2009-11-12

 

La parole aux chimpanzés?

Hier, un article paru dans le New York Times relatait deux expériences tentées avec le gène FOXP2, qui serait étroitement associé au don de la parole chez les humains. (La version humaine serait identique à 99,7% à celle que l'on retrouve chez les chimpanzés, et pourtant cette infime différence suffit à permettre aux humains de parler.) La première expérience avait consisté en la création d'une souris transgénique dotée de la version humaine du gène : la souris en cause produisait des couinements un peu différents et les structures de son cerveau étaient également altérées. La seconde expérience avait consisté en la création de neurones transgéniques, d'origine humaine à l'exception du gène FOXP2 qui, lui, avait été pris au génome des chimpanzés. Le gène simien aurait démontré une grande influence sur l'activité de plusieurs autres gènes, plus grande même que ce qui est observé avec le gène humain. Les conclusions restent embryonnaires, mais il est clair que les conséquences de l'altération d'un gène aussi actif ont plus de chances d'être majeures que si le gène était moins influent.

En attendant d'en savoir plus, on ne peut que se demander ce que donnerait la naissance d'un chimpanzé transgénique doté de la version humaine du gène FOXP2...

Libellés : ,


Comments:
J'allais nommer plusieurs politiciens, mais je vais me censurer... :p

Notre statut "d'espèce supérieure" tient à peu de chose.
 
Certes, quoique le gène FOXP2 ne soit pas seul en cause, même dans le seul cas de la parole. Il y en a d'autres qui nous distinguent, heureusement.
 
le gène coderait pour le cerveau ? il me semble que c'est aussi une question de larynx, la parole...
 
- Lily a raison, l'anatomie du tractus est fondamentale, autant que les zones du cerveau qui permettent la parole ET le symbolisme humain - la double articulation de Saussure.

Pourra-t-on bientôt réécrire "Les animaux dénaturés" de Vercors à la sauce transgénique ?
 
@Lily : en effet, c'est un gène dont l'action s'exerce au niveau des structures du cerveau (mais je répète qu'on ne croit pas que ce soit le seul gène en cause)

@Thibaud : en effet, l'anatomie du larynx compte aussi; on a beaucoup glosé sur l'absence, il me semble, de l'os hyoïde chez l'homme de Néanderthal.

Mais il semblerait bien que le fonctionnement correct du gène FOXP2 soit une condition nécessaire à l'exercice de la parole. Chez les personnes où le gène est atteint, on observe des troubles graves de l'expression orale.

En tout cas, je pensais moi aussi au roman de Vercors, tout autant qu'au thème des chimères et hybrides dont j'ai déjà parlé sur ce blogue.
 
Même en l'absence de larynx permettant la parole humaine tel que présentement exercée, est-ce qu'un animal doté de la version humaine du gène FOXP2 ne pourrait pas développer un système de language aussi développé que le nôtre dans la mesure de ses moyens vocaux?

Après tout, la langue japonaise ne compte que 76 sons, soit beaucoup moins que la nôtre.
 
Je n'ai pas l'impression qu'on ait très bien cerné ce que fait ce gène. A priori, il facilite ou permet la parole, puisqu'en son absence, elle est difficile ou impossible. Mais après?

Ce rôle ne veut pas dire pour autant que FOXP2 agirait directement sur l'intelligence humaine... même s'il semble bien qu'il faciliterait l'organisation de la pensée requise pour l'expression orale, ce qui s'approche d'une forme d'augmentation de l'intelligence. En fait, nous ne savons tout simplement pas si le résultat d'une telle expérience, ce serait un chimpanzé nettement plus intelligent que les autres ou simplement un chimpanzé capable de mettre un peu de syntaxe dans son utilisation du langage des signes ou d'étendre son vocabulaire.

Bref, si nous pouvions répondre à cette question, l'expérience consistant à doter un chimpanzé de ce gène ne serait pas aussi intrigante...
 
Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?