2009-05-31
Les Leçons de la cruauté — la couverture
Eh bien, en toute hâte et au terme de quelques manips hasardeuses sur un ordi italien (et qui m'ont convaincu de ne jamais plus avoir recours au Draw d'Open Office), voici la couverture du premier recueil de Laurent McAllister. Avis aux intéressés, y a que du bon...
Libellés : Livres, Science-fiction
2009-05-30
Promenade à Gênes
Après la nature, la culture.
Après la visite-éclair hier des Cinque Terre, j'ai consacré ma journée à la visite des attraits culturels et historiques de Gênes. Le but, c'était de se reposer et de s'instruire. Cette fois, je ne me suis pas pressé pour descendre en ville par le chemin habituel qui commence par le raidillon du Castellaccio. D'ailleurs, je ne me suis pas gêné pour m'arrêter et prendre cette photo d'un chat noir surpris dans un coin de la montée San Barnaba où quelqu'un en accueille plusieurs. Histoire de faire plaisir à la Môme Tournevis, disons... (La photo, je veux dire, pas la personne qui accueille les chats errants.) Le chat avait l'air quelque peu effarouché, mais je ne suis pas superstitieux. D'ailleurs, dans la cour de la demeure aux chats, comme on pourrait l'appeler, il y avait de nombreux autres chats qui se prélaissaient dans l'herbe folle ou semblaient avoir pris en affection une vieille Fiat typiquement italienne. Ce qui a donné la photo ci-dessous, que je trouve assez pittoresque.Le passage aux choses sérieuses a commencé avec la visite d'un monument à la culture des voyages, des découvertes et de l'exotisme du XIXe siècle : le musée des cultures du monde sis dans un château presque entièrement reconstruit à cette époque sur les ruines d'un bastion du temps de Charles Quint. C'est le Castello d'Albertis, édifié par un ancien capitaine et explorateur originaire de la ville. À l'intérieur de ce curieux édifice, le capitaine au long cours a rassemblé des souvenirs d'un peu partout, collectionnés durant ses voyages ou obtenus de missionnaires, par exemple. Il y a aussi une splendide salle colombienne ainsi nommée en hommage à Christophe Colomb, prolongée par un balcon qui sert d'écrin à une statue en marbre blanc du jeune Cristoforo Colombo, assis sur un quai de Gênes, le visage pensif et furibond comme s'il rongeait son frein. Mais il y a aussi une salle à la turque, tendue de tapisseries comme si on se trouvait à l'intérieur d'une tente de Bédouin. Un totem de la Colombie-Britannique, ainsi que d'autres objets autochtones des Amériques. Et une reconstitution de la cabine utilisée par le capitaine Albertis pendant certains de ses voyages... Le musée a l'honnêteté de confesser que son fondateur ne s'est pas toujours distingué comme explorateur, revenant d'un voyage en Nouvelle-Guinée avec une réputation de chef tyrannique pour ses subalternes mais sans grands résultats concrets.
Après un bref passage par la « Chiesa di Santissima Annunziata del Vastato », dont l'ouverture était apparemment le résultat d'une erreur de sorte qu'un prêtre escorte les quelques personnes à l'intérieur jusqu'à la sortie, en passant par le monastère attenant, je descends dans le port. Surprise! Je retrouve à quai un splendide galion que j'avais vu pour la dernière fois dans la rade de Cannes, il y a près de vingt ans. Il s'agit du navire en vedette dans le film Pirates (1986) de Roman Polanski. Si le film n'a pas eu le succès commercial espéré, il a au moins eu le mérite de nous laisser ce splendide souvenir de l'architecture navale d'antan. Un de ces jours, il faudra bien que je trouve l'occasion de regarder ce film, si ce n'est que pour le comparer à la trilogie de Johnny Depp en pirate... Néanmoins, le galion rappelle, au même titre que la statue de Christophe Colomb qui surplombe le port depuis sa situation sur le balcon du Castello d'Albertis, que Gênes a joué un rôle commercial capital dans l'économie européenne, même après la découverte des Amériques et l'arrivée massif de l'or arraché à ses habitants. Le Palazzo San Giorgio, autrefois à deux pas de la rade, héberge aujourd'hui les autorités portuaires, à l'entrée de la vieille ville de Gênes, mais il avait d'abord été l'hôtel de ville, puis le siège de la banque di San Giorgio. Il aurait même servi de prison à Marco Polo, qui aurait profité de son séjour pour dicter une première version de ses récits de voyage en Extrême-Orient.
La vieille ville compte de nombreux édifices qui valent le détour. Plusieurs sont construits dans un style médiéval distinctif, qui alterne en façade les parements de pierres blanches et grises. L'effet est particulièrement frappant dans le cas de la cathédrale San Lorenzo et fait presque oublier sa conception essentiellement gothique par ailleurs. Face à ce monument érigé à la mémoire d'un simple mortel divinisé après sa mort (ne parle-t-on pas aussi de « divo » pour désigner un saint?), on se dit qu'une force du christianisme aura été d'offrir à de simples croyants la divinisation posthume qui était auparavant réservée aux seuls empereurs romains — une forme de démocratisation religieuse... Plus tôt, je m'étais attardé dans la piazza San Matteo, où le même style a été appliqué à l'église San Matteo et aux palais environnants, pour la plupart associés aux seigneurs de la famille Doria. Le palazzo donné à Andrea Doria pour services rendus à la république de Gênes n'est pas le moins agréable au regard, même s'il est difficile à prendre en photo, coincé comme il l'est entre les édifices avoisinants, dont il n'est séparé que par d'étroites ruelles. Avant de prendre la direction du palais ducal, dont l'avènement a signalé une nouvelle ère dans l'histoire de Gênes, j'ai pu me glisser dans le cloître qui jouxte l'église San Matteo (à défaut de pouvoir pénétrer dans l'ancienne église et d'admirer dans la crypte les ultimes vestiges de la vie haute en couleurs d'Andrea Doria) et prendre la photo que je reproduis ci-dessous, qui évoque bien le calme et la perfection classique de cette arcade à l'écart des bruits de la ville.J'ai terminé ma journée dans les musées de la Strada Nuova (aujourd'hui Via Garibaldi), ce projet immobilier voulu par les familles les plus riches de Gênes. Bordant chaque côté de cette rue classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, un palazzo succède à un autre palazzo, chacun se distinguant par le style ou la couleur de sa façade. Certains de ces palais appartiennent aujourd'hui à des banques ou autres institutions. Le Palazzo Tursi accueille à la fois l'hôtel de ville et un musée. Dans sa cour entourée de colonnades sur deux niveaux (voir la photo ci-contre), j'ai trouvé un groupe de musiciens de chambre en train de jouer un air classique. J'ai consacré le reste de l'après-midi à la visite des musées abrités par trois palais voisins, les Palazzo Rosso, Palazzo Bianco et Palazzo Tursi. Les tableaux religieux ont rarement retenu mon attention, mais je demeure fasciné par tout ce qu'on peut retirer de la peinture ancienne en général. J'ai donc visité en cherchant à repérer, par exemple, ce que les peintres plaçaient entre les mains des femmes : des livres dans le cas des plus saintes femmes, mais aussi des bébés et des enfants. Mais quand ce n'est pas le cas et que ce sont pas des servantes qui s'acquittent de tâches ménagères, on trouve rarement des femmes aux mains libres et oisives, ou au repos. Soit elles expriment avec leurs mains une réaction « parlante », soit elles tiennent une arme, une tête tranchée (Judith) ou un aspic (Cléopâtre) : on comprend donc que les peintres préféraient ne pas laisser craindre aux spectateurs d'un tableau ce que les mains des femmes allaient faire... tandis que les mains des hommes m'ont semblé apparaître beaucoup plus souvent au repos. Une observation à confirmer, un de ces jours...
Bref, ce fut une visite que je ne regrette pas, et dont je ramène beaucoup.
Après la visite-éclair hier des Cinque Terre, j'ai consacré ma journée à la visite des attraits culturels et historiques de Gênes. Le but, c'était de se reposer et de s'instruire. Cette fois, je ne me suis pas pressé pour descendre en ville par le chemin habituel qui commence par le raidillon du Castellaccio. D'ailleurs, je ne me suis pas gêné pour m'arrêter et prendre cette photo d'un chat noir surpris dans un coin de la montée San Barnaba où quelqu'un en accueille plusieurs. Histoire de faire plaisir à la Môme Tournevis, disons... (La photo, je veux dire, pas la personne qui accueille les chats errants.) Le chat avait l'air quelque peu effarouché, mais je ne suis pas superstitieux. D'ailleurs, dans la cour de la demeure aux chats, comme on pourrait l'appeler, il y avait de nombreux autres chats qui se prélaissaient dans l'herbe folle ou semblaient avoir pris en affection une vieille Fiat typiquement italienne. Ce qui a donné la photo ci-dessous, que je trouve assez pittoresque.Le passage aux choses sérieuses a commencé avec la visite d'un monument à la culture des voyages, des découvertes et de l'exotisme du XIXe siècle : le musée des cultures du monde sis dans un château presque entièrement reconstruit à cette époque sur les ruines d'un bastion du temps de Charles Quint. C'est le Castello d'Albertis, édifié par un ancien capitaine et explorateur originaire de la ville. À l'intérieur de ce curieux édifice, le capitaine au long cours a rassemblé des souvenirs d'un peu partout, collectionnés durant ses voyages ou obtenus de missionnaires, par exemple. Il y a aussi une splendide salle colombienne ainsi nommée en hommage à Christophe Colomb, prolongée par un balcon qui sert d'écrin à une statue en marbre blanc du jeune Cristoforo Colombo, assis sur un quai de Gênes, le visage pensif et furibond comme s'il rongeait son frein. Mais il y a aussi une salle à la turque, tendue de tapisseries comme si on se trouvait à l'intérieur d'une tente de Bédouin. Un totem de la Colombie-Britannique, ainsi que d'autres objets autochtones des Amériques. Et une reconstitution de la cabine utilisée par le capitaine Albertis pendant certains de ses voyages... Le musée a l'honnêteté de confesser que son fondateur ne s'est pas toujours distingué comme explorateur, revenant d'un voyage en Nouvelle-Guinée avec une réputation de chef tyrannique pour ses subalternes mais sans grands résultats concrets.
Après un bref passage par la « Chiesa di Santissima Annunziata del Vastato », dont l'ouverture était apparemment le résultat d'une erreur de sorte qu'un prêtre escorte les quelques personnes à l'intérieur jusqu'à la sortie, en passant par le monastère attenant, je descends dans le port. Surprise! Je retrouve à quai un splendide galion que j'avais vu pour la dernière fois dans la rade de Cannes, il y a près de vingt ans. Il s'agit du navire en vedette dans le film Pirates (1986) de Roman Polanski. Si le film n'a pas eu le succès commercial espéré, il a au moins eu le mérite de nous laisser ce splendide souvenir de l'architecture navale d'antan. Un de ces jours, il faudra bien que je trouve l'occasion de regarder ce film, si ce n'est que pour le comparer à la trilogie de Johnny Depp en pirate... Néanmoins, le galion rappelle, au même titre que la statue de Christophe Colomb qui surplombe le port depuis sa situation sur le balcon du Castello d'Albertis, que Gênes a joué un rôle commercial capital dans l'économie européenne, même après la découverte des Amériques et l'arrivée massif de l'or arraché à ses habitants. Le Palazzo San Giorgio, autrefois à deux pas de la rade, héberge aujourd'hui les autorités portuaires, à l'entrée de la vieille ville de Gênes, mais il avait d'abord été l'hôtel de ville, puis le siège de la banque di San Giorgio. Il aurait même servi de prison à Marco Polo, qui aurait profité de son séjour pour dicter une première version de ses récits de voyage en Extrême-Orient.
