— le ciel sur grand écran : juché sur Cerro Pachón au Chili, le LSST (Large Synoptic Survey Telescope) permettra aux astronomers de photographier l'intégralité du ciel austral tous les trois jours d'ici 2016, produisant une sorte de film au ralenti de toutes les portions de cette partie de la voûte céleste et une avalanche de données qui seront mises à la disposition de tous les intéressés, astronomes professionnels ou non

— la solution des éclipses d'Epsilon Aurigae : les astronomes Hoard et Stencel ont employé le télescope spatial Spitzer pour redéfinir la nature du système à éclipse d'Epsilon Aurigae

— la solitude de l'intelligence : en attendant, mieux vaut profiter de ces découvertes qui constituent peut-être le seul attrait de l'Univers puisqu'un travail récent suggère que les chances que l'humanité soit la seule forme d'intelligence en ce moment dans la Galaxie sont plus élevées que l'inverse...

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2010-02-20

 

L'habitude de la victoire

Une semaine plus tard, l'arrogance des organisateurs des Jeux de Vancouver en prend pour son rhume. Les médailles ne sont pas au rendez-vous pour le Canada, même si quatre athlètes ont d'ores et déjà remporté des médailles d'or en sol canadien — ce qui n'était arrivé ni à Montréal ni à Calgary.

Néanmoins, par rapport aux attentes et aux classements mondiaux des athlètes avant le début des Jeux, on commence à parler de contre-performances.

Des sommes relativement importantes à l'échelle canadienne ont été investies dans la formation, l'entraînement et le soutien des sportifs de haut niveau (en négligeant parfois les sports ou les athlètes qui n'étaient pas jugés capables d'une performance suffisante). On a aussi promis aux médaillés des primes additionnelles. (Qu'il est loin le temps des Jeux Olympiques réservés aux vrais amateurs...)

Pourtant, la récolte laisse à désirer. En fait, il ne faudrait pas s'en surprendre. On sait depuis longtemps que les récompenses monétaires ne suffisent pas à garantir de bonnes performances, au contraire. Les études (.PDF) sont nombreuses et concluent, en gros, que l'effort plus intense obtenu par des incitatifs monétaires ne compense pas toujours la perte de plaisir qui rendait l'effort ou le travail agréable en l'absence de récompenses monétaires. Sans parler du fait qu'on ne peut pas pousser quelqu'un à faire mieux si cette personne n'a pas le savoir-faire requis. La plus grosse carotte du monde ne fera jamais d'un âne un cheval de course...

Daniel Pink parle dans cette conférence (vidéo) de l'efficacité des récompenses, en particulier sur les performances les plus exigeantes : il faudrait parler en fait de leur inefficacité, car les récompenses peuvent avoir l'effet opposé et engendrer des performances inférieures. Bref, comme d'habitude, le mode de fonctionnement des Conservateurs de Harper apparaît en pleine lumière comme une idéologie, et non un souci d'efficacité.

Je ne blâme pas les athlètes canadiens d'avoir succombé à la pression, car on a vraiment tout fait pour la pousser au maximum. Non seulement ils se sentaient redevables de l'argent qu'on avait investi, non seulement on leur avait fixé des objectifs très ambitieux, non seulement des foules partisanes étaient présentes pour les soutenir (et concrétiser les espoirs d'une partie du pays), mais le gouvernement Harper laissait déjà planer le spectre d'une décroissance du financement des sports de haut niveau après les Jeux en cas de déception, de sorte que les athlètes étaient non seulement responsables de l'argent investi précédemment mais de l'argent à venir, en sus de toute récompense individuelle! Pas étonnant que certains n'aient pas été à la hauteur...

Le gouvernement de Stephen Harper comprend parfaitement le besoin d'assurer un financement soutenu à l'armée, par exemple, si on désire avoir une armée performante. Il s'en vantait d'ailleurs durant son voyage à Haïti — ce qui fait un peu curieux durant la supposée trêve olympique, mais il est vrai que cette tradition est depuis longtemps oubliée...

