2009-09-28

 

Rendez-vous le 1er octobre, pour l'éducation au Québec

Pour une fois que je suis généralement d'accord avec les revendications étudiantes, je m'en voudrais de ne pas signaler la manifestation qui se prépare pour le premier octobre à 12h30, au square Émilie-Gamelin à Montréal. Il s'agit de s'élever contre les projets de loi 38 et 44 (en fait, d'en exiger le retrait) parce qu'ils s'attaquent à l'autonomie de l'éducation postsecondaire. (Et, pour changer, les associations étudiantes le font sans faire intervenir les droits de scolarité universitaire, ou l'utopie de la gratuité — sauf sous les traits de la réclamation d'un réinvestissement financier, ce qui se défend pour de nombreuses raisons.) Certes, le fiasco de l'UQÀM a desservi la réputation des membres universitaires au sein des conseils d'administration universitaires, mais les membres de la communauté extérieure à l'UQÀM n'ont pas brillé non plus. Et s'il y a quelque chose de pire que la gestion d'une université par une clique interne, c'est presque certainement sa gestion par une majorité de gens qui n'en sont pas partie prenante. Or, le projet de loi 38 est clair : il faudra que les conseils d'administration universitaires comptent au moins 60% de membres indépendants. Or :

« 4.0.8. Un administrateur est réputé ne pas être indépendant :

1° si, au cours des trois années précédant la date de sa nomination, il est ou a été à l'emploi de l'établissement ;

2° si, au cours des trois années précédant la date de sa nomination, il a fourni à l'établissement, à titre onéreux, des biens ou des services autres que ceux reliés à la formation ;

3° si un membre de sa famille immédiate, telle que définie par le conseil d'administration, fait partie de la direction supérieure de l'établissement ;

4° s'il est étudiant de l'établissement et qu'il est, soit inscrit à plus d'une activité d'enseignement ou de recherche, soit inscrit à une activité menant à un grade, diplôme ou certificat. »

Les profs, les étudiants et le personnel sont écartés. Idem dans les cégeps selon la loi 44 qui impose 11 administrateurs « indépendants » sur 17 dans les conseils d'administration. Rien que pour ça, je serais contre.

En juin, Yves Boisvert de La Presse avait souligné qu'au bout du compte, le peu d'importance accordée aux universités, aux études universitaires, voire à la rigueur des études universitaires, ne font que refléter le peu d'importance que les Québécois, relativement parlant, accordent à l'instruction et à un apprentissage discipliné. Ceci avait été noté dans le rapport Gervais, L'Éducation : l'avenir du Québec — Rapport sur l'accès à l'éducation (.PDF), qui citait entre autres un sondage de 2003.

La proportion de la population sondée qui considérait qu’il était extrêmement important…

…d’assurer une bonne connaissance de la lecture, de l’écriture et des mathématiques était de 81% au Québec et de 94% dans le reste du Canada

…de développer une attitude disciplinée par rapport aux études était de 61% au Québec et de 80% dans le reste du Canada

…d’acquérir les habiletés permettant de fréquenter un collège ou une université était de 53% (!) au Québec et de 83% dans le reste du Canada

…d’acquérir les habiletés pouvant mener à l’obtention d’un bon emploi était de 60% au Québec et de 82% dans le reste du Canada.

(Source : Ipsos-Reid et Kumon Math and Reading Centres (2003). « A Good Understanding of the Basics, Top Seven Goals As to What Parents Say Their Children Need for a Successful Education », dans Jean-Pierre Proulx et Jean-Marc Cyr, Opinéduc 2003, Montréal, Labriprof, Université de Montréal.)

Et c'est de cette population extra-muros qu'il faudrait attendre une meilleure gestion des universités et une meilleure compréhension de leur mission? Le rapport Gervais expliquait aussi pourquoi les étudiants québécois tiennent tant au gel des droits de scolarité : ils savent qu'ils ne peuvent compter que sur le gouvernement puisque leurs parents auront préféré se payer un chalet dans les Laurentides ou des voyages en Floride...

« On note également, selon une enquête de Statistique Canada réalisée en 2002, que 40 % des parents québécois épargnent en vue des études postsecondaires de leurs enfants, ce qui représente la proportion la moins élevée au Canada, où, selon la province, elle se situe entre 50 et 60 %, sauf à l’Île-du-Prince-Edouard (45 %). De plus, le montant épargné par les parents du Québec, qui est de 3 900 $ en moyenne, est parmi les plus faibles au Canada. La modicité des droits de scolarité au Québec et la présence du régime d’aide financière aux études expliquent sans doute une bonne partie de ce phénomène. Mais la place qu’occupent les Québécois, au bas de cette échelle, peut également refléter une moindre valorisation de l’éducation. »

Bref, tous à Montréal le premier octobre pour démontrer que l'éducation compte pour au moins quelques Québécois...

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Comments:
Bonjour Jean-Louis,

je suis étudiant à l'UQÀM et je ne pourrai malheureusement pas venir manifester (puisque je dois travailler pour vivre et subvenir à mes besoins!).

Mais j'apprécie ton geste et je tenais à t'en faire part.

De plus, les statistiques que tu as affiché dans ton billet démontre bien que la société Québécoise est régit par une horde de baby-boomers vieillissant ayant dépouillé les ressources de notre génération et nous laisse pourrir en nous disant "j'ai gagné ma vie, fait dont pareil..." mais sans aide parentales et côtoyant des étudiants ayant un emploi moins aisé que le miens, il n'est pas rare que la plupart d'entre eux travail quarante heures par semaines (ou plus!) et vont à l'Université à temps pleins par dessus ça. Certains ont même une famille à eux à faire vivre...

Bref, il est temps que le monde se réveil et agisse, l'avenir est dans l'éducation, j'ai la chance d'aller à l'Université alors que ma mère elle, n'a même pas son troisième secondaire de complété... Et j'ai tout à mon intérêt de souhaiter un avenir comme le miens pour mes futurs enfant!

Au plaisir,

Alamo
 
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