La vieille ville compte de nombreux édifices qui valent le détour. Plusieurs sont construits dans un style médiéval distinctif, qui alterne en façade les parements de pierres blanches et grises. L'effet est particulièrement frappant dans le cas de la cathédrale San Lorenzo et fait presque oublier sa conception essentiellement gothique par ailleurs. Face à ce monument érigé à la mémoire d'un simple mortel divinisé après sa mort (ne parle-t-on pas aussi de « divo » pour désigner un saint?), on se dit qu'une force du christianisme aura été d'offrir à de simples croyants la divinisation posthume qui était auparavant réservée aux seuls empereurs romains — une forme de démocratisation religieuse... Plus tôt, je m'étais attardé dans la piazza San Matteo, où le même style a été appliqué à l'église San Matteo et aux palais environnants, pour la plupart associés aux seigneurs de la famille Doria. Le palazzo donné à Andrea Doria pour services rendus à la république de Gênes n'est pas le moins agréable au regard, même s'il est difficile à prendre en photo, coincé comme il l'est entre les édifices avoisinants, dont il n'est séparé que par d'étroites ruelles. Avant de prendre la direction du palais ducal, dont l'avènement a signalé une nouvelle ère dans l'histoire de Gênes, j'ai pu me glisser dans le cloître qui jouxte l'église San Matteo (à défaut de pouvoir pénétrer dans l'ancienne église et d'admirer dans la crypte les ultimes vestiges de la vie haute en couleurs d'Andrea Doria) et prendre la photo que je reproduis ci-dessous, qui évoque bien le calme et la perfection classique de cette arcade à l'écart des bruits de la ville.J'ai terminé ma journée dans les musées de la Strada Nuova (aujourd'hui Via Garibaldi), ce projet immobilier voulu par les familles les plus riches de Gênes. Bordant chaque côté de cette rue classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, un palazzo succède à un autre palazzo, chacun se distinguant par le style ou la couleur de sa façade. Certains de ces palais appartiennent aujourd'hui à des banques ou autres institutions. Le Palazzo Tursi accueille à la fois l'hôtel de ville et un musée. Dans sa cour entourée de colonnades sur deux niveaux (voir la photo ci-contre), j'ai trouvé un groupe de musiciens de chambre en train de jouer un air classique. J'ai consacré le reste de l'après-midi à la visite des musées abrités par trois palais voisins, les Palazzo Rosso, Palazzo Bianco et Palazzo Tursi. Les tableaux religieux ont rarement retenu mon attention, mais je demeure fasciné par tout ce qu'on peut retirer de la peinture ancienne en général. J'ai donc visité en cherchant à repérer, par exemple, ce que les peintres plaçaient entre les mains des femmes : des livres dans le cas des plus saintes femmes, mais aussi des bébés et des enfants. Mais quand ce n'est pas le cas et que ce sont pas des servantes qui s'acquittent de tâches ménagères, on trouve rarement des femmes aux mains libres et oisives, ou au repos. Soit elles expriment avec leurs mains une réaction « parlante », soit elles tiennent une arme, une tête tranchée (Judith) ou un aspic (Cléopâtre) : on comprend donc que les peintres préféraient ne pas laisser craindre aux spectateurs d'un tableau ce que les mains des femmes allaient faire... tandis que les mains des hommes m'ont semblé apparaître beaucoup plus souvent au repos. Une observation à confirmer, un de ces jours...
Bref, ce fut une visite que je ne regrette pas, et dont je ramène beaucoup.
2009-05-29
Cinque Terre
Dans un café internet (hors de prix!) de Monterosso, je me repose un peu d'une bonne journée de marche sur les sentiers des Cinque Terre, ces cinq villages de ce qu'on appelle la Riviera du Levant, au sud de Gênes. J'avais pris le train depuis la gare Brignole de Gênes jusqu'à Riomaggiore et, en principe, ma mission était simple. Dans la photo ci-dessous, prise vers 12h30 au ras des vagues à quelques pas de l'amorce de la Via dell'Amore qui part de Riomaggiore, on aperçoit tout au fond la station balnéaire de Monterosso (oui, sauf erreur, c'est le petit liséré blanc à droite du pic le plus élevé du promontoire en surplomb). Objectif : l'atteindre avant 19h afin de prendre un train pour rentrer à Gênes pas trop tard...Après Riomaggiore, on atteint Manarola, mais c'est surtout en quittant le village par le sentier côtier qu'on bénéficie de jolis points de vue, comme dans la photo ci-dessous...Les choses se corsent sur le chemin de Corniglia, car le village est construit non pas au ras de la mer, mais au sommet d'un cap, de sorte qu'il faut s'infliger une montée de 600 marches et quelques sous un soleil de plomb pour avoir le plaisir de se payer une bouteille d'eau fraîche et pétillante. Et de très belles vues sur la côte, je l'avoue. Après, pour atteindre Vernazza, la distance est plus grande et il faut grimper dans la montagne. Ce sont des sentiers d'origine, conçus pour servir de chemins vicinaux avant le temps du chemin de fer et des routes asphaltées. Je me demande même si on pouvait y faire passer des ânes ou des mulets autrefois. Ce sont les heures chaudes, et je n'ai jamais aimé grimper. Je suis à la peine, mais c'est l'occasion de reprendre son souffle en prenant une photo de Corniglia...Ou deux...
Ou trois... mais je ne vais pas toutes les mettre en-ligne, quand même. Enfin, Vernazza apparaît en contrebas, avec son castello plus que millénaire, qui date de l'époque où il fallait se défendre des pirates sarrasins, mais qui a connu de nombreux remaniements et ajouts au fil des siècles. Cette fois, l'étape est moins longue. Je fais la pause, je descends une ration d'eau, je fais la conversation avec des touristes étatsuniens et français, qui visitent les Cinque Terre, mais qui ne suivent pas le sentier côtier, si j'ai bien compris... La dernière étape, jusqu'à Monterosso, commence par une montée pénible, qui serpente entre les jardinets, les vergers et les oliveraies des habitants, mais le reste du chemin se contente de suivre les contours de plusieurs baies découpées dans le littoral. Je réfléchis que chaque sentier est sans doute un compromis entre la hauteur maximale qu'il faut atteindre pour passer par-dessus un cap en trouvant l'endroit où la pente devient suffisamment douce pour permettre le tracé d'un chemin et la hauteur minimale qu'il faut respecter pour qu'en suivant le contour d'une baie, on n'allonge pas le tracé indûment en montant trop haut.
Comme il se doit, l'arrivée à proximité de Monterosso est signalée par la guérite d'un cultivateur de citrons qui vend des jus de citrons pressés sous nos yeux ou du limoncello (alcool à base de citron). Après avoir déjà goûté à la lemonita (une forme de sloche au citron) et au gelato artisanal au citron (à Vernazza), je complète la série avec un jus.
Je crois qu'on peut aussi visiter les Cinque Terre en auto, ou simplement en prenant le train d'un village à l'autre... mais, franchement, je n'en vois pas l'intérêt.
Ou trois... mais je ne vais pas toutes les mettre en-ligne, quand même. Enfin, Vernazza apparaît en contrebas, avec son castello plus que millénaire, qui date de l'époque où il fallait se défendre des pirates sarrasins, mais qui a connu de nombreux remaniements et ajouts au fil des siècles. Cette fois, l'étape est moins longue. Je fais la pause, je descends une ration d'eau, je fais la conversation avec des touristes étatsuniens et français, qui visitent les Cinque Terre, mais qui ne suivent pas le sentier côtier, si j'ai bien compris... La dernière étape, jusqu'à Monterosso, commence par une montée pénible, qui serpente entre les jardinets, les vergers et les oliveraies des habitants, mais le reste du chemin se contente de suivre les contours de plusieurs baies découpées dans le littoral. Je réfléchis que chaque sentier est sans doute un compromis entre la hauteur maximale qu'il faut atteindre pour passer par-dessus un cap en trouvant l'endroit où la pente devient suffisamment douce pour permettre le tracé d'un chemin et la hauteur minimale qu'il faut respecter pour qu'en suivant le contour d'une baie, on n'allonge pas le tracé indûment en montant trop haut.
Comme il se doit, l'arrivée à proximité de Monterosso est signalée par la guérite d'un cultivateur de citrons qui vend des jus de citrons pressés sous nos yeux ou du limoncello (alcool à base de citron). Après avoir déjà goûté à la lemonita (une forme de sloche au citron) et au gelato artisanal au citron (à Vernazza), je complète la série avec un jus.
Je crois qu'on peut aussi visiter les Cinque Terre en auto, ou simplement en prenant le train d'un village à l'autre... mais, franchement, je n'en vois pas l'intérêt.
2009-05-28
De la montagne à la mer à la...
Il y a quelques jours, en allant voir ce qu'il y avait de l'autre côté du plateau auquel est adossé Peyresq, nous avions vu ceci à 2000 mètres d'altitude... Et nous avions pataugé dans la neige sur un bon kilomètre ou deux. Aujourd'hui, je me la suis coulé douce dans un restau du bord de mer à Vintimille, où il devait bien faire trente degrés à l'ombre et la grève ressemblait à ceci... Tout à l'heure, après avoir grimpé (à pied, je vous prie, pas en bus) jusqu'à l'auberge de jeunesse qui surplombe Gênes en Italie, j'ai pris cette photo où on aperçoit le port historique et les quartiers à flanc de colline...
Bref, ce fut une journée de hauts et de bas, et il est l'heure d'aller manger.
Bref, ce fut une journée de hauts et de bas, et il est l'heure d'aller manger.
2009-05-26
Une journée de travail
J'aurai fait un peu de tout durant mon séjour en France, cette année, y compris passer une journée de travail au bureau. Ou du moins au bureau d'un ami... En fait, il s'agissait de brancher mon ordinateur portable sur un accès internet raisonnablement rapide afin de traiter le courrier en retard et de travailler sur les projets de tables rondes pour Anticipation. Le local est ventilé, mais pas climatisé. Heureusement que ce n'est pas le genre de travail qui requière de grands efforts physiques, au contraire. Et le cadre est quand même agréable — si seulement j'avais le temps de descendre dans la cour pour un moment de détente au lieu de me contenter de la prendre en photo en fin de journée...
Libellés : France
2009-05-25
Sous le signe du spéculoos
Jusqu'à maintenant, mon voyage en France se sera déroulé avec le spéculoos comme trait d'union entre Épinal au nord et Nice au sud. En fait, on m'a expliqué qu'il était parfaitement normal de se faire servir un spéculoos avec le café dans les bons restaus d'Épinal. La vogue du spéculoos trouve son origine dans une grande région — à cheval sur la Belgique et le nord de la France — dont l'écrin vosgien d'Épinal serait plus ou moins le cœur.
En revanche, se faire offrir un spéculoos à mon arrivée à Nice était nettement moins prévisible et cela ne s'explique que par le fait qu'EB est d'origine nordique...
Mais qu'est-ce qu'un spéculoos? Il s'agit tout simplement d'un petit biscuit traditionnel, très sucré et souvent au goût de cannelle, qui est associé à la commémoration de saint Nicolas. Trempé dans le café (ou, je suppose, dans le chocolat chaud ou une infusion, mais je n'ai pas encore essayé), il s'imprègne facilement et doit être croqué rapidement avant qu'il ne s'effondre. Ce qui est une incitation à la consommation...
En revanche, se faire offrir un spéculoos à mon arrivée à Nice était nettement moins prévisible et cela ne s'explique que par le fait qu'EB est d'origine nordique...