Mais dès qu'il s'agit de financer la culture, l'éducation ou les sports, le même principe ne s'applique plus, semble-t-il, sans doute parce qu'une culture vivante et distincte, une éducation digne de ce nom ou une population éprise des sports n'ont pas la même importance qu'une armée remplumée à coups de milliards....

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2010-02-19

 

La SF canadienne et le mythe de Babel

La science-fiction canadienne est-elle réellement canadienne? Parfois, il est tentant de poser la question du point de vue des lieux de publication (souvent aux États-Unis, voire en Europe) et des origines personnelles des auteurs (souvent issus de l'immigration récente). Néanmoins, on peut également la poser du point de vue thématique. Les arguments, les motifs et les thèmes de la science-fiction canadienne correspondent-ils à ceux que l'on retrouvent ailleurs dans la littérature canadienne? Reflètent-ils des préoccupations et des mentalités canadiennes?

En 1963, dans The Educated Imagination, le critique torontois Northrop Frye assimilait notre civilisation à une immense technostructure, comparable à une tour dressée vers le ciel. Et pas n'importe quelle tour! Une tour infiniment ambitieuse, qui matérialise la croyance au progrès sans fin et à la croissance capable de nous assurer le paradis sur terre. Pourtant, contrairement à la tour de Babel, notre civilisation technologique n'est pas le résultat d'un effort concerté, mais d'initiatives indépendantes stimulées par l'émulation de la concurrence. Et cette civilisation semblait fragile à Frye, susceptible de s'écrouler à tout moment.

Ce sens de la fragilité de la vie civilisée serait typiquement canadien : les États-Unis sont nés au temps des Lumières et ils ont officiellement éliminé la frontière des pionniers à la fin du XIXe s. Dorénavant, les États-Unis seraient un monde clos et quadrillé, subjugué par la volonté humaine et exploité au profit exclusif de ses citoyens. Tandis que les Canadiens vivent encore aujourd'hui dans un étroit entre-deux, collés à la frontière des États-Unis et adossés à la nature sauvage et déserte, qui débute souvent à quelques dizaines de kilomètres à peine des zones urbaines. Survivre dans un contexte hostile est un défi permanent dans l'histoire canadienne — et aussi un défi annuel! Quand l'hiver s'abat, il faut tout le travail des défricheurs, des colons et des bâtisseurs pour faire exister des îlots de civilisation en plein bois, à des centaines de kilomètres les uns des autres, et on peut voir encore aujourd'hui des fermes et maisons se blottir autour d'un clocher, au milieu de champs qui ne sont parfois qu'une éclaircie ouverte dans la forêt boréale.

Northrop Frye poursuivait en rappelant que l'entreprise de la tour de Babel avait succombé à la confusion des langues ou plus précisément à l'oubli de la langue originelle. Cette langue des origines, pour Frye, n'était pas une langue précise, mais le fondement même de la créativité humaine, l'essence de la nature humaine. Et Frye concluait : « It never speaks unless we take the time to listen in leisure, and it speaks only in a voice too quiet for panic to hear. And then all it has to tell us, when we look over the edge of our leaning tower, is that we are not getting any nearer heaven, and that it is time to return to the earth. »

Quand on examine la liste des lauréats des Prix Aurora, par exemple, on constate que ce prosaïsme canadien, ce refus de s'élancer vers le ciel et de nager dans les couches éthérées des absolus ou des idéaux, ou d'envisager une conquête complète d'autres mondes, est très présent dans la science-fiction d'ici. La nouvelle « Sleeping in a Box » de Candas Jane Dorsey montre la vie sur la Lune sous un jour nettement plus sombre que les textes classiques de la science-fiction étatsunienne. « L'Enfant des mondes assoupis » d'Yves Meynard décrit une Terre ruinée, mais les planètes neuves colonisées par l'humanité ne leur appartiennent pas vraiment. « La plage des épaves » de Laurent McAllister va plus loin en décrivant l'échec quasi absolu d'une tentative de colonisation d'un monde étranger immunisé contre les implantations d'outre-espace.

