2008-06-04
Retour sur la situation de l'UQÀM
Le second rapport du Vérificateur général du Québec sur les dépassements financiers à l'UQÀM est maintenant disponible en deux parties : une présentation (.PDF) et le rapport (.PDF) proprement dit. Le premier rapport (.PDF) à ce sujet, déposé en novembre 2007, est également disponible. Il s'intéressait plus particulièrement à l'impact des pertes immobilières sur la situation financière de l'université; le second rapport se penche plutôt sur les principaux facteurs responsables de ces pertes.
Selon la présentation sommaire, il faut blâmer certainement et principalement le recteur, le vice-recteur et le directeur aux investissements. Mais, comme il le fallait et comme je m'y attendais, le conseil d'administration est également blâmable et il est blâmé :
« Le CA de l’UQAM n’a pas joué adéquatement son rôle:
— N’a pas obtenu les garanties nécessaires relativement au financement espéré avant d’approuver les projets;
— N’a pas analysé la qualité des hypothèses de coûts et de rentabilité présentées dans les documents en appui aux projets;
— N’a pas fait de suivi approprié des budgets ni évalué l’impact des projets si le financement et la rentabilité ne se matérialisaient pas »
Aux paliers supérieurs, ni l'Université du Québec ni le ministère de l'Éducation n'en sortent indemnes, non plus, car ils ne sont pas non plus intervenus pour poser les questions qui s'imposaient. Et le ministère se serait montré inconstant dans ses pratiques de subvention des universités.
Dans le rapport comme dans la présentation, je note que le vérificateur classe systématiquement les résidences étudiantes comme une composante commerciale des projets immobiliers, ce qui lui permet d'évaluer à la baisse la part proprement universitaire en la limitant aux seuls locaux d'enseignements et bureaux du personnel. Pourtant, que ces résidences soient gérées ou non dans le but de faire des affaires, elles ont avant tout une finalité au service de l'université. J'ai l'impression qu'encore une fois, les Uquamiens pourront se plaindre qu'on noircit le tableau indûment... mais c'est que le ministère lui-même refuse de reconnaître les résidences étudiantes comme étant liées à l'enseignement ou dignes de subvention.
Comme les deux projets immobiliers incorporaient de nombreuses résidences, on ne s'étonnera pas que la part du ministère dans leur financement ait été relativement faible. De plus, le ministère n'a rien versé pour financer le déménagement de la Télé-Université dans les locaux de l'UQÀM puisque celle-ci bénéficiait déjà de locaux ailleurs, que le ministère continuerait à payer(!).
Le reste du rapport est consternant. Hypothèses trop optimistes, informations trompeuses ou carrément erronées, manque de curiosité des gestionnaires... Par exemple, dans le cas de l'approbation du projet de l'Îlot Voyageur (d'environ 300 millions de dollars), l'assemblée des gouverneurs de l'Université du Québec traite la chose en deux temps trois mouvements :
« L’assemblée approuve le projet le 21 mars 2005 lors d’une conférence téléphonique de 15 minutes à laquelle 14 de ses 24 membres participent. Mentionnons qu’un seul membre est présent à la séance d’information technique qui a précédé cette réunion. L’assemblée des gouverneurs ne demande aucun suivi malgré les événements, les dates critiques à venir (dates afférentes au bail avec le locataire du terminus, dates de retrait pour la phase II des résidences et l’immeuble de bureaux) et l’ampleur des sommes en cause. » (p. 49)
Mais le budget va gonfler, passant de 332,8 millions de dollars en mars 2005 à 528,9 millions en janvier 2008, ce que le Vérificateur général impute :
• à la sous-évaluation du budget de départ (concept proposé, relocalisation d’équipements publics, lien piétonnier avec accès au métro, certification du bâtiment aux normes LEED, aménagement paysager, frais financiers, mobilier, téléphonie et infrastructure informatique);
• aux ajouts (changements dans la structure de l’immeuble pour satisfaire aux demandes de la ville, salle hémicycle, éléments visuels et architecturaux, centre de la petite enfance, vélostation, salle polyvalente, salle d’archives);
• à la mauvaise estimation des coûts;
• à l'augmentation des honoraires du promoteur et de ceux des professionnels.
Soupir! En fin de compte, malgré de nombreux facteurs atténuants (on a carrément menti aux membres du CA à l'occasion), le rapport conclut que les « administrateurs de l’UQAM sont en partie responsables des déboires financiers associés aux projets immobiliers de l’université, entre autres pour les raisons suivantes », qui incluent l'absence de mise en place d'un cadre de gestion des projets immobiliers, l'approbation sans examen sérieux des augmentations de la marge de crédit et d'une émission obligataire, l'absence de suivi des projets et l'acceptation répétée d'être mis devant des faits accomplis par le recteur, et de les enregistrer. Mais ces lacunes n'exonèrent aucunement les autres acteurs.