Mais qu'est-ce qu'un spéculoos? Il s'agit tout simplement d'un petit biscuit traditionnel, très sucré et souvent au goût de cannelle, qui est associé à la commémoration de saint Nicolas. Trempé dans le café (ou, je suppose, dans le chocolat chaud ou une infusion, mais je n'ai pas encore essayé), il s'imprègne facilement et doit être croqué rapidement avant qu'il ne s'effondre. Ce qui est une incitation à la consommation...
2009-05-24
Les subjectivités collectives : des conclusions?
En matinée, Éric Picholle ouvre la discussion sur le sujet des « Subjectivités collections vs. paradigmes scientifiques ». Il fait remarquer que la subjectivité collective se fonde sur une expérience partagée, et partageable par la communication. Afin de faire le lien avec la science et ses paradigmes, il commence par citer l'essai de Klein : « Lorsque deux physiciens s'efforcent de communiquer à propos d'une expérience, ou encore de vérifier l'identité de deux expériences, ils essaient, dans un domaine volontairement très limité, de faire tendre des mots et des symboles à devenir des codes dont tout sens plus général serait à la limite exclu. Tout écrivain part dans la même direction, mais parce qu'il ne le peut pas et ne le veut pas, il s'arrête en chemin. Il ne le peut pas parce que son champ est beaucoup trop vaste pour qu'il puisse le transmettre en termes de code, et il ne le veut pas parce qu'il sait qu'il ne, le peut pas et qu'il fonde son travail sur la recréation par son lecteur, de l'autre côté des mots, d'une autre illusion irréductible à la sienne. »
J'ajouterais ici que la réduction de la science aux expériences est trompeuse, et que la notion de la précision ou de la restriction dans la communication est juste, mais réductrice. Quand un observateur astronomique parle de l'espace, il est très général (il serait difficile d'être plus général!), mais il exclut néanmoins d'emblée un certain nombre de sens supplémentaires admis par la langue commune. Ainsi, il peut parler des poussières interstellaires dans l'espace sans exclure — ou même, désirer exclure — de ce dernier un grand ensemble de phénomènes (électromagnétiques, quantiques, gravitationnels, etc.) ou le limiter à une seule région de l'Univers. Il suffit, pour la compréhension du texte, que l'espace en question ne soit pas certains autres espaces admis par la langue. Est-ce juste de parler de code? Je n'en suis pas si sûr, car ce mot implique une espèce de bijection, de correspondance un pour un, et la communication scientifique est en fait plus complexe que cela — ou plus négative. Quand un scientifique trace une courbe à partir de points en indiquant les marges d'erreur ou d'incertitude, ce qu'il ou elle revendique comme certitude concerne en fait les blancs du diagramme : en fait, la zone du diagramme traversée par des points ou une courbe est paradoxalement l'endroit de la plus grande incertitude.
Picholle a enchaîné en citant un autre passage de l'essai : « Cependant, le vu et le non vu ne sont pas dans le réel: ils sont dans le regard. Le faux aphorisme zen ment qui dit que lorsqu'un doigt désigne la Lune, l'imbécile regarde le doigt. Il faut bien regarder le doigt pour le suivre jusqu'à la Lune. [Paragraphe] Ainsi, après que Kepler puis Galilée, suivant le doigt de Copernic, aient affirmé que la Terre tournait autour du Soleil, presque tout le monde s'est accordé à voir ce qui précédemment était tout à fait étranger au bon sens. Il en a été de même plus récemment lorsqu'Einstein a proposé que les vitesses ne s'additionnent pas arithmétiquement. Il y a là de puissantes S.C. appuyées sur du concret; je n'ai pas dit sur du réel. » D'un point de vue historique, c'est discutable. Il faut enseigner à nouveau l'héliocentrisme à chaque nouvelle génération parce que l'évidence échappe justement au regard; encore aujourd'hui, une part importante de la population dans les pays industrialisés (de l'ordre du quart) l'ignore ou s'en moque. Le regard naïf s'en tiendrait presque certainement à la vision géocentriste, tout comme les Anciens avaient fini par rejeter les théories héliocentriques d'Aristarque et compagnie. En l'absence des preuves physiques et concrètes dont nous disposons aujourd'hui, les seuls arguments mathématiques des astronomes ne tiendraient pas nécessairement la route. Mais bon, Klein sacrifiait aux mânes des constructivistes de son époque.
La discussion s'engage ensuite sur le paradigme kuhnien en science, mais sans nécessairement pousser très loin.
En après-midi, juste avant l'heure du départ, on se lance dans un rapide débat sur les « SF studies » (ou leur absence) dans l'université française. On s'entend pour souhaiter l'existence d'une revue, peut-être sur internet ou peut-être pas...
J'ajouterais ici que la réduction de la science aux expériences est trompeuse, et que la notion de la précision ou de la restriction dans la communication est juste, mais réductrice. Quand un observateur astronomique parle de l'espace, il est très général (il serait difficile d'être plus général!), mais il exclut néanmoins d'emblée un certain nombre de sens supplémentaires admis par la langue commune. Ainsi, il peut parler des poussières interstellaires dans l'espace sans exclure — ou même, désirer exclure — de ce dernier un grand ensemble de phénomènes (électromagnétiques, quantiques, gravitationnels, etc.) ou le limiter à une seule région de l'Univers. Il suffit, pour la compréhension du texte, que l'espace en question ne soit pas certains autres espaces admis par la langue. Est-ce juste de parler de code? Je n'en suis pas si sûr, car ce mot implique une espèce de bijection, de correspondance un pour un, et la communication scientifique est en fait plus complexe que cela — ou plus négative. Quand un scientifique trace une courbe à partir de points en indiquant les marges d'erreur ou d'incertitude, ce qu'il ou elle revendique comme certitude concerne en fait les blancs du diagramme : en fait, la zone du diagramme traversée par des points ou une courbe est paradoxalement l'endroit de la plus grande incertitude.
Picholle a enchaîné en citant un autre passage de l'essai : « Cependant, le vu et le non vu ne sont pas dans le réel: ils sont dans le regard. Le faux aphorisme zen ment qui dit que lorsqu'un doigt désigne la Lune, l'imbécile regarde le doigt. Il faut bien regarder le doigt pour le suivre jusqu'à la Lune. [Paragraphe] Ainsi, après que Kepler puis Galilée, suivant le doigt de Copernic, aient affirmé que la Terre tournait autour du Soleil, presque tout le monde s'est accordé à voir ce qui précédemment était tout à fait étranger au bon sens. Il en a été de même plus récemment lorsqu'Einstein a proposé que les vitesses ne s'additionnent pas arithmétiquement. Il y a là de puissantes S.C. appuyées sur du concret; je n'ai pas dit sur du réel. » D'un point de vue historique, c'est discutable. Il faut enseigner à nouveau l'héliocentrisme à chaque nouvelle génération parce que l'évidence échappe justement au regard; encore aujourd'hui, une part importante de la population dans les pays industrialisés (de l'ordre du quart) l'ignore ou s'en moque. Le regard naïf s'en tiendrait presque certainement à la vision géocentriste, tout comme les Anciens avaient fini par rejeter les théories héliocentriques d'Aristarque et compagnie. En l'absence des preuves physiques et concrètes dont nous disposons aujourd'hui, les seuls arguments mathématiques des astronomes ne tiendraient pas nécessairement la route. Mais bon, Klein sacrifiait aux mânes des constructivistes de son époque.
La discussion s'engage ensuite sur le paradigme kuhnien en science, mais sans nécessairement pousser très loin.
En après-midi, juste avant l'heure du départ, on se lance dans un rapide débat sur les « SF studies » (ou leur absence) dans l'université française. On s'entend pour souhaiter l'existence d'une revue, peut-être sur internet ou peut-être pas...
Libellés : France, Science-fiction, Théorie
2009-05-23
Le tour du Courradour
En matinée, Daniel Tron présente « Les racines collectives du langage », qui fait le lien entre les accents et les perceptions que les subjectivités collectives (?) plaquent dessus. Il prend comme exemple l'épisode 1 de Star Wars dont on se souvient justement pour l'accent particulièrement marqué de Jar-Jar Binks. Pour ceux dans l'auditoire qui auraient (heureusement) oublié ce film, Tron rappelle que plusieurs autres personnages ont un accent audible et il nous gratifie d'un visionnement d'extraits (pénibles, car nécessairement parlants!) du film. À défaut de faire preuve d'imagination autrement qu'en nous resservant une ville futuriste comme on en imaginait en 1930 dans le film Just Imagine (visionné en soirée), Lucas s'était défoulé en attribuant une variété d'accents à ses figurants. (Difficile de parler de personnages quand ce sont des effets spéciaux qui jouent souvent les utilités.)
Les conclusions sur le stéréotypage des accents sont sans surprise, et confirmées par le doublage en français des mêmes scènes (mutatis mutandis). Bref, quand certains accents sont surdéterminés par les préjugés de la majorité des spectateurs et par la construction de la narration, il ne faut pas s'étonner si la science-fiction continue à recruter les mêmes publics...
En fin de matinée, j'ouvre la discussion sur le thème « Comment créer un désir de science chez les jeunes ? » en offrant un survol des publications et rapports récents selon deux axes : qu'est-ce qui justifie de poser cette question ? et, quelles stratégies ont été recommandées ? En effet, s'il y a une désaffection des jeunes de l'OCDE pour les études de haut niveau (doctorat) en sciences et techniques, c'est moins clair au niveau inférieur et les données confondent parfois sciences et techniques. Je me suis donc penché sur les cas particuliers. Au Québec, aucune tendance à la baisse de la diplomation universitaire en science n'était véritablement visible de 1973 à 1996. En France, l’accès grandissant des femmes, des élèves moyens et des élèves précédemment exclus à l’éducation supérieure entraîne des choix différents, favorisant les formations courtes et les formations appliquées. La mise en place (complétée en 1994-1995) de la filière Physique-Chimie au lycée avance l’heure des choix du programme d’études universitaires et les plus ambitieux choisissent alors la filière Mathématiques; ceux qui optent pour Physique-Chimie favoriseront ensuite les études technologiques courtes, tandis que les femmes se détournent de métiers jugés « masculins ».
Certes, si les besoins étaient à la hausse, une stagnation ne serait pas une bonne nouvelle. Or, de 1980 à 2000, le nombre des emplois de scientifiques et d'ingénieurs a augmenté tant au Canada qu'aux États-Unis, au point de représenter 4,5% de la main-d'œuvre. Toutefois, certaines tendances (délocalisation étatsunienne des emplois de recherche et développement) ne portent pas à croire à une hausse marquée des besoins.
D'ailleurs, selon une étude que j'ai déjà citée, la proportion d'élèves qui, au Canada, réussissent avec succès le test de sciences de PISA et qui aimerait consacrer leur vie à la recherche scientifique dépasse allègrement la proportion de personnes employées ès qualités au pays. En France, ce sont au moins un tiers des lycéens qui, selon le rapport Porchet en 2002, affirmaient que les études scientifiques leur faisaient envie et les trois quarts des lycéens soutenaient que le métier de chercheur était bien payé, influent, et donnait une position sociale élevée. Dans la salle, on fait remarquer que ceci a pu changer depuis 2002 en raison de l'effervescence universitaire depuis...