L'échec n'est pas aussi absolu dans Tyranaël d'Élisabeth Vonarburg, mais la planète en question fait montre d'une capacité de résistance plus grande que dans les récits de colonisation de la science-fiction traditionnelle. Dans Dreams of an Unseen Planet de Teresa Plowright, la planète baptisée Gaea (Gaïa!) a également une capacité de résistance et même d'action face aux humains venus de la Terre pour établir une colonie idéale et un refuge... L'influence d'un monde étranger et réfractaire aux ambitions humaines est également présente dans les nouvelles « The Woman Who Is the Midnight Wind » de Terence Green et « Shadow Album » de James Alan Gardner (publiée en français dans Solaris 165 sous le titre « Album d'ombres »).

Et comme la question de la compréhension et de la communication, voire de l'échange linguistique, est souvent cruciale dans ces textes, il me semble qu'il serait effectivement fascinant d'analyser la science-fiction canadienne à la lumière du mythe de Babel. Qui s'en chargera?

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2010-02-17

 

McLuhanesque

McLuhan l'avait prévu et les Jeux Olympiques le démontrent : à l'ère des communications électroniques, le tribalisme se porte bien.

Sauf peut-être dans un domaine dont la réinvention de la tribu a longtemps fasciné les anthropologues, celui des fans de science-fiction. Depuis plusieurs années, pourtant, ces tribus de fans attachés à des créations littéraires ou médiatiques bien particulières s'étiolent. Leurs membres vieillissent et cessent de se déplacer pour reconstituer comme avant des tribus instantanées et éphémères. Mais se pourrait-il que McLuhan soit également capable de expliquer ce phénomène? Ou du moins, que ses théories puissent nous éclairer en fournissant une interprétation possible?

Dans le monde anglophone, le fandom attaché à Star Trek et au Doctor Who a longtemps constitué le noyau dur de la relève des années soixante-dix, quand les congrès ont commencé à gonfler et qu'il a fallu des fans actifs pour soutenir les clubs, les congrès et les zines. Il est frappant de constater qu'en dépit du succès presque ininterrompu de nombreux films et séries depuis cette époque, on n'a pas nécessairement revu une telle vague de fond. Serait-ce justement parce que les effets spéciaux bas de gamme et l'image en noir et blanc (tout le monde n'avait pas encore une télé couleur) favorisaient cette participation tactile du spectateur que décrivait McLuhan pour expliquer l'engagement politique de la génération des années soixante? De ce point de vue, la basse résolution de la télévision de cette époque lointaine en aurait fait un média cool, au sens mcluhanien du terme, obligeant les spectateurs à se projeter dans les failles de l'image pour les combler et construire eux-mêmes l'univers pré-supposé par ce qu'ils entrevoyaient. Une telle construction active étant nettement plus valorisante que la simple immersion dans un univers à haute résolution (comme Avatar), les fans auraient naturellement poursuivi sur la lancée pour se mêler d'organiser des congrès, de publier des fanzines ou d'adhérer à des clubs...

Par contre, depuis les effets spéciaux perfectionnés de 2001, Star Wars, Battlestar Galactica et l'avènement de la télé en couleurs pour tous (en attendant la haute définition), la science-fiction cinématographique ou télévisuelle bénéficierait d'un effet de réel qui en ferait un média hot, toujours au sens mcluhanien du terme. Un mode de communication dont la perfection même incline à la passivité.

Mais il existe un espoir... Les anime japonais demeurent résolument attachés à un graphisme vieux jeu dont l'esthétisme peut faire oublier qu'ils représentent le monde en (très) basse résolution. Au petit comme au grand écran, ils ramèneraient donc les spectateurs vers les médias cool d'antan... Est-ce un hasard si le fandom des séries japonaises est particulièrement dynamique et prompt à sortir de chez soi? L'avenir appartient-ils aux otaku?

En ce qui concerne la chose écrite, cette analyse pourrait également s'appliquer, qui sait? Dans l'histoire du genre, ce sont parfois les romans et les nouvelles rédigés dans un style primaire, à la va-vite, qui ont suscité le plus de fans actifs... Il faudrait donc blâmer le déclin de la science-fiction sur le perfectionnement de son écriture par ses auteurs!

