2006-05-19

 

J'ai vu le Graal

Il paraît qu'un certain film sort aujourd'hui... The Da Vinci Code. Je n'ai pas lu le livre et je ne verrai sans doute pas le film, sauf à la télévision. Encore que le film a au moins le mérite de coûter moins cher que l'édition cartonnée du roman.

Passons sur l'inculture historique de Brown, que le titre même du livre (et du film) suffit à établir. Comme Léonard de Vinci n'était pas noble, l'indication qu'il vient de la bourgade de Vinci (même s'il serait né au hameau voisin d'Anchiano selon la tradition) n'est pas un nom de famille, et ne s'en rapproche pas plus que n'importe quelle indication d'origine géographique de circonstance. Par conséquent, pour parler d'un code relié à Léonard, il faudrait parler du Leonardo Code...

Quant au Graal, il est — contrairement à ce qu'affirmerait Brown — bien visible dans la Cène que Léonard a peinte sur le mur du réfectoire de Santa Maria delle Grazie (à droite). Non que j'aie eu l'occasion d'admirer la fresque de Léonard lorsque j'avais visité Milan en 2004, l'abondance de visiteurs venus la voir après avoir lu le roman de Brown était telle que les visites nécessairement contingentées (pour protéger la fresque) étaient complètes plus d'une semaine à l'avance!

En ce qui concerne le Graal légendaire, c'est-à-dire la coupe qui aurait servi pendant la Cène (selon certaines versions), il est inutile de le chercher; je sais où il se trouve... Eh oui! en juillet 1984, il y a plus de vingt ans, j'ai vu le Graal dans la cathédrale de Valence en Espagne, où le Santo Cáliz est conservé depuis des siècles.

Brown aurait aussi exploité le grand fatras des hypothèses ésotériques propagées avec passion depuis près d'un siècle : le trésor de Rennes-le-Château, le Prieuré de Sion, les Templiers...

Dans Un hiver à Nigelle (1997), je m'étais amusé avec les mêmes ingrédients. Des Prieurs ne se réunissent-ils pas dans la cave des Templiers, dont la porte est coiffée de la devise « Terribilis est iste locus » ? (La légère modification par rapport à l'inscription de l'église de Rennes-le-Château est délibérée.) Dans Un été à Nigelle (1997), j'ajoutais quelques éclaircissements, puisque les personnages découvraient le trésor des Templiers caché à Nigelle... La principale différence, c'est qu'en dépit d'une documentation à mon avis bien meilleure (réunie avec l'aide de Philippe Ward, entre autres) que celle de Brown, je n'ai pas prétendu que je détenais la vérité!

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Comments:
J'ai lu le livre, par curiosité, et j'ai vu le film hier, pour la même raison.
Passons sur les trop nombreuses erreurs historiques et les innombrabres défauts du livre et, par conséquent, du scénario - auxquelles il faut ajouter les bourdes du film et les invraisemblables Tautou et Reno.
Première réflexion: qui n'a pas lu le livre ne devrait pas aller voir le film: l'intrigue, déjà touffue et désordonnée dans le roman, est incompréhensible dans le film, à moins d'avoir en mémoire le roman - et encore.
Ensuite, je ne suis pas persuadé que les nombreuses allusions soient transparentes pour qui n'a pas étudié l'histoire des religions. Ni surtout que la culture générale ambiante suffise à faire la part du romanseque.
Cela dit, les prises de vues sont souvent jolies, certains trucs narratifs sont ingénieux (sinon subtils) et ce n'est guère plus éloigné de l'histoire que la plupart des films de science fiction ne le sont de la science... Si cette chose peut donner aux lecteurs et spectateurs l'envie de se pencher sur les origines de notre civilisation, ce sera toujours ça de pris.
 
Jusqu'à maintenant, j'ai très bien résisté à ma curiosité. (Enfin, il est vrai que j'ai lu 3-4 pages au hasard avant de donner le livre en cadeau à quelqu'un qui me l'avait demandé.)

Le manque de temps aide aussi.
 
Je suis allé voir le Code Da Vinci. C'est un film policier. Comme tel, il suit une trame conventionnelle qui se suit très facilement. Pas besoin de lire l'oeuvre pour apprécier le film. Le scénario est simple : qui a intérêt à tuer le conservateur du musée du Louvres? Réponse : parce qu'il possède la clé pour ouvrir le boitier dans lequel se trouve le Saint Graal qui va lui transmettre le pouvoir divin sur terre.

Le contexte dans lequel baigne l'oeuvre réfère à des légendes religieuses (Le Saint Graal) ou des textes apocryphes comme l'évangile de St Philippe qui parle de la femme de Jésus. Ceux qui ont une légère connaissance des religions, savent que l'on a tenté de faire oublier que le Christ Dieu était aussi un homme. Dans l'histoire de l'Église, on a toujours tenté d'évacuer l'humanité du fils de Dieu. Ce film tente simplement de faire ressortir le caractère humain du Christ. Voir le film dans cet optique, ça le rend plus sympathique. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Le film rabâche des choses archi connues. Il y a un paquet d'auteurs qui en ont parlé, mais leurs oeuvres n'ont pas fait de vagues, faute de publicité.

Quant à l'aspect technique du film,
disons que le réalisateur n'a pas su donner de la magie à son film. C'est d'un ennui mortel. Je me suis même endormi dans le dernier volet de ce triptyque : meurtre, enquête, sommeil de l'auteur de ce texte. La caméra est peu osée. Et les cascades sentent l'amateurisme. La musique d'accompagnement, spécialement à la fin, me rappelle les films de mon enfance qui remonte aux années 1940.
Les gens de la salle sont sortis enchantés, mais si vos exigeances sont plus ou moins grandes, abstenez-vous. Vous verrez, peut-être pas un navet, mais une oeuvre qui est bien en deça de l'attente crée par le spectacle médiatique.
 
Je résiste toujours au film...

Les érudits (voir certains des liens que j'inclus dans mes autres billets et contributions) ont tendance à mettre en doute qu'on ait vraiment tenté d'évacuer l'humanité de Jésus. Le credo dit bien « fait homme » même s'il est aussi dit « vrai Dieu né du vrai Dieu »...

En parlant d'oeuvres antérieures, j'en profite pour rappeler A Time for Judas du Canadien Morley Callaghan, roman que j'avais lu il y a une vingtaine d'années...
 
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