Je termine sur un survol des pratiques et des recommandations du rapport Porchet (pour la France uniquement, bien sûr) et du rapport de l'OCDE (pour les pays qui sont partie prenante). Dans le premier cas, on veut mieux arrimer l'université au lycée, en la rendant plus lisible, plus accueillante et plus adaptée aux acquis des lycéens. Dans le second cas, on veut améliorer la représentation des femmes et des minorités, rendre les professions scientifiques et techniques plus attirantes et améliorer l'enseignement des sciences avant l'université. Si je m'interrogeais sur la justification économique d'une augmentation des vocations scientifiques, Éric Picholle fait remarquer qu'il existe des raisons sociales de favoriser une vision positive des sciences chez les jeunes, voire une réelle curiosité. La discussion ne conclut pas, mais on s'interroge, entre autres, sur l'opinion actuelle des métiers de la recherche et sur le bien-fondé de cibler les jeunes filles pour les amener aux sciences.
***
L'après-midi, nous avons congé et nous partons à cinq pour faire le tour du Courradour, en prenant par la direction qu'on nous annonce être la plus difficile (afin que le retour soit plus facile). De fait, la montée est rude, surtout pour les plus vieux qui n'ont plus trop la forme. Bref, je ne suis pas le seul à m'essouffler dans les sentiers rocailleux qui grimpent en lacets, d'abord dans la pinède, puis dans les pentes broussailleuses. Mais quels points de vue quand on émerge d'abord de la pinède! La photo ci-contre montre, je crois, les ravins creusant le flanc du massif de Clarette. De la neige se distingue au fond des plis et replis du terrain, qui ne donne pas nécessairement envie d'aller se promener sur ces pentes escarpées... Plus loin, ce sont les sommets du Grand Coyer et du Carton qui dévoilent leurs pics encore chargés de neige, culminant à plus de 2600 mètres. (Du moins, ce sont les identifications que je fais après-coup sur la base d'une carte IGN et de la photo ci-contre.) En chemin, c'est d'abord le doyen de notre groupe qui nous quitte pour revenir au bercail. Arrivés au point culminant du parcours, signalé par une pancarte dédiée à la mémoire de Michel Robert, maître berger, nous contemplons, un peu effarés, la pente d'éboulis que le sentier traverse en disparaissant par endroits dans la rocaille. La photo ci-dessous fait voir une partie du sentier (sur la gauche), mais ne donne pas une idée pleine et entière de la pente qui dévalait vertigineusement en contre-bas... Cette fois, c'est la plus jeune qui rebrousse chemin et nous ne sommes plus que trois à chercher par où passe ce sentier à éclipses.La photo ci-contre donne sans doute une meilleure idée de l'aspect que l'amorce du sentier nous présentait, quand nous le cherchions du regard depuis le poteau dressé sur la crête. Après un faux départ en prenant trop haut, nous descendons un peu pour retrouver le sentier. Celui-ci me semble bien mal balisé et un mauvais passage où le sentier est interrompu par un vague ravinement me fait douter de la sagesse de l'entreprise. Néanmoins, la suite du sentier ne nous réserve pas d'autre surprise, même s'il faut se concentrer sur l'étroite sente où nous progressons à la queue leu leu. Il faut bien traverser deux ou trois ruisseaux (qui se jettent dans le ravin du Jargelay), mais ils offrent aussi de splendides coups d'œil sur ces ravins de montagne. Une fois de retour sur le plat, nous découvrons l'autre côté du plateau du Courradour, et la vue est magnifique. Le plan du Rieu est encore couvert de quelques plaques de neige et le panorama nous offre non seulement les sommets de la Mole, du Petit Coyer et du Lançonnet, mais aussi une cordillère plus lointaine (visible dans la photo ci-dessous) que je ne peux pas identifier. Fait-elle partie du Haut-Verdon? En tout cas, le paysage est désormais authentiquement alpin.Quand nous nous retournons, après avoir étanché notre soif, nous découvrons le point culminant du Courradour, à 2157 mètres. La pente douce nous appelle presque à une ascension, mais l'heure avance et il nous reste encore à couvrir les deux tiers du chemin pour boucler la boucle du Courradour. Sur le chemin du retour, la neige est au rendez-vous, obstruant le sentier. Heureusement que celui-ci est mieux balisé, mais la neige donne du fil à retordre à qui sont partis en sandales — ou qui n'étaient pas en train de patauger dans la sloche montréalaise il y a un mois à peine. Le plus curieux, c'est l'intermittence de la couverture neigeuse dans le bois des Frousts dont nous suivons la lisière en hauteur, à l'ombre du Courradour. Les transitions sont abruptes. Quand la neige disparaît enfin, c'est au milieu d'un pré vert et fleuri, qui a l'air de vivre le printemps depuis des jours ou des semaines... Dans la photo ci-dessous, on distingue même ces petites fleurs blanches si on regarde bien.Le plateau du Courradour étant de forme vaguement triangulaire, l'éperon où nous faisons halte ensuite pour admirer le paysage correspond au dernier sommet de notre parcours avant le retour à Peyresq, au terme d'une descente progressive par les fonds de la Grau. Il occupe une hauteur qui domine le pré de Thorame (ou en fait partie?).Mais avant de repartir, je prends la photo ci-dessus du paysage. Au premier plan, le massif de la Femme couchée nous présente ses contreforts; il est couronné par la forêt de l'Orgéas, qui s'étend de gauche à droite, entaillée au milieu par le profond ravin des Baumes. Selon la carte, un sentier de randonnée épouse les contours du versant rocailleux en face, mais, même sur la photo à haute résolution, je n'arrive pas à le discerner avec certitude... Pas sûr que je m'y lancerais!
Nous sommes de retour à Peyresq presque dans les temps. Une dernière pause sur l'éperon rocheux qui offre un point de vue sur l'entrée du village. D'autres visiteurs ont laissé sur cette esplanade naturelle des sculptures, dont cette tête qui pourrait avoir appartenu à quelque statue ensorcelée chargée de garder le village...
Les conclusions sur le stéréotypage des accents sont sans surprise, et confirmées par le doublage en français des mêmes scènes (mutatis mutandis). Bref, quand certains accents sont surdéterminés par les préjugés de la majorité des spectateurs et par la construction de la narration, il ne faut pas s'étonner si la science-fiction continue à recruter les mêmes publics...
En fin de matinée, j'ouvre la discussion sur le thème « Comment créer un désir de science chez les jeunes ? » en offrant un survol des publications et rapports récents selon deux axes : qu'est-ce qui justifie de poser cette question ? et, quelles stratégies ont été recommandées ? En effet, s'il y a une désaffection des jeunes de l'OCDE pour les études de haut niveau (doctorat) en sciences et techniques, c'est moins clair au niveau inférieur et les données confondent parfois sciences et techniques. Je me suis donc penché sur les cas particuliers. Au Québec, aucune tendance à la baisse de la diplomation universitaire en science n'était véritablement visible de 1973 à 1996. En France, l’accès grandissant des femmes, des élèves moyens et des élèves précédemment exclus à l’éducation supérieure entraîne des choix différents, favorisant les formations courtes et les formations appliquées. La mise en place (complétée en 1994-1995) de la filière Physique-Chimie au lycée avance l’heure des choix du programme d’études universitaires et les plus ambitieux choisissent alors la filière Mathématiques; ceux qui optent pour Physique-Chimie favoriseront ensuite les études technologiques courtes, tandis que les femmes se détournent de métiers jugés « masculins ».
Certes, si les besoins étaient à la hausse, une stagnation ne serait pas une bonne nouvelle. Or, de 1980 à 2000, le nombre des emplois de scientifiques et d'ingénieurs a augmenté tant au Canada qu'aux États-Unis, au point de représenter 4,5% de la main-d'œuvre. Toutefois, certaines tendances (délocalisation étatsunienne des emplois de recherche et développement) ne portent pas à croire à une hausse marquée des besoins.
D'ailleurs, selon une étude que j'ai déjà citée, la proportion d'élèves qui, au Canada, réussissent avec succès le test de sciences de PISA et qui aimerait consacrer leur vie à la recherche scientifique dépasse allègrement la proportion de personnes employées ès qualités au pays. En France, ce sont au moins un tiers des lycéens qui, selon le rapport Porchet en 2002, affirmaient que les études scientifiques leur faisaient envie et les trois quarts des lycéens soutenaient que le métier de chercheur était bien payé, influent, et donnait une position sociale élevée. Dans la salle, on fait remarquer que ceci a pu changer depuis 2002 en raison de l'effervescence universitaire depuis...
Je termine sur un survol des pratiques et des recommandations du rapport Porchet (pour la France uniquement, bien sûr) et du rapport de l'OCDE (pour les pays qui sont partie prenante). Dans le premier cas, on veut mieux arrimer l'université au lycée, en la rendant plus lisible, plus accueillante et plus adaptée aux acquis des lycéens. Dans le second cas, on veut améliorer la représentation des femmes et des minorités, rendre les professions scientifiques et techniques plus attirantes et améliorer l'enseignement des sciences avant l'université. Si je m'interrogeais sur la justification économique d'une augmentation des vocations scientifiques, Éric Picholle fait remarquer qu'il existe des raisons sociales de favoriser une vision positive des sciences chez les jeunes, voire une réelle curiosité. La discussion ne conclut pas, mais on s'interroge, entre autres, sur l'opinion actuelle des métiers de la recherche et sur le bien-fondé de cibler les jeunes filles pour les amener aux sciences.
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L'après-midi, nous avons congé et nous partons à cinq pour faire le tour du Courradour, en prenant par la direction qu'on nous annonce être la plus difficile (afin que le retour soit plus facile). De fait, la montée est rude, surtout pour les plus vieux qui n'ont plus trop la forme. Bref, je ne suis pas le seul à m'essouffler dans les sentiers rocailleux qui grimpent en lacets, d'abord dans la pinède, puis dans les pentes broussailleuses. Mais quels points de vue quand on émerge d'abord de la pinède! La photo ci-contre montre, je crois, les ravins creusant le flanc du massif de Clarette. De la neige se distingue au fond des plis et replis du terrain, qui ne donne pas nécessairement envie d'aller se promener sur ces pentes escarpées... Plus loin, ce sont les sommets du Grand Coyer et du Carton qui dévoilent leurs pics encore chargés de neige, culminant à plus de 2600 mètres. (Du moins, ce sont les identifications que je fais après-coup sur la base d'une carte IGN et de la photo ci-contre.) En chemin, c'est d'abord le doyen de notre groupe qui nous quitte pour revenir au bercail. Arrivés au point culminant du parcours, signalé par une pancarte dédiée à la mémoire de Michel Robert, maître berger, nous contemplons, un peu effarés, la pente d'éboulis que le sentier traverse en disparaissant par endroits dans la rocaille. La photo ci-dessous fait voir une partie du sentier (sur la gauche), mais ne donne pas une idée pleine et entière de la pente qui dévalait vertigineusement en contre-bas... Cette fois, c'est la plus jeune qui rebrousse chemin et nous ne sommes plus que trois à chercher par où passe ce sentier à éclipses.La photo ci-contre donne sans doute une meilleure idée de l'aspect que l'amorce du sentier nous présentait, quand nous le cherchions du regard depuis le poteau dressé sur la crête. Après un faux départ en prenant trop haut, nous descendons un peu pour retrouver le sentier. Celui-ci me semble bien mal balisé et un mauvais passage où le sentier est interrompu par un vague ravinement me fait douter de la sagesse de l'entreprise. Néanmoins, la suite du sentier ne nous réserve pas d'autre surprise, même s'il faut se concentrer sur l'étroite sente où nous progressons à la queue leu leu. Il faut bien traverser deux ou trois ruisseaux (qui se jettent dans le ravin du Jargelay), mais ils offrent aussi de splendides coups d'œil sur ces ravins de montagne. Une fois de retour sur le plat, nous découvrons l'autre côté du plateau du Courradour, et la vue est magnifique. Le plan du Rieu est encore couvert de quelques plaques de neige et le panorama nous offre non seulement les sommets de la Mole, du Petit Coyer et du Lançonnet, mais aussi une cordillère plus lointaine (visible dans la photo ci-dessous) que je ne peux pas identifier. Fait-elle partie du Haut-Verdon? En tout cas, le paysage est désormais authentiquement alpin.Quand nous nous retournons, après avoir étanché notre soif, nous découvrons le point culminant du Courradour, à 2157 mètres. La pente douce nous appelle presque à une ascension, mais l'heure avance et il nous reste encore à couvrir les deux tiers du chemin pour boucler la boucle du Courradour. Sur le chemin du retour, la neige est au rendez-vous, obstruant le sentier. Heureusement que celui-ci est mieux balisé, mais la neige donne du fil à retordre à qui sont partis en sandales — ou qui n'étaient pas en train de patauger dans la sloche montréalaise il y a un mois à peine. Le plus curieux, c'est l'intermittence de la couverture neigeuse dans le bois des Frousts dont nous suivons la lisière en hauteur, à l'ombre du Courradour. Les transitions sont abruptes. Quand la neige disparaît enfin, c'est au milieu d'un pré vert et fleuri, qui a l'air de vivre le printemps depuis des jours ou des semaines... Dans la photo ci-dessous, on distingue même ces petites fleurs blanches si on regarde bien.Le plateau du Courradour étant de forme vaguement triangulaire, l'éperon où nous faisons halte ensuite pour admirer le paysage correspond au dernier sommet de notre parcours avant le retour à Peyresq, au terme d'une descente progressive par les fonds de la Grau. Il occupe une hauteur qui domine le pré de Thorame (ou en fait partie?).Mais avant de repartir, je prends la photo ci-dessus du paysage. Au premier plan, le massif de la Femme couchée nous présente ses contreforts; il est couronné par la forêt de l'Orgéas, qui s'étend de gauche à droite, entaillée au milieu par le profond ravin des Baumes. Selon la carte, un sentier de randonnée épouse les contours du versant rocailleux en face, mais, même sur la photo à haute résolution, je n'arrive pas à le discerner avec certitude... Pas sûr que je m'y lancerais!