La conclusion impute la responsabilité de fiasco à la mauvaise gestion du recteur et de sa garde rapprochée, au manque de franchise de ceux-ci à l'égard du CA et des paliers supérieurs et aux déficiences de la gouvernance de ces mêmes instances dirigeantes. Bref, comme dans tous les grands fiascos, personne n'en sort grandi et tout le monde a droit à sa part de blâme...
Selon la présentation sommaire, il faut blâmer certainement et principalement le recteur, le vice-recteur et le directeur aux investissements. Mais, comme il le fallait et comme je m'y attendais, le conseil d'administration est également blâmable et il est blâmé :
« Le CA de l’UQAM n’a pas joué adéquatement son rôle:
— N’a pas obtenu les garanties nécessaires relativement au financement espéré avant d’approuver les projets;
— N’a pas analysé la qualité des hypothèses de coûts et de rentabilité présentées dans les documents en appui aux projets;
— N’a pas fait de suivi approprié des budgets ni évalué l’impact des projets si le financement et la rentabilité ne se matérialisaient pas »
Aux paliers supérieurs, ni l'Université du Québec ni le ministère de l'Éducation n'en sortent indemnes, non plus, car ils ne sont pas non plus intervenus pour poser les questions qui s'imposaient. Et le ministère se serait montré inconstant dans ses pratiques de subvention des universités.
Dans le rapport comme dans la présentation, je note que le vérificateur classe systématiquement les résidences étudiantes comme une composante commerciale des projets immobiliers, ce qui lui permet d'évaluer à la baisse la part proprement universitaire en la limitant aux seuls locaux d'enseignements et bureaux du personnel. Pourtant, que ces résidences soient gérées ou non dans le but de faire des affaires, elles ont avant tout une finalité au service de l'université. J'ai l'impression qu'encore une fois, les Uquamiens pourront se plaindre qu'on noircit le tableau indûment... mais c'est que le ministère lui-même refuse de reconnaître les résidences étudiantes comme étant liées à l'enseignement ou dignes de subvention.
Comme les deux projets immobiliers incorporaient de nombreuses résidences, on ne s'étonnera pas que la part du ministère dans leur financement ait été relativement faible. De plus, le ministère n'a rien versé pour financer le déménagement de la Télé-Université dans les locaux de l'UQÀM puisque celle-ci bénéficiait déjà de locaux ailleurs, que le ministère continuerait à payer(!).
Le reste du rapport est consternant. Hypothèses trop optimistes, informations trompeuses ou carrément erronées, manque de curiosité des gestionnaires... Par exemple, dans le cas de l'approbation du projet de l'Îlot Voyageur (d'environ 300 millions de dollars), l'assemblée des gouverneurs de l'Université du Québec traite la chose en deux temps trois mouvements :
« L’assemblée approuve le projet le 21 mars 2005 lors d’une conférence téléphonique de 15 minutes à laquelle 14 de ses 24 membres participent. Mentionnons qu’un seul membre est présent à la séance d’information technique qui a précédé cette réunion. L’assemblée des gouverneurs ne demande aucun suivi malgré les événements, les dates critiques à venir (dates afférentes au bail avec le locataire du terminus, dates de retrait pour la phase II des résidences et l’immeuble de bureaux) et l’ampleur des sommes en cause. » (p. 49)
Mais le budget va gonfler, passant de 332,8 millions de dollars en mars 2005 à 528,9 millions en janvier 2008, ce que le Vérificateur général impute :
• à la sous-évaluation du budget de départ (concept proposé, relocalisation d’équipements publics, lien piétonnier avec accès au métro, certification du bâtiment aux normes LEED, aménagement paysager, frais financiers, mobilier, téléphonie et infrastructure informatique);
• aux ajouts (changements dans la structure de l’immeuble pour satisfaire aux demandes de la ville, salle hémicycle, éléments visuels et architecturaux, centre de la petite enfance, vélostation, salle polyvalente, salle d’archives);
• à la mauvaise estimation des coûts;
• à l'augmentation des honoraires du promoteur et de ceux des professionnels.
Soupir! En fin de compte, malgré de nombreux facteurs atténuants (on a carrément menti aux membres du CA à l'occasion), le rapport conclut que les « administrateurs de l’UQAM sont en partie responsables des déboires financiers associés aux projets immobiliers de l’université, entre autres pour les raisons suivantes », qui incluent l'absence de mise en place d'un cadre de gestion des projets immobiliers, l'approbation sans examen sérieux des augmentations de la marge de crédit et d'une émission obligataire, l'absence de suivi des projets et l'acceptation répétée d'être mis devant des faits accomplis par le recteur, et de les enregistrer. Mais ces lacunes n'exonèrent aucunement les autres acteurs.
La conclusion impute la responsabilité de fiasco à la mauvaise gestion du recteur et de sa garde rapprochée, au manque de franchise de ceux-ci à l'égard du CA et des paliers supérieurs et aux déficiences de la gouvernance de ces mêmes instances dirigeantes. Bref, comme dans tous les grands fiascos, personne n'en sort grandi et tout le monde a droit à sa part de blâme...
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