2008-09-04
Le mystère des films invisibles
Eh oui, La Presse rapporte, comme s'il s'agissait d'un grand mystère, que les films québécois sont (de nouveau) boudés par le public.
Ben voyons! Examinons un peu quels films on offre à l'infortuné public québécois. Quand ils n'ont pas fait dans la suite d'un authentique phénomène de société comme Cruising Bar, les cinéastes québécois ont proposé depuis la fin 2007, entre autres :
— un film (L'Âge des ténèbres) sur l'effondrement tous azimuts d'une société minée par le chacun pour soi, la recherche d'évasion, la perte des valeurs et le narcissisme de la jeune génération;
— un film (Tout est parfait) sur le suicide chez les jeunes, un pacte égoïste et le silence des survivants;
— un film (Un été sans point ni coup sûr) sur la jeunesse d'un baby-boomer en 1969;
— un film (Le piège américain) avec un scénario par l'inévitable Fabienne Larouche sur un pégriot (Lucien Rivard) d'avant 1963, du temps de la jeunesse des baby-boomers, en se débrouillant pour avoir dans le décor John F. Kennedy, personnage emblématique de la décennie;
— un film (Le cas Roberge) que même les journalistes ont trouvé trop intimiste et trop branché sur le milieu des médias en ciblant les citadins du Plateau (le genre d'in-joke, apparemment, qui obtient des réactions contrastées et qui explique pourquoi le peuple votera pour Harper parce que lui a osé couper les fonds à la culture);
— un film (Truffe) de pure masturbation artistique qui use de la science-fiction comme prétexte pour justifier un mélange de surréalisme et de psychotronique...
Je n'ai vu que le premier et le dernier de ces films. Je n'ai éprouvé aucune envie de me taper un film sur le suicide (j'ai déjà donné), je n'ai pas la nostalgie des années soixante que je n'ai pas connues, je ne suis pas excité par l'idée de découvrir les coulisses du merveilleux monde des médias et je ne crois pas que les jeunes Québécois soient des barbares qui seraient pires que les baby-boomers au même âge... Et quand je veux voir de la science-fiction, j'aimerais qu'on ait assez d'égard pour mon intelligence pour ne pas prédire qu'en 2010 (dans moins de deux ans...), le réchauffement climatique aura fait germer des truffes sous les maisons et cours du centre-ville de Montréal!
Il est vrai qu'en général, je vais au cinéma pour être diverti ou séduit. Si on veut me proposer des belles images et rien de plus, je veux bien réduire à zéro mon sens critique, mais pas excuser le pastiche gratuit ou l'insulte à l'intelligence. Le cinéma québécois n'a pas vraiment les moyens d'être spectaculaire à tous les coups, mais il pourrait tenter d'éviter la nostalgie pour quinquagénaires et sexagénaires ou la tentation d'être déprimant parce que ça fait sérieux... Je ne dis pas que j'irais voir une comédie familiale qui se passe dans le Montréal d'aujourd'hui, mais cela risquerait d'être plus grand public et payant que la plupart des films ci-dessus.
Ben voyons! Examinons un peu quels films on offre à l'infortuné public québécois. Quand ils n'ont pas fait dans la suite d'un authentique phénomène de société comme Cruising Bar, les cinéastes québécois ont proposé depuis la fin 2007, entre autres :
— un film (L'Âge des ténèbres) sur l'effondrement tous azimuts d'une société minée par le chacun pour soi, la recherche d'évasion, la perte des valeurs et le narcissisme de la jeune génération;
— un film (Tout est parfait) sur le suicide chez les jeunes, un pacte égoïste et le silence des survivants;
— un film (Un été sans point ni coup sûr) sur la jeunesse d'un baby-boomer en 1969;
— un film (Le piège américain) avec un scénario par l'inévitable Fabienne Larouche sur un pégriot (Lucien Rivard) d'avant 1963, du temps de la jeunesse des baby-boomers, en se débrouillant pour avoir dans le décor John F. Kennedy, personnage emblématique de la décennie;
— un film (Le cas Roberge) que même les journalistes ont trouvé trop intimiste et trop branché sur le milieu des médias en ciblant les citadins du Plateau (le genre d'in-joke, apparemment, qui obtient des réactions contrastées et qui explique pourquoi le peuple votera pour Harper parce que lui a osé couper les fonds à la culture);
— un film (Truffe) de pure masturbation artistique qui use de la science-fiction comme prétexte pour justifier un mélange de surréalisme et de psychotronique...
Je n'ai vu que le premier et le dernier de ces films. Je n'ai éprouvé aucune envie de me taper un film sur le suicide (j'ai déjà donné), je n'ai pas la nostalgie des années soixante que je n'ai pas connues, je ne suis pas excité par l'idée de découvrir les coulisses du merveilleux monde des médias et je ne crois pas que les jeunes Québécois soient des barbares qui seraient pires que les baby-boomers au même âge... Et quand je veux voir de la science-fiction, j'aimerais qu'on ait assez d'égard pour mon intelligence pour ne pas prédire qu'en 2010 (dans moins de deux ans...), le réchauffement climatique aura fait germer des truffes sous les maisons et cours du centre-ville de Montréal!
Il est vrai qu'en général, je vais au cinéma pour être diverti ou séduit. Si on veut me proposer des belles images et rien de plus, je veux bien réduire à zéro mon sens critique, mais pas excuser le pastiche gratuit ou l'insulte à l'intelligence. Le cinéma québécois n'a pas vraiment les moyens d'être spectaculaire à tous les coups, mais il pourrait tenter d'éviter la nostalgie pour quinquagénaires et sexagénaires ou la tentation d'être déprimant parce que ça fait sérieux... Je ne dis pas que j'irais voir une comédie familiale qui se passe dans le Montréal d'aujourd'hui, mais cela risquerait d'être plus grand public et payant que la plupart des films ci-dessus.
Comments:
<< Home
Et j'ai oublié de mentionner Maman est chez le coiffeur de Léa Pool, qui se passe également durant les années soixante...
Je suis tout à fait d'accord avec toi... C'est pas pour rien que des films comme «Bon Cop Bad Cop» a fait recettes, c'était amusant et contemporain...
Oui et il y a Borderline aussi, qui était plutôt joyeux...
Je viens juste d'aller voir Truffe, et j'ai pas été assez attentive pour voir le 2010 (même si je me doute que ça devait être dans les journeaux au début.) Donc je n'avais pas l'impression d'une époque précise.
À mon avis les parents ne servaient pas à grand-chose, il me semble que c'est le genre d'histoire où moins il y a de personnages définis, mieux c'est. Et la dernière scène, dans le resto, aurait pu ne pas être là. Sans les parents le film aurait peut-être été plus court, donc avec un rythme plus intéressant. Cela dit les cols de fourrure et les méchants me faisaient rire, mais il faut dire que je suis assez bon public au cinéma.
Alice
Publier un commentaire
Je viens juste d'aller voir Truffe, et j'ai pas été assez attentive pour voir le 2010 (même si je me doute que ça devait être dans les journeaux au début.) Donc je n'avais pas l'impression d'une époque précise.
À mon avis les parents ne servaient pas à grand-chose, il me semble que c'est le genre d'histoire où moins il y a de personnages définis, mieux c'est. Et la dernière scène, dans le resto, aurait pu ne pas être là. Sans les parents le film aurait peut-être été plus court, donc avec un rythme plus intéressant. Cela dit les cols de fourrure et les méchants me faisaient rire, mais il faut dire que je suis assez bon public au cinéma.
Alice
<< Home