2010-06-20

 

La vie et la mort des cyborgs

Saviez-vous qu'il était possible de désactiver, sans opération chirurgicale, un stimulateur cardiaque après son implantation (et avant l'épuisement de la pile) ? Et saviez-vous que l'American Heart Association ne considère plus que ce soit l'équivalent d'une euthanasie ou d'un suicide assisté?

C'est ce qu'on apprend en lisant cet article aussi poignant que fascinant du New York Times. Selon certains commentaires signés par des cardiologues, l'article laisse entendre à tort que le stimulateur cardiaque aurait véritablement prolongé la vie du père de la signataire. Mais que cet élément de l'article relève de la science-fiction ou non, je reste sur l'impression qu'on frise une anticipation à très court terme. Les débats sur la prolongation de la vie en fin de course — l'acharnement thérapeutique — sont désormais familiers, mais les dilemmes ne sont pas les mêmes quand il s'agit de débrancher des machines extérieures au patient ou de renoncer à des soins supplémentaires, voire à une réanimation en règle, et quand il s'agit d'agir sur une prothèse interne.

L'article décrit une fin de vie particulièrement douloureuse et nous promet par la bande un avenir peuplé d'un nombre grandissant de grands vieillards maintenus en vie par un ensemble d'interventions et d'artifices — même quand le cerveau et l'esprit défaillent, ou s'absentent carrément.

Si le thème du mort-vivant refait surface depuis quelques temps (au point où même Jacques Languirand parlait de Romero hier à la radio de Radio-Canada !), c'est peut-être parce qu'on peut entrevoir un avenir où nous existerons tous à l'état de morts-vivants pendant quelques semaines, quelques mois, voire quelques années si les progrès de la technique médicale sont au rendez-vous... C'est le futur des baby-boomers et il sera terrifiant quand on se rendra compte de son imminence.

Vu la jubilation avec laquelle les jeunes héros se débarrassent des morts-vivants dans les films de zombies, on peut toutefois se rassurer en se disant que cet état liminal ne durera pas beaucoup plus que la patience et la commisération des vivants...

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Comments:
Le texte est déchirant à lire et très représentatif d'une certaine réalité. Présentement, les médecins, de par leur formation et les lois, sont tenus d'essayer de prolonger indéfiniment la vie. En le faisant, ils sauvent des familles de deuils douloureux, mais les condamnent à la place à sacrifier leurs vies pour s'occuper de ce que tu nommes très juste des "morts-vivants".

Il est temps de revoir les pratiques.
 
Poignant et déchirant oui, un texte qui témoigne des limites humaines de l'acharnement thérapeutique auprès des proches.
Quelle fin de vie pour un être aimé qu'on voit partir avant sa fin corporelle.. son mari n'était plus là bien avant son décès.
Quelle fin de vie pour elle qui a dû vivre la charge émotionnelle et quotidienne qui consiste à prendre soin.
Alors qu'il aurait pu mourir plus paisiblement, avant.
Société malade du refus de la mort à tout prix, alors qu'elle fait partie de la vie.

Je suis d'accord avec toi Gen, il y a quelque chose à revoir là.y
 
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