2009-06-04
Comment traiter de la fin du monde
La matinée m'a permis de compléter ma présentation et l'après-midi m'a servi à la donner. Après, la seconde session de l'après-midi était remplacée par un lancement de livres collectif (je n'ai acheté en fin de compte qu'un recueil de poèmes, A Strange Relief, par la poète franco-ontarienne Sonnet L'Abbé). J'avais déjà fait le tour de la salle de ventes précédemment, retenant l'existence d'une revue écologiste en-ligne qui publie des articles et des fictions, Terrain. J'en ai surtout profité pour bavarder avec EW et, après, pour nouer connaissance avec SGH de l'Université du Wisconsin.
J'ai partagé ma session avec deux communications aussi différentes qu'intéressantes. Mais comme je n'ai pas pris de notes, je ne peux pas en dire grand-chose. D'une part, John Joseph Morrell a souligné que la trilogie de Kim Stanley Robinson sur le réchauffement climatique (Forty Signs of Rain, Fifty Degrees Below, Sixty Days and Counting) s'intéressait surtout, en fin de compte, aux modèles politiques qui permettraient de s'attaquer à un tel problème. D'autre part, Hans-Georg Erney a recensé de nombreux ouvrages qui, dans la culture populaire, prévoient la fin du monde en faisant intervenir non seulement les changements climatiques mais aussi des invasions extraterrestres, des impacts de comète, etc. Sans parler des séries documentaires télévisées que l'ouvrage The World Without Us d'Alan Weisman a plus ou moins inspirées. Erney épingle une certaine mode qui explique pourquoi je conserve un certain scepticisme de base face aux prédictions les plus apocalyptiques des écologistes... sauf qu'il faut bien tenter de faire le tri entre ce que permet de croire la recherche scientifique et ce qui n'est que spéculatif.
Quant à moi, j'ai plaidé pour de nouveaux moyens de dramatiser les conséquences du réchauffement climatique. Les scénarios apocalyptiques ne font plus peur, en partie parce qu'ils ne correspondent pas aux prévisions actuelles des scientifiques qui tablent sur des changements nettement moins rapides, en partie parce que l'exagération est souvent trop sensible et en partie parce qu'ils se confondent avec d'autres scénarios (pic pétrolier, guerre nucléaire). Et l'argumentation moralisante des écologistes est loin de rejoindre tout le monde; l'égoïsme blindé des riches y sera toujours imperméable. Je suis donc parti d'un constat : étonnamment, la science-fiction traite assez peu du réchauffement climatique. Certes, j'aurais pu parler du roman La Saison de la colère de Claude Ecken, que je suis en train de lire, mais je n'étais pas encore sûr de la place qu'y prendrait le réchauffement climatique. En revanche, l'appendice fournit quelques suggestions de lecture dans le domaine de la science-fiction concernée par les changements climatiques. La liste commence avec AquaTM de Jean-Marc Ligny, inclut la trilogie de Kim Stanley Robinson, n'oublie pas Bleue comme une orange de Norman Spinrad et propose plusieurs autres auteurs : Andrevon pour Le Monde enfin, Ayerdhal pour Demain, une oasis, John Barnes pour Mother of Storms (1994), David Brin pour Earth (1990), Robert Silverberg pour Hot Sky at Midnight (1994) et Bruce Sterling pour Heavy Weather (1994). La conjonction des dates dans le cas des romans étatsuniens est assez frappante, rappelant une première montée d'inquiétude qui avait conduit aux accords de Kyoto. Néanmoins, la liste reste courte. Même si elle s'est allongée au fil des ans, je reste frappé par le petit nombre d'ouvrages à traiter d'un futur qui semble aussi certain, si la tendance se maintient, que n'importe quel autre futur abordé par la science-fiction. Les prédictions liées au réchauffement climatique sont aussi solides que n'importe quelle autre prévision actuelle, et nettement plus que d'autres (la Singularité, disons). Elles accouchent de cartes remarquablement précises et concrètes qui dessinent les contours, par exemple, des régimes de précipitation d'ici la fin du siècle. Autrefois, la science géologique et paléontologique permettait de dessiner les cartes de la Terre d'antan, en remontant à des millions d'années dans le passé. Si la science se croit aujourd'hui capable de se projeter à un siècle ou deux dans l'avenir, est-ce moins croyable?