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2010-02-13

 

Le rêve, puis la réalité

On ne peut que souhaiter le plus grand des succès aux Jeux d'hiver de Vancouver, mais l'enthousiasme, voire l'arrogance, des organisateurs (n'ai-je pas lu un article, ces derniers jours, où ils ridiculisaient la candidature de Québec en se moquant de Mont-Tremblant?) est de ceux qui appelaient la colère des dieux grecs sur la tête des téméraires mortels dont il fallait châtier la fierté quand ils tentaient de transcender leur condition mortelle, faillible et imparfaite.

Si la cérémonie d'ouverture a souvent été magnifique d'audace (mais pas au point de laisser les chanteurs faire leur numéro en direct), les concepteurs du spectacle ont véritablement tenté la colère divine en prétendant faire entendre toutes les voix du Canada quand on entendait tout juste un mot ou deux de français, et pas un mot d'une langue autochtone, pas même une phrase du jargon chinook qui avait réuni autrefois plusieurs des langues de l'Ouest.

Si j'étais superstitieux, je dirais que le châtiment n'a pas tardé. La vasque olympique n'est pas apparue comme elle était censée le faire pour clôturer le spectacle. Et pendant ce temps le ciel de Vancouver continue à faire grise mine aux athlètes qui aimeraient plus de neige et un froid dignement hivernal... Si on ajoute la mort accidentelle du lugeur géorgien qui renforce les doutes au sujet de la piste de glisse, il y a de quoi se demander si les Olympiens ne sont pas en colère.

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2010-02-11

 

Faites venir Les Marées à venir !

Il reste quelques jours encore pour voter
et sélectionner les heureux finalistes
qui entameront un dernier tour de piste
avant le grand congrès où ils seront notés

Mais si on voulait avoir tout lu pour coter,
les quelques titres (à trouver) pour utopistes
et les nombreux livres signés pour nihilistes,
il ne fallait pas oublier de commander !

Mais pour que les Prix Boréal ou Aurora
récompensent en mai les meilleurs lauréats,
le temps est venu de remplir un bulletin

Fantastique ou sf, fantasy ou horreur,
qu'importe si ce n'est pas aimé du gratin,
seul omettre de voter serait une erreur !

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2010-02-09

 

Un petit réchauffement avant les Prix Boréal

Le 27e congrès Boréal aura lieu à Québec du 14 au 16 mai. Tous les détails seront annoncés sous peu sur le site.

Les Prix Boréal seront remis à l'issue du congrès, le dimanche 16 mai.

Le vote n'est pas encore ouvert, mais on peut se préparer dès maintenant au vote en participant à la sélection des finalistes pour les Prix Aurora. Il s'agit des prix pan-canadiens de la science-fiction, de la fantasy et du fantastique, dont les catégories francophones devraient fusionner avec les Prix Boréal l'an prochain.

En attendant, on peut proposer sa propre sélection de candidats au moyen de ce formulaire.

Des listes partielles des ouvrages admissibles à une mise en candidature sont disponibles sur cette page.

IMPORTANT : Il convient de noter que les Prix Aurora ne récompensent que les romans, ce qui exclut les recueils et les anthologies. Toutefois, les listes compilées sur le site référencé ci-dessus incluent des recueils, qui ne sont pas admissibles à une candidature.

ENCORE PLUS IMPORTANT : La date limite pour les Prix Aurora est dans une semaine, le 15 février. Il faut donc réagir rapidement si on veut proposer des candidats.

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2010-02-08

 

La croissance à venir

Un nouveau livre de Raj Patel, The Value of Nothing, était critiqué en fin de semaine dans The Globe and Mail. Patel soutient que la croyance au libre-marché a viré au fondamentalisme depuis 1970 et que cette foi dollarisée a exalté la cupidité et encouragé la déréglementation ainsi que le consumérisme, de sorte que nous en payons désormais le prix sous la forme d'une planète polluée, de nations ou de familles obérées par l'endettement, et d'individus affligés par l'insomnie et l'obésité.

