2007-06-22

 

Correction holistique ou punitive

Appliquons donc au plan de redressement de l'UQÀM les leçons du débat sur la correction des examens de français au Québec, dont je parlais il y a quelques jours. (Le laxisme serait d'ailleurs encore plus grand que celui que je déplorais!) À la base, il est question d'imputabilité et de responsabilité. L'étudiant doit-il être pénalisé pour ses fautes de manière proportionnelle à leur nombre? Si on pose que oui, on introduit une nouvelle notion, celle de la commensurabilité. La peine doit être proportionnelle à la faute, si je puis dire, ce qui est un fort ancien principe de justice. La correction holistique ne déroge pas nécessairement à ce principe, mais elle introduit une part de subjectivité dans la correction (« impressionniste », avoue le rapport Berger). Or, comme la subjectivité des individus est incommensurable, la correction deviendra elle aussi incommensurable.

La mentalité trahie par les recommandations du rapport Berger fait tache. Le plan de redressement proposé à l'UQÀM par le fossoyeur épargne pratiquement tout le monde; ni les profs ni les étudiants ne paieront de leur poche. Certes, ils devront sans doute enseigner plus souvent ou enchaîner des cours plus nombreux dans la même journée, en plus de se satisfaire d'équipements et de soutiens rognés au maximum. Et les hausses salariales seront limitées à 2%...

Pardon? Aux États-Unis, en 2006-2007, près de 8% des institutions postsecondaires avaient réduit leur masse salariale moyenne, selon le rapport annuel de l'association des professeurs, et ceci durant une année faste pour la rémunération. En 2003-2004, une année moins faste, le même rapport indiquait que 0,8% des institutions avaient fait accepter des réductions financières à leurs professeurs parce que la situation l'exigeait. En général, ce sont des baisses de revenus (d'origine gouvernementale ou non) qui impose ces resserrements.

Mais quand il s'agit de dépenses inconsidérées qui ont été engagées par un recteur à la tête d'un conseil d'administration représentatif, on pourrait se demander si, a fortiori, ce n'est pas la responsabilité de tous qui est engagée. Sur la vingtaine de membres du conseil d'administration de l'UQÀM, on compte trois représentants des professeurs, deux représentants des étudiants et un représentant des chargés de cours. Il ne s'agit pas d'une majorité, mais le recteur lui-même est nommé au terme d'une consultation de toute la communauté de l'UQÀM. Il me semble difficile, donc, pour cette communauté d'éluder toute responsabilité dans les dérapages des dernières années.

Sans exonérer les gouvernements de leur propre part de responsabilité, on peut se demander si, dans l'intérêt propre de la future bonne gestion de l'UQÀM, il ne serait pas préférable d'appliquer une correction un peu plus... punitive que ce que propose le plan de redressement actuel. Les étudiants font déjà leur part pour l'amélioration de la situation financière de l'université en payant des frais de scolarité de plus en plus élevés tout en voyant l'offre de cours réduite. Alors, pourquoi les professeurs ne feraient-ils pas leur part? Un gel des salaires (ou une réduction... horreur!) aurait l'avantage de les mettre devant leurs responsabilités corporatives quand il s'agit de siéger au conseil d'administration et de superviser la direction d'icelui. S'ils le sentaient passer dans leur portefeuille, ils seraient un peu plus motivés à l'avenir...

Libellés : ,


Comments: Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?