2007-09-19

 

L'Université et le bling bling!

(L'Îlot Voyageur, pomme de la discorde et future ruine moderne en plein centre-ville.)

À l'UQÀM, la rentrée des classes prend la forme de nombreuses festivités, tant au niveau des professeurs qui se rencontrent pour des cocktails ou réceptions que des étudiants qui font la ronde des bars, en y mettant de l'argent de leur propre poche ou en profitant des subsides de leurs associations étudiantes. Difficile, dans un cas comme dans l'autre, de prendre tout à fait au sérieux les récriminations de ceux qui crient famine.

Et pourtant...

L'UQÀM patauge dans les déficits et le sous-financement tandis que toute la communauté cherche à reporter la faute sur autrui. L'administration blâme le sous-financement, la malhonnêteté des anciens dirigeants et la résistance des associations ou des syndicats à y mettre du leur. Les professeurs blâment l'incurie de l'administration et le sous-financement. Les étudiants blâment le sous-financement et l'irresponsabilité de l'administration. La plupart s'entendent aussi pour soutenir que le gouvernement doit donner plus d'argent par étudiant à l'UQÀM parce que sa population estudiantine est plus pauvre, tandis qu'une université comme McGill bénéficie des fonds donnés par ses anciens étudiants...

Mais comme je le soulignais précédemment, le sous-financement inclut aussi bien le résultat des coupes sauvages de Lucien Bouchard que le gel prolongé des frais étudiants. Quant à la mauvaise administration par les dirigeants de l'université, elle devrait surtout inciter toute la communauté à faire son mea culpa : les professeurs et les étudiants sont représentés au sein du conseil d'administration. C'est la communauté qui a choisi de confier les affaires de l'université à Roch Denis et à ses collaborateurs. Elle doit partager le fardeau des erreurs commises. À qui donc la faute de l'abîme financier qui menace d'engloutir l'UQÀM? À tous!

C'est ce qui complique la tâche de trouver des solutions. Personne ne veut payer ou faire le premier pas tellement le problème paraît démesuré. Mais il faudra bien trancher le nœud gordien sans espérer des secours inespérés de la Vieille Capitale. Tant que ce seront les régions et les vieux qui éliront les gouvernements à Québec, les priorités d'une université jeune et urbaine comme l'UQÀM passeront loin derrière.

Surtout que les suggestions sont rarement convaincantes. Introduire un financement différencié des universités en fonction de leurs autres ressources? Cela reviendrait à pénaliser les universités qui attirent des étudiants étrangers, sollicitent les dons des anciens, contribuent au succès financier de leurs étudiants ou fonctionnent depuis si longtemps qu'elles ont eu le temps d'accumuler des fonds privés importants.

Certes, une université comme McGill recrute une clientèle plus riche au départ, plus apte à faire son chemin dans la vie et plus susceptible à donner ensuite. Mais peut-on demander aux contribuables anglophones de donner une part disproportionnée de leurs taxes pour soutenir les universités francophones? Et ne déresponsabiliserait-on pas les universités comme l'UQÀM en ne liant pas au moins un peu le soutien financier et l'attrait de l'université pour les étudiants.

En attendant, l'UQÀM continue à vendre ses actifs au plus offrant.
Et il se pourrait, en anticipant sur un avenir possible, que la future gare d'autobus de Montréal (dont on voit ci-dessous une des entrées fraîches et pimpantes) reste longtemps surmontée de cette carcasse d'édifice inachevé dont le quadrillage de béton en façade se reflètera dans les baies vitrées de la Grande Bibliothèque aux tuiles explosives... Décidément, le quartier est maudit!

Libellés : ,


Comments: Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?