Depuis la Révolution industrielle, on pourrait soutenir que la croissance économique a jusqu'à aujourd'hui été alimentée par la croissance démographique qui induit au minimum des économies d'échelle et une croissance simultanée du marché potentiel : il y a plus de consommateurs et, ceteris paribus, ils sont plus faciles à desservir plus ils sont nombreux. L'innovation, sous la forme d'une meilleure organisation du travail et d'améliorations techniques de la productivité (permises par l'exploitation de nouvelles sources d'énergie fossile), a également rendu possible la croissance économique par personne. Bref, à capacité d'achat et de travail égale, l'augmentation de la population entraînera forcément une croissance globale de l'économie, tôt ou tard.

Or, la croissance démographique mondiale n'est pas terminée, même si on en voit (peut-être) le bout d'ici trente ou quarante ans. Ceci suggère que la croissance de l'économie reprendra si elle n'est pas enrayée par des catastrophes de très grande ampleur. À court terme, de telles catastrophes restent possibles, mais pas nécessairement probables.

Malgré la sévérité de la récession actuelle, l'augmentation de la population mondiale laisse donc croire à un retour de la croissance... si les nouvelles générations (qui se trouveront pour la plupart au-delà des frontières de l'Europe et de l'Amérique du Nord) obtiennent les moyens d'acheter ce qui leur faudra pour vivre décemment. En revanche, l'avenir des populations vieillissantes (dont le Québec) est nettement moins clair.

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2010-02-07

 

Loin de la moyenne

Plus les classes d'un professeur sont nombreuses, plus il a de chances de tomber sur des cas, euh, inusités. Or, depuis que j'enseigne à temps partiel, j'ai eu entre deux et trois mille étudiants, l'écrasante majorité de ceux-ci depuis 2004. J'ai déjà croisé un étudiant particulièrement brillant, qui avait de la réflexion, de la conversation et qui, comme ingénieur pas encore diplômé, avait déjà un brevet en attente, sinon plus. Un génie en herbe, peut-être... Pour compenser, il fallait bien que j'aie droit un jour au spécimen inverse — et c'est fait.

Ce n'est pas qu'il soit bête, intellectuellement parlant; ses résultats seraient plutôt bons... s'il ne remettait pas ses devoirs systématiquement en retard et s'il n'avait pas omis de se présenter à l'examen de mi-session et à l'examen final. Mais c'est qu'il a des excuses : la GRC conspire avec d'autres agences de renseignement pour le rendre malade et le renvoyer dans son pays d'origine (encore qu'il prétende être citoyen canadien). C'est à coup sûr la GRC puisque la Police montée avait déjà organisé une agression l'an dernier afin de lui dérober, à la faveur de cette rossée, les documents nécessaires à son émigration aux États-Unis. S'il a manqué autant d'examens, c'est qu'il avait la fièvre parce que la GRC tente de l'empoisonner ou de l'infecter. La GRC s'arrange même pour faire disparaître de l'argent de son compte en banque et fait pression sur les professeurs de l'université pour l'empêcher d'avoir les notes auxquelles il a droit... C'est ce qu'il explique en long et en large dans un courriel rédigé dans un anglais inimitable et adressé au premier ministre du Canada pour réclamer une enquête publique, en me mettant en copie ainsi que tous les autres professeurs qui le persécutent en ne lui donnant pas les notes qu'il est persuadé de mériter.

Je n'en sais pas assez sur lui pour savoir s'il correspond en tous points au modèle des tueurs universitaires, mais c'est l'occasion de se renseigner sur les procédures à suivre quand un étudiant décroche du réel...

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2010-02-06

 

Le temps du talion

Après le livre, le film... Le roman Les sept jours du talion de Patrick Senécal a été porté à l'écran et je suis très curieux de voir comment le film sera reçu par le grand public.