Nous sommes de retour à Peyresq presque dans les temps. Une dernière pause sur l'éperon rocheux qui offre un point de vue sur l'entrée du village. D'autres visiteurs ont laissé sur cette esplanade naturelle des sculptures, dont cette tête qui pourrait avoir appartenu à quelque statue ensorcelée chargée de garder le village...
Libellés : France, Science-fiction, Voyages
2009-05-22
Questions sur les subjectivités collectives
La montagne est-elle plus propice à la concentration qu'à la dissipation? Tout dépend du paysage. Au saut du lit, je prends quelques photos des environs et je m'élance sur les pentes qui surplombent le village afin de cadrer le village dans son environnement montagnard, à près de 1500 mètres d'altitude. De toute évidence, un cadre trop agréable risque d'être une source de distractions si on est sensible à ses attraits...Au programme, des tentatives de mieux cerner le concept de subjectivité collective dans ses rapports potentiels avec l'histoire, la société, la littérature et la politique. Tout d'abord, Serge Lehman prend la parole pour introduire le premier sujet de la matinée, « Subjectivités collectives et naissance d'un genre ». Relativement à la constitution de la science-fiction comme genre, Lehman rappelle l'article de Maurice Renard sur le merveilleux scientifique dans Le Spectateur en 1909 (voir la version anglaise d'Evans), où il propose un nouveau type de roman (ouvert sur l'inconnu, le douteux, l'inexpliqué), mais la critique ne suit pas. D'autres observateurs de la même époque (voir cette bibliographie), dont Alfred Jarry qui écrit dans La Plume en 1903 un article intitulé « De quelques romans scientifiques » (voir aussi Le Surmâle de lui, dit « néo-scientifique »), dont Hubert Matthey qui signe en 1915 un Essai sur le merveilleux dans la littérature française depuis 1800 et même Freud, qui aurait parlé de féerie « scientifique ». La question qui se pose, c'est donc de savoir si les auteurs de la première vague du roman scientifique se rattachent à un groupe social lié aux nouvelles sciences et techniques partageant une subjectivité collective? À bien des égards, la période inaugurée par Renard et prolongée par Gernsback met en place la sensibilité de la science-fiction moderne. Mais le contexte historique est une arme à double tranchant. Au siècle de Nietzsche et Freud, quand les dieux ont déserté la culture occidentale, la science-fiction, par trop eschatologique, surhumaine et métaphysique, aurait-elle été rejetée comme trop adolescente? Aujourd'hui, se pourrait-il que la culture et la science-fiction réintègrent aujourd'hui la métaphysique, voire la théologie?Après la pause, Simon Bréan a pris le relais en discutant la question suivante : « Les mythes sont-ils une physique sociale? ». Il commence par poser que les mythes prennent la forme de récits, mais peuvent être représentés sous la forme de statues ou de pièces de théâtre; un mythe ne se résume pas à un traitement spécifique. Où commence et finit le mythe? Les mythèmes (Lévi-Strauss) sont les éléments irréductibles, constitutifs d'un mythe; les mythes s'entre-croisent (Pégase entre Persée et Bellérophon); dans la mythologie grecque, les récits sont harmonisés et forment un tout cohérent (une gigantesque histoire), mais dont certains épisodes sont contradictoires. Bréan recense quatre variétés de mythes : (i) les mythes métaphysiques, explicatifs, des origines, sotériologiques; (ii) les mythes légendaires présentant des figures pseudo-historiques et historiques (comme dans les romans de chevalerie); (iii) les mythes littéraires présentant des figures ayant acquis une autonomie par rapport à leurs textes d'origine; et (iv) les mythes abstraits (l'éternel féminin, l'American Way of Life, la toute-puissance de la science). Ces mythes fournissent des réponses ou répondent à des inquiétudes, sont très largement connus et sont partagés par les individus d'une culture donnée, échappant généralement au contrôle et à la censure d'un groupe unique (sauf dans le cas des religions instituées). Or, les subjectivités collections se réalisent dans la communication, le partage, l'échange d'affects communs (par opposition à de purs échanges d'informations); ceci devrait inclure des micro-récits mythiques destinés à combler les brèches dans la représentation du monde du groupe en question. Par conséquent, les mythes sont pris dans une relation dynamique, évoluant à la fois en chaque subjectivité et à chaque échange entre les subjectivités. Par contre, les mythes se distinguent parce qu'ils sont partageables par tous les milieux et s'imposent aux individus; ils font partie d'un paysage commun qu'il est intellectuellement coûteux de remettre en cause et ils sont donc source de plaisir parce qu'ils procurent des réponses commodes et rapides. Dans ce cas, peuvent-ils être compris comme une physique sociale : ont-ils une portée prescriptive? peuvent-ils nous fournir des indications sur les règles sociales des groupes qui les ont produites?
Une source contemporaine de mythes serait la science-fiction qui, en tant que processus collectif d'élaboration d'images et d'idées, est la source et la chambre d'écho de mythes contemporains. Par mythe issu de la science-fiction, on entendrait toute images ou notion qui dépasse le cadre d'une œuvre particulière et qui se matérialise de manière incontrôlée. Par exemple, la science-fiction dote l'extraterrestre de caractéristiques matérielles (être vivant, avec ses règles biologiques et sociales) qui en font l'étranger par excellence, l'Autre, parfois dangereux, qui nous sert un reflet déformant de nous-mêmes. L'extraterrestre est parfois un rival, un interlocuteur ou un sauveur, mais il peut devenir aussi un élément subversif (agissant souvent de l'intérieur) ou un reflet symbolique. Durant la discussion qui s'ensuit, Roland Wagner cite Michel Meurger, pour Alien Abduction, sur les extraterrestres et la croyance aux enlèvements qu'ils opéreraient...Au retour du repas, Roland Wagner a abordé le sujet intitulé « Littérature, fiction et psychanalyse ». Il a fourni une brève introduction avant d'ouvrir la discussion. En fin d'après-midi, Ugo Bellagamba demande « Qu'est-ce qu'une communauté politique ? ». Il suggère qu'en comprenant la nature d'une communauté politique, on a des chances de mieux comprendre la science-fiction... Malheureusement, mes notes s'arrêtent à cet endroit. Néanmoins, il s'agissait aujourd'hui de savoir si la notion de subjectivité collective pouvait éclairer l'histoire et la politique? Cette question siamoise est sans doute celle que je retiens le plus volontiers de la journée : autrement dit, les subjectivités collectives sont-elles des agents et acteurs historiques? L'essai de Klein refusait de s'engager sur une hiérarchisation des subjectivités collectives et semblait suggérer que rien ne distinguait en soi une subjectivité collective d'une autre, sauf le degré de la relation au monde des entités concrètes. Qu'est-ce que cela sous-entend pour les situations historiques qui ont vu des groupes sociaux s'affronter (Européens et Américains après la rencontre colombienne) ou des mouvements politiques rivaliser (capitalisme, communisme) ?
Une source contemporaine de mythes serait la science-fiction qui, en tant que processus collectif d'élaboration d'images et d'idées, est la source et la chambre d'écho de mythes contemporains. Par mythe issu de la science-fiction, on entendrait toute images ou notion qui dépasse le cadre d'une œuvre particulière et qui se matérialise de manière incontrôlée. Par exemple, la science-fiction dote l'extraterrestre de caractéristiques matérielles (être vivant, avec ses règles biologiques et sociales) qui en font l'étranger par excellence, l'Autre, parfois dangereux, qui nous sert un reflet déformant de nous-mêmes. L'extraterrestre est parfois un rival, un interlocuteur ou un sauveur, mais il peut devenir aussi un élément subversif (agissant souvent de l'intérieur) ou un reflet symbolique. Durant la discussion qui s'ensuit, Roland Wagner cite Michel Meurger, pour Alien Abduction, sur les extraterrestres et la croyance aux enlèvements qu'ils opéreraient...Au retour du repas, Roland Wagner a abordé le sujet intitulé « Littérature, fiction et psychanalyse ». Il a fourni une brève introduction avant d'ouvrir la discussion. En fin d'après-midi, Ugo Bellagamba demande « Qu'est-ce qu'une communauté politique ? ». Il suggère qu'en comprenant la nature d'une communauté politique, on a des chances de mieux comprendre la science-fiction... Malheureusement, mes notes s'arrêtent à cet endroit. Néanmoins, il s'agissait aujourd'hui de savoir si la notion de subjectivité collective pouvait éclairer l'histoire et la politique? Cette question siamoise est sans doute celle que je retiens le plus volontiers de la journée : autrement dit, les subjectivités collectives sont-elles des agents et acteurs historiques? L'essai de Klein refusait de s'engager sur une hiérarchisation des subjectivités collectives et semblait suggérer que rien ne distinguait en soi une subjectivité collective d'une autre, sauf le degré de la relation au monde des entités concrètes. Qu'est-ce que cela sous-entend pour les situations historiques qui ont vu des groupes sociaux s'affronter (Européens et Américains après la rencontre colombienne) ou des mouvements politiques rivaliser (capitalisme, communisme) ?
