2010-03-19
La justice et Peter Watts
Comme on peut le lire en détail sur le blogue de Peter Watts, celui-ci a été reconnu coupable de non-obéissance (ce qui inclut plus que la désobéissance, qui sous-entend la commission d'un acte quelconque) à un officier de la loi des États-Unis alors qu'il repassait la frontière pour rentrer au Canada en décembre dernier. Ceci l'expose à une peine qui pourrait aller jusqu'à deux ans de prison, car, aux États-Unis, ne pas obéir sur-le-champ et sans poser de questions à un agent de l'ordre est assimilé à de la résistance et à de l'obstruction criminelle.
Pendant ce temps, Cheryl Morgan, que j'avais eu le plaisir de croiser à Épinal, a été refoulée à la frontière des États-Unis et renvoyée en Grande-Bretagne suite à un cafouillage bureaucratique qu'elle décrit sur son blogue. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de personnes plus qu'inoffensives, qu'un pays libre devrait accueillir avec des égards, et non des matraques. Que les États-Unis soient devenus incapables de distinguer, depuis septembre 2001, leurs amis de leurs ennemis n'est pas neuf. C'est l'amorce d'une pente dangereuse, toutefois, quand on applique la loi sans discernement, avec une rigueur inflexible, et en opposant le simple citoyen à la toute-puissance de l'appareil étatique. La litanie de Niemöller peut encore aujourd'hui nous servir d'avertissement.
Ai-je envie de me rendre aux États-Unis, désormais? Il faudrait peut-être demander si j'ai envie d'en revenir.
Pendant ce temps, Cheryl Morgan, que j'avais eu le plaisir de croiser à Épinal, a été refoulée à la frontière des États-Unis et renvoyée en Grande-Bretagne suite à un cafouillage bureaucratique qu'elle décrit sur son blogue. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de personnes plus qu'inoffensives, qu'un pays libre devrait accueillir avec des égards, et non des matraques. Que les États-Unis soient devenus incapables de distinguer, depuis septembre 2001, leurs amis de leurs ennemis n'est pas neuf. C'est l'amorce d'une pente dangereuse, toutefois, quand on applique la loi sans discernement, avec une rigueur inflexible, et en opposant le simple citoyen à la toute-puissance de l'appareil étatique. La litanie de Niemöller peut encore aujourd'hui nous servir d'avertissement.
Ai-je envie de me rendre aux États-Unis, désormais? Il faudrait peut-être demander si j'ai envie d'en revenir.
Libellés : États-Unis, Politique
Comments:
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Je trouve l'incident déplorable et alarmant. Le simple fait qu'un procès ait lieu pour cette histoire me semblait ridicule: que Watts soit reconnu coupable, c'est... Je n'ai pas de mots.
J'hésite, en fait, entre orwellien et kafkaien.
J'hésite, en fait, entre orwellien et kafkaien.
Je crois que c'est juste de l'abus de pouvoir classique... y'a encore des progrès à faire dans une démocratie qui se permet de donner des leçons au monde entier. Je suis pas prête de passer la frontière..
Je ne doute aucunement que Watts soit un gentil monsieur, que personne ne croit qu'il ait pu agir de la sorte, que ben non voyons, ça se peut pas, hou les vilains douaniers en uniforme...
Watts plaide très bien sa cause dans son billet, mais rappelons que si Cotroni avait un blogue, je suis assez certain que lui aussi serait capable de démonter les faiblesses et les contradictions des témoins de l'accusation.
Il faut toujours se méfier quand on a une seule facette de l'histoire.
Dardons à l'esprit, as a cautionnary tale, l'édifiante histoire de Mario Plourde, ce camionneur québécois arêté aux USA en 2008, pour trafic de drogues, qui clamait son innocence de si convaincante façon qu'une campagne de financement avait réussi à amasser 300 000 $ pour sa défense... et qui a plaidé coupable quelques mois après le fait.
Mon grain de chlorure de sodium.
Watts plaide très bien sa cause dans son billet, mais rappelons que si Cotroni avait un blogue, je suis assez certain que lui aussi serait capable de démonter les faiblesses et les contradictions des témoins de l'accusation.
Il faut toujours se méfier quand on a une seule facette de l'histoire.
Dardons à l'esprit, as a cautionnary tale, l'édifiante histoire de Mario Plourde, ce camionneur québécois arêté aux USA en 2008, pour trafic de drogues, qui clamait son innocence de si convaincante façon qu'une campagne de financement avait réussi à amasser 300 000 $ pour sa défense... et qui a plaidé coupable quelques mois après le fait.
Mon grain de chlorure de sodium.
Je ne dis pas tout ce que je sais, crois, devine ou déduis. Pour un autre avis d'un ami de Peter Watts, voir le blogue de David Nickle, qui cite les témoignages de deux personnes affirmant avoir fait partie du jury... Je note aussi que :
(i) les tout premiers commentaires après l'arrestation de Peter Watts soulignaient déjà qu'il risquait gros même s'il n'avait fait que ce qu'il disait avoir fait en raison même du libellé de la loi pertinente; la conviction est cohérente aux yeux de la loi, même si elle est absurde dans un pays véritablement libre;
(ii) alors qu'il existerait (conditionnel) un enregistrement vidéo de l'incident, la poursuite ne l'a pas utilisé à l'appui des accusations les plus graves.
Par conséquent, pour tous les chefs d'accusation autre que l'absence d'obéissance, il faut choisir entre la parole de Peter Watts et celle des agents en question.
Comme Peter est encore vivant, contrairement à un Robert Dziekanski, il est encore capable de témoigner et je suis disposé à le croire sur parole jusqu'à preuve du contraire. Pour l'instant, cette preuve contraire se fait encore attendre. Et le jury aussi lui aurait accordé le bénéfice du doute pour tout ce qui n'est pas cet ultime chef d'accusation.
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(i) les tout premiers commentaires après l'arrestation de Peter Watts soulignaient déjà qu'il risquait gros même s'il n'avait fait que ce qu'il disait avoir fait en raison même du libellé de la loi pertinente; la conviction est cohérente aux yeux de la loi, même si elle est absurde dans un pays véritablement libre;
(ii) alors qu'il existerait (conditionnel) un enregistrement vidéo de l'incident, la poursuite ne l'a pas utilisé à l'appui des accusations les plus graves.
Par conséquent, pour tous les chefs d'accusation autre que l'absence d'obéissance, il faut choisir entre la parole de Peter Watts et celle des agents en question.
Comme Peter est encore vivant, contrairement à un Robert Dziekanski, il est encore capable de témoigner et je suis disposé à le croire sur parole jusqu'à preuve du contraire. Pour l'instant, cette preuve contraire se fait encore attendre. Et le jury aussi lui aurait accordé le bénéfice du doute pour tout ce qui n'est pas cet ultime chef d'accusation.
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