2009-06-08

 

Le chemin du retour

Entre deux avions, à Toronto, en train de croquer un sandwich face à la baie vitrée qui surplombe les avions et les pistes, je me demande pourquoi les ports et les aéroports manquent singulièrement de beauté. De pittoresque, non, encore que les aéroports modernes ne sont guère pittoresques non plus. Surtout que l'époque des aéroports construits avec un certain souci de recherche architecturale est presque révolue. Tempelhof a fermé. Le Terminal 8 de l'aéroport J. F. Kennedy de New York a été démoli et le Terminal 5 est en rénovation depuis 2005. Mais Orly Sud demeure.

Ailleurs, sauf exception, on se contente d'engager des architectes au salaire minimal qui donnent ce qu'ils peuvent, c'est-à-dire les aérogares utilitaires comme à Toronto, Montréal ou Nice. (Évidemment, l'audace ne paie pas toujours...) Cela dit, les ports conservent un certain cachet, même les plus modernes, que ce soit grâce au gigantisme de leurs installations ou tout simplement parce qu'on sent la mer, les embruns, le vent venu de loin, quand on se promène sur les quais. Les aérogares sont devenues des espaces fermés qui interposent des murs et des cloisons de verre entre les voyageurs et le grand air; ce ne sont plus que les petits aéroports qui donnent accès aux pistes, comme lorsque j'avais pris cette photo en arrivant à Victoria...

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Comments:
Jean-Louis, tu as parfaitement raison de déplorer le manque de beauté architecturale à Pearson ou Trudeau. Au pays, le plus bel aéroport est celui de Vancouver, avec ses sculptures amérindiennes et ses totems gigantesques, son aquarium géant, très zen comme environnement pour attendre l'avion ou passer le temps lors d'une correspondance.
Sinon, le truc est effectivement de fréquenter les petits aéroports; à Chiclayo ou Juliaca au Pérou ou encore Catamayo en Équateur, on marche sur le tarmac, monte dans l'avion par une passerelle au sol, des musiciens Quéchua créent une ambiance de village, c'est plus rustique mais ça a plus de charme comme expérience. Mais il s'agit d'aéroport moins achalandés, évidemment.
Mais si tu veux voir bien pire que Toronto ou Montréal, celui de Hanoi est difficile à battre côté laideur et que dire de Miami, avec ses éternels travaux et ses couloirs interminables et affreux, qui est aussi un des pires aéroports à fréquenter; le genre qui nous font penser que Pearson et Trudeau sont fort jolis :-)
 
Côté esthétique et tout chauvinisme local mis à part, j'adore celui de Lyon conçu par Calatrava.. on dirait un oiseau géant sur le point de prendre son envol. Voir ce site pour les photos : http://www.athenaeum.ch/lyonsato.htm
Un seul défaut : il est un peu froid à l'intérieur...
 
Je crois que j'ai dû voir celui de Lyon (Satolas?) puisque le TGV y passe, non? Architecturalement, il se défend très bien, en effet, mais c'est la touche que Calatrava apporte à la plupart de ses projets, a priori.

Je n'ai pas été en mesure d'apprécier celui de Vancouver, faute d'un bon point de vue de l'extérieur sur l'ensemble.

J'ai dû utiliser l'aéroport de Miami quand j'avais assisté à l'ICFA, mais je n'en ai strictement aucun souvenir. Si je ne me souvenais pas d'avoir survolé les versants enneigés des Appalaches et d'avoir changé de vol dans un grand hub (Cincinnati?), je me demanderais si je ne m'étais pas téléporté directement de Toronto à Miami...
 
Je me souviens quand le aeroport de Cleveland a les nids d'oiseaux dans le plafond du vestibule, et les oiseaux ont volé partout, mais n'est pas quoi vous dites, je pense. ( :
Beaucoup du architecture publique c'est brutal--mais j'ai vu un chose étrange (et je ne peux pas retrouvé un image) dans le parking a Raleigh Durham Aeroport -- grands lumières, comme des fleurs extra-terrestres, a chaque coin . . .
 
Le Terminal 3 de Roissy-Charles-de-Gaulle accueillait un oiseau ou deux quand je suis arrivé à Paris le mois dernier. Mais, effectivement, ce n'est pas de ce genre d'ouverture à l'extérieur dont je parlais. :-)

C'est vrai, l'architecture officielle et publique est rarement belle --- mais il faut tout de même se dire que c'est récent. Jusqu'au milieu du siècle dernier, les édifices officiels obéissaient aux canons des Beaux-Arts (France, États-Unis), ou du néo-gothique au Canada, ou de l'Art Déco (dans certaines villes canadiennes), et c'était rarement très laid, même si ce n'était pas toujours excitant.
 
Oui à Lyon c'était Satolas (nom du lieu) qu'on appelle maintenant aérogare (donc tgv + avion) St Exupéry, lyonnais éminent auquel il était plus que temps de rendre hommage ;)
 
Oui...avant le seconde guerre mondiale, je pense que l'utilité et la beauté n'est pas étrangers comme ils sont aujourd'hui, pour la plupart. Je ne sais pas porquoi.
 
J'aurais tendance à croire qu'il y a eu deux ou trois facteurs à l'œuvre.

D'abord, les écoles et modes architecturales, depuis le Bauhaus jusqu'au post-modernisme, ont préconisé l'emploi de formes et de styles qui étaient, au mieux, froids et géométriques, quand ils n'étaient pas tout simplement brutaux et insignifiants. L'éclectisme du postmodernisme a commencé à signaler la fin des excès du modernisme et du style international — mais seulement quand les circonstances étaient favorables.

Or, les architectes sont quand même restés marqués par l'habitude de concevoir et construire des édifices qui n'ont qu'à avoir l'air séduisants et conviviaux quand ils sont reproduits sous la forme d'une maquette à l'échelle — ou quand on les considère d'une voiture qui passe dans la rue à 50 ou 100 km/h. Dans ces conditions, même en revenant à des formes plus complexes et esthétiques, on privilégie encore ce qui se traduit par des formes à une échelle colossale relativement à l'individu humain qui se présente à pied devant ces édifices. Et on finit bien par les visiter à pied, ces édifices!

Enfin, je crois qu'à partir des années 1980, quand on a commencé à traquer partout les économies de bouts de chandelle (pour combattre les déficits ou parce que le gouvernement était devenu l'ennemi), l'humeur des temps a découragé les gouvernements de financer des édifices le moindrement décoratifs ou esthétiques. Ou les gouvernements se sont déchargés de leurs responsabilités sur des partenaires privés obsédés par leur marge de profit. Or, comme c'est généralement moins cher de construire de simples boîtes, c'est ce qu'on a fait.

Et même s'il aurait été (presque?) aussi économique de construire quelque chose d'agréable au regard, on ne l'a pas fait parce qu'on valorisait désormais ce qui devait avoir l'air d'avoir coûté le moins possible.

À ce sujet, j'ai déjà parlé de la bibliothèque centrale de Vancouver et de la Grande Bibliothèque du Québec. La comparaison est instructive...
 
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