2008-08-07
Vestiges d'hier et de demain
J'ai fini par lire au complet le livre d'Alan Weisman, The World Without Us. J'avais lu son article sur le sujet dans Discover il y a déjà plusieurs années. Ce printemps, Laurine Spehner en signait une critique détaillée sur Fractale Framboise.
Weisman a rattaché à son thème principal — à quoi ressemblerait le monde sans nous? — à un tour du monde des environnements menacés et des sanctuaires préservés par miracle, des urgences écologiques et des pires scénarios en cas de disparition brutale de l'humanité. L'ensemble est donc un peu décousu et tient un peu trop du récit de voyage par endroits... Néanmoins, Weisman révèle des endroits magiques — ce qui risque de leur attirer maintenant une affluence touristique dévastatrice... Et il souligne à juste titre avec quelle légèreté nous introduisons actuellement dans l'environnement des substances dont nous ignorons la longévité réelle, les modes de dégradation et les effets sur la biosphère.
Comme d'autres l'ont dit, c'est un livre absolument fascinant. En mode prof, j'ai regretté l'absence de notes (mais la bibliographie est copieuse) et je crois avoir relevé deux ou trois erreurs ou approximations dans les domaines que je connais — ce qui m'inspire toujours une certaine méfiance quand il traite de sujets que je connais moins... Mais j'en sais suffisamment pour dire qu'il n'y a pas d'erreur grossière et que Weisman a l'honnêteté de faire état des controverses et des débats dans certains domaines. (Depuis la publication du livre, il y a déjà eu une nouvelle théorie expliquant par la faute d'un impact cométaire la disparition, il y a onze mille ans, de plusieurs espèces animales nord-américaines — je me demande si le refroidissement aurait surtout eu pour effet de stimuler la chasse des plus grosses proies par les survivants humains?)
À la base, l'ouvrage est une uchronie et je crois que c'est pour cette raison qu'il fascine. Weisman nous décrit une réalité à portée de main, mais qu'il nous serait impossible de connaître en personne à moins d'être le dernier humain sur Terre. En même temps, les ruines fascinent aussi depuis longtemps. Alexandre le Grand aurait visité les ruines de Troie pour se recueillir devant le tombeau d'Achille et Napoléon avait admiré les pyramides. Les ruines de Pompéi ont passionné les hommes et femmes du dix-neuvième siècle, tout comme les ruines des Mayas ont retenu l'attention au siècle dernier... Et que de ruines Weisman ne laisse-t-il pas entrevoir? Des plus grandioses, comme à New York, aux plus humbles, comme les dépotoirs remplis d'objets dont certains plastiques mettront des millénaires à se détériorer...
L'ouvrage de Weisman m'a rappelé à mon propre goût pour les ruines, sans doute développé à Nigelle, mais confirmé à Pompéi et Herculanum, ces sites qui permettent mieux qu'ailleurs de se faire une idée de la vie des Romains. Par contre, j'ai aussi eu la chance de visiter, seul dans la nature, les ruines d'un village médiéval reconquis par la végétation. Il s'agissait des ruines de Puybresson (ou Pibresson), entre Tourrettes et Callian en Provence, que j'ai connues sous le nom de ruines de Velnasque... Les photos disponibles en-ligne donnent une certaine idée du site au milieu des bois, qui se dresse sur une butte dominant une étroite plaine à ses pieds, assez loin du littoral méditerranéen.
Ce village fortifié autour de son château semble avoir disparu entre 1315-1316 et 1352-1353. Il est vrai qu'entre ces dates, il y avait eu la grande peste de 1347-1350... Tout au plus pouvait-il rester une famille ou deux sur les lieux quand on déclarait alors un village inhabité, mais il leur aurait fallu de puissantes raisons pour ne pas laisser l'isolement les pousser à rejoindre un des villages voisins. Quand j'ai visité ces ruines à la fin des années quatre-vingt, cela faisait donc six siècles qu'il était abandonné. Comme on peut le voir sur les photos, Puybresson a de beaux restes encore aujourd'hui.
Weisman souligne toutefois que nos constructions modernes sont plus fragiles que la maçonnerie d'antan. Dans six siècles, si Montréal retournait à l'état de nature demain, de vastes quartiers réduits à des monceaux de briques ou de moellons empilés dans les restes de sous-sols disparaîtraient rapidement sous les arbres. Mais plusieurs de nos basiliques et cathédrales survivraient assez longtemps, même à l'état de ruines...
