2006-09-03

 

Superman et le cerveau inaperçu

Dans un article (.PDF) paru en avril 2004 dans le Scientific American, le rôle des cellules gliales prenait une importance nouvelle, reflétée depuis par d'autres comptes rendus ou exposés. Au-delà des détails techniques, il est certainement frappant d'observer que la proportion des cellules gliales dans le cerveau s'élève au fur et à mesure que l'on examine des cerveaux appartenant à des espèces de plus en plus intellectuelles (pour ne pas dire évoluées, ce qui serait blasphématoire). L'activité de ces cellules, qui libèrent de l'ATP ou du glutamate pour communiquer entre elles ou avec les neurones avoisinants, pourrait influer sur la formation des synapses, l'activation des neurones sur des distances relativement grandes et donc sur la mémorisation et l'apprentissage.

Selon certains, le fait que ces cellules soient environ neuf fois plus nombreuses que les neurones serait responsable de la légende urbaine selon laquelle nous n'utilisons qu'un dixième de notre cerveau. À l'époque, l'utilité de ces cellules était passée inaperçue... Que ce soit l'origine ou non de cette légende, celle-ci n'a jamais été aussi fausse, car les cellules gliales semblent bel et bien jouer un rôle capital dans l'acquisition de nouveaux souvenirs ou de nouvelles habiletés. S'il est possible de dissocier la pensée de l'apprentissage, toutefois, les neurones conserveraient leur importance ancienne pour tout ce qui concerne la pensée tandis que l'apprentissage ferait intervenir les cellules gliales pour que de nouveaux synapses se forment...

Coïncidence curieuse, les cellules gliales du système nerveux périphérique sont appelées des cellules de Schwann quand elles forment la gaine de myéline qui protège les axones. Celles-ci sont donc essentielles pour la transmission des influx nerveux. Certaines maladies (la sclérose en plaques) et paralysies sont associées à un défaut de la myélinisation des axones, ou à une lésion de la gaine de myéline. Or, Christopher Reeves, qui avait incarné Superman au grand écran avant d'être immobilisé dans un fauteuil roulant par une chute de cheval, porte le nom de Virgil Swann dans la série Smallville. Simple hasard?

En revanche, le choix du projet Blue Brain de se concentrer sur la simulation de neurones reste justifié. Il ne s'agit pas encore la pensée, mais le fonctionnement d'une partie du cerveau. Cela, les neurones demeurent capables de l'éclairer. Faut-il supposer toutefois qu'en l'absence de cellules gliales, de telles simulations du cerveau n'arriveraient qu'à engendrer des formes de conscience condamnées à vivre dans l'instant, incapable d'apprendre ou de se souvenir? Il y aurait là matière à une nouvelle de science-fiction...

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