2007-11-09
Alpha du Centaure
Le théâtre d'anticipation est relativement rare au Canada français. J'ai recensé quelques tentatives antérieures, mais, en ce qui concerne les productions actuelles, je n'avais pas été satisfait par « Hippocampe », il y a quelques semaines. Par contre, « Alpha du Centaure » est une pièce nettement plus intéressante. L'affiche est de Christian Quesnel, le texte est de Sébastien Guindon et le spectacle est présenté dans l'édifice de l'Union française, un de ces vestiges du Montréal bourgeois qui s'était développé autour de la gare Viger à la fin du dix-neuvième siècle. Et j'ignore si c'est rare, mais je note que la pièce est uniquement commanditée par des petites firmes et compagnies. Pas un sou d'un conseil subventionnaire en vue!
La pièce est présentée par Orbite gauche jusqu'au 17 novembre et elle vaut le détour. L'amateur de sf ne sera pas surpris, mais il ne sera pas dépaysé non plus. Malgré quelques fausses notes, Guindon signe un scénario d'anticipation de bon aloi, qui rappelle par endroits Mother of Storms de John Barnes. On ne sait pas trop si Guindon est un familier du genre, s'il se nourrit uniquement des créations médiatiques ou s'il réinvente. Ce qui est clair, c'est qu'il a l'audace de miser sur des techniques théâtrales classiques pour faire vivre le monde de 2243.
Les principaux acteurs se retrouvent souvent autour de la scène trapézoïdale, soit pour incarner leurs personnages soit pour faire partie du chœur qui souligne les répliques des personnages et qui fournit l'essentiel des effets sonores sous la direction de la choryphée Natasha Poirier. En dépit de la modestie des moyens mis en œuvre, l'effet est presque toujours réussi. Les chorales a cappella donnent parfois même le frisson.
Les huit personnages vivent au XXIIIe siècle. La Terre est noyée par des océans qui montent et labourée par des ouragans de force cinq (ou six!). Les survivants regroupés dans la mégalopole d'Antiopolis (population de 380 millions d'habitants!) sont en train de succomber aux intempéries, au rationnement, au désespoir. Mais la conseillère Alia Caran a convaincu les autres membres du conseil scientifique de lancer des vaisseaux vers Alpha du Centaure dans l'espoir de découvrir un autre monde, mais surtout dans l'idée de ressusciter l'espoir chez leurs concitoyens. Car personne ne semble s'inquiéter du fait que les quatre vaisseaux lancés jusqu'alors ont cessé de transmettre...
Les personnages sont liés les uns aux autres par des rapports d'amour ou de désir, des souvenirs tragiques, des secrets... Au début de la pièce, il serait facile de se laisser rebuter par le ton emphatique des acteurs, le jeu déclamatoire et les registres fluctants de la langue. Les affrontements des personnages semblent simplistes et les enjeux ne sont pas toujours clairs. Puis les choses se corsent et de nouveaux rebondissements relancent l'intérêt. En fin de compte, c'est la richesse des personnages et la subtilité de l'intrigue qui retiennent l'attention. Les choses ont tardé à se mettre en place, mais si on se montre patient, on sera récompensé.
Et il y a au moins autant d'action que dans un épisode d'une série télé ordinaire... Bref, il ne faut pas se priver d'une pièce qui commence par un chœur qui présente Alpha du Centaure, voisine du Soleil, qui cite l'éloignement d'Alpha Centauri avec deux décimales de précision et qui récapitule l'histoire récente d'un futur lointain. Un peu comme dans Michael Clayton, la pièce fonctionne en boucle, le début se rattachant à la fin et l'épilogue désobéissant à l'injonction du prologue...
La pièce est présentée par Orbite gauche jusqu'au 17 novembre et elle vaut le détour. L'amateur de sf ne sera pas surpris, mais il ne sera pas dépaysé non plus. Malgré quelques fausses notes, Guindon signe un scénario d'anticipation de bon aloi, qui rappelle par endroits Mother of Storms de John Barnes. On ne sait pas trop si Guindon est un familier du genre, s'il se nourrit uniquement des créations médiatiques ou s'il réinvente. Ce qui est clair, c'est qu'il a l'audace de miser sur des techniques théâtrales classiques pour faire vivre le monde de 2243.
Les principaux acteurs se retrouvent souvent autour de la scène trapézoïdale, soit pour incarner leurs personnages soit pour faire partie du chœur qui souligne les répliques des personnages et qui fournit l'essentiel des effets sonores sous la direction de la choryphée Natasha Poirier. En dépit de la modestie des moyens mis en œuvre, l'effet est presque toujours réussi. Les chorales a cappella donnent parfois même le frisson.
Les huit personnages vivent au XXIIIe siècle. La Terre est noyée par des océans qui montent et labourée par des ouragans de force cinq (ou six!). Les survivants regroupés dans la mégalopole d'Antiopolis (population de 380 millions d'habitants!) sont en train de succomber aux intempéries, au rationnement, au désespoir. Mais la conseillère Alia Caran a convaincu les autres membres du conseil scientifique de lancer des vaisseaux vers Alpha du Centaure dans l'espoir de découvrir un autre monde, mais surtout dans l'idée de ressusciter l'espoir chez leurs concitoyens. Car personne ne semble s'inquiéter du fait que les quatre vaisseaux lancés jusqu'alors ont cessé de transmettre...
Les personnages sont liés les uns aux autres par des rapports d'amour ou de désir, des souvenirs tragiques, des secrets... Au début de la pièce, il serait facile de se laisser rebuter par le ton emphatique des acteurs, le jeu déclamatoire et les registres fluctants de la langue. Les affrontements des personnages semblent simplistes et les enjeux ne sont pas toujours clairs. Puis les choses se corsent et de nouveaux rebondissements relancent l'intérêt. En fin de compte, c'est la richesse des personnages et la subtilité de l'intrigue qui retiennent l'attention. Les choses ont tardé à se mettre en place, mais si on se montre patient, on sera récompensé.
Et il y a au moins autant d'action que dans un épisode d'une série télé ordinaire... Bref, il ne faut pas se priver d'une pièce qui commence par un chœur qui présente Alpha du Centaure, voisine du Soleil, qui cite l'éloignement d'Alpha Centauri avec deux décimales de précision et qui récapitule l'histoire récente d'un futur lointain. Un peu comme dans Michael Clayton, la pièce fonctionne en boucle, le début se rattachant à la fin et l'épilogue désobéissant à l'injonction du prologue...
Libellés : Théâtre