2011-06-29

 

Où trouver SF Canada?

SF Canada, l'association canadienne des professionnels de la SF (ce qui comprend avant tout les auteurs, mais aussi des bibliothécaires, libraires, universitaires et critiques), existe depuis plus de vingt ans. Elle agit surtout comme lieu de rassemblement et de diffusion de l'information, à l'interne (par le biais d'une liste de discussion) mais aussi à l'externe.

Elle est associée actuellement à trois sites sur la Toile, mais l'un d'eux (celui doté du suffixe .COM) a été détourné et il est à éviter.

Le site d'origine, sfcanada.ca, reste moyennement actif, mais c'est le site, sfcanada.org, qu'il va falloir inscrire dans ses signets et visiter désormais pour avoir droit aux nouvelles des membres de l'association et du milieu canadien de la science-fiction et du fantastique en général.

Ces deux sites sont essentiellement anglophones en raison du petit nombre de membres francophones de l'association. Les membres francophones de l'association, qui incluent Élisabeth Vonarburg, Joël Champetier, Michèle Laframboise et moi-même, sont trop peu nombreux pour assurer bénévolement le travail de traduction qu'il faudrait abattre pour produire des sites entièrement bilingues. Et comme SF Canada, contrairement à d'autres groupements d'écrivains du pays, ne reçoit pas un sou de quelque gouvernement que ce soit, il est impossible de payer des traducteurs professionnels pour s'en occuper.

Cela dit, comme SF Canada l'a démontré en soutenant de ses deniers les prix Aurora et Aurora/Boréal du meilleur roman en 2011, l'association demeure l'un des rares organismes culturels non-gouvernementaux au pays à conserver une ambition authentiquement nationale. Et l'adhésion demeure ouvertement à tous les professionnels de la SF au pays qui en font la demande.

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2011-06-28

 

Le Québec vert pâle

Une certaine élite québécoise aime se parer des plumes du paon quand il s'agit de faire passer le Québec pour plus vert qu'il ne l'est, mais les grandes gueules de l'intelligentsia et des médias sont encore capables de s'exprimer à l'unisson dès qu'il est le moindrement question de leur faire payer le prix d'une société québécoise plus respectueuse de l'environnement. Car, au Québec, les élites conduisent.

Tandis que le New York Times rapporte comment des villes européennes s'efforcent de sauver leurs centres-villes de l'envahissement par les voitures en décourageant les conducteurs afin d'encourager l'utilisation des transports en commun, la ville de Montréal pique une véritable dépression nerveuse depuis que la réfection des ponts se combine à la saison de la construction pour faire de la métropole la capitale des bouchons. Que l'on puisse s'en prendre au sacrosaint char du Québécois moyen est tellement inimaginable que même un média prétendument progressif comme Rue Frontenac donnait libre cours ce printemps à l'indignation populaire opposée aux mesures prises par l'administration de Luc Ferrandez pour décourager la circulation automobile dans le Plateau.

Tout cela permet aux observateurs de la scène politique québécoise de se faire une idée plus juste de l'adhésion réelle des Québécois aux valeurs environnementales. En attendant, peut-être que les ponts qui menacent ruine feront cent fois plus que Luc Ferrandez pour convaincre quelques Québécois que miser tout un mode de vie sur la disponibilité d'une voiture et des artères urbaines qui vont avec n'est pas si sage...

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2011-06-27

 

