2006-07-05

 

Les vicissitudes des bibliothèques

La Grande Bibliothèque du Québec perd des plumes. On pourrait dire qu'on l'a un peu cherché. N'était-ce pas un peu mettre au défi le sort que de l'orner de tuiles?

Depuis la fin de la construction, les grandes tuiles (également appelées lamelles par les médias) en verre trempé se détachent, tombent et s'écrasent sur le sol en contrebas. Parfois, elles se fissurent et se fragmentent, voire explosent, in situ et les débris pleuvent. L'été dernier, on en était rendu à six chutes. Maintenant que les grandes chaleurs reviennent, deux autres sont tombées depuis mai et le total est maintenant de huit.

Et le sort s'acharne. La semaine dernière, les pluies diluviennes causaient la rupture d'un tuyau au sous-sol de l'édifice. Il en résultait des inondations et des claquages des circuits...

Lise Bissonnette défend sa bibliothèque bec et ongles, bien entendu, mais on n'entend guère l'autre LB responsable de la construction de la Grande Bibliothèque — Lucien Bouchard. (Il est vaguement amusant que les deux personnages à l'origine de celle-ci ait pour initiales l'abréviation du Latin libra, qui se traduit en français par « livre », même s'il s'agit de l'unité de poids ou de l'unité monétaire, et non du stock principal d'une bibliothèque...) Ce que l'un et l'autre taisent, c'est que la Grande Bibliothèque a été construite au rabais. Il suffit de comparer ce qu'elle a coûté au coût des bibliothèques comparables à Toronto ou à Vancouver, sans oublier que celles-ci n'avaient pas les mêmes vocations patrimoniales ou le même patrimoine pluriséculaire et multilingue. Il ne faut donc pas se surprendre que la tuyauterie ou que les fameuses lamelles de la façade, que l'on avait d'abord prévu fabriquer en cuivre, aient rapidement donné des signes de faiblesse...

Bissonnette a tellement profité de la publicité faite à la Grande Bibliothèque et à son « succès » durant sa première année — qui montre surtout à quel point la population montréalaise a besoin de bibliothèques modernes, bien montées et bien situées — qu'il est difficile de lui pardonner son mutisme. On peut comprendre que son poste l'oblige à la discrétion et qu'elle serait mal venue de réclamer maintenant plus d'argent pour sa bibliothèque ou pour les bibliothèques publiques du Québec. Mais de là à prétendre, comme elle le fait plus ou moins tacitement, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes...

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