2008-09-13
Je vote pour la culture
Après le vote pour la science, le vote pour la culture. Malgré les tentatives de Stephen Harper, servilement relayé par André Pratte, de vanter ses augmentations du financement de la culture, les réductions (.PDF) sont réelles et on oublie trop vite que les augmentations n'ont pas nécessairement suivi l'augmentation de la population canadienne ou la croissance de l'économie.
Prenons le Conseil des Arts du Canada, par exemple. Pratte félicite les Conservateurs d'avoir majoré de trente millions de dollars son financement par le Parlement. En fait, si on retient les chiffres de ce rapport (.PDF) préparé pour la Conférence canadienne des arts, on peut suivre l'évolution du financement du Conseil des Arts depuis l'année fiscale 1992-1993 jusqu'en 2002-2003, les versements annuels étant exprimés en dollars constants de 1992. En posant que le financement pour 2007 était d'environ 180 millions de dollars et en corrigeant pour l'inflation, j'ai produit le diagramme suivant, où le financement parlementaire et la population du Canada sont donnés en millions (de dollars ou d'habitants), tandis que la courbe supérieure nous donne le niveau de financement en dollars par habitant.On notera donc que le financement du Conseil des Arts, en dollars constants par personne, a augmenté de 8% entre 1992 et 2007, passant de 3.82$ à 4.14$. Dans le même temps, le PIB par habitant en dollars constants (selon le Fonds monétaire) est passé de 28 783.11$ à 39 965.14$, soit une augmentation de 39%. La générosité du gouvernement canadien est sans borne!
Par conséquent, une fois écartées les dépenses ponctuelles en culture (pour les fêtes d'anniversaire de Québec, pour la réfection du Centre national des Arts), il reste qu'au cours des deux prochaines années, près de 350 millions de dollars en postes de dépenses culturelles devront être renouvelés (.PDF). L'action du gouvernement Harper cette année laisse présager le pire...
Les artistes du Québec peuvent s'enflammer à juste titre, même s'il est également clair que l'ampleur des coupures n'atteint pas — pour l'instant — la sévérité de la situation en Italie sous Berlusconi. À la limite, je me demande si l'idée que je lançais l'autre jour serait juste : les coupures feraient partie de la stratégie électorale de Harper pour se concilier la frange de l'électorat hostile au financement de la culture. C'est le principe des culture wars aux États-Unis : en se mettant les artistes à dos, Harper mobilise son propre électorat. Si on se veut optimiste, on pourrait supposer qu'advenant une victoire électorale, Harper s'en tiendrait là... puisqu'il lui faudrait encore des budgets à couper au moment de l'élection suivante!
On pourrait donc voter pour la culture en votant pour Harper et en misant sur son machiavélisme. Mais un vote honnête irait sans doute ailleurs.
Prenons le Conseil des Arts du Canada, par exemple. Pratte félicite les Conservateurs d'avoir majoré de trente millions de dollars son financement par le Parlement. En fait, si on retient les chiffres de ce rapport (.PDF) préparé pour la Conférence canadienne des arts, on peut suivre l'évolution du financement du Conseil des Arts depuis l'année fiscale 1992-1993 jusqu'en 2002-2003, les versements annuels étant exprimés en dollars constants de 1992. En posant que le financement pour 2007 était d'environ 180 millions de dollars et en corrigeant pour l'inflation, j'ai produit le diagramme suivant, où le financement parlementaire et la population du Canada sont donnés en millions (de dollars ou d'habitants), tandis que la courbe supérieure nous donne le niveau de financement en dollars par habitant.On notera donc que le financement du Conseil des Arts, en dollars constants par personne, a augmenté de 8% entre 1992 et 2007, passant de 3.82$ à 4.14$. Dans le même temps, le PIB par habitant en dollars constants (selon le Fonds monétaire) est passé de 28 783.11$ à 39 965.14$, soit une augmentation de 39%. La générosité du gouvernement canadien est sans borne!
Par conséquent, une fois écartées les dépenses ponctuelles en culture (pour les fêtes d'anniversaire de Québec, pour la réfection du Centre national des Arts), il reste qu'au cours des deux prochaines années, près de 350 millions de dollars en postes de dépenses culturelles devront être renouvelés (.PDF). L'action du gouvernement Harper cette année laisse présager le pire...
Les artistes du Québec peuvent s'enflammer à juste titre, même s'il est également clair que l'ampleur des coupures n'atteint pas — pour l'instant — la sévérité de la situation en Italie sous Berlusconi. À la limite, je me demande si l'idée que je lançais l'autre jour serait juste : les coupures feraient partie de la stratégie électorale de Harper pour se concilier la frange de l'électorat hostile au financement de la culture. C'est le principe des culture wars aux États-Unis : en se mettant les artistes à dos, Harper mobilise son propre électorat. Si on se veut optimiste, on pourrait supposer qu'advenant une victoire électorale, Harper s'en tiendrait là... puisqu'il lui faudrait encore des budgets à couper au moment de l'élection suivante!
On pourrait donc voter pour la culture en votant pour Harper et en misant sur son machiavélisme. Mais un vote honnête irait sans doute ailleurs.
Libellés : Canada, Culture, Économie, Politique