Anna Karénine et la justice divine

Il y a dans Anna Karénine (1877) un passage qui en dit aussi long sur l'auteur que sur ceux qu'il critique. Un personnage dit d'un autre, non sans cynisme (dans la traduction anglaise) :
He's now got the post on the committee of a commission or something. I'm afraid I can't remember what it is exactly. Only there's nothing to do there—that isn't a secret, is it, Dolly?—and he gets a salary of eight thousand a year. Try and ask him if his job is of any use and he will prove to you that it is most useful. And he is a truthful man. You see, it's impossible not to believe in the usefulness of eight thousand.
Tolstoï fait allusion ici aux œillères qui affligent une certaine catégorie de la noblesse russe en son temps, engagée dans une course aux sinécures qui les privait de tout sens critique face à la nature des services qu'on leur demandait. Un écho, qui sait, de ce passage figure dans un succès de vente du XIXe s., Trilby (1895), où Georges du Maurier fait remarquer à propos d'un de ses personnages converti aux conventions de son nouveau milieu social pour lequel il officie comme pasteur, si je me souviens bien:
They are his bread and butter, these beliefs—and a man mustn't quarrel with his bread and butter.
Le soupçon voulant qu'on ait les convictions qui soient dans notre intérêt n'est donc pas neuf, mais il dérangeait suffisamment pour qu'il soit jugé digne d'impressionner ces lecteurs de la fin du XIXe s. qui avaient l'habitude de croire que leurs idées étaient indépendantes de leur source de revenus. Aujourd'hui, ce n'est plus une notion aussi blasphématoire, même si Al Gore a jugé bon de ressortir (comme on peut le voir dans le film An Inconvenient Truth) une version un peu plus forte articulée par Upton Sinclair en 1935 :
It is difficult to get a man to understand something, when his salary depends upon his not understanding it!
Ma lecture récente d'Anna Karénine (en traduction anglaise) m'a fait découvrir un prodigieux roman social et psychologique. Le portrait de la Russie tsariste, quarante ans avant sa disparition, est convainquant — même si je ne saurais affirmer qu'il est fidèle à son modèle. En tout cas, il a convaincu en son temps, en partie parce que Tolstoï livre des aperçus sans concession des moeurs des salons (anticipant la description des rencontres chez Mme Verdurin décrites par Proust) et de la vie intérieure des personnages (anticipant certaines techniques propres au modernisme littéraire). Le réalisme psychologique crédibilise le réalisme social et le personnage de Levin a l'avantage d'être tiré des propres expériences de l'auteur, ce qui ajoutait à la vraisemblance de ses sentiments et de ses réflexions. Si on sent en filigrane les tensions de l'époque, toutefois, elles comportent des dimensions qui nous sont devenues (presque) irrémédiablement étrangères. Je dis « presque », car si le conflit entre la science et la religion en tant qu'institutions n'est plus d'actualité en Occident, exception faite de quelques enclaves des États-Unis, le conflit entre la raison et la foi demeure plus ou moins pressant. L'absence de cadre institutionnel simplifie peut-être les choses, mais le mystère du néant reste insupportable pour de nombreuses personnes. On juge facilement de l'avance prise par Tolstoï en relevant qu'au Québec catholique comme dans l'Égypte musulmane, les affres de Levin n'émergent dans des romans qu'après la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, si Tolstoï peut se permettre de camper les déchirements intérieurs d'un intellectuel qui ne sait que croire, il nous montre quand même Levin, personnage emblématique de l'auteur, en train d'opter, en fin de compte, pour la foi nue, sans l'église, plutôt que pour la raison toute nue.

Bref, acculé au pied du mur par les expériences fondamentales de la mort et de la naissance, Levin fait le choix du déisme. Comme ce choix lui permet de se marier à l'église et d'accéder à une certaine respectabilité sociale en tant qu'homme marié et propriétaire terrien rentré dans le rang, à qui on pardonnera volontiers quelques lubies, les mots du passage que je citais en premier ci-dessus s'appliquent avec autant de force aux arrivistes de l'aristocratie stigmatisés par Tolstoï qu'à Tolstoï lui-même et à son porte-parole, Konstantin Levin. En restant fidèle au christianisme, la classe représentée par Tolstoï conservait son allégeance à ses croyances millénaires. C'était la solution la plus facile, après tout, puisqu'elle n'exigeait pas l'abandon des traditions et des habitudes au prix d'une rupture aussi brusque que douloureuse.

Quarante ans plus tard, par contre, ce refus de l'aristocratie tsariste de s'ouvrir à la raison et à la modernité allait permettre aux communistes de prétendre monopoliser l'une et l'autre.