Après tout, un sondage récent (Angus Reid, août 2009) montrait que 69% des Québécois considèrent que la peine de mort est moralement acceptable dans les cas de meurtre, ce qui est plus élevé que la moyenne canadienne (62%). C'est un renversement (statistiquement significatif?) par rapport à la tendance traditionnelle. Mais si la peine capitale est acceptable pour les meurtriers, la torture le serait-elle pour les tortionnaires?

C'est toute la question posée par Les sept jours du talion. Patrick Senécal était-il en avance sur ses temps? En tout cas, il était à l'écoute des tendances. Moi, je suis porté à me demander si le pétage de bretelles des élites québécoises, qui vantaient l'approche québécoise plus progressiste en matière de justice, n'a pas, en soi, convaincu la population qu'on abreuvait jusqu'à plus soif de cette auto-satisfaction en boîte que cela signifiait nécessairement que le Québec était plus laxiste que les autres. (L'impunité de certains criminels, souvent montée en épingle par les torchons de Péladeau, pouvait certes les conforter dans cette idée, des Lacroix aux chauffards en état d'ébriété.) À la rigueur, il aurait fallu vanter la sévérité du système québécois... On parie qu'avec le même appareil législatif, un tel discours aurait suffi à pacifier au moins en partie l'opinion publique?

Cela dit, l'explication la plus simple au basculement de l'opinion publique québécoise, c'est le vieillissement accéléré de la population du Québec, qui fait (si on simplifie au maximum) qu'on a désormais une population dominée par ceux et celles qui sont relativement plus enclins à craindre d'être les victimes de criminels que les victimes de la répression policière et de l'obsession sécuritaire... Or, c'est justement entre 1995 et 2005 que le Québec est devenu plus vieux en moyenne que le Canada.

Préparons-nous! La gérontocratie est en marche.

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2010-02-04

 

La soupe à la tortue à Toronto

Au dix-neuvième siècle, Montréal n'était pas le seul endroit au Canada à compter un restaurant offrant de la soupe à la tortue. En 1886, William Clow tenait à Toronto un tel restaurant depuis plusieurs années. Il était venu d'Angleterre en 1867 et son restaurant sis aux 56, 58 et 60 de la rue Colborne offrait une grande salle à manger de 40 par 50 pieds aux marchands et aux hommes d'affaires du centre-ville. L'affaire avait été fondée par un dénommé Jewell, dont Clow était devenu le gendre. En 1886, il était le seul maître à bord du restaurant depuis deux ans et il fonctionnait à l'européenne, selon les sources du temps, ce qui signifie qu'il servait un repas à toutes heures (du jour seulement, ou du jour et de la nuit? ce n'est pas dit).

De temps à autre, il importait des tortues vivantes (sans doute des tortues vertes) dont il tirait une soupe renommée : « The great specialty of this house is the importation of live turtles, and the turtle soup days of the "only Clow" bring a big contingent from distant part to feast on the aldermanic dainty. » (Pour des raisons assez obscures, la soupe à la tortue est devenue associée en anglais aux échevins municipaux durant le XIXe siècle, peut-être parce que les repas des édiles étaient réputés aussi plantureux que prolongés, ce qui correspondait apparemment au signalement de la soupe à la tortue...)

De nos jours, il faut les chercher, les restaurants qui offrent de la soupe à la tortue. Plus de Compain à Montréal, plus de Clow à Toronto... Sous nos latitudes, si on trouve un restaurant qui en sert, il s'agira le plus souvent de la version du sud des États-Unis, qui emploie des tortues terrestres, et non des tortues de mer, comme on la mange encore dans les îles Caïmans. Comme quoi, même si on ne s'en aperçoit pas toujours, le monde change, et il change d'autant plus que nous le changeons de par nos ravages et déprédations...

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2010-02-03

 

Le début de la fin de la Chine?

Depuis quelques jours, les articles se multiplient pour révéler ce qui se cachait sous le piratage informatique qui avait ciblé des groupes tibétains associés au Dalaï-Lama et Google, plus récemment. Il s'agit en fait d'un spectre ressurgi d'un lointain passé : l'espionnage industriel au temps de la Guerre froide, autrefois pratiqué par les Communistes russes, désormais pratiqué à fond par les Communistes chinois. (Admettons que les idéaux du communisme et du partage intégral justifient facilement l'espionnage — même si peu d'États communistes ont véritablement pratiqué la mise en commun des richesses et des privilèges réservés à une élite.)