Et j'ai aussi montré mes petites cartes topographiques de villes canadiennes assiégées par les eaux avant de parler du Groenland, non plus comme origine d'une montée des océans, mais comme lieu en soi, révélé par la fonte des glaces comme une terre neuve, la première depuis longtemps à la surface de notre planète. Pourquoi se rendre sur Mars? D'ici quatre ou quarante siècles, on pourra fouler un sol qu'aucun humain n'a jamais foulé puisque la formation de l'inlandsis du Groenland remonterait à deux millions d'années au moins, bien avant l'évolution d'Homo sapiens sapiens...
J'ai partagé ma session avec deux communications aussi différentes qu'intéressantes. Mais comme je n'ai pas pris de notes, je ne peux pas en dire grand-chose. D'une part, John Joseph Morrell a souligné que la trilogie de Kim Stanley Robinson sur le réchauffement climatique (Forty Signs of Rain, Fifty Degrees Below, Sixty Days and Counting) s'intéressait surtout, en fin de compte, aux modèles politiques qui permettraient de s'attaquer à un tel problème. D'autre part, Hans-Georg Erney a recensé de nombreux ouvrages qui, dans la culture populaire, prévoient la fin du monde en faisant intervenir non seulement les changements climatiques mais aussi des invasions extraterrestres, des impacts de comète, etc. Sans parler des séries documentaires télévisées que l'ouvrage The World Without Us d'Alan Weisman a plus ou moins inspirées. Erney épingle une certaine mode qui explique pourquoi je conserve un certain scepticisme de base face aux prédictions les plus apocalyptiques des écologistes... sauf qu'il faut bien tenter de faire le tri entre ce que permet de croire la recherche scientifique et ce qui n'est que spéculatif.
Quant à moi, j'ai plaidé pour de nouveaux moyens de dramatiser les conséquences du réchauffement climatique. Les scénarios apocalyptiques ne font plus peur, en partie parce qu'ils ne correspondent pas aux prévisions actuelles des scientifiques qui tablent sur des changements nettement moins rapides, en partie parce que l'exagération est souvent trop sensible et en partie parce qu'ils se confondent avec d'autres scénarios (pic pétrolier, guerre nucléaire). Et l'argumentation moralisante des écologistes est loin de rejoindre tout le monde; l'égoïsme blindé des riches y sera toujours imperméable. Je suis donc parti d'un constat : étonnamment, la science-fiction traite assez peu du réchauffement climatique. Certes, j'aurais pu parler du roman La Saison de la colère de Claude Ecken, que je suis en train de lire, mais je n'étais pas encore sûr de la place qu'y prendrait le réchauffement climatique. En revanche, l'appendice fournit quelques suggestions de lecture dans le domaine de la science-fiction concernée par les changements climatiques. La liste commence avec AquaTM de Jean-Marc Ligny, inclut la trilogie de Kim Stanley Robinson, n'oublie pas Bleue comme une orange de Norman Spinrad et propose plusieurs autres auteurs : Andrevon pour Le Monde enfin, Ayerdhal pour Demain, une oasis, John Barnes pour Mother of Storms (1994), David Brin pour Earth (1990), Robert Silverberg pour Hot Sky at Midnight (1994) et Bruce Sterling pour Heavy Weather (1994). La conjonction des dates dans le cas des romans étatsuniens est assez frappante, rappelant une première montée d'inquiétude qui avait conduit aux accords de Kyoto. Néanmoins, la liste reste courte. Même si elle s'est allongée au fil des ans, je reste frappé par le petit nombre d'ouvrages à traiter d'un futur qui semble aussi certain, si la tendance se maintient, que n'importe quel autre futur abordé par la science-fiction. Les prédictions liées au réchauffement climatique sont aussi solides que n'importe quelle autre prévision actuelle, et nettement plus que d'autres (la Singularité, disons). Elles accouchent de cartes remarquablement précises et concrètes qui dessinent les contours, par exemple, des régimes de précipitation d'ici la fin du siècle. Autrefois, la science géologique et paléontologique permettait de dessiner les cartes de la Terre d'antan, en remontant à des millions d'années dans le passé. Si la science se croit aujourd'hui capable de se projeter à un siècle ou deux dans l'avenir, est-ce moins croyable?
Et j'ai aussi montré mes petites cartes topographiques de villes canadiennes assiégées par les eaux avant de parler du Groenland, non plus comme origine d'une montée des océans, mais comme lieu en soi, révélé par la fonte des glaces comme une terre neuve, la première depuis longtemps à la surface de notre planète. Pourquoi se rendre sur Mars? D'ici quatre ou quarante siècles, on pourra fouler un sol qu'aucun humain n'a jamais foulé puisque la formation de l'inlandsis du Groenland remonterait à deux millions d'années au moins, bien avant l'évolution d'Homo sapiens sapiens...
Libellés : Environnement, Université, Victoria