Libellés : France, Science-fiction, Théorie
2009-05-21
Montée à Peyresq
Le voyage de Nice à Peyresq suffirait à convaincre les participants qu'ils sont appelés à s'isoler pour se concentrer sur le sujet des Troisièmes Journées interdisciplinaires Sciences et Fictions de Peyresq, du 21 au 24 mai. La route quitte la plaine côtière pour la montagne, puis se tortille dans des vallées de plus en plus encaissées, avant de monter abruptement, toujours plus étroite, vers un col du Haut-Verdon. Les maisons se font plus rares et les villages s'accrochent à des flancs escarpés tandis que les bois et les alpages s'étendent sur les versants et les sommets. De la neige apparaît même sur les cimes, si blanche qu'elle est presque étincelante. Au bout d'une route sans issue, l'autobus doit s'engager prudemment entre des parois rocheuses si rapprochées qu'il risque d'égratigner sa carrosserie. De l'autre côté, il y a Peyresq. Après l'arrivée au village, le buffet et le retour dans la salle de réunion (dont le tableau nous souhaitait bienvenue), les travaux commencent avec une introduction de la notion de subjectivité collective par Gérard Klein. Nous avions tous reçu au préalable une version (plus complète?) d'un essai de sa plume paru en 1968 dans Science-fiction et psychanalyse : L'imaginaire social de la S.-F. chez Dunod, intitulé « Trames et moirés : À la recherche d'autres sujets, les subjectivités collectives ». Si je ne trahis pas sa pensée dans ce qui suit (une précaution oratoire obligatoire), Klein commence par nous mettre en garde qu'il s'agit moins d'une conférence que d'une improvisation sur un thème. Il pose d'emblée une question : « un être humain peut-il penser ? » Et sa réponse est a priori négative. Il faut ajouter à l'individu, pris comme un corps qui est une tabula rasa, plusieurs choses en plus pour lui permettre de penser, dont le langage. Un des éléments nécessaires au travail de la pensée serait la subjectivité collective, qui forme et oriente la pensée en fonction d'un ensemble d'attitudes propres à un groupe social qui, de par ses expériences partagées (physiques, émotionnelles, intellectuelles), se trouve dans une situation spécifique qui lui permet de faire circuler les informations obtenues de chaque personne dans ce même contexte. Un individu peut toutefois appartenir à plusieurs groupes, dont l'existence sera brève ou longue, et il est donc l'intersection de plusieurs subjectivités collectives interagissant. Dans l'essai de 1986, Klein avertissait qu'il ne faut pas croire que l'individu est nécessairement conscient d'appartenir à un groupe social donné ou d'exprimer les expériences correspondantes; seulement, de par sa situation, il est constitué par de nombreuses subjectivités collectives (formant une trame propre à sa personnalité) dont l'aperçu de l'extérieur prend la forme d'un moiré — chaque personne est un « espace d'interférences généralisées »... Klein a aussi indiqué le point de départ de sa réflexion. Pour illustrer les origines de ses propres subjectivités collectives, il a rappelé qu'il a fait des études d'économie (Sciences Po) et des études de psychologie (Sorbonne) avant de passer par l'Algérie. Il a fait carrière comme économiste dans une société d'études, ou peut-être plus justement comme socio-économiste et sociologue de terrain s'intéressant à l'urbanisme, l'épargne des ménages et la pratique de la prospective. En même temps qu'il débutait une psychanalyse de six ans, il a commencé à écrire et publier. En 1967, le directeur des éditions de l'Herm lui demande de contribuer à un numéro spécial sur Lovecraft. C'est en travaillant sur cet article qu'il développera le concept de subjectivité collective, exposé au long dans l'essai de 1986.
L'approche critique correspondant à la notion de subjectivité collective imposerait d'examiner les ouvrages littéraires comme s'ils émanaient non pas d'un individu mais d'un groupe social auquel appartient l'auteur. Ce groupe social n'est pas réifié, toutefois, car il est lui-même construit par la subjectivité collective dont il favorise l'apparition, mais qui le distingue ensuite des autres groupes. L'analyse révèle alors non pas une dimension de l'ouvrage, mais bien la subjectivité collective qui a joué le plus grand rôle dans sa création dans la mesure où ce qui dit, écrit, publié est une expression de la subjectivité collective qui lui permet de vivre. Bref, le concept de subjectivité collective est-il opératoire, tant pour les sciences que pour les fictions? Telle est la question posée aux participants.
En fin de journée, après la pause-café et l'installation dans nos chambres, les organisateurs (Ugo Bellagamba, Éric Picholle, Daniel Tron et Anouk Arnal) nous souhaitent la bienvenue et rappellent le cadre général des journées de Peyresq, tout en introduisant le sujet de l'enchantement de la technique. J'ai enchaîné avec une présentation, intitulée à l'origine « Les origines de la SF et la crise des années 30 », puis rebaptisée « La Singularité des années 30 et la science-fiction ». J'y dressais un parallèle entre l'émergence de la science-fiction aux États-Unis entre 1926 et 1941 et les conditions économiques. Ce qu'on oublie, c'est que la Dépression des années 30 s'accompagne aussi d'une valorisation du progrès technique, d'investissements dans les BTP et d'une recherche de l'efficacité par les compagnies en manque de clients solvables, tout cela se traduisant par une augmentation de la productivité économique que l'on retrouve dans les statistiques. La subjectivité collective des premiers auteurs et lecteurs de science-fiction est donc façonnée par des attentes de progrès techniques et scientifiques (nous sommes aussi à l'époque des grandes découvertes de la physique nucléaire et de la cosmologie) qui sont comblés à un rythme si régulier qu'ils tiennent désormais ce rythme pour normal. C'est pourquoi on prend au sérieux de nombreuses projections des années 30 (dont celle de l'Expo universelle de New York en 1939-1940) et qu'on rêve de voitures volantes. La question se pose de savoir si les prédictions aujourd'hui d'une Singularité technologique ne reposent pas sur une projection injustifiée du même genre, fondée sur des tendances actuelles qu'il serait dangereux de prolonger à l'infini. (Photographie du Trylon et de la Périsphère emblématiques de l'Exposition universelle de New York en 1939, par Gottscho-Schleisner, Inc. — Library of Congress, LC-G612- 35097)
L'approche critique correspondant à la notion de subjectivité collective imposerait d'examiner les ouvrages littéraires comme s'ils émanaient non pas d'un individu mais d'un groupe social auquel appartient l'auteur. Ce groupe social n'est pas réifié, toutefois, car il est lui-même construit par la subjectivité collective dont il favorise l'apparition, mais qui le distingue ensuite des autres groupes. L'analyse révèle alors non pas une dimension de l'ouvrage, mais bien la subjectivité collective qui a joué le plus grand rôle dans sa création dans la mesure où ce qui dit, écrit, publié est une expression de la subjectivité collective qui lui permet de vivre. Bref, le concept de subjectivité collective est-il opératoire, tant pour les sciences que pour les fictions? Telle est la question posée aux participants.
En fin de journée, après la pause-café et l'installation dans nos chambres, les organisateurs (Ugo Bellagamba, Éric Picholle, Daniel Tron et Anouk Arnal) nous souhaitent la bienvenue et rappellent le cadre général des journées de Peyresq, tout en introduisant le sujet de l'enchantement de la technique. J'ai enchaîné avec une présentation, intitulée à l'origine « Les origines de la SF et la crise des années 30 », puis rebaptisée « La Singularité des années 30 et la science-fiction ». J'y dressais un parallèle entre l'émergence de la science-fiction aux États-Unis entre 1926 et 1941 et les conditions économiques. Ce qu'on oublie, c'est que la Dépression des années 30 s'accompagne aussi d'une valorisation du progrès technique, d'investissements dans les BTP et d'une recherche de l'efficacité par les compagnies en manque de clients solvables, tout cela se traduisant par une augmentation de la productivité économique que l'on retrouve dans les statistiques. La subjectivité collective des premiers auteurs et lecteurs de science-fiction est donc façonnée par des attentes de progrès techniques et scientifiques (nous sommes aussi à l'époque des grandes découvertes de la physique nucléaire et de la cosmologie) qui sont comblés à un rythme si régulier qu'ils tiennent désormais ce rythme pour normal. C'est pourquoi on prend au sérieux de nombreuses projections des années 30 (dont celle de l'Expo universelle de New York en 1939-1940) et qu'on rêve de voitures volantes. La question se pose de savoir si les prédictions aujourd'hui d'une Singularité technologique ne reposent pas sur une projection injustifiée du même genre, fondée sur des tendances actuelles qu'il serait dangereux de prolonger à l'infini. (Photographie du Trylon et de la Périsphère emblématiques de l'Exposition universelle de New York en 1939, par Gottscho-Schleisner, Inc. — Library of Congress, LC-G612- 35097)
Libellés : France, Science-fiction
2009-05-20
Observations parisiennes
Une acrobatie très parisienne s'observe souvent dans le métro quand un grand gaillard se propulse par-dessus les tourniquets dans le sillage d'une personne qui vient de payer afin de se glisser dans son dos et de profiter de l'entrebâillement de la portière automatique avant que celle-ci ne se rabatte.
Personne n'a jamais essayé de le faire sur mes talons, mais ce type de resquillage illustre bien l'échec de solutions purement technologiques à des problèmes qui ne le sont pas. Parfois, la prétendue solution ne fait qu'empirer le problème. Autrefois, avant l'introduction des portières en hauteur, il suffisait d'un élan modeste pour bondir par-dessus un tourniquet. Il n'était pas nécessaire de guetter le passage d'autrui. En voulant éliminer la resquille à moindre coût, on a en fait multiplié les risques d'accrochage entre resquilleurs et clients, augmenté le niveau d'incivilité et rendu un peu plus rébarbatif l'environnement du métro. Tout un triplé !
Et cela, tout simplement parce qu'on a négligé de prévoir qu'il y aurait forcément une réaction à l'action posée.
Et si j'ai été parfois agacé par les resquilleurs — tout en sachant de longue date que n'importe qui peut se faire accuser à tort de resquillage puisque l'ensemble du dispositif machinique n'est pas infaillible et tout en me demandant si la resquille ne cachait pas une part de rébellion contre la société, j'ai éprouvé une certaine sympathie cette fois pour le resquilleur tellement la RATP a réduit ses services aux usagers. Dans certaines stations du réseau, il n'est plus possible d'acheter un ticket au guichet : il n'y a plus que les machines distributrices, qui n'acceptent pas toujours les billets de banque (et seulement si elles sont en bon état de marche, naturellement) et qui n'acceptent pas les cartes de crédit nord-américaines, a priori. Bref, si le RATP a pour parti pris de ne pas faciliter la vie des usagers, elle ne peut pas s'attendre de ceux-ci un respect qu'elle ne leur témoigne point.
Personne n'a jamais essayé de le faire sur mes talons, mais ce type de resquillage illustre bien l'échec de solutions purement technologiques à des problèmes qui ne le sont pas. Parfois, la prétendue solution ne fait qu'empirer le problème. Autrefois, avant l'introduction des portières en hauteur, il suffisait d'un élan modeste pour bondir par-dessus un tourniquet. Il n'était pas nécessaire de guetter le passage d'autrui. En voulant éliminer la resquille à moindre coût, on a en fait multiplié les risques d'accrochage entre resquilleurs et clients, augmenté le niveau d'incivilité et rendu un peu plus rébarbatif l'environnement du métro. Tout un triplé !
Et cela, tout simplement parce qu'on a négligé de prévoir qu'il y aurait forcément une réaction à l'action posée.
Et si j'ai été parfois agacé par les resquilleurs — tout en sachant de longue date que n'importe qui peut se faire accuser à tort de resquillage puisque l'ensemble du dispositif machinique n'est pas infaillible et tout en me demandant si la resquille ne cachait pas une part de rébellion contre la société, j'ai éprouvé une certaine sympathie cette fois pour le resquilleur tellement la RATP a réduit ses services aux usagers. Dans certaines stations du réseau, il n'est plus possible d'acheter un ticket au guichet : il n'y a plus que les machines distributrices, qui n'acceptent pas toujours les billets de banque (et seulement si elles sont en bon état de marche, naturellement) et qui n'acceptent pas les cartes de crédit nord-américaines, a priori. Bref, si le RATP a pour parti pris de ne pas faciliter la vie des usagers, elle ne peut pas s'attendre de ceux-ci un respect qu'elle ne leur témoigne point.