En principe, le destin de Levin et de sa nouvelle épousée n'est qu'accessoire. Tolstoï veut illustrer les dégâts provoqués par l'inconscience d'une femme adultère, Anna Karénine, qui bouleverse une famille, meurtrit son mari et son fils, et détourne son amant de la voie des honneurs qui aurait pu être la sienne. En revanche, le roman condamne beaucoup moins nettement le mari infidèle. Dès les premières pages, on voit une épouse se résigner à tolérer les fredaines de son homme, Oblonski. L'obstination de Tolstoï à faire de la femme adultère une criminelle qui sème le désordre dans la société et mérite un châtiment d'ordre divin devient évident à la toute fin du roman. Ce qui s'avance et occupe l'avant de la scène, c'est l'amour maladif, pas entièrement expliqué, d'Anna Karénine qui l'entraîne à se suicider, en dépit de l'affection éprouvée de Vronski. Le destin d'Anna était tracé depuis le début. Du point de vue de l'auteur, les cadres de la société russe de son temps sont inébranlables et les efforts individuels de venir en aide à une femme fautive ne peuvent l'emporter sur les conventions établies de tout temps.

Une fois de plus, le jupon dépasse : alors que la France latine légiférait sur le divorce en 1884, Tolstoï refuse d'admettre que les conventions sociales sont capables d'évoluer et qu'une réforme des institutions du mariage seraient capables d'entraîner une transformation des mœurs, si bien qu'un changement du cadre social aurait fait autant pour éviter des souffrances inutiles qu'une conduite irréprochable de la part d'Anna Karénine.

Cela dit, si la loi a intérêt à tenir compte de la faillibilité humaine, le jugement du caractère d'une personne ne tient pas aux conséquences de ses actes dans un monde optimal mais à celle de ses faits et gestes dans le monde qui est. De ce point de vue, la conduite d'Anna Karénine demeure répréhensible dans la mesure où elle était nécessairement consciente de ses répercussions potentielles. On touche toutefois ici à une question fondamentale, celle du libre arbitre. L'attitude la plus intransigeante suppose le libre arbitre. Mais si les défaillances ne sont pas seulement statistiquement probables, mais pratiquement dictées par nos gènes et par des automatismes acquis, la réprobation n'a plus lieu d'être, sauf du point de vue social. C'est-à-dire que la société peut avoir intérêt à exprimer une telle réprobation (qui pourrait d'ailleurs être inscrite dans nos gènes — ou notre environnement), mais celle-ci n'aurait aucun effet sur les individus en cause, et aucune incidence sur les comportements réprouvés.

Dans Anna Karénine, la démonstration est complétée par les destins parallèles d'Anna Karénine et la jeune Kitty Chtcherbatski. L'une renonce à son mariage parce qu'elle désire Vronski et l'autre désire Vronski, mais finit par épouser l'homme qui l'aime et qu'elle avait d'abord repoussé. L'une, mère dénaturée, est déchirée entre ses deux enfants et ses deux foyers , tandis que l'autre fonde une famille dans la quiétude d'un foyer aimant — et unique. Le malheur ou le bonheur : choisissez, jeunes femmes, et sachez choisir sagement, ordonne Tolstoï.

Néanmoins, Anna Karénine reste un livre qu'il faut avoir lu, mais pas trop tôt, et pas sans un minimum de sens critique. Car s'il s'agit d'une prouesse d'écriture, le résultat est moins authentiquement humain que Madame Bovary de Flaubert, publié vingt ans plus tôt sur un thème assez semblable, car encore inféodé à des convictions et des préjugés sans grand fondement. Le roman de Tolstoï tire sa force d'un ancrage dans le réalisme psychologique et les grands débats sociaux que des romans plus descriptifs par des auteurs européens contemporains, tels Balzac et Dickens, avaient négligé.

Pour l'action, certes, on repassera. Il n'y a pas même l'ombre d'un duel pour relancer l'intérêt. Tout est dans le souci du détail, la vraisemblance et, en définitive, dans le sentiment de l'existence d'une métaphysique qui donne un sens aux menus faits et gestes du quotidien ainsi qu'aux choix apparemment banals de gens comme les autres.

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2011-06-17

 

Pour les amateurs de la proto-SF française

Un nouveau blogue, ArchéoSF, est consacré depuis peu aux futurs d'autrefois, en particulier en français. Ses objectifs sont particulièrement ambitieux, car il désire présenter des textes relevant de la fiction, courts (in extenso) ou longs (parfois téléchargeables dans ce dernier cas, je crois), mais aussi des essais, des images, des hyperliens, des cas de sciences ou de techniques anticipatoires (ce que j'appelais de la prototechnologie dans ma dissertation de doctorat) et aussi les actualités de la traque et de la réhabilitation de la SF ancienne en France.

