2007-11-14
Boussole, couteau et lunette
Il y a quelques années, Philip Pullman s'était érigé en anti-Rowling, non sans l'aide d'une partie de l'industrie du livre, toujours à la recherche d'une solution de rechange à Harry Potter.
Sa trilogie de fantasy pour les jeunes, His Dark Materials, avait attiré l'attention des critiques, mais elle n'a pas obtenu les mêmes chiffres de vente que la série de Harry Potter. Malgré l'excellence du texte, le contraire serait étonnant, car Pullman dépayse d'emblée le lecteur en le plongeant dans un monde décalé. Lyra vit dans une version parallèle d'Oxford et, même si elle est en apparence une orpheline, elle n'a rien d'une persécutée. Mascotte des professeurs au collège universitaire qui l'héberge, elle est aussi la meneuse d'une petite bande de gamins de la ville et elle n'hésite pas à se chamailler avec les Gitans d'Oxford. Grande gueule en prime, elle est tout de suite mêlée aux affaires des grands, déjouant une tentative d'assassinat de Lord Asriel et se faisant recueillir par la mystérieuse Marisa Coulter, qui jouit d'une influence inexpliquée dans les plus hautes sphères...
Ce n'est que le début des aventures de Lyra dans The Golden Compass. Ce premier volume est sans doute le plus prenant, car il est aussi le plus inattendu, et le plus fantastique. Lyra se fait un ami d'un prince des ours blancs du Grand Nord. Ces ours blancs sont des animaux aussi féroces qu'intelligents, mais Pullman aura du mal à justifier leur existence par la suite, quand il tente d'inscrire sa trilogie dans un cadre qui tient plus de la science-fiction que du fantastique. Les ours parlants et sorcières presque immortelles du monde de Lyra ne font pas toujours bon ménage avec les dirigeables, les discours sur les mondes parallèles divergents par des physiciens de notre monde et les extraterrestres roulants...
Dans les volumes suivants, Pullman lance de nouveaux personnages dans la soupe et nous apprête un plat qui est si riche qu'il est un peu indigeste. La cosmogonie de son univers devient de plus en plus difficile à suivre, et les références à des éléments de la mythologie classique si nombreuses qu'elles laissent de moins en moins de place à ce qui faisait le charme et l'originalité du premier volume. D'une part, j'ai envie de saluer le courage de Pullman qui a renoncé à revenir sur ses pas pour se contenter d'explorer de nouveau le monde de Lyra dans les volumes suivants. Mais The Subtle Knife et The Amber Spyglass nous laissent sur notre faim : pour les lecteurs qui ont appris à aimer le monde vaguement victorien ou dickensien du premier tome, les aventures exotiques et les combats des deuxième et troisième tomes déçoivent un peu.
Mais si la heptalogie de Rowling aboutit en fin de compte à un retour au statu quo ante, la trilogie de Pullman accomplit une révolution. Seulement, elle est un peu difficile à prendre au sérieux tellement Pullman s'est éloigné de la source de sa magie. La force de la conclusion de Harry Potter, c'est de trancher la question sous les toits de Hogwarts, et nulle part ailleurs. Lyra a fini par braver les limbes et les enfers, acquérant une dimension christique (ce qui est un peu curieux pour un ouvrage que l'on présente comme athée...). Dès lors, un retour à Oxford tend malencontreusement à réduire toutes les aventures de la trilogie à un simple rêve qu'il est impossible de prendre au sérieux dans un cadre aussi prosaïque...
Sa trilogie de fantasy pour les jeunes, His Dark Materials, avait attiré l'attention des critiques, mais elle n'a pas obtenu les mêmes chiffres de vente que la série de Harry Potter. Malgré l'excellence du texte, le contraire serait étonnant, car Pullman dépayse d'emblée le lecteur en le plongeant dans un monde décalé. Lyra vit dans une version parallèle d'Oxford et, même si elle est en apparence une orpheline, elle n'a rien d'une persécutée. Mascotte des professeurs au collège universitaire qui l'héberge, elle est aussi la meneuse d'une petite bande de gamins de la ville et elle n'hésite pas à se chamailler avec les Gitans d'Oxford. Grande gueule en prime, elle est tout de suite mêlée aux affaires des grands, déjouant une tentative d'assassinat de Lord Asriel et se faisant recueillir par la mystérieuse Marisa Coulter, qui jouit d'une influence inexpliquée dans les plus hautes sphères...
Ce n'est que le début des aventures de Lyra dans The Golden Compass. Ce premier volume est sans doute le plus prenant, car il est aussi le plus inattendu, et le plus fantastique. Lyra se fait un ami d'un prince des ours blancs du Grand Nord. Ces ours blancs sont des animaux aussi féroces qu'intelligents, mais Pullman aura du mal à justifier leur existence par la suite, quand il tente d'inscrire sa trilogie dans un cadre qui tient plus de la science-fiction que du fantastique. Les ours parlants et sorcières presque immortelles du monde de Lyra ne font pas toujours bon ménage avec les dirigeables, les discours sur les mondes parallèles divergents par des physiciens de notre monde et les extraterrestres roulants...
Dans les volumes suivants, Pullman lance de nouveaux personnages dans la soupe et nous apprête un plat qui est si riche qu'il est un peu indigeste. La cosmogonie de son univers devient de plus en plus difficile à suivre, et les références à des éléments de la mythologie classique si nombreuses qu'elles laissent de moins en moins de place à ce qui faisait le charme et l'originalité du premier volume. D'une part, j'ai envie de saluer le courage de Pullman qui a renoncé à revenir sur ses pas pour se contenter d'explorer de nouveau le monde de Lyra dans les volumes suivants. Mais The Subtle Knife et The Amber Spyglass nous laissent sur notre faim : pour les lecteurs qui ont appris à aimer le monde vaguement victorien ou dickensien du premier tome, les aventures exotiques et les combats des deuxième et troisième tomes déçoivent un peu.
Mais si la heptalogie de Rowling aboutit en fin de compte à un retour au statu quo ante, la trilogie de Pullman accomplit une révolution. Seulement, elle est un peu difficile à prendre au sérieux tellement Pullman s'est éloigné de la source de sa magie. La force de la conclusion de Harry Potter, c'est de trancher la question sous les toits de Hogwarts, et nulle part ailleurs. Lyra a fini par braver les limbes et les enfers, acquérant une dimension christique (ce qui est un peu curieux pour un ouvrage que l'on présente comme athée...). Dès lors, un retour à Oxford tend malencontreusement à réduire toutes les aventures de la trilogie à un simple rêve qu'il est impossible de prendre au sérieux dans un cadre aussi prosaïque...