2009-05-19
La couleur et l'intelligence
Non, il ne s'agit pas ici de lier la couleur de la peau à l'intelligence! Dans le Scientific American d'avril, un article explique l'évolution de la vision humaine sensible à trois spectres distincts de fréquences lumineuses. Les auteurs font remarquer qu'il y aurait eu un avantage évolutionnaire à pouvoir distinguer les fruits mûrs des fruits verts. Ce que je trouve intéressant, c'est que cet avantage alimentaire ne coûte rien, en première approximation, aux ressources métaboliques du corps humain dans la mesure où il suffit de substituer un nouveau type de bâtonnets à une partie des bâtonnets déjà présents dans la rétine. L'avantage qui consiste à cueillir uniquement les fruits les plus comestibles est le résultat d'un surcroît d'informations fourni par les sens. Il illustre donc un avantage évolutif, et très concret, procuré par un facteur entièrement abstrait : une information supplémentaire qui modifie le comportement du proto-humain qui en bénéficie.
Faut-il y voir le début d'un mouvement qui a conduit à l'évolution de l'intelligence? Plus les sens s'affinent, plus l'intelligence est obligée d'opérer de discriminations supplémentaires. Et plus l'intelligence est favorisée parce qu'elle exploite mieux les sens existants, plus les individus dont les sens ou les organes de manipulation se développent encore plus en retirent des avantages supplémentaires...
Faut-il y voir le début d'un mouvement qui a conduit à l'évolution de l'intelligence? Plus les sens s'affinent, plus l'intelligence est obligée d'opérer de discriminations supplémentaires. Et plus l'intelligence est favorisée parce qu'elle exploite mieux les sens existants, plus les individus dont les sens ou les organes de manipulation se développent encore plus en retirent des avantages supplémentaires...
Libellés : Sciences
2009-05-18
Imaginales : en guise de conclusion
De nos jours, un rassemblement de fans, d'auteurs et de professionnels de l'édition comme les Imaginales ne serait pas complet sans un tour d'horizon — ou au moins un échantillon — des références au monde virtuel qu'on a retenues. Par exemple, j'ai vendu plusieurs livres au fort sympathique C. Schlonsok qui alimente le blogue du Répertoire de la science-fiction, surtout tenu par sa femme, sauf erreur. Pour un aperçu de la vie et des coups de cœur de deux fans européens de science, de science-fiction et de fantastique...
Au passage, j'ai hérité de la carte de l'artiste Krystal Camprubi, dont le site est très complet et multilingue. Elle était en nomination dans deux catégories des Prix Imaginales 2009, mais elle n'a pas gagné. J'ai aussi récolté un carton publicitaire de Fan2Fantasy, dont le site est beaucoup trop ludique pour être véritablement convivial. J'ai découvert les publications d'ActuSF, qui ne fait pas que des actualités. Et j'ai fait découvrir à Lo les deux sites de vaisseaux spatiaux représentés à l'échelle que je signalais dans ce billet en janvier 2007.
Et puisque j'ai rencontré en fin de semaine Rachel Tanner, qui a signé Le Rêve du mammouth sur la rencontre des humains de Néanderthal et de Cro-Magnon, j'en profite pour signaler la sortie de l'ouvrage Fire in the Stone: Prehistoric Fiction from Charles Darwin to Jean M. Auel de Nicholas Ruddick, qui porte sur les fictions préhistoriques.
Au passage, j'ai hérité de la carte de l'artiste Krystal Camprubi, dont le site est très complet et multilingue. Elle était en nomination dans deux catégories des Prix Imaginales 2009, mais elle n'a pas gagné. J'ai aussi récolté un carton publicitaire de Fan2Fantasy, dont le site est beaucoup trop ludique pour être véritablement convivial. J'ai découvert les publications d'ActuSF, qui ne fait pas que des actualités. Et j'ai fait découvrir à Lo les deux sites de vaisseaux spatiaux représentés à l'échelle que je signalais dans ce billet en janvier 2007.
Et puisque j'ai rencontré en fin de semaine Rachel Tanner, qui a signé Le Rêve du mammouth sur la rencontre des humains de Néanderthal et de Cro-Magnon, j'en profite pour signaler la sortie de l'ouvrage Fire in the Stone: Prehistoric Fiction from Charles Darwin to Jean M. Auel de Nicholas Ruddick, qui porte sur les fictions préhistoriques.
Libellés : France, Science-fiction
2009-05-17
Retour des Imaginales
Bilan des Imaginales? Si j'avais espéré vendre tous les exemplaires de mes livres, j'ai été déçu, mais j'ai quand même bien écorné les piles de livres placées devant moi. Et je ne peux que me louer de la collaboration de la librairie du Moulin des Lettres, dont j'inclus ci-contre une affiche bien en vue à l'entrée de la Bulle des Livres. Sans être une vedette comme Jean-Philippe Jaworski, écrivain primé assis à deux chaises de mon emplacement, j'ai eu ma part de ventes et je soupçonne que j'ai bénéficié de certains facteurs dont il faut tenir compte. D'abord, je lançais une nouveauté, que seuls quelques privilégiés avaient pu se procurer. Ensuite, j'étais parmi les rares dans la salle à défendre le space-opéra pur et dur, avec Pierre Bordage et Laurent Genefort, entre autres, de sorte que les amateurs de science-fiction, même s'ils sont moins nombreux qu'avant, n'avaient pas trop le choix s'ils voulaient ramener à la maison leur dose d'aventures spatiales. D'ailleurs, même si la science-fiction ne jouit pas d'une popularité de masse, j'ai été frappé par la diversité des acheteurs : tous les âges, en particulier chez les hommes, et aussi une bonne représentation féminine. Ce qui augure bien de l'avenir, malgré tout.
J'ai aussi remarqué que les visiteurs conservaient parfois le souvenir des auteurs déjà rencontrés les années précédentes, ce qui suggère qu'il ne serait pas mauvais de revenir... mais avec une autre nouveauté. Sinon, je suis content des contacts noués avec les fans, les collègues et les éditeurs : il ne me restera plus qu'à les faire fructifier. Quant au reste du festival des Imaginales, je suis loin d'avoir eu l'occasion de tout voir, et pourtant, cela en valait la peine. Que l'on en juge : les tableaux ci-dessous étaient exposés dans un coin de la Bulle des Livres...Sinon, je crois bien que je reviendrais afin d'avoir finalement le temps de visiter un peu Épinal. La sortie du soleil transfigurait la ville, ornant les vieilles pierres de l'église de nouvelles teintes...Les façades des maisons prenaient également des couleurs sous un ciel si bleu et un soleil si éclatant que je serai revenu à Paris avec mon premier coup de soleil de la saison. Et il y aurait aussi les environs qu'il faudrait visiter ; à bord du TER qui nous emmenait à Nancy, j'ai remarqué que certains anciens canaux de la région sont longés par des pistes cyclables et piétonnières. Il y aurait donc des randonnées à faire dans le coin...
J'ai aussi remarqué que les visiteurs conservaient parfois le souvenir des auteurs déjà rencontrés les années précédentes, ce qui suggère qu'il ne serait pas mauvais de revenir... mais avec une autre nouveauté. Sinon, je suis content des contacts noués avec les fans, les collègues et les éditeurs : il ne me restera plus qu'à les faire fructifier. Quant au reste du festival des Imaginales, je suis loin d'avoir eu l'occasion de tout voir, et pourtant, cela en valait la peine. Que l'on en juge : les tableaux ci-dessous étaient exposés dans un coin de la Bulle des Livres...Sinon, je crois bien que je reviendrais afin d'avoir finalement le temps de visiter un peu Épinal. La sortie du soleil transfigurait la ville, ornant les vieilles pierres de l'église de nouvelles teintes...Les façades des maisons prenaient également des couleurs sous un ciel si bleu et un soleil si éclatant que je serai revenu à Paris avec mon premier coup de soleil de la saison. Et il y aurait aussi les environs qu'il faudrait visiter ; à bord du TER qui nous emmenait à Nancy, j'ai remarqué que certains anciens canaux de la région sont longés par des pistes cyclables et piétonnières. Il y aurait donc des randonnées à faire dans le coin...
Libellés : France, Science-fiction
2009-05-15
L'écrivain au travail
La foule promise s'est bel et bien matérialisée, et je commence à comprendre pourquoi j'ai rencontré des écrivains qui adorent les Imaginales. Contrairement à un salon du livre où certains visiteurs ne sont pas là pour acheter mais pour se renseigner, la plupart des visiteurs semblaient tout disposés à acheter, et la plupart étaient bel et bien des amateurs de science-fiction ou de fantasy. Du coup, j'ai pu signer un certain nombre d'exemplaires de Suprématie (y compris à deux gamins de moins de quinze ans, qui avaient les sous mais qui m'ont obligé à repasser en revue tout le roman en me demandant s'il contenait des éléments qu'on pourrait reprocher aux auteurs d'avoir mis sous les yeux de jeunes lecteurs — je me suis dit que s'ils étaient si impressionnables, ils ne se rendraient de toute façon pas jusqu'au bout... du prologue).