Weisman a rattaché à son thème principal — à quoi ressemblerait le monde sans nous? — à un tour du monde des environnements menacés et des sanctuaires préservés par miracle, des urgences écologiques et des pires scénarios en cas de disparition brutale de l'humanité. L'ensemble est donc un peu décousu et tient un peu trop du récit de voyage par endroits... Néanmoins, Weisman révèle des endroits magiques — ce qui risque de leur attirer maintenant une affluence touristique dévastatrice... Et il souligne à juste titre avec quelle légèreté nous introduisons actuellement dans l'environnement des substances dont nous ignorons la longévité réelle, les modes de dégradation et les effets sur la biosphère.
Comme d'autres l'ont dit, c'est un livre absolument fascinant. En mode prof, j'ai regretté l'absence de notes (mais la bibliographie est copieuse) et je crois avoir relevé deux ou trois erreurs ou approximations dans les domaines que je connais — ce qui m'inspire toujours une certaine méfiance quand il traite de sujets que je connais moins... Mais j'en sais suffisamment pour dire qu'il n'y a pas d'erreur grossière et que Weisman a l'honnêteté de faire état des controverses et des débats dans certains domaines. (Depuis la publication du livre, il y a déjà eu une nouvelle théorie expliquant par la faute d'un impact cométaire la disparition, il y a onze mille ans, de plusieurs espèces animales nord-américaines — je me demande si le refroidissement aurait surtout eu pour effet de stimuler la chasse des plus grosses proies par les survivants humains?)
À la base, l'ouvrage est une uchronie et je crois que c'est pour cette raison qu'il fascine. Weisman nous décrit une réalité à portée de main, mais qu'il nous serait impossible de connaître en personne à moins d'être le dernier humain sur Terre. En même temps, les ruines fascinent aussi depuis longtemps. Alexandre le Grand aurait visité les ruines de Troie pour se recueillir devant le tombeau d'Achille et Napoléon avait admiré les pyramides. Les ruines de Pompéi ont passionné les hommes et femmes du dix-neuvième siècle, tout comme les ruines des Mayas ont retenu l'attention au siècle dernier... Et que de ruines Weisman ne laisse-t-il pas entrevoir? Des plus grandioses, comme à New York, aux plus humbles, comme les dépotoirs remplis d'objets dont certains plastiques mettront des millénaires à se détériorer...
L'ouvrage de Weisman m'a rappelé à mon propre goût pour les ruines, sans doute développé à Nigelle, mais confirmé à Pompéi et Herculanum, ces sites qui permettent mieux qu'ailleurs de se faire une idée de la vie des Romains. Par contre, j'ai aussi eu la chance de visiter, seul dans la nature, les ruines d'un village médiéval reconquis par la végétation. Il s'agissait des ruines de Puybresson (ou Pibresson), entre Tourrettes et Callian en Provence, que j'ai connues sous le nom de ruines de Velnasque... Les photos disponibles en-ligne donnent une certaine idée du site au milieu des bois, qui se dresse sur une butte dominant une étroite plaine à ses pieds, assez loin du littoral méditerranéen.
Ce village fortifié autour de son château semble avoir disparu entre 1315-1316 et 1352-1353. Il est vrai qu'entre ces dates, il y avait eu la grande peste de 1347-1350... Tout au plus pouvait-il rester une famille ou deux sur les lieux quand on déclarait alors un village inhabité, mais il leur aurait fallu de puissantes raisons pour ne pas laisser l'isolement les pousser à rejoindre un des villages voisins. Quand j'ai visité ces ruines à la fin des années quatre-vingt, cela faisait donc six siècles qu'il était abandonné. Comme on peut le voir sur les photos, Puybresson a de beaux restes encore aujourd'hui.
Weisman souligne toutefois que nos constructions modernes sont plus fragiles que la maçonnerie d'antan. Dans six siècles, si Montréal retournait à l'état de nature demain, de vastes quartiers réduits à des monceaux de briques ou de moellons empilés dans les restes de sous-sols disparaîtraient rapidement sous les arbres. Mais plusieurs de nos basiliques et cathédrales survivraient assez longtemps, même à l'état de ruines...
Libellés : Environnement, Histoire
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Petite pub pour mon résumé de ce livre effectivement fascinant :
http://www.courtois.cc/blogeclectique/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman
http://www.courtois.cc/blogeclectique/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman
Le site de tourettes n'est pas le bon. Vous pointez sur tourettes sur loup dans les alpes maritimes. Un petit google me dit que le bon lien serait plutôt celui-ci : http://www.mairie-tourrettes-83.fr/
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