2006-05-15

 

Suites variées et moins variées

Aventures au Village

Cela fait du bien d'aller au spectacle après quelques semaines plus qu'affairées. Et Mission: Impossible III relève bel et bien du numéro de cirque à grand déploiement. La succession de « missions impossibles » effrénées, souvent menées à grand renfort d'acrobaties, d'explosions, et autres incidents ne laisse que fort peu de temps pour la réflexion.

Comme les films précédents, il ne faut pas s'attendre à une grande originalité. Sans doute est-ce difficile d'innover dans ce domaine. Du moins, les films conservent encore quelques gènes de la série télé, sous la forme de l'organisation d'opérations bluffantes, même si Ethan Hunt (Tom Cruise) occupe le devant de la scène.

Le début du film, qui nous plonge in medias res en nous montrant un Ethan Hunt enchaîné qui plaide pour la vie d'une femme que nous ne connaissons pas encore, rappelle l'emploi de la même astuce au début de 16 Blocks, alors que le policier joué par Bruce Willis confessait sa défaite. La scène en question ne déboulait qu'au milieu du film et se révélait un peu trompeuse, bien entendu.

De plus, le mariage de Hunt avec la femme qu'il aime mais à qui il n'a rien dit de son véritable métier rappelle la situation centrale de True Lies avec Schwarzenegger — quoique Cruise ressemble sans doute un peu plus à Thierry Lhermitte qui jouait le rôle équivalent dans le film français qui a inspiré True Lies, c'est-à-dire La Totale (1991). Bref, on est en terrain connu, archi-connu, mais cela reste efficace. Sinon, on peut toujours suivre l'action en relevant quelques éléments moins voyants de la réalisation.

Ainsi, on se demande si le choix de situer une partie de l'action dans l'enceinte du Vatican a constitué un choix délibéré d'anticiper quelque peu les ors et les fastes de la version cinématographie du Da Vinci Code de Dan Brown... Petit pied de nez? Mais de la part de Cruise ou du Vatican, qui a sûrement dû donner sa permission pour le tournage de quelques scènes?

Peut-être plus encore que dans les films de Bond, en raison sans doute de la sophistication technologique des péripéties, le film donne l'impression de se dérouler presque toujours dans le même type de lieu, presque jusqu'à la fin. C'est-à-dire que tout en se déplaçant des États-Unis en Allemagne, puis en Italie, puis en Chine, Ethan Hunt et ses copains restent dans ce que Serge Lehman appelait le Village, cette moitié du monde riche et moderne qui peut se permettre d'ignorer l'autre moitié du monde. Ce n'est qu'à la toute fin que l'action se déplace dans les décors plus vétustes du vieux Shanghai, mais sous une forme proprette qui a tout de la carte postale touristique.

L'autre Village auquel on pense, du coup, c'est celui de Patrick McGoohan, le prisonnier dans la série culte du même nom. Le film aligne des destinations à tout le moins intéressantes, mais parfois aussi artificielles que le Village de McGoohan. (Le film passe un certain temps dans les coulisses du Vatican.) Et la politique interne de l'agence IMF qui emploie Hunt est aussi byzantine que celle de l'agence qui employait l'agent joué par McGoohan. Le film fait d'ailleurs d'un néo-conservateur le principal méchant...

Un bon film, alors? Un film d'action dans la bonne moyenne, je dirais. Rien de particulièrement renversant, mais rien de particulièrement raté non plus.

Maths et sciences dans les écoles québécoises

Dans Le Devoir de la fin de semaine, on annonce que les résultats des examens des élèves québécois au secondaire ont révélé une baisse l'an dernier, baisse marquée dans plusieurs domaines, en particulier l'anglais, l'histoire et les mathématiques. En histoire canadienne, le taux de réussite a glissé de 88% à 79%, et la moyenne obtenue à l'examen est passée de 76% à 71%. En mathématiques 436, la moyenne a chuté de 72% à 69%, pour un taux de réussite réduit de 82% à 75%. Or, comme je l'indiquais, la réussite de ce cours deviendra obligatoire pour obtenir le diplôme d'études secondaires en 2007. La baisse reflèterait-elle une augmentation du nombre d'élèves dans ce cours, ce qui entraînerait la présence d'élèves qui l'auraient évité précédemment? L'article ne propose pas cette hypothèse, mais je la formule.

Toutefois, en quatrième secondaire, le taux de succès en sciences physiques a monté de 79% à 86%. Si le même effet a joué, il faudrait supposer que les préventions des élèves à l'égard des sciences étaient moins justifiées qu'à l'égard des mathématiques...

La Singularité de Vinge

Dans le numéro de juin de Discover, Corey S. Powell signe une entrevue avec David Bodanis qui relativise la thèse de Kurzweil en ce qui concerne l'accélération technologique (vers une possible Singularité). Au contraire, Bodanis s'efforce plutôt d'expliquer pourquoi, dans la vie de tous les jours, nous dépendons encore beaucoup de technologies développées depuis des décennies, voire plus d'un siècle (des automobiles à combustion interne aux avions à réaction, en passant par la télévision, la radio, etc.). La principale exception concerne bien sûr tout ce qui est informatique et qui emploie les réseaux associés. Mais à quel point est-ce significatif?

Kurzweil est trop malin pour ne pas savoir que la multiplication des techniques n'est pas synonyme de l'accélération du changement ou même des performances dans tous les domaines, mais les tenants de la Singularité vingienne ont quand même tendance à laisser entendre que les progrès techniques prolifèrent et ouvrent la voie vers une asymptote qui verra toutes les composantes de la vie quotidienne changer en même temps. Pourtant, c'est sans doute la version la moins défendable de la thèse d'une Singularité technologique...

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