Du coup, je n'ai pas eu le temps d'assister à autre chose que le lancement des nouveautés de Bragelonne à midi et de la remise des prix littéraires, pour laquelle ma présence était requise par le festival (afin de garantir la présence d'un auditoire respectable, je suppose). Dans la photo ci-dessous prise dans la salle de l'Espace Cours, on voit Tom Clegg (Bragelonne SF), Stéphane Marsan et Isabelle Varange (Milady), de gauche à droite.La remise des prix, elle, a eu lieu dans l'auditorium de la Louvière, sur la rue de la Louverie. Si on a annoncé et décerné plusieurs autres prix, les lauréats des Prix Imaginales étaient déjà connus :
Prix du roman en français : Jean-Philippe Jaworski, Gagner la guerre : récit du vieux royaume, Les Moutons Électriques
Prix du roman traduit : Ian McDonald, Roi du matin, reine du jour, traduction de Jean-Pierre Pugi, Denoël
Prix de l'ouvrage pour la jeunesse : Fabien Clavel, Les gorgonautes, dans la collection des Royaumes perdus, Mango
Prix de la nouvelle : Lionel Davoust, « L'île close », parue dans l'anthologie De Brocéliande en Avalon, Terre de Brume
Prix de l'illustration : Frédéric Perrin, pour Le grand pays, roman signé Ange, chez Bragelonne
Prix spécial : Pierre Dubois et Camille Renversade, pour Dragons et chimères, Hoëbeke
Du coup, je n'ai pas eu le temps d'assister à autre chose que le lancement des nouveautés de Bragelonne à midi et de la remise des prix littéraires, pour laquelle ma présence était requise par le festival (afin de garantir la présence d'un auditoire respectable, je suppose). Dans la photo ci-dessous prise dans la salle de l'Espace Cours, on voit Tom Clegg (Bragelonne SF), Stéphane Marsan et Isabelle Varange (Milady), de gauche à droite.La remise des prix, elle, a eu lieu dans l'auditorium de la Louvière, sur la rue de la Louverie. Si on a annoncé et décerné plusieurs autres prix, les lauréats des Prix Imaginales étaient déjà connus :
Prix du roman en français : Jean-Philippe Jaworski, Gagner la guerre : récit du vieux royaume, Les Moutons Électriques
Prix du roman traduit : Ian McDonald, Roi du matin, reine du jour, traduction de Jean-Pierre Pugi, Denoël
Prix de l'ouvrage pour la jeunesse : Fabien Clavel, Les gorgonautes, dans la collection des Royaumes perdus, Mango
Prix de la nouvelle : Lionel Davoust, « L'île close », parue dans l'anthologie De Brocéliande en Avalon, Terre de Brume
Prix de l'illustration : Frédéric Perrin, pour Le grand pays, roman signé Ange, chez Bragelonne
Prix spécial : Pierre Dubois et Camille Renversade, pour Dragons et chimères, Hoëbeke
Libellés : France, Science-fiction
2009-05-14
Journée à Épinal
(La Moselle à Épinal, par un matin frais et pluvieux, de mon hôtel)
Hier, c'était la journée des retrouvailles. En quelques heures, j'ai retrouvé de nombreux amis et collègues, dont certains que je ne connaissais que virtuellement et que je rencontrais pour la première fois en personne (salut, Draco!)... tandis qu'il me reste à acheter les livres de quelques autres parce que c'est parfois la meilleure façon de faire connaissance. La photo ci-contre, qui représente Sylvie Lainé et Adriana Lorusso, pourrait s'intituler « En attendant JC », car c'était bien l'auteur toulousain que nous attendions sous la tente qui abrite les étals de livres offerts à la vente, et non tout autre personnage aux initiales identiques... Contrairement à Godot, JC nous est finalement apparu et nous avons pris la direction de la crèmerie la plus proche, ou plutôt d'une crêperie pas plus incongrue au milieu des Vosges qu'à Montréal somme toute. En définitive, il y avait plus de gens au restaurant, voire à ma table, que dans l'auditoire pour ma présentation du congrès mondial à Montréal, mais je vais continuer à distribuer les cartes de visite d'Anticipation durant mes séances de dédicaces dans la Bulle des livres, que l'on voit dans la photo ci-dessous derrière une tente plus colorée baptisée le « Magic Mirror » (car nous sommes en France), au bord de la Moselle... Hier, mes deux interventions avaient lieu dans l'Espace Cours, un édifice plus conventionnel que ce « Magic Mirror » que l'on voit dans la photo ci-contre comme une soucoupe volante baroque posée en pleine ville... L'Espace Cours est un édifice en dur, lui, qui offre de l'espace pour les expositions et les tables rondes. Durant la table ronde avec Bordage, Grousset et Lorusso, j'ai esquissé une théorie sur les trois rêves (ou fantasmes) qui ont fait l'attrait de la science-fiction. Le premier est le rêve d'intelligence, ou de savoir, qui est comblé par les récits qui versent dans la vulgarisation ou l'explication, en aidant les lecteurs à se sentir plus intelligents et à se convaincre qu'ils comprennent mieux le monde (naturel ou artificiel) qui les entoure après avoir terminé un texte de science-fiction. Le second est le désir d'émerveillement comblé par les textes qui suscitent ou fournissent le sense of wonder. Or, il me semble que celui-ci est peut-être le rêve qui pâtit le plus de la civilisation moderne. Certains efforts ou certaines aventures n'émerveillent plus parce que nous ne sommes plus en mesure de les apprécier à leur juste valeur. Quand les hobbits de Tolkien marchent en pleine nature pendant des journées d'affilée dans The Lord of the Rings, ceux et celles qui n'ont jamais autant marché ne peuvent pas être sensibles au réalisme des descriptions ou admirer la performance, de sorte que les jeunes lecteurs d'aujourd'hui sont nombreux à trouver la première partie de la trilogie fort ennuyeuse (comme moi-même, au moins un peu, avant d'avoir fait de la randonnée en France). Et d'autres sources d'émerveillement (paysages, idées, constructions) ont été sapées par l'abondance de celles-ci dans l'environnement culturel contemporain alimenté par la télé, internet et le cinéma. (Les décors surchargés, comme sous le chapiteau du « Magic Mirror » à gauche, suffisaient à éblouir quand la vie des gens était matériellement indigente.) Reste le rêve de l'action, celui qui donne en exemple l'efficience des héros qui savent quoi faire dans des circonstances difficiles et qui le font. C'est peut-être le seul rêve que la vie moderne magnifie, car plus elle est confortable, plus on est pris au dépourvu par les moindres problèmes qui se posent à nous, de sorte qu'on admirera d'autant plus le héros qui relève des défis (et qu'on souhaitera s'identifier à lui). L'efficience de l'action peut prendre des formes violentes, qui ont l'avantage de procurer des résultats évidents... et très visuels. Dès lors, si le sense of wonder perd du terrain relativement au rêve de l'action tandis que le désir d'intelligence stagne, on peut comprendre que la science-fiction ne fait plus autant rêver et que plus personne ne venant s'y attabler, les boxes restent déserts... Aujourd'hui, j'ai passé une partie de la journée en séance de dédicaces. J'ai terminé le programme de la journée en intervenant durant une table ronde au planétarium local sur SETI, la science-fiction et les extraterrestres, à l'invitation d'Ayerdunyach. La salle était étonnamment pleine, pour une soirée aussi morne, et nous nous sommes bien amusés, même si je ne sais pas si le public en sortait content ou non... Pour ce qui est du reste de la journée, mieux vaut en faire un simple album d'images.La Bulle des Livres, vue de l'intérieur (on distingue dans cette photo l'âme dirigeante du festival, Stéphanie Nicot) Une entrevue de l'auteur polonais de fantasy à succès Andrzej Sapkowski, au centre, avec Sylvie Miller au regard sévère et Lionel Davoust à droiteAnne Robillard est arrivée en force aujourd'hui, avec son entourage de chevaliers d'Émeraude... qui ont quand même examiné aussi un livre d'Édouard BraseyUne artiste du cirque, de passage sur ses échasses Une photo de Hal Duncan, à qui j'ai servi d'interprète pour une conversation avec un fanUne photo de Pierre Pevel, auteur désormais publié par Bragelonne (et en Grande-Bretagne par Gollancz), qu'on a vu à Boréal et qu'on verra à Anticipation Une table ronde avec Andreas Eschbach, qui se débrouille étonnamment bien en français, Johan Heliot, Sylvie Miller, Jeanne A. Debats et les Belmas
Hier, c'était la journée des retrouvailles. En quelques heures, j'ai retrouvé de nombreux amis et collègues, dont certains que je ne connaissais que virtuellement et que je rencontrais pour la première fois en personne (salut, Draco!)... tandis qu'il me reste à acheter les livres de quelques autres parce que c'est parfois la meilleure façon de faire connaissance. La photo ci-contre, qui représente Sylvie Lainé et Adriana Lorusso, pourrait s'intituler « En attendant JC », car c'était bien l'auteur toulousain que nous attendions sous la tente qui abrite les étals de livres offerts à la vente, et non tout autre personnage aux initiales identiques... Contrairement à Godot, JC nous est finalement apparu et nous avons pris la direction de la crèmerie la plus proche, ou plutôt d'une crêperie pas plus incongrue au milieu des Vosges qu'à Montréal somme toute. En définitive, il y avait plus de gens au restaurant, voire à ma table, que dans l'auditoire pour ma présentation du congrès mondial à Montréal, mais je vais continuer à distribuer les cartes de visite d'Anticipation durant mes séances de dédicaces dans la Bulle des livres, que l'on voit dans la photo ci-dessous derrière une tente plus colorée baptisée le « Magic Mirror » (car nous sommes en France), au bord de la Moselle... Hier, mes deux interventions avaient lieu dans l'Espace Cours, un édifice plus conventionnel que ce « Magic Mirror » que l'on voit dans la photo ci-contre comme une soucoupe volante baroque posée en pleine ville... L'Espace Cours est un édifice en dur, lui, qui offre de l'espace pour les expositions et les tables rondes. Durant la table ronde avec Bordage, Grousset et Lorusso, j'ai esquissé une théorie sur les trois rêves (ou fantasmes) qui ont fait l'attrait de la science-fiction. Le premier est le rêve d'intelligence, ou de savoir, qui est comblé par les récits qui versent dans la vulgarisation ou l'explication, en aidant les lecteurs à se sentir plus intelligents et à se convaincre qu'ils comprennent mieux le monde (naturel ou artificiel) qui les entoure après avoir terminé un texte de science-fiction. Le second est le désir d'émerveillement comblé par les textes qui suscitent ou fournissent le sense of wonder. Or, il me semble que celui-ci est peut-être le rêve qui pâtit le plus de la civilisation moderne. Certains efforts ou certaines aventures n'émerveillent plus parce que nous ne sommes plus en mesure de les apprécier à leur juste valeur. Quand les hobbits de Tolkien marchent en pleine nature pendant des journées d'affilée dans The Lord of the Rings, ceux et celles qui n'ont jamais autant marché ne peuvent pas être sensibles au réalisme des descriptions ou admirer la performance, de sorte que les jeunes lecteurs d'aujourd'hui sont nombreux à trouver la première partie de la trilogie fort ennuyeuse (comme moi-même, au moins un peu, avant d'avoir fait de la randonnée en France). Et d'autres sources d'émerveillement (paysages, idées, constructions) ont été sapées par l'abondance de celles-ci dans l'environnement culturel contemporain alimenté par la télé, internet et le cinéma. (Les décors surchargés, comme sous le chapiteau du « Magic Mirror » à gauche, suffisaient à éblouir quand la vie des gens était matériellement indigente.) Reste le rêve de l'action, celui qui donne en exemple l'efficience des héros qui savent quoi faire dans des circonstances difficiles et qui le font. C'est peut-être le seul rêve que la vie moderne magnifie, car plus elle est confortable, plus on est pris au dépourvu par les moindres problèmes qui se posent à nous, de sorte qu'on admirera d'autant plus le héros qui relève des défis (et qu'on souhaitera s'identifier à lui). L'efficience de l'action peut prendre des formes violentes, qui ont l'avantage de procurer des résultats évidents... et très visuels. Dès lors, si le sense of wonder perd du terrain relativement au rêve de l'action tandis que le désir d'intelligence stagne, on peut comprendre que la science-fiction ne fait plus autant rêver et que plus personne ne venant s'y attabler, les boxes restent déserts... Aujourd'hui, j'ai passé une partie de la journée en séance de dédicaces. J'ai terminé le programme de la journée en intervenant durant une table ronde au planétarium local sur SETI, la science-fiction et les extraterrestres, à l'invitation d'Ayerdunyach. La salle était étonnamment pleine, pour une soirée aussi morne, et nous nous sommes bien amusés, même si je ne sais pas si le public en sortait content ou non... Pour ce qui est du reste de la journée, mieux vaut en faire un simple album d'images.La Bulle des Livres, vue de l'intérieur (on distingue dans cette photo l'âme dirigeante du festival, Stéphanie Nicot) Une entrevue de l'auteur polonais de fantasy à succès Andrzej Sapkowski, au centre, avec Sylvie Miller au regard sévère et Lionel Davoust à droiteAnne Robillard est arrivée en force aujourd'hui, avec son entourage de chevaliers d'Émeraude... qui ont quand même examiné aussi un livre d'Édouard BraseyUne artiste du cirque, de passage sur ses échasses Une photo de Hal Duncan, à qui j'ai servi d'interprète pour une conversation avec un fanUne photo de Pierre Pevel, auteur désormais publié par Bragelonne (et en Grande-Bretagne par Gollancz), qu'on a vu à Boréal et qu'on verra à Anticipation Une table ronde avec Andreas Eschbach, qui se débrouille étonnamment bien en français, Johan Heliot, Sylvie Miller, Jeanne A. Debats et les Belmas
Libellés : France, Science-fiction