2008-10-11

 

Visiter Albany

Comme j'ai un roman à finir, j'ai profité du calme de la chambre d'hôtel — et de l'inanité de la télévision étatsunienne — pour faire le congrès buissonnier. J'ai écrit jusqu'en milieu d'après-midi avant de quitter, mais pas pour le congrès. Pour visiter, plutôt, la capitale de l'État de New York. Le centre-ville d'Albany est caractérisé par l'hétérogénéité. Un peu comme à Montréal, la construction d'autoroutes et d'immeubles modernes de grande taille a entraîné la destruction de nombreux quartiers. Les édifices récents tranchent sur l'architecture du dix-neuvième siècle. Les tours futuristes de l'Empire State Plaza, de style international, sont aux antipodes du Capitole et de l'ancienne gare de style néo-classique... Entre ces deux extrêmes, quelques gratte-ciel représentent plusieurs écoles du vingtième siècle tandis que des édifices de pierre plus humbles rappellent le pragmatisme des constructeurs du dix-neuvième.

En sortant de mon hôtel, le grand projet des urbanistes du siècle dernier s'offre à mon objectif. Dans la photo ci-dessous, Albany prend des airs de grande métropole moderniste, encore que ce soit surtout le fruit d'un cadrage opportuniste! Dans la réalité, les rampes et tabliers étagés du South Mall Arterial surplombent des rues désertes, des terrains de stationnement et une station d'autobus coupée de tout. Néanmoins, ce n'est qu'une illusion, car le centre-ville (ou ce qui en tient lieu) est à cinq minutes de marche à peine. À l'origine, un peu comme dans le cas de l'autoroute Montmorency-Dufferin à Dufferin, les concepteurs du projet avaient prévus de faire passer une autoroute à deux voies sous l'esplanade monumentale pour aller rejoindre une seconde autoroute coupant le centre-ville du nord au sud à l'ouest. J'ignore pourquoi ce plan n'a pas été réalisé, mais je soupçonne que les coûts exorbitants et l'opposition des habitants des quartiers additionnels qu'il aurait fallu raser ont mis fin à l'entreprise, comme à Québec... de sorte que le South Mall Arterial conduit dorénavant sous l'esplanade avant d'aboutir au milieu des quartiers à l'ouest, où l'autoroute donne sur des rues résidentielles construites à une échelle bien différente.

Dans cette photo de l'Egg, qui abrite une salle de spectacles qui espérait peut-être concurrencer le fameux opéra de Sydney en Australie, puisque la construction de l'Egg a débuté en 1966 au moment où s'achevait celle de l'opéra de Sydney, on peut voir l'entrée du South Mall Arterial sous l'esplanade, au pied de la muraille. Cette photo souligne bien le contraste entre les formes austères, voire brutales, de l'Empire State Plaza et les façades plus texturées, plus riches en détail, des édifices voisins. Quant à l'Egg, il me rappelle plutôt un siège de toilette qu'un amphithéàtre digne de servir de cadre aux plus grandes performances artistiques. On peut aussi songer aux chaises en plastique que l'on voit encore trôner devant les motels d'un certain âge, comme dans la photo ci-dessous que j'ai prise sur la Rive Sud de Montréal en juin 2007...Sinon, il faut admettre, malgré les controverses, que le projet du « Governor Nelson A. Rockefeller Empire State Plaza » livre au piéton de passage des perspectives impressionnantes, qui rappelleront à l'historien de l'architecture tant les conceptions géométriques d'un Sant'Elia, chantre de l'architecture futuriste, que les masses dépouillées des architectures totalitaires sous Mussolini, Hitler ou Staline. Au choix... Et la réaction du voyageur pourra dépendre des circonstances. J'ai visité l'esplanade pour la première fois par une journée fraîche et venteuse, et j'ai trouvé sa nudité glaciale. Par une journée chaude et ensoleillée, on apprécie mieux la pureté des lignes. Par exemple, de l'avenue Madison, j'ai pris cette photo des tours que le gouvernement de l'État loue pour y abriter des bureaux de la fonction publique. En fait, les détracteurs des grands projets modernistes feignent d'ignorer que chaque époque a construit des monuments à sa gloire. La ville de Washington est jonchée d'immeubles gigantesques abritant des légions de bureaucrates. Le style retenu par les constructeurs a sans doute quelque chose de plus familier, mais le choix du gigantisme est tout aussi écrasant quand on s'inscrit dans le prolongement du néo-classicisme que lorsqu'on fait le choix du style international puisant aux racines du Bauhaus ou du futurisme.

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Comments:
J'ai pense que le ville a moins vie de le centre du Montréal même si tous les deux développés le manière similair, même pendant un long fin de semaine; toujours (dans le été, alors) choses sont produsient dans le centre du ville de Montréal, mais oú nous étions en Albany c'est un district des affairs seulement comme le district des banques dans Boston, un place oú personnes ne vit. Peut-être ce place du banlieusards n'est pas typique...? Un bille trés 1970s...cavité.
 
Le centre-ville de Montréal est plus étendu que celui d'Albany; c'est sans doute pourquoi il a mieux survécu aux coupes claires des années soixante.

Mais, dimanche, nous avons découvert où se cachait toute la population d'Albany : au Crossgate Mall!
 
hehe. Le Mall. Tu sais que dans les banlieues des Etats Units maintenant, ils font villes artificielles o complexes d'appartements où les gens vivent en haut des magasins, et ils disent que c'est comme un vieux centre du ville (quoi fou!). . . par exemple http://www.crockerpark.com/about.php

C'est un peu drôle, non?
 
Soupir...

L'idée n'est pas entièrement mauvaise si elle va permettre d'urbaniser un peu la banlieue. A priori, c'est quand même plus intéressant que le Quartier Dix 30 en banlieue de Montréal qui n'a que des magasins, des salles de spectacle ou de cinéma et un hôtel. Quand je regarde la photo satellite de Crocker Park, la densité de la population ne doit pas être de beaucoup inférieure à celle des quartiers environnants!

Et puis, il y a le couple qui a vraiment vécu dans un mall...
 
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