En quelque sorte, j'ai l'impression qu'il pourrait s'agir d'un équivalent du blogue Paleofuture (je fournis dans la colonne de gauche un hyperlien vers la version 1.0 de ce blogue), mais qui a pour vocation d'être plus littéraire et moins social. De fait, le décollage de ce projet fait écho à une entreprise plus large d'exhumation et de résurrection de la SF ancienne en français, poursuivie aussi bien par Serge Lehman que par les Moutons électriques. Comme historien, j'apprécie souvent ces textes par des auteurs oubliés aujourd'hui qui nous en disent longs sur les décennies et les siècles passés. Comme lecteur, je ne suis pas toujours si sûr de leur intérêt... Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un blogue prometteur, qui rejoint quand même un peu un des intérêts récurrents de mon blogue (comme on peut le découvrir en cliquant sur le libellé Futurisme ci-dessous).

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2011-06-16

 

Les deux cultures du Canada

Il fut un temps où le concept des deux solitudes nationales canadiennes semblait aussi simple qu'évident : le monde francophone et le monde anglophone, les Catholiques ultramontains et les Protestants orangistes, les bons vivants de Montréal (... ville ouverte) et les coincés de Toronto (the Good), le Québec s'enracinant dans la Nouvelle-France et le reste du Canada fondé par les Loyalistes...

Il est temps toutefois de diagnostiquer une autre division du pays, qui s'incarne dans une paire d'articles du Globe and Mail d'aujourd'hui. D'une part, il y a la culture du hockey, dont témoigne les émeutes de la Coupe Stanley à Vancouver (événement devenu quasi rituel dans les grandes villes canadiennes depuis les émeutes montréalaises de 1993). D'autre part, il y a la culture des arts telle qu'elle est incarnée par le réseau de Radio-Canada/CBC, qui, selon ce qu'une étude récente démontre, semble générer des retombées qui dépassent ses coûts.

Ce sont des cultures presque hostiles, de la tête du pays jusqu'à sa base. De Stephen Harper qui, en fait de culture livresque, se targue surtout d'écrire une histoire du hockey au Canada, jusqu'aux fans qui se pressent dans les rues et les bars, ou monopolisent la télé familiale. De ce côté de la barricade, la CBC a pour seul mérite de diffuser les matchs de hockey et de faire une place à Don Cherry, de sorte que les Conservateurs de Harper parlent depuis longtemps d'abolir ou de privatiser Radio-Canada... Et ce n'est pas un phénomène anglo-canadien : que l'on songe à l'hystérie collective qui s'empare de Montréal quand les Canadiens sont en finale ou à la mobilisation du village de Québec qui se range derrière le maire Labeaume dès qu'il est question de ravoir une équipe de hockey, en prenant au besoin pour cible Radio-Canada, coupable de laisser parler Amir Khadir ou d'exprimer les opinions du Plateau montréalais sur la question... Dans le cadre d'une partie de hockey, tout a le mérite d'être clair : qui gagne, qui perd, qui se surpasse, qui déchoit. Et on s'attend à ce que tout soit pareillement clair dans la vie.

En face, en anglais comme en français, il existe des institutions littéraires, musicales, cinématographiques, etc., qui entretiennent le culte d'une recherche de sens faisant appel aux talents d'écrivains, de compositeurs, de cinéastes, de plasticiens, de danseurs, etc. Ceux-ci se débattent avec l'indicible, l'ineffable, bref, le mystère. La détestation du hockey par les défenseurs d'une culture des arts est parfois plus discrète que l'abhorrence de formes d'art dites trop élitistes par les fanas du hockey ou les employés de Sun News Network, mais le dédain est bien réel. On fait comme si le hockey n'existait pas et les occasions de rencontre sont rares — et rarement réussies. Face à la culture du hockey, la crispation n'est-elle pas si concrète qu'on se rejette avec excès sur toutes les formes de culture qui s'éloigne le plus possible des goûts populaires? Si la science-fiction ou la fantasy ont le tort d'être trop populaires, on n'essaiera surtout pas de comprendre pourquoi : on saluera bien bas les ouvrages qui rapportent des millions, on oubliera les autres et on continuera à parler des ouvrages que nos amis ont lus — ou écrits. Mais ce qui unit cette constellation d'arts et d'artistes, c'est avant tout, peut-être, l'acceptation de la nuance.

