2010-02-03

 

Le début de la fin de la Chine?

Depuis quelques jours, les articles se multiplient pour révéler ce qui se cachait sous le piratage informatique qui avait ciblé des groupes tibétains associés au Dalaï-Lama et Google, plus récemment. Il s'agit en fait d'un spectre ressurgi d'un lointain passé : l'espionnage industriel au temps de la Guerre froide, autrefois pratiqué par les Communistes russes, désormais pratiqué à fond par les Communistes chinois. (Admettons que les idéaux du communisme et du partage intégral justifient facilement l'espionnage — même si peu d'États communistes ont véritablement pratiqué la mise en commun des richesses et des privilèges réservés à une élite.)

Or, je me souviens que la recrudescence d'inquiétude vers le milieu des années 80 au sujet de l'espionnage industriel soviétique, qui allait mettre la main sur tous les secrets de l'informatique occidentale et s'en servir pour augmenter l'avance scientifique et technique de l'U.R.S.S. aux dépens de ses rivaux, a précédé de peu l'effondrement de l'Union soviétique. En fait, l'espionnage industriel est un aveu d'impuissance qui peut masquer un temps les faiblesses d'un système, voire les pallier, mais qui ne peut pas nécessairement le sauver.

Depuis quelques semaines, les regards de plusieurs analystes et penseurs se tournent aussi vers la Chine en se demandant si elle sera le lieu du prochain krach, pour toutes sortes de raisons. Ainsi, Jim Chanos, qui aurait vu juste en ce qui concerne Enron, recommande de parier contre de grands pans de l'économie chinoise, qui serait gonflée par une bulle financée à crédit. D'autres observateurs critiquent Chanos, tout en admettant (si on les lit bien) qu'une partie de l'économie chinoise est sans doute surévaluée. Ou bien, ils remettent à plus tard le krach, dans dix ans ou plus, quand la grande migration des campagnes à la ville aura pris fin. (J'en profite pour rappeler qu'en 2007, j'ai annoncé la chute du régime communiste chinois pour 2017...)

Pourtant, si les cyber-attaques chinoises sont capables de déjouer les défenses des plus grandes compagnies occidentales (Adobe, Google, etc.), n'est-ce pas la preuve que la Chine est déjà plus forte que ses rivaux? La Chine ne produit-elle pas suffisamment d'ingénieurs et d'informatiques pour enterrer l'Occident? (Peut-être pas...) En fait, la meilleure défensive, c'est l'offensive. Depuis longtemps, l'Occident a fait le pari de la recherche et de l'exploration. Les découvertes d'aujourd'hui seront dépassées demain. Si la Chine investit dans l'espionnage industriel, c'est peut-être bien la preuve qu'elle craint de ne pas avoir les moyens humains (l'éducation chinoise inculquant d'abord l'habitude de tricher, d'apprendre par cœur et de régurgiter) de se montrer aussi innovante que l'Occident. Tout simplement parce que l'innovation exige une culture (on voit bien que la culture canadienne n'est pas très propice à l'innovation) et que l'innovation technologique peut rapidement conduire à l'innovation sociale et politique. Ce que les dirigeants chinois ne veulent pas...

Si la tendance se maintient, la Chine n'arrivera plus, tôt ou tard, à tenir le rythme qu'on attend d'elle. Ce jour-là, des investisseurs se réveilleront et le dégonflement pourrait être aussi brutal que la montée en flèche a été rapide. Quelles en seraient les conséquences pour le Canada? Dans la mesure où la Chine continue à faire grimper les prix des ressources naturelles et des matières premières, ce qui profite à toute l'économie canadienne, un effondrement chinois porterait un dur coup aux régions canadiennes qui dépendent du secteur primaire.

Bref, nous ne sommes pas sortis du bois.

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