2017-11-11
Journal de guerre de J.-J. Trudel (1)
S'il convient aujourd'hui de saluer la mémoire des soldats qui ont combattu et qui ont péri, ou qui ont sacrifié une part d'eux-mêmes en temps de guerre, je veux aussi rendre hommage à ceux qui ont également contribué à l'effort de guerre. Si une armée ne serait rien sans ses soldats, ceux-ci dépendent beaucoup des services fournis derrière les lignes. Depuis le XIXe siècle, la médecine militaire est un élément essentiel de la vie et de la survie des soldats. Pour accompagner les soldats canadiens, plusieurs hôpitaux militaires seront formés au Canada et envoyés en Europe. Mon grand-père, Jean-Joseph Trudel (1888-1968), a fait partie du corps médical de l'un d'eux, comme je l'ai exposé précédemment.
À ses débuts, la participation canadienne à la Première Guerre mondiale mobilise essentiellement des volontaires en sus de la petite armée professionnelle du pays, reproduisant le mode de recrutement privilégié en Grande-Bretagne. Il n'y a pas de levée en masse comme dans les pays de l'Europe continentale. Le plus frappant, c'est que ce mouvement populaire (nourri en partie par des immigrants britanniques arrivés au Canada depuis peu) ait suffi à constituer une armée digne de ce nom et à l'alimenter jusqu'en 1916.
En janvier 1916, le docteur Jean J. Trudel a 27 ans et demi. Il décide alors de se joindre à ses collègues qui organisent un hôpital de campagne sous les auspices de l'Université Laval (en particulier de sa succursale montréalaise qui deviendrait plus tard l'Université de Montréal). Du point de vue de la Force expéditionnaire canadienne (F.E.C.), les formalités sont réglées dès le 5 janvier, comme en témoigne l'attestation ci-dessous.
À une date inconnue en janvier (mais avant le 27), mon grand-père achète un calepin et entreprend de tenir un journal, comme il l'explique dans une note liminaire :
« Ce journal contiendra mes impressions recueillies au jour le jour, depuis mon entrée dans l'Hôpital Général No. 6 — F.E.C. de l'Université Laval, jusqu'à la terminaison de cette guerre, si possible. Je ne compte pas faire un roman, ni de la littérature — simplement quelques phrases jetées à la hâte sur le papier, en souvenir de la terrible guerre entre les Allemands et les Alliés.
Jean J. Trudel, Capitaine, C.A.M.C. »
Le premier texte quotidien date du 27 janvier. Inspiré par mon collège Ed Willett, qui met en ligne les souvenirs de la Première Guerre mondiale de son grand-père (rédigés durant les années 1970), je vais entreprendre de retranscrire ici le contenu du journal de mon propre grand-père. En voici donc le premier extrait :
[27 janvier 1916 ] « Démissionne à l'Hôpital Notre-Dame, Montréal comme Chef-Interne, pour faire partie de "l'Hôpital Général No. 6 — F.E.C. de l'Université Laval". Grade de capitaine. Entre aux Casernes, ce jour même à 444, Saint-Jacques, Montréal. Première journée assez bien remplie. »
Je n'ai pas trouvé grand-chose sur la vocation du bâtiment au 444 St-Jacques à Montréal, mais j'ai l'impression qu'il s'agirait d'un édifice commercial annexé à l'effort de guerre. Un an auparavant, une autre recrue d'un corps médical (la 6e ambulance de campagne) envoyait à sa mère en Angleterre une carte postale (dont ce site vend l'original) de cette même adresse, en anglais :
(À suivre...)
À ses débuts, la participation canadienne à la Première Guerre mondiale mobilise essentiellement des volontaires en sus de la petite armée professionnelle du pays, reproduisant le mode de recrutement privilégié en Grande-Bretagne. Il n'y a pas de levée en masse comme dans les pays de l'Europe continentale. Le plus frappant, c'est que ce mouvement populaire (nourri en partie par des immigrants britanniques arrivés au Canada depuis peu) ait suffi à constituer une armée digne de ce nom et à l'alimenter jusqu'en 1916.
En janvier 1916, le docteur Jean J. Trudel a 27 ans et demi. Il décide alors de se joindre à ses collègues qui organisent un hôpital de campagne sous les auspices de l'Université Laval (en particulier de sa succursale montréalaise qui deviendrait plus tard l'Université de Montréal). Du point de vue de la Force expéditionnaire canadienne (F.E.C.), les formalités sont réglées dès le 5 janvier, comme en témoigne l'attestation ci-dessous.
À une date inconnue en janvier (mais avant le 27), mon grand-père achète un calepin et entreprend de tenir un journal, comme il l'explique dans une note liminaire :
« Ce journal contiendra mes impressions recueillies au jour le jour, depuis mon entrée dans l'Hôpital Général No. 6 — F.E.C. de l'Université Laval, jusqu'à la terminaison de cette guerre, si possible. Je ne compte pas faire un roman, ni de la littérature — simplement quelques phrases jetées à la hâte sur le papier, en souvenir de la terrible guerre entre les Allemands et les Alliés.
Jean J. Trudel, Capitaine, C.A.M.C. »
Le premier texte quotidien date du 27 janvier. Inspiré par mon collège Ed Willett, qui met en ligne les souvenirs de la Première Guerre mondiale de son grand-père (rédigés durant les années 1970), je vais entreprendre de retranscrire ici le contenu du journal de mon propre grand-père. En voici donc le premier extrait :
[27 janvier 1916 ] « Démissionne à l'Hôpital Notre-Dame, Montréal comme Chef-Interne, pour faire partie de "l'Hôpital Général No. 6 — F.E.C. de l'Université Laval". Grade de capitaine. Entre aux Casernes, ce jour même à 444, Saint-Jacques, Montréal. Première journée assez bien remplie. »
Je n'ai pas trouvé grand-chose sur la vocation du bâtiment au 444 St-Jacques à Montréal, mais j'ai l'impression qu'il s'agirait d'un édifice commercial annexé à l'effort de guerre. Un an auparavant, une autre recrue d'un corps médical (la 6e ambulance de campagne) envoyait à sa mère en Angleterre une carte postale (dont ce site vend l'original) de cette même adresse, en anglais :
(À suivre...)
Libellés : Canada, Famille, Guerre