La violence n'est parfois qu'un épiphénomène : elle peut exploser dans le contexte d'un concert annulé ou de manifestations politiques opposées aux G8 et G20 tout comme elle peut exploser à l'occasion de matches de hockey perdus (ou gagnés), ce qu'on a très bien vu à Montréal depuis 1993. Le nombre de personnes en cause est souvent réduit et le lien de ces personnes avec les manifs ou les véritables fans de hockey est parfois ténu. On peut comprendre ces explosions comme une exploitation d'un espace de liberté carnavalesque créé par l'importance transcendante accordée à ces événements ponctuels — une importance qui transcende les codes habituels et les conventions tacites qui, autant que les forces de l'ordre, régimentent la vie en société. De ce point de vue, la violence n'est qu'un symptôme de l'importance prise dans le champ culturel par tel ou tel événement. Le déchaînement de la violence révèle l'emprise de ces cultures distinctes sur nos esprits, mais il nous avertit aussi que les énergies, les ressentiments et les espoirs investis dans ces deux cultures sont de plus en plus intenses, et de plus en plus aptes à déborder.

En attendant la prochaine explosion, si on désire se situer entre ces deux grands pôles culturels, il n'y a qu'à se demander lequel de ces deux prétextes, un septième match de la coupe Stanley ou le rassemblement de politiciens du G20, nous semble justifier le plus des réactions violentes?

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2011-06-15

 

Le dictionnaire de l'assyrien

Ceux qui désireraient s'initier au déchiffrement du cunéiforme et à la lecture de l'akkadien pourront maintenant s'y adonner avec un dictionnaire à portée de main, quoiqu'en fait, les vingt et un volumes du Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago sont sans doute plus faciles à consulter sous forme électronique. Cela tombe bien : ils sont désormais accessibles ici à condition de les télécharger uniquement pour son usage personnel.

Il s'agit d'un dictionnaire qui s'enracine dans l'époque presque héroïque de l'archéologie et de l'histoire mésopotamie. L'Institut oriental à l'Université de Chicago avait été fondé en 1919 par James Henry Breasted (1865-1935), un égyptologue qui aurait pu être un mentor d'Indiana Jones.... Le projet d'un dictionnaire de la civilisation assyrienne était né quelques années plus tard et l'ouvrage qui en résulte est donc le fruit de presque quatre-vingt-dix ans d'efforts suivis par des générations de profs et d'étudiants. C'est le genre de projet qui fait l'honneur des universitaires et qui est parfois un peu trop rare dans nos contrées (même si le Dictionnaire biographique du Canada ou le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec pourraient rivaliser un jour avec lui en fait de longévité puisque leur ambition n'a pas de borne chronologique)...

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2011-06-14

 

Carrefour

Un beau soir de printemps, alors qu'il cheminait
depuis des jours déjà, le voyageur s'arrête.
La route qu'il suivait finit sur une crête
sans l'avoir prévenu que son cours culminait

Loin des bois et des vaux qu'avant il dominait,
au milieu des prés, le voyageur s'apprête
à choisir une voie quand, déjà, il regrette
de n'avoir pas choisi où l'autre voie menait

De la fourche s'étend la campagne assombrie
qui cache ses trésors, ses secrets, ses abris...
Mais ne pas trancher. Mais partir à travers champs!

Mais refuser ces futurs obscurs, fragiles,
comme des bulles crevées par l'écho d'un chant.
Et s'en retourner soudain d'un pas agile.

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2011-06-13

 

Des vacances chez les cousins

Dans la série des publicités pour les cousins (après l'artiste de la famille), j'en profite pour signaler le nouveau gîte pour voyageurs que ma cousine et les siens ouvrent cet été dans les collines de la Drôme. Baptisé Aux sources de Mirmande, il peut accueillir des groupes de huit à dix personnes (plus un bébé, avec un cheval en prime ou plus).