Or, je me souviens que la recrudescence d'inquiétude vers le milieu des années 80 au sujet de l'espionnage industriel soviétique, qui allait mettre la main sur tous les secrets de l'informatique occidentale et s'en servir pour augmenter l'avance scientifique et technique de l'U.R.S.S. aux dépens de ses rivaux, a précédé de peu l'effondrement de l'Union soviétique. En fait, l'espionnage industriel est un aveu d'impuissance qui peut masquer un temps les faiblesses d'un système, voire les pallier, mais qui ne peut pas nécessairement le sauver.

Depuis quelques semaines, les regards de plusieurs analystes et penseurs se tournent aussi vers la Chine en se demandant si elle sera le lieu du prochain krach, pour toutes sortes de raisons. Ainsi, Jim Chanos, qui aurait vu juste en ce qui concerne Enron, recommande de parier contre de grands pans de l'économie chinoise, qui serait gonflée par une bulle financée à crédit. D'autres observateurs critiquent Chanos, tout en admettant (si on les lit bien) qu'une partie de l'économie chinoise est sans doute surévaluée. Ou bien, ils remettent à plus tard le krach, dans dix ans ou plus, quand la grande migration des campagnes à la ville aura pris fin. (J'en profite pour rappeler qu'en 2007, j'ai annoncé la chute du régime communiste chinois pour 2017...)

Pourtant, si les cyber-attaques chinoises sont capables de déjouer les défenses des plus grandes compagnies occidentales (Adobe, Google, etc.), n'est-ce pas la preuve que la Chine est déjà plus forte que ses rivaux? La Chine ne produit-elle pas suffisamment d'ingénieurs et d'informatiques pour enterrer l'Occident? (Peut-être pas...) En fait, la meilleure défensive, c'est l'offensive. Depuis longtemps, l'Occident a fait le pari de la recherche et de l'exploration. Les découvertes d'aujourd'hui seront dépassées demain. Si la Chine investit dans l'espionnage industriel, c'est peut-être bien la preuve qu'elle craint de ne pas avoir les moyens humains (l'éducation chinoise inculquant d'abord l'habitude de tricher, d'apprendre par cœur et de régurgiter) de se montrer aussi innovante que l'Occident. Tout simplement parce que l'innovation exige une culture (on voit bien que la culture canadienne n'est pas très propice à l'innovation) et que l'innovation technologique peut rapidement conduire à l'innovation sociale et politique. Ce que les dirigeants chinois ne veulent pas...

Si la tendance se maintient, la Chine n'arrivera plus, tôt ou tard, à tenir le rythme qu'on attend d'elle. Ce jour-là, des investisseurs se réveilleront et le dégonflement pourrait être aussi brutal que la montée en flèche a été rapide. Quelles en seraient les conséquences pour le Canada? Dans la mesure où la Chine continue à faire grimper les prix des ressources naturelles et des matières premières, ce qui profite à toute l'économie canadienne, un effondrement chinois porterait un dur coup aux régions canadiennes qui dépendent du secteur primaire.

Bref, nous ne sommes pas sortis du bois.

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2010-02-01

 

L'appréhension de l'avenir

Appréhendons-nous l'avenir? Que le même mot désigne la compréhension d'une situation et le fait de la craindre ou de la redouter en dit long sur la méfiance qu'inspire le savoir. Quand il est question de l'avenir, tout particulièrement, faut-il s'étonner qu'on le préfère inconnu, car encore malléable?

Cela fait un certain temps que le futur n'est plus ce qu'il était. On peut certes s'extasier sur cette superbe animation qui montre l'assemblage de la Station spatiale internationale, mais sa construction qui a débuté en 1998 (et se terminera en 2011, en principe) aura été plus longue que sa vie utile (qui doit s'achever en 2020). Et contrairement aux rêves de Tsiolkovsky et von Braun, cette station n'aura pas été un marche-pied vers les étoiles, ou tout bonnement vers une autre planète. Rien qu'une banlieue artificielle de la Terre...

