2011-02-24

 

Au Québec, tout s'explique (2)

Au Québec, disais-je, tout s'explique et tout se justifie.

Lorsque Maclean's a fait sa une avec un court article sur la corruption au Québec, le tollé de récriminations et de dénégations était presque unanime, Charest étant le premier à s'y joindre (se sentait-il visé?) en s'empressant de réclamer des excuses. La revue s'est défendue, mais ce sont surtout les événements et révélations des derniers mois qui donnent raison au fond, sinon à la forme de la charge. Le problème, ce ne sont pas les accusations spécifiques ou la question de savoir si le Québec fait pire que les autres provinces canadiennes. La semaine dernière, par exemple, quatre politiciens provinciaux (dont trois en fonction) ont été accusés de malversation en Nouvelle-Écosse... mais ce qui frappe justement au Québec, c'est l'impunité quasi générale. Les scandales dans le monde municipal ou l'industrie de la construction font le bonheur des médias. Certes, l'opération Marteau a arrêté l'ancienne mairesse de Boisbriand. Mais les maires de Terrebonne ou Mascouche se cramponnent, celui de Laval se fait tout petit dans son coin, celui de Montréal ne sait jamais rien de ce qu'il devrait savoir et celui de Québec ne veut rien savoir. Seul ce dernier jouit encore d'une réputation d'honnêteté, même si l'affaire Rapaille fait encore rigoler et même si Labeaume semble déterminé à jouer le rôle d'un nouveau Duplessis à qui il ne manquerait qu'une bonne loi du cadenas...

L'accumulation est telle qu'on ne sait plus où donner de la tête : manigances douteuses à l'hôtel de ville de Montréal, ultimes tentatives du maire de Mascouche de rester en poste, affaiblissement des procureurs au Québec... et refus obstiné de Jean Charest de faire la lumière sur l'industrie de la construction.

La seule bonne nouvelle de la semaine, c'est que le site québécois QuébecLeaks est prêt à accueillir les documents qu'on voudra bien lui fournir...

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Comments:
L'indignation, je pense, n'a pas été provoquée par l'affirmation qu'il y a de la corruption au Québec, ni que les corrompus comme les corrupteurs jouissent de la plus insolente impunité - personne n'en doute, j'en ai parlé (à moi-même) sur Thibaudilettante - mais que les Canadiens anglophones, comme ils le font souvent, ont prétendu que c'était un trait congénital des Québécois. Comme ils l'ont souvent dit par le passé, les QPL sont devenus assez réactifs sur ce point.

Cela dit, même les QPL commencent à en avoir assez. Même s'il ne fait pas espérer qu'ils se révoltent à la maghrébine, on pourrait souhaiter qu'au moins ils cessent de réélire toujours les mêmes ou les autres mêmes.
 
As-tu lu les articles en question? On dirait que non...

L'article principal offre deux raisons possibles :

(i) le poids du gouvernement dans l'économie québécoise : l'État dépense tellement, dans tous les secteurs, qu'il est inévitable qu'un peu d'argent aboutisse dans des poches où il ne devrait pas aboutir;

(ii) la question nationale : le débat sur l'avenir du Québec retient tellement l'attention du Québec et mobilise tant d'efforts et de stratégies politiques qu'on s'intéresse moins à la bonne gouvernance.

Il y a un peu de vrai dans les deux cas, mais ce n'est pas tout. Entre autres, j'évoquerais une culture clanique, qui admet beaucoup de passe-droit tant que tout se passe en famille... Il y a aussi une longue histoire coloniale marquée, sous le régime français, par des fonctionnaires royaux qui débarquaient pour s'enrichir (au moyen de la traite des fourrures ou des esclaves amérindiens) et, sous le régime anglais, par des carpetbaggers avant la lettre, écossais ou anglais, qui débarquaient en pays conquis pour s'enrichir. Un tel contexte ne favorise pas l'adoption de saines habitudes de gouvernance.

Dans un article associé, Andrew Coyne propose ses propres explications :

(i) l'impotence politique : pour maximiser leur influence, les Québécois votent en masse et plébiscitent souvent un leader pour longtemps, ce qui facilite la corruption des mœurs politiques puisque l'habitude du pouvoir corrompt...

(ii) la question nationale : le débat sur l'avenir du Québec est si important qu'il justifie toutes les entorses à la légalité et à la probité (« à la guerre comme à la guerre ») parce qu'il est existentiel; nous avons déjà discuté du fait qu'à mon avis, tout le monde a triché durant le référendum de 1995...

(iii) l'habitude de la distribution du butin : depuis Duplessis ou avant, les politiciens québécois pratiquent un clientélisme qui ne choque plus tant qu'il reste discret;

(iv) l'omniprésence de l'État québécois : des gouvernements interventionnistes (dirons-nous « colbertistes » ?) dépensent à tour de bras au bénéfice de cercles corporatifs proches du pouvoir, si bien qu'il en rejaillira bien quelques gouttes pour tout le monde...

(v) le rejet de la critique : quand la critique émane de l'extérieur des cercles habituels, un certain Québec se serre les coudes et parle de « Quebec bashing »; or, même si la chose existe, le refus d'entendre la critique condamne le Québec à ne jamais s'inspirer de ce qui a pu se faire de bien ailleurs en matière de lutte pour la transparence et contre la corruption.

Il est clair que Maclean's articule une critique essentiellement de droite, mais cela ne veut pas dire qu'elle est entièrement erronée... Par contre, je ne vois rien là-dedans qui fasse de la corruption quelque chose de congénitalement québécois.
 
Bonjour,

Vous êtes cordialement invité à visiter mon blog.

Description : Mon Blog(fermaton.over-blog.com), présente le développement mathématique de la conscience humaine.

La Page No-4, THÉOREME DE L'ESPRIT ET AMOUR DIVIN..

Cordialement

Clovis Simard
 
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