C'est une région de la France que je connais peu, même si j'ai complété il y a quelques années une petite boucle à pied en Ardèche, plus ou moins de l'autre côté du Rhône — de Pierrelatte à Alba-la-Romaine, en passant par Bourg-Saint-Andéol, Saint-Marcel-d'Ardèche, Labastide-de-Virac, Vallon-Pont-d'Arc et Villeneuve-de-Berg. Beaucoup de touristes, mais aussi des paysages à couper le souffle et des curiosités naturelles. Ainsi que des grottes, et une exposition dans le village de Vallon-Pont-d'Arc consacrée à la grotte Chauvet, qu'il est impossible de visiter à moins de s'appeler Werner Herzog mais dont il était possible d'admirer les fresques pariétales, reproduites à quelques kilomètres à peine de la grotte.

C'était en 2005, sans doute, donc juste avant la création de ce blogue. Les accès internet restaient difficiles à trouver — il me semble que je me suis branché une fois dans les bureaux d'une agence de location de canoës et kayaks. Mais je me souviens d'une journée de marche dans la nature au sud des gorges de l'Ardèche — un territoire sillonné de sentiers et de pistes, mais presque désert.

Pour les voyageurs éventuels, ce que j'ai retenu, c'est l'abondance de l'hébergement dans le secteur, y compris dans la gamme des options pas chères et capables d'accueillir des groupes (comme ce camping de Villeneuve-de-Berg où on entendait plus de néerlandais que de français). Le lancement du gîte Aux sources de Mirmande procurera aux personnes curieuses de découvrir la région une autre possibilité de se poser...

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2011-06-12

 

Le jardin des orchidées

Tel était le titre d'une revue fantastique germanophone de l'entre-deux-guerres, Der Orchideengarten, produite de 1918 à 1921, au confluent de l'Autriche, de la Suisse et de l'Allemagne. Bernard Goorden a numérisé l'intégralité des 51 numéros (à partir de photocopies, semble-t-il, puisque le numéro que j'ai consulté était uniquement en noir et blanc) et les a mis à la disposition des connaisseurs dans la section des téléchargements de son site IDES et Autres. Et Goordon se porte volontaire pour traduire en français certains des textes en allemand inédits (et libres de droits, je suppose) en français.

Un blogueur, Will Schofield, a diffusé certaines des illustrations en couleurs des quatorze premers numéros tant sur son ancien que sur son nouveau blogue. Les illustrations, souvent proches de l'expressionnisme allemand, sont fascinantes et assez différentes de l'art des pulps de SF étatsuniens — mais pas complètement. Il y a parfois des similitudes qui rappellent que les artistes des pulps n'échappaient pas aux influences de leurs temps...

Bref, pour qui s'intéresse à l'histoire de la science-fiction, voici une autre brique qui se met en place dans le monde virtuel...

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2011-06-11

 

Maîtres du monde ou rien!

Le retour dans le passé de la série X-Men dans le nouveau film de la série est assez réussi du point de vue cinématographique, mais ce retour dans le passé (au moment de la crise des missiles de Cuba) est révélateur de l'ancrage historique de l'essentiel de la mythologie en cause. D'une part, le personnage du mutant persécuté qui est un enfant de l'atome remonte assez clairement aux Slans des années quarante et aux peurs provoquées par les premières explosions nucléaires. D'autre part, le concept d'une minorité qui lutte pour l'égalité et la reconnaissance était particulièrement pertinent dans le contexte des années soixante et de la lutte pour l'égalité des noirs aux États-Unis. Mais ce qui ressort aussi très clairement du film, c'est que le fantasme de la conquête du monde et d'une hégémonie raciale avait encore un sens très réel au moment où de nombreux tortionnaires nazis étaient encore vivants tandis que des groupes opprimés se battaient contre une hégémonie existante. De ce point de vue, la mythologie originelle des X-Men est presque indissociable du contexte des premières BD et le film le souligne à plus d'un titre.

En revanche, ce qu'on cherche en vain dans une partie de la production culturelle actuelle, c'est une lecture aussi claire (sinon juste) des événements. Je doute que je la trouverai dans les films de l'été, mais je ne désespère d'en trouver ailleurs, suite à mes lectures de romans comme Les rois conteurs, qui me semblent préfigurer une nouvelle vision...

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