2019-05-15

 

De la SFCF en 1937

(Ce court texte de science-fiction fantaisiste paraît, sous le pseudonyme de Totau, le 16 septembre 1937 en une du premier numéro du journal Le Jour fondé par Jean-Charles Harvey.  De là à conclure que le texte est composé par Harvey, qui avait déjà rédigé plusieurs textes de science-fiction pareillement inspirés par des nouveautés techniques de son temps — il s'agit ici de la cellule photoélectrique appliquée sous ce nom à l'ouverture automatique de portes entre 1931 et 1934 [PDF] pour la première fois —, il n'y aurait qu'un pas...  On notera les allusions à maître Alcofribas Nasier, c'est-à-dire François Rabelais, qui avait taquiné les prétentions des clercs en son temps, et probablement aussi à Duplessis...)

L'Œil magique

Vers 1950, un électricien célèbre, nommé Electrofribas, après de multiples expériences sur l'« œil magique », découvrit le Rayon-Flic ou rayon-détective, qui avait la propriété de détecter les pensées les plus secrètes de l'homme.

Il y avait, à cette époque, au Canada français, un individu puissant, du nom de Micrococus, qui exerçait les pouvoirs dictatoriaux les plus impitoyables.

Après avoir ajusté le Rayon-Flic à la mesure exacte de son cerveau et de toutes les choses, petites et grandes, que contenait ce cerveau précieux, il fit poser des appareils dans toutes les villes, tous les villages, toutes les familles, afin de savoir si, dans le peuple qui, sous l’œil bienveillant de la mitrailleuse, se prosternait quotidiennement  devant lui en récitant: « Allah est Allah!... », quelqu'un pouvait commettre le crime de penser autrement que lui.

Comme ce crime était punissable de mort, on munit, chaque appareil d'un dispositif spécial qui provoquait I'électrocution à distance de quiconque ne s'ajustait pas à la pensée d'Electrofribas.

Trois jours plus tard, tous les citoyens, moins les pensionnaires d'asiles d'aliénés, les acéphales dépourvus de tout instrument de pensée, les gens ivres-morts au moment de l'expérience et Electrofribas lui-même, étaient partis pour un monde évidemment meilleur.

Le quatrième jour, Electrofribas mourait de son propre rayon: il ne pensait plus comme lui-même.

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