2008-09-16

 

Tests d'intelligence

La ré-élection de George Bush avait déjà fait douter sérieusement du bon jugement de l'électorat des États-Unis. L'élection présidentielle actuelle aux États-Unis rouvre la question... Alors que l'Afghanistan chancelle, que l'incursion irakienne a donné ses meilleurs fruits sans faire oublier les pires, qu'une autre ville des États-Unis se relève à grand-peine d'un ouragan dévastateur presque aussi intense que Katrina, que les valeurs immobilières continuent de décliner et que les bourses titubent, on se demande comment les États-Unis peuvent envisager de redonner le pouvoir au parti qui a maintes fois prouvé son incurie.

Surtout que l'alternative est on ne peut plus tranchée. Obama s'appuie sur un programme modéré plus ou moins en prise sur les problèmes actuels, tandis que ses adversaires campent sur des positions ultra-idéologiques. Le duo constitué de John McCain et de Sarah Palin offre une autre dose de pensée magique, après Reagan et Bush II. Son programme économique? Réduire les impôts et enrichir les riches (afin d'enrichir les pauvres grâce au fameux « ruissellement vers le bas »). Son programme en affaires étrangères? Ne pas cligner des yeux.

Longtemps, les États-Unis ont été assez riches pour se permettre de ne jamais penser au lendemain. On pouvait remettre à plus tard l'entretien des infrastructures, les investissements dans l'éducation ou la santé publique — il resterait toujours assez d'argent pour une réfection en catastrophe, l'embauche de chercheurs étrangers ou le financement de soins hospitaliers de dernier recours. Et si l'environnement menaçait de se détériorer, il serait toujours temps d'agir quand on serait au bord du précipice.

Si les citoyens des États-Unis élisent McCain et Palin en 2008, c'est parce que les électeurs se sentiront assez riches pour ne rien changer à la gestion des affaires de leur pays. On soutient parfois que ce genre de choix n'est pas intellectuel, mais viscéral, bref, que les électeurs votent pour la personne avec laquelle ils se sentent le plus à l'aise. En 2000 et 2004, des sondages plus ou moins sérieux avaient démontré que les électeurs américains étaient plus nombreux à vouloir prendre une bière ou un café avec George Bush qu'avec l'autre candidat... Mais je ne suis pas convaincu. Quand on est malade, on ne refuse pas un médecin parce qu'il est trop sérieux et qu'il ne jase pas comme du monde ben ordinaire! Si la situation l'exige, on préfère un minimum de garanties à un maximum de convivialité. Par conséquent, si les électeurs étatsuniens sont réellement convaincus de la gravité de la conjoncture, leur choix reflètera bel et bien leur jugement et leur intelligence.

Quant au Canada... Depuis le rétablissement des finances publiques canadiennes et le boom pétrolier albertain, les Canadiens se sentent prospères et ont commencé à succomber à la même tentation de la dénégation et de la procrastination qu'aux États-Unis. Un des symptômes les plus évidents de ce refus des réalités déplaisantes, c'est la propension du gouvernement conservateur à ignorer les avis des scientifiques au service de l'État, quand on n'essaie pas de les intimider ou de les bâillonner carrément. Ceci commence à inquiéter la communauté scientifique au pays. Après l'appel au débat de l'Agence Science-Presse, c'est au tour de l'ACFAS d'appeler à un plus grand respect de l'indépendance du travail scientifique. On peut même signer une pétition en appui aux commentaires de Pierre Noreau, le président de l'ACFAS, dans Le Devoir. En attendant le grand forum international « Science et Société » en novembre prochain au cégep Montmorency à Laval... On y dévoilera les résultats de deux enquêtes menées auprès des scientifiques et du public pour en savoir plus sur les relations entre les chercheurs et le public en ce moment au Québec.

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