Les prévisions d'hier sont-elles toutes infondées? Les plus optimistes, peut-être, mais les plus pessimistes ont parfois été confondantes de justesse. En 1901, le scientifique suédois Nils Ekholm (moins connu que son contemporain Svante Arrhenius qui a travaillé sur le même sujet) a déjà saisi le mécanisme fondamental à l'origine de l'effet de serre et il l'explique sans recourir aux vulgarisations simplificatrices qu'on entend encore parfois aujourd'hui :

« radiation from the earth into space does not go directly from the ground, but on the average from a layer of the atmosphere having a considerable height above sea-level. . . The greater is the absorbing power of the air for heat rays emitted from the ground, the higher will that layer be. But the higher the layer, the lower is its temperature relatively to the ground; and as the radiation from the layer into space is the less the lower its temperature is, it follows that the ground will be hotter the higher the radiating layer is. »

Mais si Ekholm en tirait la conclusion évidente, il voyait plutôt le réchauffement d'un bon œil :

« . . . the present burning of pit-coal is so great that in one year it gives back to the atmosphere about one one-thousandth of its present store of carbonic acid. If this continues for some thousand years it will undoubtedly cause a very obvious rise of the mean temperature of the earth. Also Man will no doubt be able to increase the supply of carbonic acid also by digging of deep fountains pouring out carbonic acid. Further, it might perhaps be possible for Man to diminish or regulate the consumption of carbonic acid by protecting the weathering layers of silicates from the influence of the air and by ruling the growth of plants according to his wants and purposes. Thus it seems possible that Man will be able efficaciously to regulate the future climate of the earth and consequently prevent the arrival of a new Ice Age. By such means also the deterioration of the climate of the northern and Arctic regions, depending on the decrease of the obliquity of the ecliptic, may be counteracted. It is too early to judge of how far Man might be capable of thus regulating the future climate. But already the view of such a possibility seems to me so grand that I cannot help thinking that it will afford to Mankind hitherto unforeseen means of evolution »

Après tout, quand on vit à deux doigts du cercle polaire...

Même si le réchauffement devait améliorer l'environnement de quelques pays nordiques, on a d'autres raisons de prédire des avenirs fort peu radieux à l'Europe de 2101. Dans cet article de Fred Pearce paru dans le Guardian (un extrait du livre Peoplequake, sur l'implosion démographique à venir), l'auteur envisage le dépeuplement de l'Europe. De fait, si les tendances se maintiennent, l'apocalypse démographique n'aura pas lieu et la population mondiale commencera à baisser d'ici la moitié du siècle. En Europe, ce sera la dégringolade, le piqué, la chute libre...

Mais si la population du monde est plus petite en 2101 (cinq milliards, par exemple) qu'en 2001, cela signifie mécaniquement que la pression exercée par l'humanité devrait se relâcher, et que les cibles de réduction des gaz à effet de serre seront plus faciles à atteindre. Après tout, si on veut réduire d'ici 2050 la consommation par rapport à 1990, ce n'est qu'un objectif ponctuel. Il s'agit en fait de stabiliser le volume des émissions de gaz carbonique. À plus long terme, revenir durant la seconde moitié du siècle aux chiffres de 1987-1989 pour ce qui est de la population mondiale va forcément aider !

J'ai déjà suggéré deux ou trois fois que nous sommes engagés dans une course, entre l'amélioration du sort de l'humanité (qui peut enrayer la bombe démographique, en particulier si les femmes obtiennent leur mot à dire) et la destruction de la biosphère. Si notre prodigieuse débauche énergétique nous achète une prospérité durable, la biosphère aura sa chance de s'en remettre, et l'humanité aura l'occasion d'adopter un mode de vie plus sain...

Le suspense sera insupportable, je le crains... ou plutôt, je l'appréhende.

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