2007-04-06

 

Érudition à Boston

La bibliothèque Houghton de l'Université Harvard abrite la principale collection de livres rares de cette institution séculaire. Comme le montre l'entrée photographiée ci-contre, elle était heureusement ouverte en ce Vendredi Saint et, signe d'une grande civilisation, il était possible de la visiter sans avoir à payer de droits comme à la Bibliothèque François-Mitterrand... J'y suis passé en fin de matinée dans l'espoir de retrouver la source de cette allusion dans les publications cartésiennes à un mystérieux homme de fer qui aurait parcouru les pistes désertiques du Sahara pour venir s'agenouiller devant le souverain du Maroc, Florent Schuyl le citant comme l'exemple ultime des prodigieuses inventions qui ont reproduit de manière mécanique le mouvement de la vie :

« Mais sur tout cette merveilleuse Statuë de fer, dont parle Nicolas Vassenaer au cinquiéme Tome de son Histoire, qui par des chemins détournez alla trouver le Roy du Maroc, & qui aprés avoir fléchy les genoux devant luy, & lui avoir presenté une requeste, demande la liberté pour celuy qui l'avoit fabriquée, & aprés s'en retourna par le mesme chemin qu'elle estoit venuë, peut beaucoup contribuer à ce dessein »

S'agit-il d'une légende semblable à celle des têtes parlantes fabriquées par Roger Bacon? C'est ce que nous verrons, quand j'aurai déchiffré et traduit le passage que je rapporte, mais qui n'est peut-être pas le bon, car j'avais négligé de vérifier la version originale en latin : « Nec non ferrea statua, qua per varios anfractus ad Regem Marocco accessit, flexisque genubus oblato libello supplici libertatem Authori suo imploravit, & eadem via reversa fuit, ut refert Nicolaus à Wassenaer, Hist. Tom. V. ad Annum 1623. ».

Après, j'ai repris le métro pour me rendre aux congrès jumelés de la Popular Culture Association et de l'American Culture Association, puisque la sémillante Mme Tournevis m'avait invité à parler de science-fiction canadienne. (Ce qui avait l'intérêt de me faire passer par la plus ancienne station de métro du continent, qui était à l'origine une station de tramways souterrains.) J'étais sur place à 14h30, même si quelques tâtonnements techniques ont retardé le début de ma présentation.


J'ai enchaîné avec une autre session, animée par Amy J. Ransom (au centre, ci-dessous) du Anna Maria College. Elle a présenté successivement trois étudiants et leurs communications : Michael O'Bryan (à droite), « The Closure of Free Space and the Opening of a New Frontier in Neuromancer »; Don Bourne (à gauche), « ' What You See in Front of You is Not Real': The Relation of Nation-State and Capital in Larissa Lai's Salt Fish Girl »; et Gordon Briggs, « P for Political: Pop Subversion in V for Vendetta ». Ayant déjà trouvé que les communications portant sur des ouvrages connus de moi étaient les plus intéressants, j'ai attendu jusqu'à la fin pour écouter Amy livrer sa propre communication, « Utopia & New World Myth in Québec's Science Fiction Sagas: Brossard, Vonarburg, Rochon ». Et à juste titre, car elle a fait ressortir à merveille le motif de l'ascension en spirale présent dans les trois sagas. Sa communication m'a d'ailleurs poussé à suggérer que la trilogie de Brossard devait peut-être se lire comme la trilogie de la Divine Comédie de Dante, l'Enfer correspondant au séjour d'Adakhan dans la ville de Manokhsor, le Purgatoire à son séjour au Centre et le Paradis à son arrivée dans une version du jardin d'Eden...

En soirée, après le party dans la chambre de Caroline-Isabelle, j'ai profité de ma présence sur place pour assister à des démonstrations de combat selon les techniques d'escrime de la Renaissance et selon une reconstitution libre des techniques d'affrontement des Vikings.

Cela peut toujours servir...

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Comments:
Cherie CultureDesFuturs,

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Ségolène Royal dans HARVARD:

«Eh bien, c’est à peu près ce qu’est allée faire, à l’occasion de sa visite à Harvard le mois dernier et un an presque jour pour jour après sa retentissante version personnelle du ‘Vive le [Porto Rico]’ gaullien, notre Bécassine nationale» -JC/Durbant?


http://en.wikipedia.org/wiki/Segolene_Royal#Harvard_University:_S.C3.A9gol.C3.A8ne_Royal_supports_independence_for_Puerto_Rico

Le video de Ségolène Royal dans Harvard Universite - ça vous choque?

*** VIDEO: Ségolène Royal parler sur Porto Rico dans video:

http://ksgaccman.harvard.edu/iop/events_forum_listview.asp?Type=K

(ECOUTER - PREMIER QUESTION - MINUTE 20:50 sec. - VIDEO)
 
De la part d'un anonyme et sans doute d'un bot, c'est à la limite du polluriel, mais puisque vous me posez la question, je dirais simplement qu'il reste à prouver que l'Internationale Socialiste soutient l'indépendance de Porto Rico, sans quoi cette affaire se dégonfle comme une baudruche.

Or, l'Internationale Socialiste a soutenu en 1999 le parti indépendantiste portoricain dans le cas spécifique de l'utilisation par la Marine étatsunienne de l'île de Vieques comme cible à l'entraînement. Elle a aussi "salué" en 2006 le parti en question et exprimé sa "solidarité" avec un congrès, mais le sens de cette résolution n'est pas clair.

Toutefois, en 1998, elle aurait effectivement exprimé son "soutien" au parti indépendantiste portoricain et à la décolonisation de Porto Rico, mais je n'ai pas trouvé en-ligne le texte d'une résolution officielle à cet effet.

Je noterai enfin que dans les pays démocratiques comme le Canada et les États-Unis, les partis prônant l'indépendance d'un territoire par des moyens pacifiques ont le droit d'exister. Dès lors que cette activité militante est légitime, il serait possible d'arguer qu'un politicien étranger a le droit d'exprimer sa sympathie pour cette cause à condition de ne pas intervenir directement en prétendant fournir des fonds, etc. C'est ce qu'on appelle la liberté d'opinion.

Comme ces droits démocratiques sont un peu chambranlants en France, je comprends les Français d'avoir du mal à comprendre qu'on les respecte mieux ailleurs.

Évidemment, un politicien en visite à l'étranger est dans une situation délicate : il a le droit d'exprimer ses opinions, mais ses hôtes ont le droit de lui retirer leur hospitalité et de lui dire d'aller exercer son droit à l'opinion dans son propre pays.

Bref, comme les médias étatsuniens n'en ont pratiquement pas parlé, je trouve que l'appui conditionnel à une cause admise comme légitime (si elle se fait par des moyens pacifiques) venant d'une politicienne française qui ne représente qu'elle-même et qui n'est pas en visite officielle, a priori, est une tempête dans un verre d'eau.
 
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