2008-03-01

 

Teatro Universale (9)

Dans le numéro du 2 mars 1839, les beaux-arts font la une. La gravure reproduit la Poésie telle que peinte par Raphaël au Vatican, mais ce n'était pas la première fois que le Teatro Universale s'intéressait à ce « principe della pittura ». Une note précise les dix numéros antérieurs où il a été question de lui et de ses œuvres. Toutefois, l'article illustré par la gravure verse plutôt dans la prose de guide touristique, sans grande surprise puisque le texte s'inspire en partie de la Nuova Guida metodica di Roma e suoi contorni (1834) du marquis Giuseppe Melchiorri, maintenant disponible en-ligne. De la Rome des Papes, on passe ensuite à la Rome des Empereurs. La rédaction du Teatro Universale rappelle le triste sort fait aux vaincus par les Romains de l'Antiquité. L'emprisonnement de Persée et de ses fils, la capture de Jugurtha, le triomphe qui vit l'empereur Valérien parader la reine Zénobie dans les rues de Rome à bord du char avec lequel Zénobie aurait aimé pénétrer dans Rome en triomphatrice... autant de moments traités avec un mélange d'apitoiement et de complaisance pour la splendeur et la vertu des Romains antiques. L'Antiquité remplit également la dernière page du numéro, qui inclut une gravure reproduisant L'École d'Athènes de Raphaël au Vatican (dont j'ai vu le carton à la Pinacothèque de l'Ambrosiana à Milan) et une réflexion de Platon sur l'hospitalité.

Le numéro comporte trois autres textes. Les Effemeridi istoriche universali profitent de l'anniversaire de la mort du père jésuite Giovanni Granelli (1703-1770) pour rappeler sa carrière de dramaturge. Une courte note présente le Novellino du treizième siècle et reproduit deux textes en vieil italien, dont les traits d'esprit m'échappent un peu. Le troisième texte présente la nouvelle route du col du Simplon, une des meilleures inspirations de Napoléon Bonaparte à la toute fin du dix-huitième siècle. La description emprunte beaucoup à la Descrizione della strada del Sempione da Arona sino al Gabrio o Gabbio (1822) du comte Giovanni Paradisi, mais aussi un peu aux Peregrinazioni di Davide Bertolotti, un récit de voyage en deux volumes également paru en 1822. Et comme Bertolotti était quelque chose comme le rédacteur en chef du Teatro Universale, il était bien placé pour recycler sa propre prose. Néanmoins, la description de la route du Simplon rappelle sa hardiesse pour l'époque : route à flanc de montagne, audace du pont de Crevola, galeries forées en plein roc sur des distances atteignant 182 mètres près de Gondo... En 1839, cette route avait une trentaine d'années et elle devait une partie de sa renommée non aux exploits techniques requis pour la compléter mais aux paysages romantiques qu'elle permettait d'admirer. Néanmoins, c'est rassurant de constater que le Teatro Universale n'est pas entièrement imperméable aux nouveautés techniciennes.

Table des matières : Teatro Universale 235, 236, 237, 238 (janvier); 239, 240, 241, 242 (février).

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